La radicalité est, en philosophie, une façon de penser ou d'agir qui « va jusqu'au bout de chacune des conséquences impliquées par le choix initial »[1][source insuffisante].

Perceptions

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Le terme est connoté négativement et renvoi généralement à celui d'extrémisme[2]. Mais selon Valérie Bonnet, Béatrice Fracchiolla et Lilian Mathieu, chercheurs en sciences sociales le terme peut être revendiqué de manière valorisante (au travers de valeurs « d’intransigeance, voire de rudesse politique », comme de manière négative, pour disqualifier une personne[2].

Radicalité et racine

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Étymologiquement, le mot « radicalité » est issu de radicalis en bas latin, qui désigne « ce qui tient à la racine, au principe d’un être ou d’une chose, donc ce qui est profond ». Plusieurs auteurs, dont Karl Marx, considèrent donc que se réclamer de la radicalité revient à « saisir les choses à la racine », et donc à aborder un sujet (problème, question, condition) en analysant ses fondements[2].

Radicalité et extrémisme

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Une autre interprétation du terme « radicalité » en fait une pensée intransigeante, « qui va jusqu’au bout de ses conséquences, parfois même une forme de rigorisme ou d’intégrisme »[2].

Axe gauche-droite

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Gauche radicale

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La gauche radicale[3] est un courant politique hétérogène qui regroupe les individus, groupes, mouvements, organisations et partis situés entre les partis sociaux-démocrates et l'extrême gauche[4][réf. obsolète]. Au XXIe siècle et selon les auteurs, elle peut correspondre à la gauche antilibérale[réf. nécessaire].

Selon la sociologue Irène Pereira, l’extrême gauche des années 1970 se définissait par référence à la polarité qu’exerçait alors le Parti communiste. L’effondrement de celui-ci, qui a privé celle-là de sa pertinence, contraint à des redéfinitions, notamment taxinomiques. La « gauche radicale », plus couramment nommée « gauche de la gauche », prendrait aujourd’hui son sens par référence à un Parti socialiste devenu parti de gouvernement. L’ouvrage d’Irène Pereira qui mobilise des apports de la sociologie politique, à l’aune des mouvements qu’ils analysent, s’assigne pour premier objectif d’en dresser une cartographie qu’ordonne la notion de « grammaire », empruntée à la sociologie pragmatique[5].

Dans le vocabulaire politique contemporain, sa définition est distincte de l'adjectif « radical », qui se réfère historiquement à des mouvements et organisations issus du radicalisme[6].

D'après l'universitaire Timothée Duverger (d), « la gauche radicale est née en Europe occidentale sur les décombres de l’effondrement du bloc communiste, dans un contexte d’hégémonie du libéralisme culturel, de la mondialisation dite « heureuse », du capitalisme actionnarial, de l’éclatement du salariat et de l’essor des préoccupations écologiques »[7].

Droite radicale

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En science politique, le terme de droite radicale est utilisé pour désigner les groupes populistes d'extrême droite partageant un certain nombre de points communs, qui comprennent généralement l'opposition à la mondialisation et à l'immigration, la critique du multiculturalisme et l'opposition à l'Union européenne[8].

Le spectre idéologique de la droite radicale s'étend du populisme de droite au nationalisme blanc et au néofascisme.

Écologie

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L’écologie est apparue comme un courant influent aux États-Unis et en Europe occidentale dans les années 1960, en dehors de la gauche traditionnelle et en dehors du marxisme. Certains de ses courants se présentaient même comme dépassant l’opposition entre droite et gauche, arguant que les conflits sociaux ( notamment entre classes sociales ) étaient destinés à passer au second plan devant un problème de fond : l’agression humaine contre l’environnement naturel. Cette agression a touché la terre tout entière et la population globale. C’était un problème de l’humanité et non d’une partie d’une classe sociale.

L’écologie radicale est à la pointe de l’écologie sociale. Elle pousse les systèmes sociaux et écologiques vers de nouveaux modèles de production, de reproduction et de conscience qui amélioreront la qualité de la vie humaine et l’environnement naturel. Elle remet en question les aspects de l’ordre politique et économique qui empêchent la satisfaction des besoins humains fondamentaux en matière d'environnement . Il propose des théories qui expliquent les causes sociales des problèmes environnementaux et des moyens alternatifs pour les résoudre. Il soutient les mouvements sociaux visant à éliminer les causes des problèmes environnementaux, la détérioration et l'amélioration de la qualité de vie de personnes de toutes races, de toute classes sociales et sexes[9].

Références

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  1. « De la «racine» au «Parti radical»: d’où vient la «radicalité»? », sur Le Figaro, (consulté le )
  2. a b c et d Nicolas Truong, « La radicalité, de l’analyse des racines à l’intransigeance de la pensée », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  3. Nonna Mayeer, Pascal Perrineau, Le comportement politique des Français, Paris, Armand Colin, 1991.
  4. (it) Sinistra radicale, che fare di quel 15 % ?, 14 juillet 2004
  5. Jacques Ghiloni, « Irène Pereira, Les grammaires de la contestation. Un guide de la gauche radicale », Lectures,‎ (ISSN 2116-5289, lire en ligne, consulté le )
  6. (it) La sinistra radicale et le partito radicale, article sur Infodem
  7. Timothée Duverger (d), « Qu’est-ce-que la deuxième gauche radicale? », sur ess.hypotheses.org, (consulté le ).
  8. Pascal Perrineau, Luc Rouban, La politique en France et en Europe, Presses de Sciences Po, (lire en ligne).
  9. (en) Carolyn Merchant, Radical Ecology The Search for a Livable World, New York, Routledge, , 302 p. (ISBN 9780203084212), p. 8

Bibliographie

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  • "Radicalités et modérations, postures, modèles, théories Naissance du cadre politique contemporain", Pierre Serna, 2009 lire en ligne
  • "De la racine à l'extrémisme", Valérie Bonnet, Béatrice Fracchiolla, Lilian Mathieu, 2020 lire en ligne