Pierre Claver

saint catholique

Pierre Claver né le à Verdú (comarque de Urgell) alors en Couronne d'Aragon dans l'Empire espagnol et mort le à Carthagène des Indes en Nouvelle-Grenade (actuelle Colombie), est un prêtre jésuite espagnol d'origine catalane reconnu saint par l'Église catholique. Missionnaire en Amérique du Sud, il s'implique particulièrement auprès des esclaves africains. Canonisé en 1888, il est liturgiquement commémoré le .

Pierre Claver
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
Ordre religieux
Vénéré par
Noirs d'Amérique du Sud
Étape de canonisation
Fête

En 1985, le Congrès de la république de Colombie déclare que chaque sera la Journée nationale des droits humains en l'honneur de Pierre Claver[1].

Biographie

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Pierre Claver (Pere Claver i Sobocano)[2] naît en 1580 à Verdú de Pere Claver i Minguella et d'Anna Sobocano. Cette dernière meurt alors qu'il a treize ans ; deux ans plus tard il reçoit la tonsure ecclésiastique. Avec le soutien d'un oncle chanoine, il part pour Barcelone. Après 1596, il étudie les Lettres et les Arts à l'Estudi General de Barcelone, il étudie également au Collège de philosophie de la ville, où il fait la connaissance des Jésuites. Pierre Claver entre au noviciat de la Compagnie de Jésus à Tarragone le .

Durant ses études de philosophie à Palma de Majorque (1605-1608) il se lie d'amitié avec Alphonse Rodriguez, un frère jésuite portier du collège qui lui parle fréquemment des nouvelles missions en Amérique (canonisé en 1888)[3]. Ainsi grandit en lui le désir de partir en mission dans le Nouveau Monde.

Au terme de sa traversée de l'Atlantique, il arrive, en 1610, en Nouvelle Grenade (Colombie, Équateur et Venezuela actuels) à Carthagène des Indes, où le , il est ordonné prêtre. Le jour de sa profession religieuse définitive () il signe la formule de ses vœux de religion : « Petrus Claver, Aethiopium semper servus » (Pierre Claver, esclave des Africains, pour toujours »

A Carthagène, où il se trouve désormais, dans l'un des trois ports négriers de la ville, où chaque année arrivaient douze à quatorze navires négriers chargés d'esclaves. Les esclaves amenés d'Afrique (ratissée par les Européens) restaient pendant le voyage dans les cales sombres du navire, qui n'avaient pas été conçues pour héberger des êtres humains. De nombreux missionnaires protestèrent contre cette inhumanité, mais ils eurent à subir des persécutions et furent expulsés [4]

Les souffrance et la déchéance des Africains sont indescriptibles. Ils sont traités comme des animaux. Depuis 1605, un autre jésuite, le père Alonso de Sandoval défend leur cause. Pierre Claver poursuit son action ; il les nourrit, les soigne, les habille, les console, les catéchise. Il se consacre aussi aux condamnés à mort et à tous les plus misérables. Quarante ans de dévouement marqués par de nombreuses conversions.

En 1650, il tombe malade de la peste mais il survit à l'épidémie, épuisé. Pierre Claver ne réussit plus à travailler et passe les quatre dernières années de son existence, immobilisé à l’infirmerie. Il meurt le 8 septembre 1654, à 74 ans[5]. Il est enterré à Carthagène des Indes.

Châsse et reliques de saint Pierre Claver à l'église Saint-Pierre-Claver de Carthagène des Indes.

Interprètes

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Afin d'évangéliser, Claver était dépendant d'interprètes parlant les diverses langues des personnes africaines déportées. Sa compagnie jésuite a donc esclavagisé un ensemble de ces personnes en choisissant les plus multilingues d'entre elles, car en plus de l'espagnol, les interprètes de Claver parlaient entre trois et onze langues. Les noms de certaines de ces personnes, génériquement appelées lenguas par Claver (langues), nous sont parvenus: Calepino, Andrés Sacabuche, Manuel Moreno, Ignacio Soso, Ignacio Angola, José Manzolo, Francisco de Jesús, Diego Folupo, Francisco Yolofo, et María de Mendoza[6].

Béatifié le par Pie IX, il est canonisé le par Léon XIII en même temps que deux autres jésuites, saint Jean Berchmans et saint Alphonse Rodriguez (qui fut à l'origine de sa vocation) ainsi que les sept fondateurs de l'Ordre des Servites de Marie.

En 1896 le même Léon XIII, qui lui vouait une grande dévotion, le déclare « patron universel des missions auprès des Noirs ». En 1985 il est également déclaré « défenseur des droits de l’homme ».

Pierre Claver est également le saint patron de la Colombie. Son corps repose sous l'autel principal de l'église Saint-Pierre-Claver de la ville où il passa 40 ans au service des plus démunis.

Liturgiquement il est commémoré le 9 septembre.

Vénération et souvenir

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Plusieurs congrégations religieuses sont sous le patronage de saint Pierre Claver :

Citations

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  • De saint Pierre Claver :
« Dès que je ne fais pas ce que fait l’âne, cela ne me réussit pas. Qu’on dise du mal de lui, qu’on ne lui donne pas à manger, qu’on le charge au point de tomber à terre, quoiqu’on le maltraite, toujours il se tait. Il est endurant, étant âne. C’est ainsi que doit être le serviteur de Dieu : J’étais comme une bête devant toi (Psaume LXXII) ;
Aucune vie ne lui a davantage « remué l’âme » que celle de saint Pierre Claver, après le Christ[8].
« Pierre Claver brille d'une clarté spéciale dans le firmament de la charité chrétienne de tous les temps ».

Sources et références

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  1. « Desde el año 1985, cada 9 de septiembre, Colombia conmemora el Día Nacional de los Derechos Humanos, fecha en la que falleció el sacerdote jesuita San Pedro Claver (1654), considerado precursor de esta bandera gracias a su entrega por brindar alivio al sufrimiento de los esclavos que llegaban al puerto de Cartagena » le site premiodefensorescolombia.org (consulté le 2 octobre 2024)
  2. a et b Pere Claver i Sobocano sur Enciclopèdia.cat
  3. Gérard Neveu, Les Jésuites, Histoire et Dictionnaire, Paris, Bouquins éditions, (ISBN 978-2-38292-305-4), p. 565-566
  4. [9999http://www.crisismagazine.com/2014/st-peter-claver-slave-slaves-forever</ Joseph F. X. Sladky « St. Peter Claver: Slave of the Slaves Forever » 8 septembre 2014] (consulté le 5 octobre 2024)
  5. Saint-Pierre Clavier sur Vatican news
  6. Larissa Brewer-García, Beyond Babel: Translations of Blackness in Colonial Peru and New Granada, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-108-63241-6, 978-1-108-49300-0 et 978-1-108-73030-3, DOI 10.1017/9781108632416.004, lire en ligne)
  7. « École primaire | Saint-Pierre-Claver | CSSDM », sur École Saint-Pierre-Claver (consulté le )
  8. jesuites.com / Pierre Claver
  • Vie des Saints pour tous les jours de l'année - Abbé Jaud - Mame - 1950.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Bertrand Gabriel Fleuriau, La vie du vénérable père Pierre Claver de la Compagnie de Jesus, 1835.
  • Fernand Pifteau (éd.), Abrégé de la vie du bienheureux Pierre Claver de la compagnie de Jésus, apôtre des esclaves noirs d'Amérique, mort à Carthagène des Indes en 1654, A. Manavit, Toulouse, 1852. (lire en ligne)
  • Gabriel Ledos, Saint Pierre Claver, Paris, 1923.
  • A. Lunn, A saint in the slave trade, London, 1935.
  • Paul Piron, L'héroique Claver, Collection Lavigerie, Namur, 1953.
  • J. Gabernet, Pere Claver, Barcelona, 1980.
  • A. Valtierra, El santo redentor de los negros (2 vol.), Bogota, 1980.
  • Marie Viloin, Pierre Claver : l'esclave des esclaves (17e.), Éditions Le Jour du Seigneur Edition, Paris, .
  • Revue Christus / Recherches ignatiennes : Saint Pierre Clavier, esclave des esclaves

Liens externes

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