Ayant succédé en 1973 au championnat international des marques (en vigueur de 1970 à 1972), le championnat du monde des rallyes se dispute sur une douzaine de manches, dont les plus célèbres épreuves routières internationales, telles le Rallye Monte-Carlo, le Safari ou le RAC Rally. Parallèlement au championnat des constructeurs, la Commission Sportive Internationale (CSI) a depuis 1979 créé un véritable championnat des pilotes qui fait suite à la controversée Coupe des conducteurs instaurée en 1977, dont le calendrier incluait des épreuves de second plan. Pour la saison 1981, la CSI a une nouvelle fois exclu la manche suédoise du championnat constructeurs, cette épreuve comptant uniquement pour le classement des pilotes, tout comme le Rallye du Brésil promu cette année au rang mondial. Huit des douze manches du calendrier se disputent en Europe, deux en Afrique et deux en Amérique du Sud. Elles sont réservées aux voitures des catégories suivantes :
Fiat a dominé la saison 1980, remportant un troisième titre mondial avec sa 131 Abarth. Principal artisan de ce succès grâce à ses quatre victoires, Walter Röhrl a remporté le titre pilotes ; cependant, le pilote allemand, qui devait piloter pour Mercedes-Benz en 1981, ne sera pas en mesure de défendre son titre, le constructeur de Stuttgart ayant brutalement renoncé à la compétition automobile.
L'année a débuté avec l’apparition d'un nouveau concept dans le monde du rallye : pour la première fois, une GT adopte la transmission intégrale ; débutant en championnat au dernier Rallye Monte-Carlo, l'Audi Quattro a nettement dominé le début de course aux mains d'Hannu Mikkola, avant qu'une erreur du pilote finlandais ne lui coûte la victoire.
Succédant au Rallye du Soleil de Minuit jusqu'alors disputé en juin, le Rallye de Suède est depuis 1966 une des plus difficiles épreuves hivernales. Disputé presque intégralement sur neige ou sur glace, il se court dans la région du Värmland[2]. Jusqu'en 1976 son parcours était tenu secret, mais depuis les reconnaissances y sont permises durant les deux semaines précédant la course. À ce jour, seuls les pilotes suédois s'y sont imposés, Björn Waldegård et Stig Blomqvist y détenant le record de victoires (cinq succès chacun).
L'équipe Rothmans a engagé deux Escort RS1800 groupe 4 (1000 kg, moteur deux litres alimenté par carburateurs, 260 chevaux[4]) pour Ari Vatanen et Pentti Airikkala. Ces voitures ont été préparées chez David Sutton et utilisent des pneus Pirelli. Bror Danielsson dispose d'un modèle identique sous les couleurs du Publimmo Racing, ainsi que Lasse Lampi engagé à titre privé. La marque est également présente en groupe 2, avec notamment l'Escort RS de Kyösti Hämäläinen.
Opel
Dernier vainqueur en date, Anders Kulläng pilote une Ascona 400 groupe 4 engagée par Publimmo Racing. Björn Johansson dispose quant à lui de l'Ascona 400 alignée par 'Opel Team Sweden'. Ces voitures de 1050 kg sont motorisées par un quatre cylindres de 2420 cm3 développé chez Cosworth, délivrant 240 chevaux. Elles utilisent des pneus Thorsell[3].
Audi
Audi Motorsport engage une seule Quattro groupe 4, confiée à Hannu Mikkola. Ce coupé à transmission intégrale pèse environ 1100 kg et est équipé d'un moteur cinq cylindres de 2144 cm3 à injection directe, suralimenté par un turbocompresseurKKK. Sa puissance est de l'ordre de 300 chevaux à 6300 tr/min. Audi utilise habituellement des pneus Kléber, mais le manufacturier ne dispose pas de pneus spéciaux pour cette épreuve spécifique, aussi la marque fait-elle appel pour la circonstance à des fournisseurs finlandais[3].
Saab
Stig Blomqvist dispose d'une 99 turbo groupe 2 'usine', mais le service compétition du constructeur suédois a mis en sommeil son programme rallye et la voiture est engagée par le Publimmo Racing. Pesant 1080 kg, la 99 turbo est équipée d'un moteur quatre cylindres de deux litres, suralimenté par un turbocompresseur Garrett, d'une puissance de l'ordre de 270 chevaux à 6000 tr/min[4]. Elle est chaussée de pneus Kométa. Kalle Grundel a personnellement engagé un modèle identique, tandis qu'Ola Strömberg pilote une 99 EMS groupe 2 sous les couleurs Clarion.
BMW
Comme l'année précédente, Ingvar Carlsson a engagé sa BMW 320i groupe 2, sous les couleurs Publimmo.
Porsche
Avec l'aide de Publimmo, Per Eklund s'aligne sur sa Porsche 911 SC groupe 4, une voiture dont le poids dépasse 1100 kg, animée par un moteur six cylindres de trois litres monté en porte-à-faux arrière, d'une puissance de 300 chevaux[5].
Talbot
Henri Toivonen était initialement engagé sur une Sunbeam Lotus groupe 2, mais l'équipe britannique a finalement déclaré forfait, n'ayant pas disposé de suffisamment de temps pour préparer une voiture pour cette épreuve[3].
Les 116 équipages s'élancent de Karlstad le vendredi midi. La neige est peu abondante et les routes sont recouvertes de glace[3]. Sans ces conditions, Hannu Mikkola domine d'emblée au volant de son Audi Quattro, dominant les quatre premières épreuves spéciales au terme desquelles il compte déjà 37 secondes d'avance sur la Ford Escort d'Ari Vatanen. Derrière, la lutte pour la troisième place est très serrée entre la Saab de Stig Blomqvist, l'Opel d'Anders Kulläng et l'Escort de Pentti Airikkala. Blomqvist réalise le meilleur temps dans le secteur de Bjälverud et revient en seconde position à égalité avec Vatanen, mais ce dernier se montre le plus rapide dans la spéciale de Långjohanstorp et revient à 28 secondes de Mikkola. Le pilote Audi s'impose dans la dernière spéciale du jour, ralliant Karlstad avec 32 secondes d'avance sur Vatanen. La troisième place est toujours très disputée entre Airikkala et Blomqvist (qui a perdu un peu de temps à cause d'un tête-à-queue), séparés de deux petites secondes, qui devancent Kulläng, cinquième.
Les concurrents repartent de Karlstad le samedi, à partir de sept heures du matin. Comme la veille, Mikkola domine dans la plupart des secteurs sélectifs. Malgré quelques belles performances de Vatanen, le pilote Audi accroît régulièrement son avance et termine la journée avec un avantage de plus d'une minute et demie sur la meilleure Ford. Longtemps troisième, Blomqvist va perdre deux minutes en fin de journée, sa Saab ayant terminé le parcours sur trois roues. Le pilote suédois tombe à la sixième place, derrière Airikkala, Kulläng et Johansson. Plus tôt dans la journée, Per Eklund (Porsche) avait également perdu deux minutes, à cause d'une crevaison dans le secteur de Bäckelid. Parmi les abandons au cours de cette seconde étape, on note ceux de Bror Danielsson (pont arrière cassé sur son Escort), d'Ingvar Carlsson qui a cassé la suspension arrière de sa BMW et de Kalle Grundel qui a cassé le turbo de sa Saab.
La dernière étape, relativement courte, ne comporte que six épreuves spéciales. Elle se déroule principalement de nuit, les premières voitures s'élançant de Karlstad le dimanche à une heure du matin[3]. Aucun incident ne vient entraver la course des équipages de tête. Mikkola se contente de maintenir son avance sur Vatanen et remporte la victoire avec une marge inférieure à deux minutes. C'est la première fois qu'un pilote étranger remporte le Rallye de Suède. Airikkala grimpe sur la troisième marche du podium, devant Kulläng, premier pilote local, et Blomqvist, vainqueur du groupe 2, qui est rapidement parvenu à repasser devant Johansson mais échoue à vingt-cinq secondes de la quatrième place.
attribution des points : 20, 15, 12, 10, 8, 6, 4, 3, 2, 1 respectivement aux dix premiers de chaque manche, auxquels sont appliqués des coefficients pouvant aller de un à quatre en fonction de l'importance des épreuves.
Classement du championnat d'Europe après les cinq premières épreuves