Ravensbrück

camp de concentration nazi pour femmes au Brandebourg (1938-1945)
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Ravensbrück ou le camp de concentration de Ravensbrück est un camp de concentration nazi situé sur l'ancienne commune d'Allemagne de Ravensbrück, englobée depuis 1950 dans la ville de Fürstenberg/Havel, à 80 km au nord de Berlin. Le camp était réservé aux femmes, mais des enfants s'y trouvaient aussi. Mis en place par le Troisième Reich de 1939 à 1945, le camp fut construit sur les bords du lac Schwedtsee dans une zone de dunes et de marécages du nord du Brandebourg.

Ravensbrück
Ravensbrück_Tor2.jpg
Vue extérieure du camp de Ravensbrück.
Présentation
Type Camp de concentration
Gestion
Date de création Mai 1939
Dirigé par Max Koegel
Fritz Suhren
Date de fermeture Avril 1945
Victimes
Type de détenus Femmes, enfants
Nombre de détenus 150 000
Morts 70 000 à 90 000
Géographie
Pays Drapeau de l'Allemagne nazie Allemagne nazie
Région Brandebourg
Commune d'Allemagne Ravensbrück, actuellement Fürstenberg/Havel
Coordonnées 53° 11′ 20″ nord, 13° 10′ 12″ est
Géolocalisation sur la carte : Allemagne (1937)
(Voir situation sur carte : Allemagne (1937))
Ravensbrück

Historique

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Succédant en 1939 au camp de concentration de Lichtenburg, le camp de Ravensbrück devint rapidement le centre de détention de femmes le plus important du pays : au moins 132 000 femmes et enfants y furent déportés, dont 90 000 y furent assassinés.

Le camp, destiné en premier lieu aux détenues politiques (opposantes politiques, communistes, résistantes polonaises, allemandes, françaises, belges et prisonnières de guerre russes) accueille également des détenues raciales juives, tziganes et roms. Il fournit en main-d'œuvre féminine l'ensemble des industries d'armement allemandes et les mines de sel, sur place ou au sein de l'une des 70 antennes disséminées de la mer Baltique à la Bavière. Une immense usine Siemens était voisine du camp et exploitait les prisonnières.

Les détenues provenaient de tous les pays d'Europe occupés par l'Allemagne, dont les Polonaises ont constitué le premier contingent.

À partir d', des hommes y furent également détenus, mais dans un camp annexe.

Photo aérienne du camp de Ravensbrück.
Plan du camp de Ravensbrück.
Blanchisserie du camp de Ravensbrück.

Détenues et détenus

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Femmes de Ravensbrück attendant d'être évacuées par la Croix-Rouge suédoise. La croix blanche sur leur dos indique que ce sont des prisonnières condamnées à mort[a].

Les premières prisonnières, 974 dont au moins 137 Juives[2], furent transférées du camp de concentration de Lichtenburg en Saxe.

À la fin de l'année 1942, la population carcérale passa à 10 000 détenues. Parmi elles, des enfants arrivés avec leurs mères juives ou roms, ou nés sur place. Leur nombre augmenta considérablement entre avril et  ; une première vague, composée d'enfants tziganes amenés avec leurs mères arriva après la fermeture du camp rom d'Auschwitz, suivie par les enfants polonais du ghetto de Varsovie après l'échec de l'insurrection, puis par ceux du ghetto de Budapest à la suite de la fermeture de ce dernier. La plupart moururent de dénutrition. Le nombre de prisonniers atteignit plus de 45 000 en

Les détenues portaient un triangle coloré selon leur catégorie, une lettre au centre indiquant leur nationalité : rouge pour les prisonnières politiques, jaune pour les Juives, vert pour les criminelles de droit commun, violet pour les Témoins de Jéhovah, noir pour les Tziganes et les prostituées, etc. Certaines eurent le crâne rasé à l'arrivée, ce qui ne fut toutefois jamais le cas des « aryennes ». En , toutes les détenues juives furent déportées à Auschwitz. En effet, Himmler avait décidé de rendre les camps allemands Judenfrei, c'est-à-dire sans Juifs. En 1943, le camp accueillit des Juives de « sang mêlé »[3]. À partir de 1944, des Juives hongroises y arrivèrent.

Depuis les années 2010 et l'avancée des recherches sur le génocide rom et sinté, dont les études sont toujours en cours sur place, il est avéré que de nombreux tziganes y ont été torturées puis déportées à Auschwitz. Le nombre de victimes est encore à l'étude[4].

Au total, 123 000 femmes auraient été déportées à Ravensbrück[5]. Une liste incomplète, établie par l'administration du camp[réf. nécessaire], énumère 25 028 noms de femmes déportées à Ravensbrück. Elle comporte 24,9 % de Polonaises, 19,9 % d'Allemandes, 15,1 % de Juives (en majorité hongroises), 15 % de Russes, 7,3 % de Françaises, 5,4 % de Tziganes et 12,4 % d'autres origines, réparties dans les catégories suivantes : 83,54 % de politiques, 12,35 % d'anti-sociaux, 2,02 % de criminels, 1,11 % de Témoins de Jéhovah, 0,78 % de « hontes de la race » et 0,2 % d'autres cas. Cette liste est l'un des rares documents sauvés de la destruction qui précéda la fuite des SS devant les forces alliées par les Mury (en), un groupe clandestin de guides polonaises formé au camp dans le but de fournir de la nourriture et des soins médicaux aux détenues les plus faibles.

Claire Pahaut a publié en 2024 une liste nominative avec leur parcours individuel de 2.250 femmes qui furent déportées à Ravensbrück à partir de la Belgique ou qui s'y sont installées après la guerre[6].

Le camp rassemblait plusieurs types de détenues :

Les prisonnières de Ravensbrück furent l'objet de sévices permanents, battues, astreintes au travail et assassinées lorsqu'elles n'en étaient plus capables, ou pour un acte de rébellion ou sans raison particulière. Les prisonnières jugées inaptes au travail étaient tuées par balle jusqu'en 1942. Après cette date, elles furent transférées à Auschwitz et vers d'autres centres d'extermination. Plusieurs furent exécutées à l'infirmerie du camp par injection létale.

À partir de l'été 1942, des expériences médicales furent menées sur au moins 86 détenues, dont 74 polonaises, connues sous le nom de Lapines. La première série porte sur l'efficacité des sulfamides dans le traitement des blessés de guerre, la seconde sur la régénération des os, muscles et nerfs et la possibilité de transplanter des os. Cinq en moururent, six furent exécutées car souffrant de blessures non guéries et la plupart des survivantes gardèrent des séquelles à vie. Quatre d'entre elles témoignèrent lors du procès des Médecins en 1946. En , entre 120 et 140 femmes tziganes furent stérilisées après s'être vu promettre la libération si elles consentaient à l'opération.

Les corps des détenues décédées étaient brûlés au crématorium situé près de Fürstenberg jusqu'en 1943, date à laquelle les autorités SS construisirent un four crématoire à proximité du camp.

À mesure que l'Armée rouge avançait en Pologne, les camps orientaux furent évacués (Treblinka, Maïdanek, Auschwitz). En , 8 000 prisonniers furent transférés d'Auschwitz à Ravensbrück. Dans le même temps, les responsables des camps orientaux furent mutés dans les camps plus à l'ouest, dont Ravensbrück, et y introduisirent la chambre à gaz et leurs techniques d'extermination. La mortalité s'amplifia effroyablement[10] :

  • en 1943 : 5 à 10 détenues périssaient chaque mois ;
  • en 1944 : 160 à 180 détenues périssaient chaque mois ;
  • fin et mois suivants : 40 à 60 détenues périrent chaque jour.

Plusieurs milliers de détenues furent exécutées juste avant la libération du camp en . Les derniers assassinats se produisirent le , lorsque onze détenues employées au crématorium furent empoisonnées[11].

Quand l'Armée rouge arriva le , il ne restait que 3 500 femmes et 300 hommes non évacués. Les SS avaient entraîné les détenues capables de marcher, environ 20 000, dans une marche forcée vers le nord du Mecklembourg après en avoir confié 7 000 à des délégués de la Croix-Rouge suédoise et danoise. Ils furent interceptés après quelques heures par une unité d'éclaireurs russes.

Parmi les déportées

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L'encadrement du camp

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Commandants du camp

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  • Max Koegel (1895-1946), officier SS Hauptsturmführer, commandant du camp dès son ouverture le avec le transfert de 867 femmes depuis le camp de concentration de Lichtenburg, jusqu'en . Il dirige ensuite le camp d'extermination de Majdanek à côté de Lublin puis le camp de concentration de Flossenbürg. Il met fin à ses jours en prison, après sa capture en Bavière en [12].
  • Fritz Suhren (1908-1950), officier SS, commandant du camp d' à . Sa politique est d'exterminer les femmes par le travail, les mauvais traitements et le moins de nourriture possible. Il met des prisonnières à disposition du médecin d'Himmler, le Dr Karl Gebhardt pour des expérimentations médicales, et des stérilisations de Tziganes. Après s'être échappé des mains des Américains et une longue fuite, il est capturé en 1949, jugé par un tribunal militaire français, puis exécuté, à proximité de Baden-Baden, le [13].

Autres responsables du camp

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Gardiennes

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À côté du personnel masculin, environ 150 femmes SS ont été assignées à la surveillance des détenues. Pendant les six ans de fonctionnement du camp, 4 000 surveillantes (Aufseherinnen) y ont été formées sous la responsabilité de :

  • la stellvertretende Oberaufseherin Dorothea Binz (1920-1947), condamnée à mort et exécutée
  • l’Oberaufseherin Johanna Langefeld (1900-1974) (de à ), évadée de prison et son assistante Emma Zimmer (1888-1948) (de à ), condamnée à mort et exécutée ;
  • l’Oberaufseherin Maria Mandl (1912-1948) (de à ), condamnée à mort et exécutée
  • Johanna Langefeld, entretemps à Auschwitz (de à ) ;
  • l’Oberaufseherin Anna Klein-Plaubel (1900-1990 ?), acquittée avec Dorothea Binz comme adjointe (de à ), condamnée à mort et exécutée ;
  • l’Oberaufseherin Luise Brunner (1908-1977), avec Dorothea Binz comme adjointe (de à ), condamnée à trois ans de prison ;
  • En 1973, Hermine Braunsteiner (1919-1999) fut extradée par les États-Unis vers l'Allemagne pour y répondre de crimes de guerre, condamnée à la réclusion criminelle à perpétuelle et graciée ;
  • En 2006, Elfriede Rinkel (en) fut expulsée à l'âge de 84 ans, après avoir vécu à San Francisco à partir de 1959, pas de jugement.

Médecins

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La Kinderzimmer

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Les naissances d'enfants au camp étaient devenues incontrôlables en 1944 (auparavant les mères mouraient avant l'accouchement ou bien les bébés étaient tués) et c'est pourquoi la Kinderzimmer (chambre des enfants au bloc 11) fut créée afin de s'occuper des nouveau-nés avec la débâcle allemande de 1944. C'était une pièce avec deux lits de deux étages superposés, jusqu'à 40 bébés y furent couchés en travers des châlits. Pas d'hygiène, pas de couche, pas de biberon, pas de tétine, la solidarité du camp apportait un peu de linge, de petites bouteilles et du lait mais n'évite pas la disparition de presque tous les enfants. Sur 500 naissances consignées à Ravensbrück, une quarantaine d'enfants seulement ont survécu[15].

Il est difficile de dire combien d’entre eux sont nés en déportation, mais les travaux entrepris par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation a pu recenser 23 enfants français nés à Ravensbrück dont seulement trois ont survécu : Sylvie Aylmer (03/1945), Jean-Claude Passerat (11/1944), et Guy Poirot (03/1945).

Le camp d'Uckermark

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Ce camp, appelé dans le langage national-socialiste Camp de protection de la jeunesse (Jugendschutzlager), était un camp annexe de Ravensbrück, géré par le Reichskriminalpolizeiamt, le service central de police criminelle, sous contrôle du commandant de Ravensbrück. Il était situé à environ deux kilomètres du camp principal et comprenait une quinzaine de baraquements ainsi qu'un unique bâtiment administratif[16]. Il était soumis à la même administration que le camp pour femmes. Y furent internées 1 200 jeunes femmes et adolescentes[17], classées comme « inadaptées à la communauté », « asociales » et « politiquement non fiables »[18], en fait pour des raisons raciales, religieuses et politiques[19].

À partir de 1944, le camp est vidé des 250 filles qui y restaient et change d’emploi : il est affecté aux détenues du camp principal[16]. On y envoyait les femmes de Ravensbrück, considérées trop faibles pour travailler par les SS, afin qu’elles puissent se « reposer ». En réalité, ce changement de camp signifiait l’extermination[20]. Dans ce camp, les détenues étaient privées de la moitié de leur ration alimentaire quotidienne voire de la totalité. De plus, elles étaient forcées à rester debout en plein air de 5 à 6 heures par jour. Environ 50 prisonnières y mouraient quotidiennement. Outre la mort causée par ces conditions de détention, certaines femmes y furent fusillées et même assassinées en chambre à gaz[16].

Vie du camp

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Au-delà de l'organisation nazie encadrant la vie du camp, un autre encadrement, moins visible, se mit en place entre détenues, imposé par les militantes communistes, qui avaient droit de vie et de mort sur les autres prisonnières (selon le témoignage de la résistante française Geneviève Moreau, binôme de Denise Jacob au Maquis des Glières)[réf. nécessaire]. L'écrivain tchèque Milena Jesenská par exemple le subit, en refusant de s'y soumettre[21].

Toponymie

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L'on retrouve pour la première fois le nom actuel en 1679. À l'origine, Ravensbrück signifiait « Pont de Raves ». Les détenues parlaient entre elles de "pont des corbeaux" ("Raben" en allemand, Rabensbrücke): Les oiseaux ne pouvaient pas y vivre, à l’exception des corbeaux, d’où le nom de Ravensbrück : « pont des corbeaux » [22].

Bordels

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Des bordels étaient mis en place dans les camps de concentration de manière à augmenter la productivité des prisonniers. Cette méthode ne semble pas avoir changé quoi que ce soit au rythme de travail des déportés. Les femmes présentes dans ces bordels étaient ponctionnées dans le camp de Ravensbrück. Souvent Polonaises ou Hongroises, elles devaient partir pour une durée d'environ 6 mois vers d'autres camps. Il arrivait aussi, bien que plus rarement, que ces femmes se portassent volontaires. Elles espéraient ainsi augmenter leurs chances de survie.

Libérations de déportées

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Le la Croix-Rouge suédoise emmena 300 détenues françaises en Suède, échangées contre des prisonnières allemandes détenues par les troupes alliées[23].

Procès

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Sept procès pour crimes de guerre ont eu lieu de à , où comparurent des fonctionnaires et personnels du camp.

Fritz Suhren, commandant du camp, et Hans Pflaum, chargé de la main d'œuvre furent jugés par le tribunal supérieur de Rastatt chargés des criminels de guerre (condamnés à la peine de mort le 10 mars 1950, peine confirmée en appel en mai, et exécutés le 12 juin).

Commémoration et mémoire

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Mémorial de Ravensbrück

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République démocratique allemande

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Sur le site de l'ancien camp de concentration se trouve un mémorial. En 1954, le sculpteur Will Lammert (en) a été chargé de concevoir le site commémoratif entre le crématorium, le mur du camp et le lac Schwedtsee. Jusqu'à sa mort en 1957, l'artiste a créé un grand nombre de modèles sculptés de femmes. Le 12 septembre 1959, le Mémorial national de Ravensbrück (Nationale Mahn- und Gedenkstätte Ravensbrück) a été inauguré à l'extérieur de l'ancien camp de concentration sur une surface de 3,5 ha entre l'ancien mur du camp et la rive du lac de Schwedtsee. Rosa Thälmann, ancienne détenue du camp de concentration et veuve de l'homme politique Ernst Thälmann, a prononcé le discours d'ouverture. Comparé à Buchenwald et Sachsenhausen, c'était le plus petit des trois mémoriaux nationaux de la République démocratique allemande (RDA).

Pour l'inauguration du site du Mémorial national, une version réduite de la Tragende (femme au fardeau) a été créée (sous la supervision de Fritz Cremer) et exposée. Cette figure symbolique centrale, également connue sous le nom de "Pietà de Ravensbrück", se dresse au sommet d'une stèle sur la péninsule du lac de Schwedtsee. Le monument Zwei Stehende (Deux femmes debout) trouve également son origine dans les modèles de Lammert. D'autres statues, également créées à l'origine pour Ravensbrück, sont exposées depuis 1985 au vieux cimetière juif de Berlin Mitte, en commémoration des victimes juives du fascisme.

Depuis 1984, l'ancien quartier général des SS abrite le Museum des antifaschistischen Widerstandskampfes (musée de la résistance antifasciste). Après le retrait d'Allemagne de l'armée soviétique qui, jusqu'en 1993, avait utilisé certaines parties de l'ancien camp à des fins militaires, il a été possible d'intégrer davantage de zones du camp dans le site du mémorial.

Les trois mémoriaux nationaux de Buchenwald, Sachsenhausen et Ravensbrück ont joué un rôle central dans la politique mémorielle de la RDA sous Erich Honecker[24]. Ils étaient contrôlés par le ministère de la Culture et servaient de lieux d'identification et de légitimation de la RDA[25]. Selon l'historienne Anne-Kathleen Tillack-Graf, l'instrumentalisation politique de ces mémoriaux, notamment pour les besoins actuels de la RDA, est devenue particulièrement claire lors des grandes célébrations de la libération des camps de concentration[26].

Après la réunification allemande

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Aujourd'hui, les anciens blocs d'hébergement des gardiennes sont une auberge de jeunesse et un centre de rencontre pour les jeunes. Au cours de la réorganisation, qui a eu lieu au début des années 1990, le Museum des antifaschistischen Widerstandskampfes a été remplacé par deux nouvelles expositions permanentes : "Femmes de Ravensbrück", qui présente les biographies de 27 anciennes prisonnières, et "Ravensbrück. Topographie et histoire du camp de concentration pour femmes", qui fournit des informations sur les origines du camp, décrit la vie quotidienne dans le camp et explique le principe de la Vernichtung durch Arbeit (extermination par le travail). Depuis 2004, une exposition sur les gardiennes du camp de concentration pour femmes de Ravensbrück est également organisée dans un autre de leurs anciens blocs d'hébergement. En outre, des expositions temporaires présentant un intérêt particulier sont régulièrement organisées au mémorial.

Les 16 et 17 avril 2005, une cérémonie a été organisée pour commémorer le 60e anniversaire de la libération du camp. Parmi les personnes invitées figuraient environ 600 survivants venus du monde entier, principalement d'Europe de l'Est. Parallèlement, une nouvelle exposition permanente en plein air a été inaugurée, sur le thème des transports ferroviaires vers Ravensbrück. Son élément central est un wagon de marchandises remis à neuf. Les panneaux d'information de l'exposition décrivent les origines des transports et leur évolution au fil du temps et expliquent les différents types de trains, leur lieu d'arrivée et le rôle joué par les habitants de la région. Il s'agit probablement de la seule exposition organisée jusqu'à présent dans un mémorial allemand et consacrée exclusivement au thème des transports vers le camp.

Monument de Fritz Cremer devant le mur des Nations.

Monuments en dehors de l'Allemagne

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Mémorial du camp de concentration de Ravensbrück au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Un monument aux victimes françaises de Ravensbrück est l'un des monuments commémoratifs de plusieurs camps de concentration au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Site mémoriel du parc Georges Henri à Woluwe-Saint-Lambert (Bruxelles)

Le site mémoriel (œuvre de la sculptrice Thérèse Chotteau) du parc Georges Henri à Woluwe-Saint-Lambert à Bruxelles a été inauguré le 18 octobre 2000 par la Reine Paola, ce lieu d’histoire et de mémoire est un hommage aux dames engagées contre l’occupant du Troisième Reich, le fascisme et les idées extrêmes.

L'art à Ravensbrück

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Certaines formes d'art se sont développées dans le camp de concentration de Ravensbrück, malgré les circonstances. Les quelques artistes les plus représentatives du camp ont été Violette Lecoq, France Audoul, Charlotte Delbo, Jeanne L'Herminier, Anne-Marie Renaud de Saint Georges, Aat Breur-Hibma et Germaine Tillion avec son opérette Le Verfügbar aux Enfers.

Témoignages écrits

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Œuvres littéraires ayant Ravensbrück pour cadre

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  • Valentine Goby, Kinderzimmer : roman, Arles, Actes Sud, , 221 p. (ISBN 978-2-330-02260-0, OCLC 966090843)
  • Stanislas Petrosky, Ravensbrück mon amour, Saint-Romain-de-Colbosc, L'Atelier Mosésu, , 221 p. (ISBN 979-10-92100-36-5, OCLC 908436225)
  • Chroniques de Francine R. - Résistante et déportée, -, bande dessinée de Boris Golzio (scénario et dessin), 136 pages, Glénat, 2018.
  • Martha Hall Kelly, Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux, Charleston, 2019, 664 p.
  • Jacques Travers, La neige est noire à Ravensbrück, 2020, 316 p..
  • Margarete Buber-Neuman, Milena,1986 pour la traduction française, Seuil, traduit de l'allemand par Alain Brossat. Titre original : Milena Kafka's Freundin, 1977, Albert Langen-Georg Müller Verlag
  • Etienne Noël, Alicia, l'oubliée de Ravensbrück, Paris, Éditions Le Sémaphore ,111 p. (ISBN 978-2-352-26075-2)

Bibliographie critique

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  • Amicale de Ravensbrück (France) et Association des Déportées et Internées de la Résistance (France), Les Françaises à Ravensbrück. ([Prepared by the] Amicale de Ravensbrück et Association des déportées et internées de la Résistance.)., Paris, Denoël/Gonthier, coll. « Femme », , 390 p.
  • Christian Bernadac, Ravensbrück, t. 2 : Le camp des femmes, Paris, M. Lafon, , 317 p. (ISBN 978-2-84098-423-8, OCLC 716167267)
  • Christian Bernadac, Ravensbruck, t. 3 : Kommandos de femmes, Paris, France-Empire, coll. « Les mannequins nus » (no 3), , 316 p. (ISBN 978-2-7048-4044-1, OCLC 63248588)
  • Charlotte Boisson Panthier, Ravensbrück : donner la vie dans un camp de la mort, de 1939 à 1945, Mémoire pour obtenir le Diplôme d’Etat de Sage-Femme, Université de Paris – École de Sages-Femmes Baudelocque 2020 [5]
  • Sarah Helm (trad. de l'anglais), Si c'est une femme : vie et mort à Ravensbrück, Paris, Calmann-Lévy, , 700 p. (ISBN 978-2-7021-5809-8, OCLC 946604713)
  • Claire Pahaut, Ces Dames de Ravensbrück, Contribution au mémorial belge des femmes déportées à Ravensbrück, 1939-1945, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2024, 347 p. (ISBN 9789463914529). Voir la liste de 2.250 femmes qui furent déportées à Ravensbrück à partir de la Belgique ou qui s'y sont installées après la guerre [6].
  • Bernhard Strebel (trad. Odile Demange, préf. Germaine Tillion), Ravensbrück : un complexe concentrationnaire, Paris, Fayard, , 764 p. (ISBN 978-2-213-62423-5, OCLC 62260538)
  • Germaine Tillion, Ravensbrück, Paris, Éd. du Seuil, coll. « Points / Histoire » (no 236), , 517 p. (ISBN 978-2-02-031007-9, OCLC 75827791) (1988)
  • Valentine Goby, Kinderzimmer : roman, Arles, Actes Sud, , 221 p. (ISBN 978-2-330-02260-0, OCLC 966090843)
  • Marie-Laure Le Foulon, Le procès de Ravensbrück, Germaine Tillon: de la vérité à la justice, Paris, Le Cherche Midi, 2016, 268 p.

Notes et références

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  1. Margarete Buber-Neumann écrit : « Les SS n'avaient pas de tissu pour confectionner des uniformes de prisonniers ; ils importaient à Ravensbrück des montagnes d'habits, de sous-vêtements, de chaussures de femmes gazées à l'Est […] Ces vêtements étaient triés puis on y découpait une croix et un tissu de couleur différente était cousu par-dessous. Les femmes erraient comme des moutons destinés à l'abattoir. Les croix étaient destinées à éviter les évasions. Plus tard, on simplifia en traçant les croix à la peinture blanche sur les vêtements[1] ».

Références

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  1. (de) Margarete Buber-Neumann, Fånge hos Hitler och Stalin [« Prisonnière de Staline et d'Hitler : déportée à Ravensbrück, vol. II, Paris, Seuil, 1988 »], Stockholm, Natur & kultur, , p. 176.
  2. Georges Bensoussan (dir.), Jean-Marc Dreyfus (dir.), Édouard Husson (dir.) et al., Dictionnaire de la Shoah, Paris, Larousse, coll. « À présent », , 638 p. (ISBN 978-2-03-583781-3), p. 447.
  3. Dictionnaire de la Shoah, p. 447
  4. (en-GB) Praktikantin, « Sinti and Roma in the Ravensbrück concentration camp », sur www.roma-sinti-holocaust-memorial-day.eu, (consulté le )
  5. Dictionnaire de la Shoah, p. 448
  6. Claire Pahaut, Ces Dames de Ravensbrück, Contribution au mémorial belge des femmes déportées à Ravensbrück, 1939-1945, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2024, 347 p. (ISBN 9789463914529). La liste reprend également pour chaque déportée des informations avec dates concernant son parcours.
  7. Léon Duboin (1882-1943)
  8. Cronica di Corsica [1]
  9. Français Libres [2]
  10. Rapport du Major Steward au président du tribunal du procès Suhren-Pflaum, Centre des archives diplomatiques de La Courneuve, 1AJ/6340.
  11. Témoignage de Mina Lepadies au procès de Hambourg, cité par Germaine Tillion, Ravensbrück, Seuil, 1988, (ISBN 2-02-010157-2).
  12. « Ravensbrucke Concentration Camp http://www.HolocaustResearchProject.org », sur www.holocaustresearchproject.org (consulté le )
  13. Centre des archives diplomatiques de La Courneuve, 1AJ/6338-6344.
  14. a b c et d Centre des archives diplomatiques de La Courneuve, 1AJ/6340.
  15. Laure Adler, « Marie-Jo Chombart de Lauwe », sur France Culture, (consulté le ).
  16. a b et c Marcel Ruby, Le livre de la déportation, Paris, Éditions Robert Laffont, , 451 p., p. 228-229
  17. (de) Konstantin Kraft, « Jugend-KZ Uckermark vor 75 Jahren befreit », sur nordkurier.de,
  18. (de) Martin Guse, « Jugend-KZ Uckermark », sur bpb.de, (consulté le )
  19. (de) Jans Jacobus, « Jeweils am Samstag wurde das Lager „beliefert », sur neues-deutschland.de,
  20. JewishGen, « Ravensbrück (Allemagne) », (consulté le )
  21. Pierre Bayard, Aurais-je été résistant ou bourreau, Paris, Les Éditions de Minuit, , 158 p. (ISBN 978-2-7073-2277-7, OCLC 851910452), p. 116.
  22. Aylmer-Roubenne Madeleine, J’ai donné la vie dans un camp de la mort, J’ai lu, 1997. Cité par Charlotte Boisson Panthier, Ravensbrück : donner la vie dans un camp de la mort, de 1939 à 1945. Gynécologie et obstétrique., 2020, ffdumas-03278364
  23. Denise Guillemin Ducruet, 1968
  24. (de) Anne-Kathleen Tillack-Graf, Erinnerungspolitik der DDR. Dargestellt an der Berichterstattung der Tageszeitung "Neues Deutschland" über die Nationalen Mahn- und Gedenkstätten Buchenwald, Ravensbrück und Sachsenhausen, Frankfurt am Main, Peter Lang, (ISBN 978-3-631-63678-7), p. 94
  25. Gesetzblatt der Deutschen Demokratischen Republik vom 4. September 1961, Teil II, Nr. 61.
  26. (de) Anne-Kathleen Tillack-Graf, Erinnerungspolitik der DDR. Dargestellt an der Berichterstattung der Tageszeitung "Neues Deutschland" über die Nationalen Mahn- und Gedenkstätten Buchenwald, Ravensbrück und Sachsenhausen, Frankfurt am Main, Peter Lang, (ISBN 978-3-631-63678-7), p. 2-3, 88-91

Voir aussi

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Filmographie

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Articles connexes

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Liens externes

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