Rachel de Queiroz

femme de lettres, dramaturge, traductrice et journaliste brésilienne

Rachel de Queiroz, née le à Fortaleza et morte le à Rio de Janeiro, est une femme de lettres, dramaturge, traductrice et journaliste brésilienne. Elle est l'auteure d'un grand succès littéraire au Brésil, son roman, O Quinze. Elle est aussi la première femme à rejoindre l'Académie brésilienne des lettres, et en 1993 est encore la première femme à recevoir le prix Camões, le plus important prix littéraire du monde lusophone.

Rachel de Queiroz
Description de cette image, également commentée ci-après
Rachel de Queiroz, en 1971
Nom de naissance Rachel de Queiroz
Naissance
Fortaleza, État du Ceará,
Drapeau du Brésil Brésil
Décès (à 92 ans)
Rio de Janeiro, État de Rio de Janeiro, Drapeau du Brésil Brésil
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Portugais

Biographie modifier

Elle naît à Fortaleza en 1910[1],[2], de Daniel et Clotilde Franklin de Queiroz. En 1917, à la suite de la sécheresse de 1915, elle se rend avec sa famille à Rio de Janeiro[2], où elle suit ses études au Colégio da Imaculada Conceição jusqu’en 1925. Elle revient ensuite dans sa région natale et y devient ensuite journaliste. Sous le pseudonyme de Rita de Queluz, elle écrit quelques poèmes et le roman-feuilleton História de um Nome. Mais c'est en 1930, à 20 ans, qu'elle publie son premier véritable roman, O Quinze, un succès au Brésil[1],[2],[3]. O Quinze désigne pour les Brésiliens l'année 1915 et la grande sécheresse de cette année-là. Le roman de Rachel de Queiroz décrit l'état de dénuement des paysans du Ceará dont les champs sont devenus arides et qui se jettent sur les routes pour quitter cette région, désespérés[4].

Alors que les tensions politiques montent au Brésil, elle est accusée un moment à tort d'être communiste. Dans les faits, explique-t-elle, elle avait été longtemps sympathisante du Parti communiste. Mais au moment où elle se décide à adhérer, dans les années 1930, des responsables du parti lui demande de faire preuve de bonne volonté en adaptant la trame de son deuxième roman, à l'époque à paraître, et de donner un meilleur rôle au personnage central, un prolétaire, João Miguel, dont elle avait fait un assassin : « J'avais été convoquée dans un hangar, sur le port de Rio de Janeiro. Seule face à trois hommes, dans un lieu désert. Je suis sortie très lentement, en leur disant que je ne leur reconnaissais aucune autorité sur mon roman, puis j'ai sauté dans le premier tramway. J'étais membre du parti depuis vingt-quatre heures, je n'y suis jamais retournée. »[4]. Elle se rapproche des trotskistes[2]. Pour échapper aux persécutions liées à son appartenance à la gauche, elle s'installe à Maceió en 1935. Pendant l'Estado Novo (régime brésilien de 1937 à 1945), elle est emprisonnée trois mois[2] et voit ses livres brûlés[2] avec ceux d'autres auteurs comme Jorge Amado, José Lins do Rego et Graciliano Ramos sous l'accusation d'être subversifs[5].

En 1940, elle rencontre un médecin, Oyama de Macedo, qui devient son compagnon, jusque sa mort en 1982[2]. Par ailleurs, l'assassinat de Léon Trotski, toujours en 1940, sur ordre de Joseph Staline l'éloigne des mouvements de gauche[2]. En 1964, elle soutient même le coup d'état militaire contre le président João Goulart et fait partie d'un Conseil fédéral pour la culture de 1967 à 1985[2].

Le , elle devient la première femme élues à l'Académie brésilienne des lettres[2]. « Je ne suis pas entrée à l'Académie brésilienne des lettres parce que je suis une femme », précise-t-elle, « J'y suis entrée parce qu’indépendamment de ce fait, j’ai une œuvre littéraire. »

En 1993, elle remporte le Prix Camões (elle est la deuxième personnalité brésilienne et la première femme à remporter ce prix)[2].

Elle meurt d'une attaque cardiaque le à Rio de Janeiro, deux semaines avant ses 93 ans[1],[6].

Rachel de Queiroz, 1977.
Rachel de Queiroz avec ses amis Adonias Filho (à gauche) et Gilberto Freyre (à droite)

Œuvres modifier

- Publié en français sous le titre L'Année de la grande sécheresse, traduit par Jane Lessa et Didier Voïta, Paris, Stock, « Bibliothèque cosmopolite », 1986
- Nouvelle traduction, sous le titre : La Terre de la grande soif, traduit par Paula Anacaona, Paris, éditions Anacaona, collection Terra, 2014. (ISBN 978-2-918799-50-4)
- Publié en français sous le titre Jean Miguel, traduit par Mario Carelli, Paris, Stock, « Nouveau cabinet cosmopolite », 1984
- Nouvelle traduction, sous le titre João Miguel, traduit par Paula Anacaona, Paris, éditions Anacaona, collection Terra, 2015. (ISBN 978-2-918799-57-3)
  • Dôra, Doralina (1975)
Publié en français sous le titre Dôra, Doralina, traduit par Mario Carelli, Paris, Stock, « Nouveau cabinet cosmopolite », 1980
  • Memorial de Maria Moura (1992)
Publié en français sous le titre Maria Moura, traduit par Cécile Tricoire, Paris, Métailié, 1995 ; réédition, Paris, Métailié, Suites brésilienne no 148, 2009
  • Caminho de pedras (1937)
  • As três Marias (1939)
  • A donzela e a moura torta (1948)
  • O galo de ouro (1950)
  • Lampião (1953)
  • A beata Maria do Egito (1958)
  • Cem crônicas escolhidas (1958)
  • O brasileiro perplexo (1964)
  • O caçador de tatu (1967)
  • O menino mágico (1969)
  • As menininhas e outras crônicas (1976)
  • O jogador de sinuca e mais historinhas (1980)
  • Cafute e Pena-de-Prata (1986)
  • Teatro (1995)
  • Nosso Ceará (1997)
  • Tantos Anos (1998)
  • Não me deixes : suas histórias e sua cozinha (2000)

Prix, récompenses et honneurs modifier

Références modifier

  1. a b et c Raphaëlle Rérolle, « Rachel de Queiroz, grande romancière brésilienne », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d e f g h i j et k Regina Crespo, « Queiroz, Rachel de [ Fortaleza 1910 - Rio de Janeirio 2003 ] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 3572 - 3573
  3. « Trois visions de la réalité brésilienne. Le Nord de Josué Montello et de Rachel de Queiroz le Sud d'Oswaldo França Junior », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. a et b Raphaëlle Rérolle, « L'irréductible vitalité de Rachel de Queiroz », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. (pt) Vitor de Brites, « Pioneira na juventude arrefeceu na velhice », Zero,‎
  6. Natalie Levisalles, « Plume du Brésil, Rachel de Queiroz s'efface », Libération,‎ (lire en ligne)

Liens externes modifier