Prima Linea
Prima Linea (français : Première Ligne) est un groupe terroriste italien, issu du service d'ordre de l'organisation d’extrême gauche Lotta Continua et actif pendant les Années de plomb de 1976 à 1981.
Prima Linea | |
Idéologie | Communisme Opéraïsme |
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Statut | dissoute |
Fondation | |
Date de formation | 1976 |
Pays d'origine | Italie |
Fondé par | Sergio Segio, Enrico Galmozzi, Massimo Libardi, Bruno La Ronga |
Actions | |
Mode opératoire | assassinat, jambisation |
Nombres d'attaques imputées | 101 |
Victimes (morts, blessés) | 16 |
Zone d'opération | Italie |
Période d'activité | 1976–1983 |
Organisation | |
Membres | 250 |
Financement | hold-up Banditisme révolutionnaire |
Sanctuaire | France |
Groupe relié | Sinistra Proletaria (it), Brigades rouges, Potere operaio, BR-PGPM, BR-PCC, BR-UCC |
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Histoire
modifierPrima Linea est fondé à la fin de l'année 1976 par des dissidents de Lotta Continua et du Comitato Comunista per il Potere Operaio (Sergio Segio, Enrico Galmozzi, Massimo Libardi, Bruno La Ronga). Le Comitato Comunista per il Potere Operaio scissionne après son premier assassinat, les partisans de l'illégalisme participant à la fondation de Prima Linea. Au printemps 1980, le groupe périclite à la suite d'une vague d'arrestations[1],[2]. En , le groupe s'autodissout, ses membres rejoignant les Brigades rouges, les Comunisti Organizzati per la Liberazione Proletaria et les Nuclei Comunisti Combattenti[3].
Les effectifs de Prima Linea sont estimés à environ 250 militants. Le groupe fera 16 victimes reconnues[4]. Il a revendiqué 101 actions armées.
Près d'un millier de personnes ont été poursuivies devant les tribunaux italiens pour appartenance à Prima Linea. Le groupe était majoritairement composé de chômeurs et d’étudiants, et comprenait également une bonne part d’ouvriers[5].
Prima Linea est considéré comme ayant été par ses effectifs le deuxième groupe armé après les Brigades rouges.
Plusieurs militants se réfugièrent en France sous couvert de la doctrine Mitterrand.
Au cours de sa première période d'activité, le groupe choisit la plupart de ses victimes dans le cadre des luttes syndicales ou en usine : beaucoup d'actions consistent à blesser des chefs d'ateliers ou et des entrepreneurs[6].
Pour se financer, et surtout pour se procurer des armes, Prima Linea va commettre nombre de hold-up et d'actes de brigandage, principalement dans des armureries. Un membre du groupe, Romano Tognini, est d'ailleurs tué lors de l'attaque d'un magasin à Tradate[6].
Actions armées (chronologie partielle)
modifier- Le premier assassinat attribué à Prima Linea est celui d'Enrico Pedenovi, avocat et conseiller provincial du Mouvement Social Italien, commis le à Milan[7]. La victime se rendait à une commémoration du meurtre de Sergio Ramelli, militant du MSI âgé de 17 ans, commis une année plus tôt par des membres de Avanguardia Operaia[8].
- Le , à Milan, le directeur de la Sit-Siemens Giuseppe D'Ambrosio est blessé aux jambes[9]. Deux jours plus tard, un groupe attaque au P-38 Giancarlo Niccolai, président de la section de la Démocratie chrétienne de Pistoia. Il a les deux fémurs fracturés[10].
- Le matin du , l'agent de police Giuseppe Lorusso est assassiné devant son immeuble à Turin[11].
- Le , le juge de 36 ans, Emilio Alessandrini, connu pour son intégrité, est assassiné dans sa voiture à un feu rouge à Milan. Prima Linea l'accusait d'être un « espion »[6].
- Le , un groupe de PL attaque la caisse d'épargne de Druento (Turin). Le vigile non armé Bartolomeo Mana, 34 ans, est tué de sang froid[12].
- Le , à Turin, PL assassine Carmine Civitate, 38 ans, père de deux enfants en bas âge, tenancier du bar Dell'Angelo, que l'organisation accuse d'avoir dénoncé à la police deux de ses membres. L'enquête établira que Civitate n'était pour rien dans l'arrestation des deux terroristes[11].
Culture populaire
modifierEn 2009 paraît La prima linea, film de Renato De Maria retraçant l'histoire de Sergio Segio. Le film est une adaptation du livre écrit en prison par Sergio Segio lui-même, Miccia corta. Una storia di Prima linea, même si l'ex-terroriste a pris ses distances avec le film[13]. Sergio Segio, né en 1955, a été le principal dirigeant et « commandant militaire » de Prima Linea, où il était surnommé Comandante Sirio. Arrêté en 1982, il sera libéré en 2004[14].
Notes et références
modifier- (it) Claudi Bachis, Vita da sbirro, Robin Edizioni (lire en ligne), p. 27
- (en) Donatella Della Porta, Social Movements, Political Violence, and the State : A Comparative Analysis of Italy and Germany, Cambridge University Press, (lire en ligne), p. 94
- (en) Servizio per le Informazioni e la Sicurezza Democratica, « The armed Front Line of 1968 » (consulté le )
- Gabriele Adinolfi, « L'Italie des "années de plomb" », La Nouvelle Revue d'histoire, Hors-Série, n°13H, Automne-Hiver 2016, p. 45-49.
- Laurent Bonelli, « Sur les sentiers escarpés de la lutte armée », sur Le Monde diplomatique,
- Manuel Zanarini, « Prima linea: lo spontaneismo armato comunista », Ariane Editrice, (lire en ligne)
- « Schede1976 Pedenovi », Associazione italiane vittime del terrorismo, (lire en ligne)
- Ugo Maria Tassinari, « Il delitto Pedenovi: il Corriere della sera ha qualche problema con la storia », L'Alter Ugo, (lire en ligne)
- « Caduti a Milano e in Lombardia per fatti di eversione e terrorismo: 39 vittime individuali tra il 1969e il 1982 », Memorie dell'Associazione Italiana Vittime del Terrorismo, (lire en ligne)
- « Giancarlo Niccolai insignito della medaglia d'onore », Il Tirreno, (lire en ligne)
- Renata Durando, « Cronologia di Prima Linea », Per la memoria"- a cura della Casa della Memoria di Brescia, (lire en ligne)
- « Ex terrorista confessa omicidio di un agente: reato prescritto », Corriere della sera, (lire en ligne)
- (it) Sergio Segio, « Il film La prima linea. La censura democratica », Micciacorta.it, (lire en ligne)
- « Movimentismo e militarismo Prima Linea anima armata del ‘68 », Gnosis - Rivista italiana d'intelligence - no 4, (lire en ligne)