Polycarpe Naré

haut fonctionnaire burkinabé

Polycarpe Naré, né le à Yargo, parfois orthographié Yorgho, en Haute-Volta et mort le à Ouagadougou, Burkina Faso, est un haut fonctionnaire et homme politique burkinabè.

Polycarpe Naré
Biographie
Naissance
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Yargo (parfois orthographié Yorgho)
Décès
Nationalité
Activité
Autres informations
Distinction
Chevalier de l'ordre national voltaïque

Biographie modifier

Polycarpe Naré naît le à Yargo, près de Koupéla, chef-lieu de la province du Kouritenga, dans la région du Centre-Est[1]. Il fréquente l’école primaire de Kanougou, puis le petit séminaire de Pabré et celui de Nasso[1]. Il sera instituteur notamment à Ouahigouya, puis directeur d’école[1]. Titulaire du baccalauréat en 1954, il travaille à la direction des domaines de Bobo Dioulasso à partir du 23 décembre 1960[2] et est affecté en tant qu'inspecteur de deuxième classe premier échelon des domaines de l'enregistrement et du timbre à la direction des domaines à Ouagadougou le 19 octobre 1964[3]. Il est nommé, le , premier directeur autochtone des domaines au plan national[1].

Il entreprend une carrière politique dans les années 1950 et est le rédacteur en chef du journal Volta Presse L’Incorruptible[4] du Dr Joseph Conombo[5].

En 1956, le Mouvement démocratique voltaïque (MDV)[6], fondé par le Prince Gérard Kango Ouédraogo, fils du Régent du Yatenga et le capitaine français Michel Dorange, est introduit dans la région de Koupéla. Polycarpe Naré est tête de liste de l'antenne locale de Koupéla aux Élections territoriales de 1957 en Haute-Volta[7].

En 1957, il est nommé chef de cabinet du capitaine Michel Dorange au ministère de l’intérieur de Haute-Volta. Il sera l’adjoint de Jean Dellamonica, directeur des domaines, à partir du 27 juillet 1961[8]. Il poursuit par ailleurs sa carrière politique au sein du MDV, qui est un prolongement du dorangisme.

Il mène ses campagnes politiques contre les abus des chefs traditionnels. Il suit en cela les recommandations du congrès extraordinaire de l'Union Fraternelle des Koupéliens (UFK) d'[7]. Il dénonce en particulier la terreur créée par les chefs locaux au travers des travaux forcés et des sévices corporels infligés aux paysans. Il soumet sa candidature aux Élections territoriales de 1959 en Haute-Volta pour la région de Koupéla. Il perd cette élection face à Cyprien Zoungrana, candidat du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), prince héritier, fils de Naba Zanré[7].

Polycarpe Naré est désigné[9] à l’unanimité par les jeunes du Mouvement de regroupement voltaïque (MRV), parti né de la fusion du MDV, du Parti social d’émancipation des masses africaines (PSEMA) et du Mouvement populaire africain (MPA) et est présent en 1958 au congrès de Cotonou auprès de Nazi Boni, Gérard Kango Ouedraogo et du docteur Joseph Conombo.

Le congrès votera pour l’indépendance totale et immédiate de toute l’Afrique.

La carrière de Polycarpe Naré[10] au sein de la haute administration continue elle aussi. Après ses études à l’École nationale des impôts de Paris, il est nommé, en 1965, directeur des domaines de l’enregistrement et du timbre[11]. Le , il est nommé membre de la commission de vérification des deniers publics[12].

C'est sous la houlette du général Tiémoko Marc Garango, qu'il va transformer l'urbanisme de Ouagadougou dans les années 1970[13]. Il supervise la réalisation du « Petit Paris » ou zone résidentielle de Gounghin et de la zone résidentielle du Bois qui agrandissent la capitale suivant des standards modernes.

La nomination[14],[1] de Polycarpe Naré à la tête du service des régies va pratiquement coïncider avec le régime d’austérité décrété par le gouvernement de l’époque. La Garangose, du nom du général Garango qui en est l'initiateur, est une période d’effort national de reconstruction, de renforcement et de stabilisation des structures étatiques. Polycarpe Naré s'inscrit dans ces politiques économiques qui vont avec leur cortège de privatisations, de contribution patriotique, d'adoption de grilles restrictives de salaires et de suppression des indemnités de toutes sortes [15],[16],[17].

Il intègre le bureau politique du Parti Démocratique Voltaïque, section du Rassemblement Démocratique Africain (PDV-RDA), à la fin des années 1970. Ce parti va diriger la Haute-Volta de 1978 à 1980[18].

Après la direction du Patrimoine foncier (ancienne direction des domaines), Polycarpe Naré aura d’autres responsabilités dans le privé, notamment aux Brasseries du Burkina, Brakina, et à Burkina PAT en tant que président-directeur général.

Il reste cependant impliqué dans la vie politique de la région Centre-Est du Burkina Faso dont il serait, selon L'Observateur paalga du , une « figure titulaire parmi tant d’autres[19] de l' intelligentsia koupélienne »[20]. Attaché au développement territorial, il sera à l’origine de la création de la préfecture de Yargo et de la réalisation d’infrastructures telles que l’école rurale, l’école primaire, le collège d'enseignement général, les bureaux du commissariat de police, les logements de policiers et les bureaux du service vétérinaire.

Il se consacre à la fin de sa vie au développement de sa région d'origine. En 1992, il crée l’association pour le développement du village de Yargo (ADVY)[réf. nécessaire].

Il meurt le à Ouagadougou[13].

Distinction modifier

Polycarpe Naré est fait chevalier de l'ordre national voltaïque le 10 décembre 1970[21].

Références modifier

  1. a b c d et e Les élites africaines, Édiafric, , p. 288 sq
  2. Ministère de la fonction publique, direction du personnel, courrier N°3962 FF. P. fait le 23 décembre 1960
  3. Ministère des finances, décision du 31 octobre 1964 signée par M. Charles Kaboré
  4. Françoise IZARD et al., Bibliographie générale de la Haute-Volta, 1956-1965 : Françoise Izard, en collaboration avec Michèle d'Huart et Philippe Bonnefond, Centre national de la recherche scientifique (Paris); Centre voltaïque de la recherche scientifique (Ouagadougou), , Multigraphié, 300 p. (lire en ligne), p. 19
  5. Gil-François EUVRARD, La presse en Afrique Occidentale Française des origines aux indépendances et conservée à la Bibliothèque nationale : mémoire de fin d'études de l'École Nationale Supérieure des Bibliothèques, Lyon, ENSSIB, , I-XXXI; 1-73 (lire en ligne), p.14
  6. « Le coup d’état monarchiste de 1958 en Haute Volta — SYLMpedia », sur www.sylmpedia.fr (consulté le )
  7. a b et c Paul Y. Ouango, Implantation et évolution du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) dans la région de Koupéla de 1956 à 1974 - Mémoire de maîtrise d'histoire : Première partie, Ouagadougou, Burkina Faso, Université de Ouagadougou, , partie 1 - 82 pages (lire en ligne), p.27, pp 38-40, p.57 sq
  8. Présidence de la République, courrier N°414, signé le 25 septembre 1961 par le ministre François Bouda pour le compte du Président Maurice Yaméogo.
  9. Coll., Personnalités publiques de l'Afrique de l'ouest, Ediafric, Service, , p.136 sq
  10. Coll., Répertoire des pouvoirs publics africains : Cameroun, RCA, Congo, Côte d'Ivoire, Dahomey, Gabon, Haute-Volta, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Togo : Numéro spécial du Bulletin de l'Afrique noire, Édiafric, , 342 p.
  11. « Décret n° 225/PRES », Journal officiel, République de Haute-Volta,‎
  12. « Décret n° 1/PRES », Journal officiel, République de Haute-Volta,‎
  13. a et b Dayang-Wendé Silga, « Polycarpe Naré - L'architecte des quartiers Petit Paris et Zone du bois », Sidwaya, Ouagadougou, Burkina Faso,‎ (lire en ligne)
  14. « Derniers hommages pour un baobab des impôts » (L'article a été agrégé automatiquement avec d'autres provenant de journaux différents sur le site lefaso.net.), Le Pays, Burkina Faso,‎ , p. 35 (lire en ligne, consulté le )
  15. Pascal Zagré, Les politiques économiques du Burkina Faso : une tradition d'ajustement structurel, Paris, Karthala, , 244 p. (ISBN 2-86537-535-8, lire en ligne), p. 68 sq
  16. Jean-Pierre BEJOT, « La mort du général Tiémoko Marc Garango, emblématique ministre des finances burkinabè (1/2) », La Dépêche Diplomatique,‎ (lire en ligne)
  17. Jean-Pierre BEJOT, « La mort du général Tiémoko Marc Garango, emblématique ministre des finances burkinabè (2/2) », La Dépêche Diplomatique,‎ (lire en ligne)
  18. « 28 mai 1978, Élection de Sangoulé Lamizana à la présidence de la Haute-Volta », sur perspective.usherbrooke.ca, Perspective monde. École de politique appliquée. Université de Sherbrooke, Canada (consulté le )
  19. SOMÉ, Magloire. Historiographie du christianisme en Afrique occidentale : Le cas du Burkina Faso au xxe siècle In : Le monde de l’histoire religieuse : Essais d’historiographie [en ligne]. LARHRA, 2012 (généré le 12 octobre 2020)., , 249 p. (ISBN 979-10-365-4312-8, DOI https://doi.org/10.4000/books.larhra.2328, lire en ligne)

    « Le Burkina Faso, ancienne Haute-Volta, situé au cœur de l’Afrique occidentale, est touché par l’évangélisation à partir de 1900, lorsque les Pères blancs du cardinal Lavigerie ont implanté la première mission à Koupéla, à 140 kilomètres à l’est de Ouagadougou. »

    Cet effort missionnaire est allé avec le développement d'écoles qui ont généré des élites. C'est le sens de la phrase et de cette tournure "parmi tant d'autres" dans la citation de l'Observateur paalga: M. Polycarpe Naré est rattaché à un groupe plus vaste.

  20. L'observateur paalga n°7115, 18 avril 2008 [lire en ligne] (L'article a été agrégé automatiquement avec d'autres provenant de journaux différents sur le site lefaso.net)
  21. Présidence de la République de Haute-Volta, Grande chancellerie de l'ordre voltaïque, courrier N°70-374