Reine Audu
Affrontement entre les femmes parisiennes menées par Reine Audu et les gardes du corps de la maison du roi, lors des Journées des 5 et 6 octobre 1789, à Versailles. Estampe de Jacques-Philippe Caresme, Paris, BnF, département des estampes, vers 1789.
Biographie
Naissance
Date inconnue
Décès
Nom de naissance
Louise-Renée Leduc
Surnom
Louise Reine Audu
La Reine des Halles
Nationalité
Activité
CommerçanteVoir et modifier les données sur Wikidata

Louise Reine Audu, surnommée la Reine des Halles, est une femme française, fruitière à Paris et figure de la Révolution. Elle est connue pour avoir participé à la marche des femmes sur Versailles et à la prise des Tuileries.

Biographie modifier

Son véritable nom serait Louise-Renée Leduc[1]. Elle disait être née à Château-Gontier[2].

Elle participe dès 1789 aux évènements de la Révolution française. Le 5 octobre 1789, elle prend part au cortège de femmes (femmes des Halles, principalement) qui va à Versailles pour réclamer du pain au roi. Paris subit alors une disette de pain terrible (et encore inexpliquée), alors qu'il ne manque pas autour de la capitale. Elle fait peut-être partie des cinq femmes qui entrent dans l'appartement du roi avec Mounier, qui est alors le président de l'Assemblée nationale, et lui font sanctionner entre autres la déclaration des droits de l'homme[3]. Les femmes, et les gardes françaises parisiennes qui les ont rejointes, font revenir à Paris le Roi et la famille royale (au chant de « le boulanger, la boulangère et le petit mitron »[4]). L'Assemblée nationale suit. Reine Audu est représentée dans toutes les estampes de l'époque à cheval ou montée sur les canons réquisitionnés par la marche des femmes. Elle est la seule personne accusée formellement et mise en prison à la suite des journées d'octobre.

Elle reste en prison au Grand Châtelet de Paris, puis à la Conciergerie, jusqu'au 15 septembre 1791. Elle en sort avec les secours du Club des Cordeliers et de Louis-Barthélemy Chenaux. Elle participe activement à l'invasion du Palais des Tuileries par le peuple de Paris le 10 août 1792 La Biographie moderne, ou galerie historique, civile, militaire, politique et judiciaire[5] raconte qu'elle a alors tué plusieurs gardes suisses. Elle est honorée d'une couronne civique[6] et d'une épée par la Commune de Paris, qui l'emploie ensuite à l'administration des subsistances.

Pierre Joseph Alexis Roussel rapporte, dans un ouvrage publié en 1802, que, « sa tête s'étoit perdue pendant sa détention », Reine Audu est « morte folle à l'hôpital en 1793 »[7].

Dans la culture populaire modifier

Cinéma modifier

Dans le film Un peuple et son roi, de Pierre Schoeller (2018), le rôle de Reine Audu est interprété par Céline Sallette[8].

Bande-dessinée modifier

Louise Reine Audu fait partie des différents personnages historiques convoqués dans Liberté, le premier tome de bande-dessinée Révolution de Florent Grouazel et Younn Locard.

Notes et références modifier

  1. La Province du Maine, Société des archives historiques du Maine, 1989, p. 210.
  2. Dans l'interrogatoire qu'elle subit au Châtelet de Paris, déclare être née à Château-Gontier. Néanmoins, la naissance d'aucune Louise, Renée, Leduc ou Audu ne se trouve portée, de 1740 à 1770, sur les registres de baptêmes de cette ville.
  3. La seule source est sa propre déclaration. Les noms des femmes de cette délégation ne sont jamais mentionnés nulle part.
  4. Chateaubriand, témoin de la scène, l'a rapportée dans un passage célèbre des Mémoires d'outre-tombe (Livre V, chapitre 10). L'un des rôles du roi étant à l'époque de toujours faire en sorte que le peuple ait du pain, comme un père nourricier, ce qu'il fait le 5 octobre. Le retour à Paris, pour les manifestantes, se fait dans l'allégresse et ce chant n'est pas l'insulte qu'ont voulu en faire les contre-révolutionnaires et les mémorialistes a posteriori. A ce moment-là, c'est une célébration du roi qui a effectivement fourni le pain pour mettre fin à la famine parisienne.
  5. Contenant les portraits politiques des Français de l'un et de l'autre sexe, morts ou vivans… Alexis Eymery et Delaunay, 1815.
  6. Yannick Ripa, Les femmes, actrices de l’histoire France, de 1789 à nos jours, Paris, Armand Colin, coll. « Collection U », (ISBN 978-2-200-24654-9, lire en ligne), « La Révolution française, l’espoir déçu des femmes », p. 14-24
  7. Pierre Joseph Alexis Roussel, Le Chateau des Tuileries ou récit ce qui s'est passé dans l'intérieur ce Palais, depuis sa construction jusqu'au 18 Brumaire l'an VIII, volume 1, Lerouge, 1802, page 49.
  8. (en) « One Nation, One King », sur TVGuide.com (consulté le )

Annexes modifier

Sources primaires imprimées modifier

  • Aux Citoyens dignes de ce nom. Récit de la part prise par Reine Audu aux journées des 5 et 6 octobre 1789, et de son incarcération, du mois d'août 1790 au mois de septembre 1791. Imprimerie de Prudhomme, 1792.
  • Louis-Barthélemy Chenaux, Pétition pour Reine-Louise Audu, lue à l'Assemblée nationale, le dimanche 24 janvier 1792, au nom de plus de 300 citoyens actifs.

Bibliographie modifier

  • Marc de Villiers Du Terrage, Les 5 et  : Reine Audu (les légendes des journées d'octobre), Paris, Émile-Paul frères, , VIII-354 p. (lire en ligne)
  • Jean Tulard et Marie-José Tulard, Les Égéries de la Révolution, Paris, Robert Laffont, 2019, p. 65-69.