Pierre Le Chêne (1900, Londres - 1979) est un agent secret britannique du Special Operations Executive, actif pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pierre Le Chêne
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Biographie
Naissance
Décès
Activité
Autres informations
Distinction

Identités modifier

  • État civil : Pierre Louis Le Chêne
  • Comme agent du SOE, section F :
    • Nom de guerre (field name) : « Grégoire »
    • Nom de code opérationnel : ASPEN (en français TREMBLE) ; sigle radio ENP, auquel Londres répondait SPA.
    • Poème d'identification : quatre premiers vers de Lays of Ancient Rome, de Macaulay.
    • Papiers d’identité : [à préciser]
  • Comme détenu à Mauthausen : matricule 35129.
  • Parcours militaire : lieutenant.

Pour accéder à des photographies de Pierre Le Chêne, se reporter à la section Sources et liens externes en fin d'article.

Biographie modifier

Famille modifier

La famille est originaire de Bolbec. Républicains avant la Révolution française, ses ancêtres s'étaient enfuis en Angleterre et avaient acquis la nationalité britannique.

  • Son père : britannique
  • Sa mère : française
  • Son frère aîné : Henry Le Chêne, plus âgé de neuf ans, également agent de la section F (« Victor ») comme chef du réseau PLANE.
  • Sa belle-sœur : Marie-Thérèse Le Chêne (« Adèle »)
  • Marié deux fois : 1- X, française ; 2 – Evelyn, britannique

Éléments biographiques modifier

Pierre Le Chêne naît le à Londres. Il est le fils d'une Française, Louise Mélanie Ragot, et d'un Anglais d'origine française, Achille Henri Le Chêne, mariés en 1890 à Newton Abbot, dans le Devon[1],[2]. Pierre a un frère aîné, Henry Paul, né en 1891 à Londres[3].

En 1922, ses parents prennent leur retraite et retournent vivre en France. Pierre travaille quelque temps à l'agence de voyage de l'American Express à Nice et à Monte-Carlo, où il épouse une Française.

En 1940, lors de l'invasion allemande, Pierre, son frère Henry et sa belle-sœur Marie-Thérèse parviennent à quitter la France sur le dernier bateau qui part de Bayonne. Il effectue une brève période de service dans la brigade du feu à Londres (Clerkenwell, Station no 66), puis s'engage comme volontaire dans la section F du SOE, service dans lequel travaillent déjà son frère et sa belle-sœur. Il suit l'entraînement d'agent secret et d'opérateur radio.

Il est parachuté dans la nuit du au près de Loches[4] Il est réceptionné par Philippe de Vomécourt « Gauthier ». Il vient assister Edward Zeff dans la région de Lyon, comme opérateur radio du réseau SPRUCE, dirigé successivement par Georges Duboudin et Robert Boiteux. Il effectue ce travail pendant six mois, en changeant souvent de lieu d'émission[5].

En octobre et , plusieurs opérateurs radio ayant été arrêtés, son activité augmente beaucoup. Pierre reste seul opérateur radio dans le secteur. Le , il émet depuis le 9, rue Camille, à Montchat bien au-delà de la période sûre. Un camion radio-goniométrique allemand intercepte ses messages et le localise. Comme il ne dispose d'aucune aide pour surveiller et le prévenir, il est arrêté par la police française accompagnée d'agents de la Gestapo. Il est emmené deux semaines au commissariat de police de Lyon, puis remis au Sicherheitsdienst (SD), avenue Foch, à Paris. Il est incarcéré à Fresnes.

Il reste à l'isolement pendant dix mois. Il est ensuite déporté au camp de concentration de Mauthausen, en Autriche. Il y travaille dans la fosse de la mort de la carrière, d'où il doit remonter, avec une charge de granit, les 186 marches, sous les coups de fouet et les coups de pied, souffrant de faim et de privations. Au bout de dix mois, il est transféré au camp double de Gusen I. Là, il endure des tourments physiques et mentaux encore pires : tri des internés pour la chambre à gaz, exécutions en masse, accumulations de cadavres. Atteint de typhus, il est aidé par un prisonnier médecin, Toni Goscinski.

Il est libéré le , lors de l'arrivée des Américains. Il pèse alors 38 kilos. Il est ramené en Angleterre le , où Maurice Buckmaster et Vera Atkins le reconnaissent comme leur agent « Grégoire ». Il entame une longue convalescence, qui dure dix mois.

En 1946, il retourne en France. En collaboration avec son frère Henry et sa belle-sœur Marie-Thérèse, il ouvre un hôtel à Sainte-Menehould (puis, plus tard, dans le Jura français).

En 1976, il divorce. On lui implante un pacemaker à l'hôpital cardiologique de Lyon.[pertinence contestée]

Il décède en 1979. Il est inhumé au cimetière de Gravesend, Gravesham[6].

Reconnaissance modifier

Pierre Le Chêne a reçu les distinctions suivantes :

Annexes modifier

Notes modifier

  1. Mariage Le Chene-Ragot, 1890, Newton Abbot, Devon, England, England and Wales Marriage Registration Index, 1837-2005, FamilySearch [lire en ligne]
  2. Recensement de population, Achille H. Le Chene, 1891, Fryern Barnet, Middlesex, England, England and Wales Census, 1901, FamilySearch [lire en ligne]
  3. Acte de naissance, Henry Paul Le Chene, 1891, Pancras, London, England, England and Wales Birth Registration Index, 1837-2008, FamilySearch [lire en ligne]
  4. Source : Evelyn Le Chêne, p. 9. Mais pour Foot, p. 313, ce serait la nuit suivante (du 1er au 2 mai), en même temps que Victor Hazan « Gervais ».
  5. Citons quelques lieux d'émission, selon Courvoisier, p. 146 et légendes de photos :
    • chez André Serre : 9, rue Camille, dans le quartier de Montchat, Lyon 3e
    • chez Raymonde Péjot : 6, rue Émile-Zola ;
    • chez Joseph Marchand « Ange » : 2, quai Perrache ;
    • aux établissements Plauchu : 281, rue de Créqui ;
    • Chez Jules Dreyfus : 6, avenue Henri-Barbusse, Villeurbanne ;
    • chez Auguste Bussière, propriétaire du grand Bazar à Oullins.
    • 9, rue de la Méditerranée (devenue rue Étienne-Rognon) ;
    • chez le comte de sainte-Croix, au château de Saint-Laurent-de-Chamousset ;
    • chez les époux Joulian, commerçants en graineterie à Aiguilhe, près du Puy, dans la Haute-Loire.
  6. « Pierre Louis Le Chene (1900-1979) - Mémorial Find... », sur fr.findagrave.com (consulté le )

Sources et liens externes modifier

  • Fiche LeChene, Pierre Louis, avec photographies sur le site Special Forces Roll of Honour.
  • Michael Richard Daniell Foot et Jean-Louis Crémieux-Brilhac (annot.) (trad. de l'anglais par Rachel Bouyssou), Des Anglais dans la Résistance : le service secret britannique d'action (SOE) en France, 1940-1944, Paris, Tallandier, , 799 p. (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) M. R. D. Foot, SOE in France an account of the work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London London Portland, OR, Whitehall History Pub. Frank Cass, (ISBN 978-0-7146-5528-4)
    Ce livre présente la version « officielle » britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
  • Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographié (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable à la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 48, SPRUCE CIRCUIT.
  • André Courvoisier, Le réseau Heckler : de Lyon à Londres, Paris, Editions France-Empire, , 299 p. (ISBN 978-2-7048-0342-2).
  • Vincent Nouzille, L'espionne : Virginia Hall, une Américaine dans la guerre, Paris, Fayard, , 443 p. (ISBN 978-2-213-62827-1).
  • Evelyn Le Chêne, Mauthausen, histoire d'un camp de la mort, traduit de l'anglais par Paul Alexandre, collection « L'Histoire au présent », Pierre Belfond, 1974.