Les Reaganomics, mot-valise de « Reagan » et « economics », fait référence aux politiques économiques du président des États-Unis Ronald Reagan. Ce programme a été basé sur quatre piliers : la réduction brutale des dépenses publiques (à l’exception des dépenses militaires), la réduction de l’impôt fédéral sur le revenu pour les ménages les plus aisés et de l’impôt sur les plus-values, la réduction de la régulation publique, et une politique anti-inflationniste.

Ronald Reagan lors d'un discours télévisé dans le Bureau ovale, présentant son plan législatif sur la réduction des impôts, en juillet 1981.

Contexte modifier

L'économie des États-Unis entre, au début des années 1970 dans une phase de stagnation économique combinée à une inflation élevée. Cette stagflation grignote le pouvoir d'achat et ne permet pas de réduire le chômage[1].

Ronald Reagan est élu sur un programme néolibéral novateur. Il annonce vouloir baisser les dépenses et, en même temps, les impôts. Il promeut une déréglementation des marchés financiers. Certaines de ses propositions sont inspirées par Milton Friedman, qui rejoint le comité économique de l'administration Reagan après avoir participé à la campagne électorale.

Les Reaganomics ne font pas l'unanimité au sein du Parti républicain, notamment au sein de sa tendance modérée. Lors de l'investiture présidentielle de 1980, George H. W. Bush qualifie le programme d'« économie vaudou »[2]. De même en 1976, Gerald Ford avait sévèrement critiqué la proposition de Reagan de revenir sur la partie du budget fédéral allouée aux États.

Application modifier

Reagan applique les quatre piliers[3]. Il s'agit ainsi d'une politique de l'offre, qui soutient les entreprises plutôt que les ménages[4].

Les Reaganomics se sont basés sur le principes de l'économie de l'offre, c'est-à-dire que la faiblesse de la croissance américaine au début des années 1980 reposait sur des prélèvements trop élevés, des dépenses excessives et une réglementation excessive de l'économie américaine[5]. Cette conclusion s'appuyait sur diverses considérations microéconomiques, dont l'une des plus connues aura été la courbe de Laffer, cible favorite du chroniqueur Martin Gardner[6].

Conséquences modifier

Les conséquences de la politique de Reaganomics sont discutées aujourd'hui par les économistes. Son bilan est souvent considéré comme mitigé[7].

Sa présidence se caractérise par une croissance dopée par le déficit public : il atteint en moyenne 4,2% du PIB, et la dette publique passe de 988 milliards de dollars (septembre 1980) à 2 602 milliards (septembre 1988)[8].

Bien que le taux de croissance des dépenses publiques soit plus faible, les dépenses continuent d'augmenter. Le rythme de croissance est de 2,5%/an en moyenne, contre 4% sous Jimmy Carter. Le PIB par adulte en âge de travailler augmente de 1,8%, contre 0,8% sous Carter. La croissance est tirée par le haut par une hausse de la productivité dans le secteur tertiaire (+1,4%/an, contre 0% sous Carter).

Les inégalités ont augmenté sous la présidence de Reagan[9]. Ses opposants ont accusé sa politique économique d'être basée sur la théorie du ruissellement, c'est-à-dire à une propagation de l'enrichissement commençant par les plus riches vers les plus pauvres[10].

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Reaganomics » (voir la liste des auteurs).
  1. Revue française des affaires sociales, Ministère des affaires sociales, (lire en ligne)
  2. (en) William A. Niskanen et Cato Institute, Reaganomics: An Insider's Account of the Policies and the People, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-505394-4, lire en ligne)
  3. (en) William A. Niskanen ; Reaganomics ; The Concise Encyclopedia of Economics
  4. (en) James M. Buchanan, Reaganomics and After, Institute of Economic Affairs, (ISBN 978-0-255-36219-1, lire en ligne)
  5. Brian Domitrovic, « George H. W. Bush's Voodoo Rhetoric », Forbes,‎ (lire en ligne)
  6. (en) Martin Gardner, « The Laffer curve and other laughs in current economics », Scientific American, vol. 245, no 6,‎ , p. 18-34 ; repris dans le recueil Martin Gardner, The Night Is Large: Collected Essays, 1938-1995, St. Martin's Press, , 608 p.
  7. (en) Khalid R. Mehtabdin, Reaganomics: Successes and Failures, E. Mellen Press, (ISBN 978-0-88946-204-5, lire en ligne)
  8. Historical Debt Outstanding - Annual 1950 - 1999 TreasuryDirect
  9. (en) Frank Ackerman, Reaganomics: Rhetoric Vs. Reality, South End Press, (ISBN 978-0-89608-141-3, lire en ligne)
  10. Arnaud Parienty, Le mythe de la "théorie du ruissellement", La Découverte, (ISBN 978-2-348-03739-9, 2-348-03739-4 et 978-2-348-03634-7, OCLC 1056164726, lire en ligne)