Pierre Rangheard
Pierre Rangheard, né le 20 novembre 1910 à Maizières-lès-Brienne et mort le 27 novembre 1995 à Lyon, est un officier français de l'armée de terre, résistant, s'étant illustré à Lyon dans le réseau CDM (Camouflage du matériel) dès après l'établissement de l'Armée d'armistice, ainsi que dans le Maquis du Vercors. Capitaine FFI, Il a notamment participé à l'enlèvement de 53 Tirailleurs Sénégalais emprisonnés dans la caserne de La Doua à Villeurbanne, ainsi qu'à la Libération de Lyon[1],[2],[3],[4],[5].
Naissance | |
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Décès | |
Pseudonyme |
Lieutenant Pierre |
Nationalité |
Française |
Activité |
Officier de l'Armée française, Artilleur, Résistant français, Industriel |
Membre de | |
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Grade militaire |
Capitaine FFI |
Conflit |
Seconde guerre mondiale |
Archives conservées par |
Service historique de la Défense (GR 16 P 499460 et GR 2000 Z 206 177) |
Il est l'oncle du géologue et paléontologue français Yves Rangheard.
Biographie
modifierJeunesse et engagement
modifierLa famille Rangheard est originaire d’Auvergne et en particulier du hameau de Virennes dans le village du Monestier dans les montagnes à l’ouest d’Ambert dans le Puy-de-Dôme. Les parents de Pierre quittent la région pour l'Aube où ils trouvent du travail. Ils s'installent à Hampigny, Maizières-lès-Brienne, puis à Velaines. Pierre Rangheard est le dernier d'une famille de 5 enfants. Il fait ses débuts à l’âge de 16 ans comme tourneur sur bois[6], puis s’engage en 1930 volontairement par devancement d’appel.
Carrière militaire
modifierEn avril 1930, Pierre Rangheard incorpore le 105e régiment d'artillerie lourde (105e RAL) et est classé second canonnier conducteur à la 2e batterie à Bourges (Cher). Il est nommé brigadier en octobre de la même année, puis maréchal des logis en avril 1931. Il intègre le corps des sous-officiers de carrière du 105e RAL, classé au 49e régiment d'artillerie en avril 1934. Il incorpore le 6e régiment d'artillerie divisionnaire à Villeurbanne (Rhône) et est nommé maréchal des logis chef (mécanicien) en janvier 1937. Il est affecté à un parc d'essence des armées à la veille de déclaration de guerre à l'Allemagne[7].
Aux lendemains de l'Armistice, l'adjudant Pierre Rangheard est affecté à la 6e batterie du 2e régiment d'artillerie de montagne[7].
Clandestinité
modifierPierre Rangheard rentre dans l'Armée Secrète en septembre 1940, comme Agent P2 dans le réseau Camouflage du Matériel de Lyon. Il participe aux opérations de récupération et transport de matériel, d’armes et de ravitaillement destinés aux maquis de l’Ain et du Vercors. Il est affecté à l’Etablissement Principal du Service de l’Artillerie de Lyon comme Agent du Service des Matériels, puis à l’Etat-Major de la Subdivision de Lyon au Bureau de Transport de la Place de Lyon. Promu sous-lieutenant FFI en avril 1944, il rejoint le plateau du Vercors le 6 juin 1944, jour du débarquement de Normandie[7].
Maquis du Vercors
modifierPierre Rangheard est affecté à la section de transport au Quartier Général à Saint-Agnan-en-Vercors avec le Commandant Jouneau[8]. Il y commande la section d’entretien des matériels[8]. La section transport est établie au hameau des Brunet à Saint-Agnan[9]. Il commande la compagnie responsable de l’équipement et des munitions[7] et organise les dépôts de munitions et participe activement au combat contre les troupes allemandes[8]. Pierre est l'un des artisans, avec son équipe le 23 juin 1944, de l'enlèvement de 53 tirailleurs sénégalais prisonniers des Allemands dans la caserne la Doua (Villeurbanne), pour les ramener sains et saufs au Vercors[2],[5],[9].
Pendant les événements de Juillet 1944, Pierre Rangheard participe aux combats du Pré-Grandu, du Grand Veymont, du Cirque d'Archiane, du Claudas, du Diois et de Saint-Julien en Quint[10].
Il se distingue également dans l'accompagnement du repli sur la Forêt de Lente, commandé par le colonel Huet. Le Commandant Georges le décrit comme l'un de ses piliers principaux à la force physique extraordinaire, toujours présent là où il fallait aider et que nous avions surnommé "la locomotive"[4].
Après-guerre
modifierAprès la libération à laquelle il participe activement, il continue de servir dans les Troupes d’Occupation en Allemagne à Trèves en Allemagne jusqu’en 1947, date à laquelle il bénéficie d’un dégagement jusqu’en 1957. Entrepreneur, il lance une activité de transport sur Lyon, puis confectionne des plaques d'immatriculations, avant de créer en 1953 la Société Rangheard et Cie qui distribue des équipements de signalisation routière sur base de produits réfléchissants la lumière. Il prend sa retraite en 1974. Il est élu Président de la section de Lyon de l’Association Nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors[11] en décembre 1973. Il préside sa dernière assemblée générale le 12 octobre 1995. Pierre Rangheard décède le 27 novembre 1995 à Lyon, des suites d’un cancer.
Établissements Rangheard
modifierPierre Rangheard fonde la société en 1953[12]. Elle repose sur la signalisation routière à base de produits Scotchlite réfléchissants la lumière dans la direction de là d’où elle provient. Il s'agit d'un procédé 3M dont Pierre Rangheard obtient la licence pour le Rhône[13]. Un des premiers clients fut la SNCF, puis la signalisation routière lumineuse et pour des publicités, ce qui permet à l'affaire de se développer. Pierre Rangheard prend sa retraite en 1970 et revend la société florissante. Celle-ci rejoint le groupe Signaux Girod en 1995[13].
Distinctions
modifierPierre Rangheard est récipiendaire des décorations suivantes :
- 1945 : Croix de Guerre 39/45 avec citation à l’ordre du Régiment[14]
- 1946 : Médaille de la Résistance[15]
- 1957 : Croix du Combattant Volontaire 39/45[16]
- 1962 : Chevalier de la Légion d'honneur[17]
- 1980 : Croix du Combattant Volontaire de la Résistance[18]
- 1994 : Officier de la Légion d'honneur[8]
Il a reçu par ailleurs les homologations suivantes :
Bibliographie
modifier- 1990 : Le Pionnier du Vercors, N°73 nouvelle série : revue trimestrielle de l'Association Nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors, pages 9 et 10, Enlèvement des cinquante-trois tirailleurs sénégalais prisonniers des Allemands à La Doua - Villeurbanne.
Filmographie
modifier- 1948 : Au cœur de l'orage : Pierre Rangheard apparaît au moment de la visite d'inspection du colonel Marcel Descour dans la villa Bellon, quartier général de Saint-Martin-en-Vercors. Pierre Rangheard est le premier officier dans le film à saluer le colonel à son entrée. Il a à sa droite le lieutenant-colonel François Huet et à sa gauche le commandant Georges Jouneau, ses supérieurs directs.
- 1994 : Inauguration du mémorial du Vercors (INA) : Pierre Rangheard dépose des gerbes de fleurs sur les tombes de ses camarades tombés en juillet 1944, assisté d'une jeune fille.
Notes et références
modifier- Bruno Impr. Bosc), Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours : 2824 engagements, B.G.A. Permezel, (ISBN 2-909929-18-3 et 978-2-909929-18-7, OCLC 417567041, lire en ligne).
- Joseph La Picirella, Témoignages sur le Vercors, Lyon.
- Gilbert François, Le Vercors : Raconté par ceux qui l'ont vécu, Association Nationale des Pionniers et Combattants volontaires du Vercors, (ISBN 2-9504688-3-7 et 978-2-9504688-3-3, OCLC 407100559, lire en ligne).
- Philippe Breton, La France des Maquis, Paris, Denoël, , p. 115 à 131, Maquis du Vercors : juillet-août 1944, Position "Maquis" par Georges Jouneau.
- Olivier Jouvray et Batist, Résistants oubliés, Glénat, dl 2015 (ISBN 978-2-344-00764-8 et 2-344-00764-4, OCLC 919029704, lire en ligne).
- Archives Départementales de la Meuse, Recensement Velaines 1926 (6 M 60), page 4 sur 15, [1]
- Service Historique de la Défense - GR 2000 Z 206 177
- « Légion d'Honneur, Pierre Rangheard promu officier », Le Progrès, , p. 9
- Service Historique de la Défense - GR 16 P 499460
- Mémoire de Proposition pour le grade d'Officier dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur
- « Association nationale des pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors », sur Association nationale des pionniers et… (consulté le ).
- Caroline Leroy, « Rangheard :un bel avenir en perspective », Le Progrès - Lyon,
- « Précision », Le Progrès - Lyon,
- Décret n°51 du 23 mai 1945
- Décret n°161 du 14 juin 1946
- Décret n°119979 du 14 mars 1957
- Décret n°6787 du 6 novembre 1962
- Décret n°3053 du 23 décembre 1980