Quatuor vocal
En musique, un quatuor vocal, intermédiaire entre le trio et le quintette vocal, désigne une réunion de quatre chanteurs a cappella[1]. Cet ensemble peut être accompagné au piano, par un ensemble instrumental ou par un orchestre.
Présentation modifier
En musique classique, le quatuor vocal est organisé, de la voix la plus aiguë à la plus grave :
La composition d'un quatuor vocal est donc celle d'un chœur mixte (SATB)[2], en considérant chaque voix comme soliste.
Au Canada et aux États-Unis, le quatuor vocal Barbershop est composé traditionnellement uniquement de voix d'hommes.
Histoire modifier
Les premières polyphonies médiévales étaient composées de deux voix en marche parallèle à la quinte (Organum[3]). Le déchant ajoute une troisième voix au-dessus du cantus firmus[4].
Philippe de Vitry ajoute une quatrième voix à ses motets, entre autres innovations majeures caractérisant l'Ars nova[5], et Guillaume de Machaut compose sa Messe de Notre Dame pour quatre voix[6], « la première qui ait été écrite et notée dans toutes ses parties[7] ». Par la suite, Josquin des Prés, Clément Janequin et Guillaume Costeley entretiennent une riche tradition de chansons françaises à quatre voix[8].
Les madrigaux italiens[9], d'Arcadelt et Pisano à Gesualdo et Monteverdi, sont composés pour quatuor vocal — le canto qui correspond à la voix supérieure, souvent tenue dans les interprétations modernes par une soprano, l'alto (mezzo-soprano, contralto ou contre-ténor), le tenore (ténor) et le basso (basse) — en leur ajoutant le quinto, dont la tessiture n'est pas précisée, mais qui pouvait être chanté par une deuxième soprano, un second alto ou un second ténor : les traités musicaux du XVIe siècle la nomment vox vagans, signifiant « voix errante »[10].
Quatuors vocaux constitués modifier
En France modifier
- Quartette vocal de Paris, de 1911 à 1913,
- Les Quatre Barbus, de 1938 à 1969,
- Les Frères Jacques, de 1946 à 1982,
- Pow Wow, depuis 1992,
- Les Goguettes en trio, mais à quatre, depuis 2013.
En Europe modifier
- Quartetto Cetra,
- The Hilliard Ensemble, depuis 1973,
- Egidius Kwartet, depuis 1995,
- Il Divo, depuis 2003.
Aux États-Unis modifier
- Le Golden Gate Quartet, fondé en 1934,
- The Chordettes, de 1946 à 1961,
- Anonymous 4, depuis 1986.
Au Canada modifier
Répertoire modifier
Renaissance modifier
- Mateo Flecha, Ensaladas[11] ;
- Tomás Luis de Victoria, Missae à quatre voix[12] ;
- Claudio Monteverdi, Madrigali spirituali a 4 voci (1583) ;
- Luca Marenzio, Madrigali a 4 voci, Libro Primo (1585) ;
- Thomas Morley, Madrigals for 4 voices (1594[13]).
XIXe siècle modifier
- Hector Berlioz, première version de Sara la baigneuse, op. 11 (1834) pour quatre voix d'hommes avec accompagnement d'orchestre[14] ;
- Anton Bruckner, plusieurs partitions pour quatre voix d'hommes, de Der Abendhimmel, WAB 55 à Sternschnuppen, WAB 85 (1848 à 1862) ;
- Johannes Brahms, Liebeslieder, op. 52 et op. 65 (1869 et 1874), avec accompagnement de piano à quatre mains ;
- Ernest Chausson, Chant nuptial, op. 15 (1887-1888) pour quatre voix de femmes avec accompagnement de piano ;
- Gabriel Fauré, Madrigal, op. 35 (1883), avec accompagnement de piano ou d'orchestre[15].
XXe siècle modifier
- Florent Schmitt, Chansons à quatre voix , op. 39 (1903-1905), avec accompagnement d'orchestre (ou piano à quatre mains)[16] ;
- Déodat de Séverac, Cantate pour honorer la cité (quatre voix d'hommes, 1909), avec accompagnement d'orchestre d'harmonie[17] ;
- Paul Ladmirault, Dominical (1911), avec accompagnement de piano ;
- Darius Milhaud, L'Homme et son désir, op. 48 (1917-1918), avec accompagnement d'orchestre ;
- Louis Durey, Éloges (1919), avec accompagnement d'orchestre ;
- Arvo Pärt, Passio Domini nostri Jesu Christi secundum Joannem (1982 révisé en 1988), avec accompagnement de chœur et d'un ensemble instrumental.
Bibliographie modifier
Ouvrages généraux modifier
- Brigitte François-Sappey et Gilles Cantagrel (dirs.), Guide de la mélodie et du lied, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 916 p. (ISBN 2-213-59210-1, OCLC 417117290)
- Paul Pittion, La musique et son histoire : tome I — des origines à Beethoven, Paris, Éditions Ouvrières, , 354 p.
- Roger Wild (dir.), Maurice Emmanuel, Reynaldo Hahn, Bernard Champigneulle, Paul Landormy, Georges Chepfer, Émile Vuillermoz, Hugues Panassié et Maurice Yvain, L'Initiation à la musique, à l'usage des amateurs de musique et de radio, Paris, Éditions du Tambourinaire, (1re éd. 1935), 445 p., « Lexique des principaux termes employés en musique », p. 367-415
Monographies modifier
- Jean-Bernard Cahours d'Aspry, Déodat de Séverac : musicien du soleil méditerranéen, Anglet, Atlantica-Séguier, coll. « Carré Musique », , 146 p. (ISBN 2-84049-235-0)
- Denis Morrier, Carlo Gesualdo, Paris, Fayard, , 118 p. (ISBN 2-213-61464-4)
- Jean-Michel Nectoux, Fauré, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Solfèges », (réimpr. 1995), 256 p. (ISBN 2-02-023488-2, OCLC 896791)
- Pierre-René Serna, Berlioz de B à Z, Paris, Van de Velde, , 264 p. (ISBN 2-85868-379-4)
Références modifier
- Wild 1949, p. 403.
- Wild 1949, p. 374.
- Pittion 1960, p. 122.
- Pittion 1960, p. 123.
- Pittion 1960, p. 125.
- Pittion 1960, p. 126.
- Pittion 1960, p. 125-126.
- Pittion 1960, p. 143-144.
- Pittion 1960, p. 137.
- Morrier 2003, p. 35.
- Pittion 1960, p. 141.
- Pittion 1960, p. 142.
- Pittion 1960, p. 139.
- Serna 2006, p. 47.
- Nectoux 1972, p. 240.
- (en) Phillip Nones, « Musicians Edward Rushton, Guillaume Le Dréau and JoAnn Falletta talk about Florent Schmitt’s captivating Chansons à quatre voix (1903-05). », sur florentschmitt.com, (consulté le )
- Cahours d'Aspry 2001, p. 144.