Pierre-aux-Bœufs (en latin Petrus ad Boves)[1] est un théologien et prédicateur français du début du XVe siècle, appartenant à l'ordre des Cordeliers, mort le (ou peut-être en 1430).

Pierre-aux-Bœufs
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Biographie modifier

Né sans doute vers 1370, il était « bachelier sententiaire » à la Sorbonne en 1403, maître en 1404, signalé comme régent le . Il s'acquit une réputation d'orateur dès 1404 : le de cette année, il intervint devant le Parlement au nom de l'Université à l'occasion du procès intenté par la corporation contre Charles de Savoisy, chambellan du roi (dont les gens avaient insulté et blessé quelques escoliers qui allaient en procession à Sainte-Catherine-du-Val)[2]. Devant l'assemblée du clergé de novembre 1406, aux côtés notamment du docteur de Sorbonne Jean Petit, il se prononça pour la soustraction d'obédience de Benoît XIII, l'un des papes rivaux du Grand schisme d'Occident. Comme Jean Petit, il était au service du duc de Bourgogne Jean sans Peur, et après l'assassinat du duc d'Orléans (), il prit part à la rédaction du discours de justification de cet acte qui fut prononcé par Jean Petit à l'Hôtel Saint-Pol le . Ce discours fut solennellement condamné par le « concile de la foi » tenu par l'évêque de Paris Gérard de Montaigu du au , mais après la reprise de la capitale par les Bourguignons (), Pierre-aux-Bœufs, qui était alors confesseur de la reine Isabeau de Bavière, fut l'orateur principal d'une grande assemblée qui se tint le dans la cathédrale Notre-Dame et qui révoqua les sentences lancées antérieurement contre Jean sans Peur et réhabilita Jean Petit. En septembre 1418, il avait participé également à une délégation de l'Université auprès du roi et du duc de Bourgogne pour les inciter à secourir Rouen assiégée par les Anglais, et le , il prononça devant eux, au Parlement, un discours pour les remercier de l'action entreprise. En juin 1419, il intervint devant le roi pour la préservation des privilèges de l'Université.

Il a laissé un grand recueil de sermons en latin[3] pour toute l'année liturgique, non seulement les dimanches mais aussi les fêtes des saints, conservés dans plusieurs manuscrits[4], et qui ont fait l'objet d'éditions imprimées (Lyon, 1520 ; Paris, 1521 ; Anvers, 1643). Cette œuvre oratoire présente l'intérêt d'un assez grand nombre d'observations précises et colorées sur la société du temps.

Bibliographie modifier

  • Hervé Martin, « Un prédicateur franciscain du XVe siècle, Pierre-aux-Bœufs, et les réalités de son temps », Revue d'histoire de l'Église de France, n° 184 (vol. 70), 1984, p. 107-126.
  • Clément Schmitt, article « Pierre-aux-Bœufs (ad Boves) », Dictionnaire de spiritualité, t. 12, col. 1517.

Notes et références modifier

  1. Ce nom renvoie à celui de l'ancienne église parisienne Saint-Pierre-aux-Bœufs, qui se trouvait dans l'île de la Cité.
  2. Le verdict fut retentissant : par l'arrêt du 22 août, le chambellan fut condamné à payer des dommages et intérêts aux victimes et à l'Université, à verser deux cents livres de rente pour la fondation de deux chapelles, et à la démolition de son hôtel parisien (3, rue Pavée-au-Marais), qui fut exécutée le 26 août au son des trompettes. Selon le chroniqueur Michel Pintoin (XXIV, 8), le roi de Navarre avait proposé de racheter l'hôtel en payant comptant, mais « il fut impossible d'y réduire l'Université, si bien que le roi n'en put sauver que les galeries qui étaient bâties sur les murailles de la ville, et qui furent conservées, en les payant selon l'estimation, pour la merveille de l'ouvrage, pour la rareté et pour la diversité des peintures » (trad. Jean Le Laboureur). Le 15 septembre 1406, Savoisy obtint du roi la permission de faire rebâtir son hôtel, mais l'Université s'y opposa encore victorieusement. Elle ne donna son consentement qu'en 1517 (113 ans après la sentence), sous la condition qu'on mettrait au-dessus de la porte du nouvel hôtel une pierre de deux pieds carrés avec une inscription rappelant le crime, le châtiment, et la « grâce spéciale » de la corporation qui consentait à la reconstruction du bâtiment.
  3. Sermons traduits en latin depuis la version orale d'origine qui était en moyen français. Certains passages, correspondant à des mots ou expressions populaires difficilement traduisibles, ont été laissés en moyen français (ex. : « [...] ponunt ibi formidinem un espouental plenum paleis [...] », « [...] ils y placent pour leur faire peur un épouvantail plein de paille [...] »).
  4. Notamment le BnF ms. lat. 3296 et le Sorbonne ms. 747.