Pierre Ruff

militant anarchiste et syndicaliste libertaire

Pierre Ruff
Epsilon
Image illustrative de l’article Pierre Ruff

Nom de naissance Pierre Jules Ruff
Naissance
Alger
Décès (à 66 ans)
Camp de Neuengamme (Allemagne)
Première incarcération novembre 1912 : 5 ans de prison pour « provocation au meurtre, à l'incendie et au pillage » à la suite de la publication d'une affiche antimilitariste
Origine français
Type de militance anarcho-syndicaliste
écrivain
Cause défendue anarchisme
antimilitarisme

Pierre Ruff, né le à Alger[1] et mort en déportation au Camp de Neuengamme (Allemagne) le [2], est un correcteur, syndicaliste et militant anarchiste français.

L'affiche du Groupe des conscrits de la Fédération communiste anarchiste, octobre 1912.

Avant la Première Guerre mondiale, il déploie (notamment avec Louis Lecoin) une intense activité antimilitariste.

Biographie modifier

Issu en 1877 d'une famille bourgeoise juive à Alger où son père, Michel Ruff tient une librairie jusqu'en 1912, il en est le fils aîné et a trois frères : Ernest Ruff, Charles Lussy (né en 1883) et Maurice Ruff (né en 1896 et père de Paul Ruff).
Il obtient une licence de mathématique, mais il rompt avec son milieu en et suit des cours à la faculté de lettres de la Sorbonne en 1901.

Il commence à fréquenter le mouvement libertaire, où il apparait comme un actif propagandiste.

Militant antimilitariste et pacifiste modifier

Antimilitariste convaincu, il subit de nombreuses condamnations. Le , il est jugé par la cour d'Assises de la Seine et écope de 3 ans de prison pour « provocation à la désobéissance et au meurtre adressée à des militaires ».

Membre de la Fédération communiste révolutionnaire et gérant de la revue Le Mouvement anarchiste, il est arrêté ainsi que Louis Lecoin, secrétaire de la Fédération communiste anarchiste, en , et condamné à cinq ans de prison pour « provocation au meurtre, à l'incendie et au pillage »[3],[4],[5] à la suite de la publication, en , d'une affiche appelant les conscrits à la désobéissance[6],[7].

En , il signe l’appel « Aux anarchistes, aux syndicalistes, aux hommes » avec Louis Lecoin.

En , alors qu'il est libéré depuis un mois[8], il est à nouveau arrêté avec Louis Lecoin et Claude Content[9] « pour publication et distribution dans la rue d’un manifeste du Libertaire » intitulé « Imposons la paix »[10]. imprimé à 12000 exemplaires[11].

L’année suivante, le , la 10e chambre correctionnelle le condamne à quinze mois de prison pour la publication sans autorisation, le , d’un numéro clandestin du journal Le Libertaire intitulé « Exigeons la paix »[12].

En 1917 et 1918, il correspond avec Victor Serge, lui-même emprisonné qui saluait son courage et exprimait le regret de ne pas l’avoir côtoyé avant.

Dans l’Entre-deux-guerres, il reste un proche ami de Rirette Maîtrejean et de ses enfants.

Il est finalement libéré le , à la faveur de l’amnistie d’une partie des pacifistes.

Il livre un dernier article dans Le Libertaire du , puis cesse toute collaboration. Selon Alphonse Barbé, il aurait à l’époque adhéré au Parti communiste pendant quelque temps. Le , il adhère au syndicat des correcteurs.

« Un sinistre vieux est mort » modifier

En , Lecoin le persuade de revenir à l’Union anarchiste communiste révolutionnaire (UACR).

Dans Le Libertaire du , sous la signature d’Epsilon, il signe une nécrologie au vitriol de Georges Clemenceau : « Un sinistre vieux est mort ». Cet article entraîne des poursuites contre le gérant du journal, mais Pierre Ruff revendique l’article. Il est alors poursuivi et condamné en correctionnelle, le , à six mois de prison et 500 francs d’amende. Il est incarcéré du au .

De fin 1931 à 1935, il cesse à nouveau de militer, tout en restant en contact avec les milieux libertaires. Il n’y revint qu’en 1935, à la faveur de l’effervescence antifasciste. Il reprend alors sa collaboration au Libertaire sous les pseudonymes de Esliens, Gilbert Schwarz, Nobody ou Vilin, qui devint également son surnom courant dans le mouvement anarchiste.

Les 10 et , il participe à la conférence nationale contre la guerre et l’union sacrée tenue à Saint-Denis et, en novembre, il est désigné à la commission administrative de l’Union anarchiste (UA). Son mandat est reconduit au congrès d’, où il présente aux congressistes un rapport sur le fascisme.

Mort en déportation modifier

Pendant l’occupation allemande, il participe aux assemblées générales du syndicat des correcteurs.

Le fait d'avoir exprimé ouvertement ses opinions et son passé de militant anarchiste lui vaut d'être arrêté le , interné en octobre, puis déporté en Allemagne, et interné sous le matricule 30.574 (Block 6) au Camp de Neuengamme où selon Louis Louvet, il aurait été envoyé au crématoire la veille de l’arrivée des Américains[13],[14].

Œuvres modifier

Bibliographie modifier

Notices modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Archives nationales d'Outre-Mer, territoire Algérie, commune d'Alger, acte de naissance no 1120, année 1877 (sans mention marginale de décès)
  2. Relevé généalogique sur Geneanet
  3. Neil Hollander, Elusive Dove : The Search for Peace During World War, McFarland & Co Inc, 2014, page 124.
  4. « Le sabotage de la mobilisation », Le Gaulois, no 12 927,‎ , p. 2
  5. Davranche 2016, p. 300-302
  6. Francis McCollum Feeley, Les mouvements pacifistes américains et français, hier et aujourd'hui, Actes du colloque des 5, 6 et 7 avril 2007, Université de Savoie, Laboratoire langages, littératures, sociétés, 2007, page 100.
  7. Françoise Roux, La Grande Guerre inconnue - Les poilus contre l'armée française, Les Éditions de Paris Max Chaleil, 2006, page 257.
  8. Nicolas Faucier, Pacifisme et antimilitarisme dans l'entre-deux-guerres, 1919-1939, Paris, Éditions Spartacus, 1983, page 42.
  9. Dictionnaire des anarchistes : Claude Content.
  10. François Bernard, Le Syndicalisme dans l'enseignement, histoire de la Fédération de l'enseignement, des origines à l'unification de 1935, Toulouse, Centre régional de documentation pédagogique, collection documents de l'Institut d'études politiques de Grenoble, 1966-67-68, tome I, page 53.
  11. Roland Lewin, Sébastien Faure et La Ruche ou l'éducation libertaire, Cahiers de l'Institut d'histoire des pédagogies libertaires, Éditions Ivan Davy, 1989, page 183.
  12. Anne Steiner, Les en-dehors : anarchistes individualistes et illégalistes à la Belle époque, Montreuil, l'Échappée, 2008, (ISBN 978-2-915830-13-2), lire en ligne.
  13. Michel Sahuc, Un Regard noir : La mouvance anarchiste française au seuil de la Seconde Guerre mondiale et sous l'occupation nazie (1936-1945), Les Éditions du Monde Libertaire, 2008, page 103.
  14. Gilbert Guilleminault, André Mahé, L'épopée de la révolte : le roman vrai d'un siècle d'anarchie (1862-1962), J. Grou-Radenez, 1963, page 300.