Le Plan Sussex est une opération d'infiltration d'envergure sur le territoire français, alors sous occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale, mise au point en par l'état-major du général Eisenhower (SHAEF).

Histoire modifier

Origine modifier

Depuis le déclenchement de l'opération Barbarossa le , l'URSS et son chef Joseph Staline se battent seuls face à la puissante Wehrmacht sur le front de l'Est. Lors de la conférence de Téhéran, les Alliés concluent de la nécessité d'ouvrir un nouveau front à l'Ouest. Dans l'optique d'un débarquement en France, ils imaginent en le plan Sussex, afin d'installer dans les régions au nord de la Loire des binômes d'officiers observateur et radio, positionnés en des lieux stratégiques, en les parachutant dans les zones qui leur seront attribuées.

Recrutement et formation modifier

Afin d'accomplir cette mission, 120 volontaires hautement choisis, exclusivement français, sont soumis à un entraînement intensif durant de longs mois et formés à la technique du renseignement militaire par les services britanniques (Intelligence Service) et américains (OSS).

La formation était très complète et comprenait :

  • Une activité physique très soutenue, encadrée par des sous-officiers des commandos britanniques et des Marines de l'armée américaine.
  • Des cours de boxe.
  • Des cours de close combat tous les matins en cas d'agressions, mais surtout dans le but d'apprendre à tuer en toute discrétion et sans armes, en brisant les vertèbres cervicales.
  • Des cours de connaissances du matériel ennemi.
  • Des cours de pilotage de camions, de cars et de motos en plus des voitures.
  • Des cours de sabotage, avec manipulation d'explosifs et de grenades.
  • Des cours de typographie et d'orientation.
  • Des cours de cryptage et de décryptage des messages, surtout pour les opérateurs radio.
  • Des cours radios.
  • Une formation de parachutiste d'une semaine dans la célèbre école britannique des troupes aéroportées de Ringway, près de Manchester[1].

Missions modifier

Ces agents, envoyés en tenue civile, durent se fondre dans la masse. Ils eurent pour objectifs de renseigner les Alliés pendant et après le débarquement sur l'ordre de bataille et les mouvements de troupes de l’armée allemande, en particulier de ses divisions « Panzer », ainsi que sur ses dépôts d'armes, de carburant et ses installations de missiles V1 et V2. Grâce aux informations transmises, les alliés ont pu prendre les bonnes décisions et intervenir efficacement, notamment en attaquant des convois, et en positionnant leurs troupes et matériels à des endroits tactiques.

De février à , 2 équipes d'éclaireurs et 52 équipes Sussex ont été parachutées en zone occupée[2]. Le travail des agents spéciaux fut difficile, en raison d'une Gestapo qui n'a cessé de s'aguerrir, mais les informations qu'ils ont transmises ont été déterminantes pour la réussite de l'opération Neptune (débarquement de Normandie) et, plus généralement, de l'opération Overlord (bataille de Normandie).

Évelyne Clopet (née le à Pornic, exécutée le à Saint-Ouen (Loir-et-Cher)) fut parachutée (c’était l’une des femmes, avec Jeannette Guyot) en France dans le cadre du plan Sussex ; arrêtée par les Allemands après quelques missions de renseignement, elle fut torturée, puis fusillée avec ses 4 camarades[3].

Madame Andrée Goubillon[4], qui habitait au no 8 rue Tournefort à Paris, cacha et hébergea 42 parachutistes français des réseaux du plan Sussex], commandés par le colonel Malcolm Henderson (en) pour la libération de la France entre 1943 et 1944.

Plan Proust modifier

Ce plan, pensé en pour compléter le plan Sussex déjà opérationnel, a servi d'importante réserve d'agents pour des missions qui ne pouvaient être réalisées par des volontaires de Sussex, l'OSS ayant souhaité réunir au sein d'une même opération le surplus d'agents Sussex et les volontaires du BCRA d’Afrique du Nord.

Les premières recrues étant donc majoritairement issues de Sussex, cela aura pour conséquence d'instaurer une mauvaise ambiance, des hommes dissipés et un moral très bas. Proust connaît donc des difficultés pour ses débuts, le fait que des hommes se perdent entre Alger et Londres, et les moyens colossaux mis à la disposition du plan Sussex ne sont pas étrangers au frein de son essor. Mais les choses s'améliorent après l'obtention du brevet de parachutiste lors de leur passage à Ringway.

Les agents spéciaux Proust, envoyés en France après le débarquement, réaliseront le même genre de mission que les agents Sussex. Les derniers volontaires à l'entraînement en Angleterre, fin , entrent majoritairement à la DGER. Les autres accompagnent les 3e et 7e armée américaine pour les aider dans leurs opérations, ou bien rejoignent l'OSS de Paris[5].

Musée modifier

La Collection Sussex, dédiée à tous les hommes et les femmes qui ont participé aux opérations du plan Sussex, est visible au musée MM Park France, situé à La Wantzenau, près de Strasbourg[6]. Il a ouvert ses portes le et abrite la collection d'Éric Kauffmann, l'une des plus importantes d'Europe concernant des véhicules et uniformes de la Seconde Guerre mondiale[7].

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Il existe trois ouvrages sur le sujet, de Dominique Soulier, fils de Georges Soulier qui fut parachuté à Nantes le lors de la mission Sussex « VIS ». Envoyé en France juste avant le débarquement du , il était chargé de transmettre à Londres, depuis Blois, des renseignements sur les mouvements de l'armée allemande en bord de Loire[8].

  • Dominique Soulier, Le Plan Sussex : Opération ultra-secrète tripartite américano-franco-britannique, 1943-1944, Éditions Ronald Hirlé, , 175 p., (ISBN 978-2914729772)[9].
  • Dominique Soulier, Le Plan Sussex, guerre secrète en France occupée, Histoire et Collections, , 134 p., (ISBN 978-2-35250-311-8).
  • Dominique Soulier, 1943-1944 plan Sussex Plan Proust, Editions MM park France, , 206 p., (ISBN 978-619-7565-15-7).

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

  1. « L'entraînement », sur www.plan-sussex-1944.net (consulté le )
  2. Dominique Soulier, « Le Plan Sussex », sur www.plan-sussex-1944.net (consulté le )
  3. « CLOPET Evelyne, Claire, Valentine. Pseudonyme Chamonet, Claudet », sur maitron.fr (consulté le ).
  4. Photo de Mme André Goubillon
  5. Dominique Soulier, « Le Plan Proust », sur www.plan-sussex-1944.net (consulté le )
  6. [1]
  7. « Un musée prêt à débarquer à La Wantzenau » (consulté le )
  8. Corinne Fugler, « Le Plan Sussex, un réseau de résistants hors du commun », sur Francebleu.fr, (consulté le ).
  9. « 666-4 Bad Request !!! », sur cheminsdememoire.gouv.fr (consulté le ).