Réseautage social

moyens mis en œuvre pour relier des personnes physiques ou personnes morales entre elles

Le réseautage social[1] est un terme qui se rapporte à l'ensemble des moyens « virtuels » mis en œuvre pour relier des personnes physiques ou personnes morales entre elles. Avec l'apparition d'Internet, il recouvre les applications Web connues sous le nom de « services de réseautage social en ligne », plus couramment appelées « réseaux sociaux ». Ces applications permettent de constituer et d'entretenir un réseau social tant pour échanger des informations que pour s'y mettre en valeur. Elles offrent à des personnes partageant des centres d'intérêt divers moyens pouvant faciliter, par exemple, la gestion des carrières professionnelles, la distribution et la visibilité artistique ou les rencontres privées.

Visualisation du réseau social Reddit
Visualisation des interactions entre des utilisateurs du réseau social Reddit durant une discussion en 2017.

Ces applications sont pointées du doigt du fait de l'exploitation commerciale de données personnelles, et de l'usage de dispositifs favorisant l'addiction[2]. En 2018, une étude du Pew Research Center indique que les adolescents considèrent que l’usage des réseaux sociaux joue un rôle positif pour leur ouverture d’esprit et le développement de leur sens civique[3]. L'étude dénonce toutefois des impacts négatifs ressentis comme le fait de se sentir contraints d'y rester présents et l'obligation de ne partager que des aspects positifs d'eux-mêmes. Des effets négatifs sur l'équilibre psychologique des usagers sont fréquemment dénoncés[4],[5].

Histoire modifier

Indépendamment de l’essor actuel des technologies, le réseautage social existe depuis que les hommes sont constitués en société, mais les rencontres avaient lieu en face-à-face uniquement[6],[7]. Dans le cas des liens construits sur cette base, les magazines de sciences humaines et de psychologie grand public considèrent que des liens interpersonnels s’établissent davantage sur le long terme et des valeurs communes[7].

Dès avant internet, des groupes sociaux, organisés autour d'un thème fédérateur (religion, classe sociale, études, etc.) autre que l’affinité simple, forment un type de réseautage informel : recommandation à un tiers, réunions organisées, etc. Le réseautage social peut prendre alors une forme plus organisée et institutionnelle, professionnelle ou « de loisir », payante ou gratuite. Ainsi les agences de rencontre offrent des services de réseautage social à caractère personnel tandis que les agences de recrutement et les chasseurs de têtes offrent des services s’apparentant à du réseautage à caractère professionnel. Avec l'apparition d'Internet, le réseautage social a pris une nouvelle ampleur et ses formes et possibilités se sont multipliées.

Le premier site web de réseautage social fut Classmates.com, qui débuta ses activités en 1995. Puis, Microsoft lança MSN Messenger le (qui deviendra en 2005 Windows Live Messenger). MSN Messenger fut le premier réseau social à marquer le début d'une nouvelle ère du tchat numérique sur Internet, notamment chez les jeunes et les adolescents. MSN Messenger a marqué toute une génération d'internautes des années 2000. Bien qu'il n'ait pas été le premier service de ce type à se lancer sur le marché, puisque ICQ (racheté par AOL pour devenir AIM) et Yahoo l'avaient précédé, MSN s'est progressivement arrogé le leadership de la messagerie instantanée en France et dans le monde. A ses heures de gloire, ce service de tchat enregistrait une dizaine de millions d'utilisateurs actifs dans l'Hexagone. GTalk, lancé en 2005, ne le rattrapera pas.

Nombreux sont les internautes qui ont connu "MSN" comme premier logiciel de messagerie instantanée et qu'ils ne cesseront d'ailleurs de nommer de la sorte, même après sa transformation en Windows Live. Le logiciel a fait partie des phénomènes qui ont popularisé les éléments de langage qui sont restés dans l'usage, comme le "LOL" ou le "MDR". Les émoticônes, ces smileys représentant des émotions ou des attitudes, ont également connu un essor fulgurant grâce à leur apparition sur la messagerie de Microsoft en 2003.

Company of Friends, le réseau en ligne de Fast Company, la revue commerciale en vogue de la nouvelle économie, lancé peu de temps après, en 1997, en introduisant le réseautage d'affaires sur Internet. D'autres sites ont emboîté le pas, incluant Sixdegrees.com, qui débuta en 1997, Epinions qui introduisit le cercle de confiance en 1999, suivi par les équivalents européens Ciao, Dooyoo et Toluna. C'est à partir de 2001 que des sites web de réseautage social en ligne ont commencé à apparaître. Cette forme de réseautage social, couramment employée au sein des communautés en ligne, est devenue particulièrement populaire en 2002 et a fleuri avec l'avènement du site web appelé Friendster. Friendster utilise le modèle de réseautage social du « cercle d'amis » (développé par l'informaticien britannique Jonathan Bishop en 1999)[8]. Il existe plus de 200 sites de réseautage social. La popularité de ces sites a rapidement grossi, à tel point qu'en 2006, MySpace a obtenu un plus haut taux de pages visitées que le moteur de recherches Google[9].

Applications modifier

Un réseau social est orienté vers le web 2.0, c'est-à-dire qu'il permet à ses visiteurs d'être des participants actifs du réseau, et non plus de simples visiteurs de pages statiques.

Dans ces communautés, un premier ensemble de fondateurs envoie des messages invitant des membres de leur propre réseau personnel à joindre l'emplacement. Les nouveaux membres répètent le processus, accroissant le nombre de membres et de liens dans le réseau. Les emplacements offrent alors des dispositifs tels que les mises à jour automatiques de carnet d'adresses, la visualisation de profils personnels, la possibilité de former de nouveaux liens par des services d'introduction, et d'autres formes de raccordements sociaux en ligne. Des réseaux sociaux peuvent également être organisés autour des relations d'affaires, comme dans le cas de LinkedIn ou de Viadeo, autour d'évènements (concerts, expositions...) de causes ou d'intérêts (politique, culturels, ou de situations). Parfois certains sites combinent plusieurs modalités de réseautage en alliant réseautage culturel et personnel. D'autres sont comme des agendas autour d'événements de la vie réelle partagés en mode « public » ou « privé » mais toujours avec la notion d'unité du groupe entre les membres participant à l'événement (réunions, sorties...).

Le métissage du réseautage social est une approche du réseautage social qui combine à la fois les éléments hors-ligne (les rencontres en face-à-face) et en ligne. Myspace, par exemple, est construit autour de la musique indépendante et des vidéos et Facebook reflète à l'origine une communauté d'universitaires. Les plus récents réseaux sociaux sur Internet se sont concentrés davantage sur des sujets spécifiques tels que l'art, le sport, les automobiles, les jeux comme le poker, les propriétaires de chien, et même la chirurgie esthétique.

La plupart des réseaux sociaux sur Internet sont publics, permettant à n'importe qui de s'y joindre. Les organismes, tels que de grandes entreprises, ont également accès à des programmes de réseautage sociaux privés, connus sous le nom de Enterprise Relationship Management (en). Ils installent ces programmes sur leurs propres serveurs et permettent à des employés de partager leurs réseaux de contacts et de relations avec les personnes et les entreprises extérieures. Récemment se sont développés en parallèle de ces réseaux sociaux privés des réseaux sociaux professionnels en ligne qui mettent en place un système de réseautage d'affaires ou de réseau social.

La constitution d'un réseau social peut être mise en relation avec la pyramide des besoins de Maslow[10]. Le regroupement d'un ensemble d'entités sociales est une résultante de besoins exprimés par l'individu lui-même. Ainsi, il est possible de mettre en évidence trois des besoins fondamentaux[11] :

  • l'accomplissement personnel par l'expression de soi. Chaque utilisateur s'exprime sur sa fiche utilisateur, son profil, et l'enrichit de contenu. Il communique des informations personnelles qui permettent aux autres utilisateurs de le reconnaître, ou de le découvrir ;
  • la socialisation en éprouvant un besoin relationnel. Les utilisateurs peuvent entrer en relation entre eux directement ou par l'intermédiaire d'une connaissance commune. Cette relation est généralement matérialisée par une liste d’amis ou de contacts, publique ou privée. L'utilisateur peut aussi entrer en relation avec des marques, des artistes, des lieux, etc. ;
  • l'estime des autres par l'intermédiaire du besoin de communiquer. L'utilisateur a à sa disposition une large variété d'outils pour communiquer (messagerie instantanée, dédicace/livre d'or sur le profil d'un contact, partage de contenus, forums). La communication peut être enrichie selon les sites (invitation à des événements, partage d'agenda, etc.).

Ce monde virtuel permet donc nombre d'interactions entre internautes, constituant ainsi le réseautage social.

Un développement récent de réseau social est l'intégration de l'élément du marché, connue sous le nom de marché social[12]. Le réseautage social a eu aussi une grande influence dans les élections présidentielles américaines et favorise le développement de réseaux sociaux à vocation politique[13].

Modèle économique modifier

Commerce des données modifier

L'exploitation commerciale des données échangées ou consultées est le fondement économique des réseaux sociaux. La conservation et la réutilisation indéfinie de ces données par la société détentrice du site, pour quelque usage que ce soit, est inscrite dans leurs conditions d'utilisation.

En France, dès 1978, la commission nationale informatique et libertés (CNIL)[14] se préoccupait de l'utilisation des données et informations personnelles.

Les réseaux sociaux sur Internet peuvent collecter des données personnelles concernant leurs utilisateurs. Les sites web peuvent savoir dans quelle région du monde un utilisateur se trouve en utilisant son adresse IP. En plus des informations renseignées par l'utilisateur comme son âge, son sexe, les goûts et les intérêts des utilisateurs peuvent être recueillies. Ces données représentent un intérêt financier et publicitaire pour les réseaux sociaux.

Vente d'espaces publicitaires modifier

Début 2008, lors d'achats de sites, un réseau social est évalué autour de 20 à 150 dollars par visiteur unique. Début 2008, Facebook est valorisé autour de 15 milliards de dollars américains, pour 100 millions de visiteurs, soit 150 dollars par utilisateur.

Pour des réseaux plus petits, AOL rachète Bebo.com, 40 millions de personnes, 850 millions de dollars. Google, Microsoft, Yahoo! pour les plus grands se livrent à une course d'achats de sites de réseau social. Google a un réseau social appelé orkut qui a été lancé en 2004. Au même moment, le réseautage social commence à être perçu comme une composante des stratégies Internet : en mars 2005, Yahoo! lançait Yahoo! 360° et en juillet 2006, News Corporation a acheté MySpace[15].

Domaines d'application modifier

Réseaux internes versus réseaux externes modifier

Les réseaux sociaux professionnels internes (RSPI) ou réseaux sociaux d'entreprise sont ceux qui sont développés dans l'organisation (entreprise, administration, ONG, etc.) à laquelle est rattaché le salarié. Les indépendants et autres professions libérales y ont naturellement moins recours[16].

Le RSPI se crée dès les premiers jours de l'intégration du salarié dans son emploi par le biais de l'annuaire interne, l'annonce de communication interne, l'intégration identifiée à l'organigramme, les réunions de contact puis de projet. À chaque nouveau contact, chaque salarié est amené à enrichir ces réseaux de contacts et surtout ces réseaux informels d'appui qui l'aideront à progresser dans l'organisation (tutorat, mentor). Les réseaux sociaux (RS) externes sont a contrario les réseaux constitués en dehors de l'organisation professionnelle de rattachement.

Le lien naturel entre ces deux réseaux est le « réseauteur » lui-même au centre de sa toile qui peut mailler à loisir son réseau interne avec le réseau externe et vice-versa. Ce maillage pourra être encouragé ou non par son employeur suivant la politique de réseaux explicite voire implicite (réseau ouvert : coparrainage d'emplois par les salariés ou au contraire, dans le cas de réseaux internes étanches, politique de sécurité informatique qui empêche toute connexion sur les réseaux externes).

On assiste depuis 2005 à un effondrement progressif des résistances à l'interconnexion externe, compte tenu des nouvelles pratiques du réseautage professionnel dont le rayonnement bénéficie tant au « réseauteur » que pour l'entreprise qui l'emploie.

En France, à la différence des entreprises anglo-saxonnes ou nord-européennes, le dynamisme des réseaux internes est directement tributaire de l'implication des DRH (Directeurs des Ressources Humaines) voire du top management mais aussi de la performance des outils de la DSI (Directeur des Systèmes d'Information) à disposition des collaborateurs qui permettent de réaliser des communautés réelles puis virtuelles par le biais de plateformes.

Services en ligne de réseautage professionnels modifier

Les réseaux sociaux professionnels (RSP) sont spécialisés dans la mise en relation professionnelle en ligne[17]. Plateformes professionnelles de mise en relation, ils fonctionnent en système ouvert et favorisent les rencontres professionnelles, les contacts d'affaires, ils permettent aussi de développer des partenariats, de trouver des investisseurs, de se faire connaître des professionnels et de les identifier. Ils sont ainsi de plus en plus utilisés dans des buts de démarchage[18].

Les RSP sont aussi un acteur du recrutement 2.0, car ils mettent en ligne les offres de poste, les profils, les curriculum vitae (CV). Ils permettent ainsi à l'employeur de trouver le bon profil, au postulant d'optimiser son parcours professionnel à l'aide de ses contacts, et favorisent la croissance et la communication de l'entreprise. Ces sites de networking en ligne, parallèles aux systèmes internes de réseautage d'affaires proposés par les grandes entreprises, sont en pleine expansion[19]. Au vu du développement exponentiel du réseautage professionnel en France[20], les organismes officiels et les grandes entreprises établissent des partenariats stratégiques avec les sites de rencontres professionnels comme le partenariat de Viadeo avec l'APEC ou encore Thalys[21]. Ils peuvent ainsi y ajouter de multiples fonctionnalités liées à la spécificité de leurs activités.

Après le passage au web-recrutement, la communication RH (ressources humaines) est donc, par le biais des RSP, dans sa seconde révolution internet.

Les principales plateformesde ce type sont Viadeo, LinkedIn et Xing.

Services en ligne d'anciens élèves modifier

Parmi les sites de réseaux sociaux, certains proposent de retrouver ses anciens camarades de classe. Le premier site de ce type fut développé par une société américaine, en 1995 : Classmates.com se destinait à réunir et à favoriser les rencontres des individus à partir de leur promotions ou de leur école. En version française, il fut imité à partir de 2000 par Trombi.com, puis concurrencé dès 2001 par Copains d'avant. Fondé en 2004, Facebook était au départ un réseau pour les étudiants de l'université Harvard avant de s'ouvrir progressivement et devenir le numéro 2 mondial des réseaux amicaux et étudiants.

D'autres sites, mis en place en particulier dans les Grandes écoles et les Universités, visent à permettre aux « anciens élèves » de garder le contact afin de capitaliser et développer son réseau au service de l'évolution professionnelle. Ce réseautage est matérialisé par « l'annuaire des anciens », organisé par promotion.

Utilisation en politique et par les institutions gouvernementales modifier

Les acteurs politiques, les partis et les institutions officielles ont vite compris l'intérêt que représentait Internet, un média en pleine croissance et en pleine effervescence auprès des jeunes générations[non neutre]. Les sites de rencontres et plateformes sociales politiques sur Internet se sont vite multipliés pour offrir la possibilité aux individus d'échanger leurs points de vue et avis sur la politique, de constituer des lobbys, de se positionner sur des sujets d'actualité et des réglementations et projets de loi en discussion à l'Assemblée ou au Sénat[réf. nécessaire]. Ainsi les différents partis politiques, de même que l'armée quoique très méfiante vis-à-vis de l'Internet[22], ont développé des plateformes d'opinions et des réseaux politiques en ligne qui permettent rencontres et échanges de points de vue parfois même favorisent le recrutement dans l'armée comme le fait par exemple la Marine Nationale[23] ou encore de rencontrer par Internet sa famille pendant ses missions[24]. Dans la campagne des élections présidentielles américaines, les sites de rencontres et d'échanges sur Internet ont été très sollicités dans la campagne des différents candidats, cette mouvance, observée par les partis politiques français, a fait des émules en France. Les sites de rencontres politiques se présentent comme des plateformes participatives.[non neutre]

Utilisation par les associations et les ONG modifier

Dans la mouvance des réseaux sociaux, des associations développent des plateformes d'échange et de soutien à des projets associatifs et d'entraide ou encore la sensibilisation du public à certaines causes. En effet, 78% des ONG ont déjà fait appel aux dons sur les réseaux sociaux, ce qui place ces réseaux en troisième position pour les appels aux dons après le courrier électronique ou postal[25]. Certaines associations utilisent un financement participatif pour récolter de l'argent ce qui vient faciliter le don.

Réseaux sur invitation modifier

Pour faire partie de ces réseaux, il faut être invité par l'un de ses membres. Cela garantit qu'au moins chaque membre a une relation et permet au site de maîtriser sa croissance.

Approches scientifiques et analyse des pratiques de réseautage modifier

Réseautage social selon les sciences de l’information et de la communication modifier

1 200 utilisateurs de LinkedIn ont accepté de participer à une recherche consacrée au réseautage en ligne, conduite entre 2008 et 2012 par Julien Mésangeau, maître de conférences en SIC à la Sorbonne Nouvelle. Dans cette thèse[26], l’auteur a identifié trois formes de réseautage au terme d’une analyse des structures prises par les carnets d’adresses de chaque utilisateur et d’une enquête qualitative :

  • la première forme de réseautage est nommée « netmining ». On peut l’observer lorsque l’utilisateur privilégie le cumul d’un très grand nombre de contacts sur le réseau social numérique, qu’il s’agisse de LinkedIn ou Viadeo. Les utilisateurs sont ici motivés par un pari : tout utilisateur, dans une certaine limite, peut avoir une utilité sur le long terme en offrant une opportunité inattendue. Compte tenu du nombre important de relations cumulées dans le netmining (plusieurs milliers), il y a peu voire pas d’intimité ou de réciprocité entre l’utilisateur et ses contacts[27] ;
  • le « networking » désigne l’ajout de relations choisies en raison de leur utilité immédiate, ou à moyen terme, pour la carrière de l’individu. À l’inverse du netmining où les utilisateurs de LinkedIn collectent des contacts de manière indiscriminée, le networking suppose la mise en relation avec des individus choisis avec circonspection, ou contactés après consultation de leurs profils et listes de contacts ;
  • le « netsticking » est une forme de réseautage où l’utilisateur privilégie l’ajout de personnes proches (des collaborateurs et partenaires, des amis rencontrés lors des études) rencontrées et fréquentées en dehors d’internet. Ici, les utilisateurs ne choisissent pas leurs contacts en fonction de leur utilité en termes de carrière. En revanche, le netsticking permet de renforcer une relation préexistante.

En termes de structure des réseaux de contacts constitués par ces utilisateurs, Julien Mésangeau observe que :

  • les réseaux de contacts produits par le networking sont de tailles plus modestes (moins de 200 relations) mais de densités plus élevées. Le networker tend à occuper la position du broker identifiée par Ronald Burt[28]: il articule des milieux sociaux différents et tire profit de la richesse des informations qui en résulte ;
  • les réseaux de contacts produits par le netsticking sont de petites tailles. La densité de relations y est supérieure à celle retrouvée dans les réseaux de netmining et networking ;
  • du point de vue de la structure des réseaux constitués par les utilisateurs sur LinkedIn, l’auteur constate que les réseaux produits par le netmining sont larges (nombreux utilisateurs) et peu denses (il y a peu de relations entre les membres du réseau).

Principaux réseaux sociaux en ligne en 2017 modifier

D'après les études les plus récentes de 2017, le nombre des utilisateurs actifs sur les différents réseaux sociaux a fortement augmenté :

  • Facebook : 2 milliards d'utilisateurs actifs par mois [29]
  • Instagram : 700 millions d'utilisateurs actifs par mois [30]
  • Snapchat : 166 millions d'utilisateurs actifs par mois [31]
  • Twitter : 328 millions d'utilisateurs actifs par mois [32]

Comme pour tous les outils numériques, l'utilisation des réseaux sociaux a un impact environnemental, car les centres de données et les infrastructures du réseau internet consomment de l'électricité, qui peut être produite par des centrales thermiques brûlant des combustibles fossiles. À cet effet, l'usage de ceux-ci engendre une consommation excessive de contenus stockés dans des clouds ou des centres de données (datascenters), des centres physiques qui ont un impact sur l'environnement. L'impact en matière d'émissions de gaz à effet de serre (CO2 essentiellement), responsables du réchauffement climatique est variable selon que le fournisseur de l'application de réseautage social exploite ses centres de données alimentés par des énergies renouvelables / nucléaires, ou non, mais il n'est jamais nul. Une utilisation massive des réseaux sociaux peut avoir des incidences notables sur l'empreinte carbone personnelle.

Vie privée en réseau modifier

Depuis le début des années 2000, de nouvelles plateformes communautaires en ligne ont rapidement émergé, dont les sites emblématiques de Facebook, Twitter ou LinkedIn. Bien que ces plateformes soient gratuites pour la plupart, les données personnelles des utilisateurs possèdent une valeur commerciale non négligeable[33],[34].

Les préoccupations en matière de protection de la vie privée sur les plateformes des réseaux sociaux ont suscité de plus en plus d'inquiétudes chez les utilisateurs. L'association Europe versus Facebook, fondée par Max Schrems, se concentre sur le respect de la législation européenne sur la protection des données. Elle accuse Facebook Ireland Ltd., la base européenne de l'entreprise, d'enfreindre le droit européen sur l'utilisation des données, et de participer au programme de surveillance Prism de la NSA, l'Agence de sécurité nationale américaine[35].

Pourtant, des sociologues comme Antonio Casilli contrecarrent l'hypothèse de la fin de la vie privée. Selon lui, les annonces de « la fin de la vie privée » sont erronées et politiquement biaisées[36]. En effet, la vie privée n'est pas morte, elle est devenue collective. Il s'agit d'une négociation permanente entre les plateformes des réseaux sociaux, les utilisateurs et les pouvoirs publics[37].

En fait, il y a une tension entre protection de la vie privée et construction du capital social en ligne. Un dévoilement volontaire par nous-même peut nous aider à construire un réseau social plus grand et obtenir plus de capitaux sociaux. Selon la nouvelle loi Règlement général sur la protection des données (RGPD) qui va être mise en application en 2018, les contraintes pour transférer les données hors Europe sont plus strictes et l'amende est aussi très élevée. De plus, la capacité de contrôler les données personnelles par nous-même va augmenter. Alors, on doit choisir nos stratégies individuelles de nos informations privées, pour trouver une balance entre la protection des données personnelles et la construction de nos capitaux sociaux en même temps[38].

Notes et références modifier

  1. « réseautage social », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
  2. Damien Dubuc, « Comment les géants du Web capturent notre temps de cerveau », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (en-US) « Teens' Social Media Habits and Experiences | Pew Research Center », (consulté le )
  4. Grégory Rozières, « Plus on utilise les réseaux sociaux, plus on a de risques d'être atteint de dépression », Huffington Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Lin et al., « ASSOCIATION BETWEEN SOCIAL MEDIA USE AND DEPRESSION AMONG U.S. YOUNG ADULTS », sur ncbi.nlm.nih.gov,
  6. Blandine Grosjean, « Mes amis virtuels sont-ils de vrais amis ? », Psychologies.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. a et b Emanuelle Picaud, « Amis réel ou amis virtuels ? », sciences humaines,‎ , p13
  8. Amitiés virtuelles et nouveau narcissisme.
  9. (en) Steve Rosenbush, « News Corp.'s Place in MySpace », Businessweek, 19 juillet 2005.
  10. Alain, « Motivation - La pyramide des besoins selon Maslow - Management », sur alain.battandier.free.fr (consulté le )
  11. http://mediapedia.wordpress.com/2006/07/30/c%E2%80%99est-la-maturite-stupide-maslow-s%E2%80%99invite-a-la-table-du-20/
  12. « Marché social — Solecopedia », sur fr.solecopedia.org (consulté le )
  13. « Notre vie privée est-elle en vente sur internet ? », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. « CNIL | », sur www.cnil.fr (consulté le )
  15. news.bbc.co.uk
  16. IGS-RH, Rapport de l’école de management des ressources humaines, « Mode collaboratif ou collaboratif à la mode ? Pourquoi les réseaux sociaux d’entreprise peinent encore à développer des comportements collaboratifs », sur www.orse.org (consulté le )
  17. « Comment réseauter à travers les réseaux sociaux » (consulté le )
  18. « Tirer profit de Viadéo et LinkedIn », sur Addecco (consulté le )
  19. http://blogemploi.lesjeudis.com/index.php?2008/08/26/141-usages-des-reseaux-professionnels-en-europe-dernieres-tendances article sur paperblog sur les dernières tendances en matière de réseaux sociaux
  20. http://www.paperblog.fr/428968/etude-sur-les-reseaux-sociaux-en-france article sur les grandes tendances française en matière d'online networking
  21. « L’Apec et Viadeo s’associent pour mettre les cadres en réseau », sur Les Echos, (consulté le ).
  22. article du 29 avril 2009 sur Zonemilitaire
  23. « MARINE NATIONALE », sur etremarin.fr (consulté le ).
  24. http://pagesperso-orange.fr/amicale.1ric/
  25. « Etude sur les ONG et les réseaux sociaux », sur france générosités, (consulté le )
  26. Julien Mésangeau, Figures du « réseautage en ligne » sur les réseaux socionumériques professionnels : le cas d’un groupe d’anciens sur LinkedIn, https://tel.archives-ouvertes.fr (lire en ligne)
  27. Julien Mésangeau, « « Le réseautage et ses usages : le cas d’un groupe d’anciens étudiants hébergé sur LinkedIn» » », , Revue Terminal, n°111 : Le web: modes de participation et approches critiques,‎
  28. (en) Ronald Burt, Brokerage & Closure: an introduction to social capital, Oxford, Oxford University Press,
  29. (en-US) « Facebook Reports Second Quarter 2017 Results », sur investor.fb.com (consulté le )
  30. (en) Mathieu Chartier, « 700 millions d'utilisateurs pour Instagram », Les Numériques,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. Alexi Tauzin, « Chiffres des utilisateurs des réseaux sociaux en France et dans le monde en 2017 », Tiz - Agence Web & Création de Site Internet à Strasbourg, Alsace,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. « Combien d'utilisateurs des réseaux sociaux en 2017 en France de : Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, Snapchat, YouTube, Pinterest, WhatsApp [Infographie] », sur www.alexitauzin.com (consulté le )
  33. Boris Manenti, « Notre vie privée est-elle en vente sur internet ? », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  34. « Réseaux sociaux et données personnelles », sur Juristes du Numérique (consulté le ).
  35. Qui est Max Schrems, ce juriste qui porte plainte contre Facebook ?, Sud Ouest, 8 août 2014.
  36. Antonio A. Casili, « Contre l'hypothèse de la « fin de la vie privée : La négociation de la privacy dans les médias sociaux », Revue française des sciences de l'information et de la communication, Société française des sciences de l’information et de la communication, no 3,‎ (ISSN 2263-0856, DOI 10.4000/rfsic.630, lire en ligne).
  37. « La vie privée n'est pas morte, elle est devenue collective », L'Express, (consulté le ).
  38. Tactical Technology Collective, « 9. Savoir se protéger sur les sites de réseautage social », sur securityinabox.org, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Réseau social.

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie sélective modifier

Classement par ordre chronologique de publication. Pour une liste plus détaillée, voir la bibliographie sur les réseaux sociaux.

  • Emmanuel Lazega, Réseaux sociaux et structures relationnelles, Que sais-je ? no 3399, PUF, Paris, 1998
  • Pierre Musso, Critique des réseaux, PUF, Paris, 2003
  • Alain Lefebvre, Les réseaux sociaux. Pivot de l'Internet 2.0, M21 Éditions, 2005 (réed. 2008)
  • Romain Rissoan, Les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, LinkedIn, Viadeo - Comprendre et maîtriser ces nouveaux outils de communication, Objectif Solutions, 2011
  • Mathieu Chartier, Guide complet des réseaux sociaux, First Interactive, 2013
  • Alain Lefebvre, Le miroir brisé des réseaux sociaux. Analyse critique des apports réels des réseaux sociaux, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2013
  • Michel Grossetti, « Que font les réseaux sociaux aux réseaux sociaux : Réseaux personnels et nouveaux moyens de communication », Réseaux, n° 184-185, 2014, p. 187-209 (lire en ligne).
  • Pierre Mercklé, Sociologie des réseaux sociaux, La Découverte, 2016
  • Paul Durand-Degranges et Yasmina Salmandjee Lecomte, Les réseaux sociaux pour les Nuls, Paris, First Interactive, 2017 (réed. 2018)
  • Pauline Escande-Gauquié et Bertrand Naivin, Monstres 2.0 : L'autre visage des réseaux sociaux, éditions François Bourin, 2018
  • Jérôme Colombain, Faut-il quitter les réseaux sociaux ? Les 5 fléaux qui rongent Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat et Youtube, Dunod, 2019

Liens internes modifier

Liens externes modifier