Pierre-Louis Brice

ingénieur français

Pierre-Louis Brice né Louis Pierre Brice le à Paris (8e arrondissement)[1] et mort le aux Essarts-le-Roi, dans les Yvelines[2], est un ingénieur spécialiste du béton, un dirigeant d'entreprise qui collabora à la construction du mur de l'Atlantique et qui fut jugé dans le cadre de l'épuration économique en 1948.

Pierre-Louis Brice
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Fonction
Directeur général
Sainrapt et Brice
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Louis Pierre BriceVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité

Biographie

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Un brillant ingénieur

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Son père, Alexis Brice, était ingénieur et s'était associé en 1901 à Irma Sainrapt, veuve du fondateur d'une entreprise du BTP, créée en 1852.

Pierre Brice est reçu second à l'École centrale, en 1924. Il est très proche d'Eugène Freyssinet, alors âgé de 45 ans.

Dès 1932, Pierre Brice devient professeur à cette même école : il y fait un cours remarqué sur le béton armé[3].

Le patron de Sainrapt et Brice

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Succédant à son père, Pierre Brice est le patron de l'entreprise Sainrapt et Brice, cinquième entreprise du BTP en France dans les années 1930.

L'entreprise a une croissance rapide mais reste familiale. Le conseil d'administration est formé par les héritiers des familles Sainrapt et Brice, parmi lesquels Pierre Brice et sa sœur, Mme Bassot[4]..

Seconde Guerre mondiale

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Les débuts de la guerre

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En 1940, avant l'armistice, l'entreprise travaille aux fortifications des ports de Dunkerque et du Havre, à l'arsenal de Brest, aux réservoirs à essence de Bordeaux. L'essentiel de son activité est donc pour la défense nationale[5].

Travail pour les Allemands

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Dès , alors qu'il est replié dans les Pyrénées, Pierre Brice envoie à Paris Marcel de Jarny, secrétaire général de l'entreprise. Ce cadre qui parle l'allemand est chargé de voir comment l'occupant envisage la reprise de l'activité.

Le démarrage du travail pour l'occupant date véritablement du deuxième trimestre 1941. Après des travaux épars pour la Wehrmacht, les travaux de fortification et de construction des premières bases de sous-marins prennent de l'ampleur. Au printemps 1942, la construction du mur de l'Atlantique commence.

Le chiffre d'affaires de l'entreprise Sainrapt et Brice, entre 1940 et 1944, atteint 914,3 millions de francs. Sur cette somme, 378,3 millions, soit 41 %, seront reconnus comme "allemands" à la Libération[6].

Un brevet allemand

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Cette collaboration économique n'a pas de bases idéologiques. Pierre Brice, qui fréquente très peu les occupants cherche à bénéficier d'avantages économiques et à éviter la réquisition du matériel de l'entreprise. Cependant, pour obtenir le prestige d'un "brevet allemand", il va jusqu'à faire travailler son entreprise en Allemagne et faire valoir une invention de la maison, la "paroi hydraulique". L'intitulé du brevet évoque un « réservoir en béton armé destiné à contenir certains liquides tels que les hydrocarbures ».

L'épuration

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Dès la Libération de Paris, une instruction contre X est ouverte (). Pierre Brice doit démissionner de la chambre syndicale des constructeurs en béton () et de la Fédération nationale des travaux publics (). Pendant l'été 1945, la CGT négocie avec le ministre de la Justice et celui de la Reconstruction et de l'Urbanisme l'exclusion de Pierre Brice de la direction de son entreprise, mais la possibilité pour la société Sainrapt et Brice de retrouver la possibilité de réaliser des chantiers publics.

Classement du dossier

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En , le classement du dossier provoque des remous. Le , le garde des sceaux, André Marie, est pris à partie à l'Assemblée et l'affaire Brice devient politique. Le député progressiste Emmanuel d'Astier de la Vigerie déclare : « Les hommes qui ont amassé des fortunes grâce à la collaboration jouissent maintenant pour une bonne part tranquillement de leur trahison tandis que le gouvernement, indulgent aux collabos, a mené une politique de répression contre la classe ouvrière. » Affaibli par cette affaire, André Marie démissionne le .

En 1950, Pierre Brice reprend officiellement la direction de son entreprise. Sa société n'aura payé qu'une amende de dix millions de francs pour "profits illicites".

Notes et références

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Source bibliographique

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La source principale de cet article est le chapitre III, « Le scandale Brice. Les bâtisseurs du mur de l'Atlantique », de l'ouvrage de Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'occupation, Odile Jacob, 1995, (ISBN 2738103286), p. 149 et sq[7],[8].

Références

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  1. Archives de Paris, acte de naissance no 408 dressé le 23/02/1900, vue 19 / 31
  2. Fichiers des personnes décédées établi par l'INSEE
  3. Selon le mémoire en défense du 29 décembre 1945, déposé par les avocats de Pierre Brice.
  4. Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'occupation, Odila Jacob, 1995, p. 151.
  5. Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'occupation, Odila Jacob, 1995, p. 152.
  6. Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'occupation, Odila Jacob, 1995, p. 157.
  7. Olivier Wieviorka, « Critique - Le patron est occupé. Le patronat français n'a pas, dans son ensemble, pris fait et cause pour la collaboration, mais il s'est montré peu regardant pour remplir ses bons de commande. Une étude en demi-teinte, par Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazéra », sur Libération, .
  8. Dominique Barjot, « Rochebrune Renaud De, Hazéra Jean-Claude, Les patrons sous l'Occupation », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, , p. 171–171

Annexes

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'occupation, Odila Jacob, 1995, (ISBN 2738103286)

Liens externes

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