Religieuse de Watton

Religieuse de l'Ordre de Saint-Gilbert

La religieuse de Watton est une religieuse née dans les années 1140 qui aurait vécue au XIIe siècle dans un monastère double de Gilbertines, dans le Yorkshire (Royaume-Uni).

Religieuse de Watton
Biographie
Naissance
Activité

Elle est connue par le témoignage écrit d'Ælred de Rievaulx.

Selon Ælred de Rievaulx, une adolescente qui a été admise très jeune[1] dans un monastère se révolta et fit la connaissance d'un frère lai[2]. Le frère lai la viola et elle tomba enceinte. Quand les nonnes du couvent se sont aperçues que leur consœur n'était plus pure, elles l'ont mise nue, puis l'ont fouettée et enchaînée. Non sans avoir vérifié que c'était bien le frère lai qui était coupable, elles lui envoyèrent un moine déguisé qui avait pris les vêtements de la nonne. Le frère lai tenta de refaire avec ce dernier ce qu'il avait fait avec elle. Alors, les moniales concoctèrent un plan et débattirent sur ce qu'il fallait faire de leur sœur violée.

Les avis furent nombreux : les plus jeunes moniales voulaient la brûler ou la griller, d'autres voulaient l'écorcher vive, mais les plus vieilles en décidèrent autrement. On enleva ses chaînes à la sœur enceinte et l'on se servit d'elle pour attirer dans un piège le frère lai. On se saisit alors de lui et on força la malheureuse à le châtrer de ses propres mains, après quoi une de ses consœurs lui fourra dans la bouche les parties coupées encore gorgées de sang[2], puis on remit la religieuse dans ses fers. C'est dans sa prison que lui serait apparu Henry Murdac, le saint abbé qui l'avait confiée au monastère, accompagné de deux femmes : il la délivra miraculeusement de ses chaînes et lui rendit sa pureté tandis qu'elle se retrouvait par un prodige débarrassé de sa grossesse. Elle aurait repris en vraie célibataire la vie chaste de son couvent.

Historicité

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Ce récit a été écrit par Ælred de Rievaulx dans son De Sanctimoniali de Wattun[3]. Sa seule source d'information connue est la femme impliquée. Elle a donné des informations à ses sœurs religieuses, qui ont probablement donné des informations à Ælred[4].

Elle a ensuite été publiée par Twysden au XVIIe siècle et réimprimée par Migne[5].

Des chroniqueurs modernes, comme John Boswell et Sarah Salih, ont mis l'accent sur le degré de brutalité qu'ont montré ces religieuses vis-à-vis de leur infortunée consœur et de son malheureux amant. The Kindness of Strangers de Boswell (1989) a donné une traduction en anglais moderne du récit original d'Aelred. Aelred lui aussi a éprouvé des sentiments partagés sur le comportement des moniales vis-à-vis de la nonne, et sur leur absence apparente de charité chrétienne envers la pauvre jeune femme au centre de cette affaire. L'History of the Gilbertines de Brian Golding replace l'incident dans son contexte historique[6].

Karl Steel, médiéviste et professeur d'anglais, revient au texte original en latin pour mettre en évidence le fait que la nonne a été violée[7].

Notes et références

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Références

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  1. (en-US) « An unusual pregnancy: the gestation and delivery of the Nun of Watton - Hektoen International », sur hekint.org, (consulté le )
  2. a et b (en) Sarah Foot Julie Kerr, « Home page of the Cistercians in Yorkshire Project », sur www.dhi.ac.uk (consulté le )
  3. (en) Mami Kanno, « Aelred of Rievaulx, De Sanctimoniali de Wattun », dans The Palgrave Encyclopedia of Medieval Women's Writing in the Global Middle Ages, Springer International Publishing, , 1–2 p. (ISBN 978-3-030-76219-3, DOI 10.1007/978-3-030-76219-3_126-1, lire en ligne)
  4. (en-US) « Nun of Watton: judging seduction and castration – purple motes », (consulté le )
  5. (en) Giles Constable, « Aelred of Rievaulx and the Nun of Watton: an Episode in the Early History of the Gilbertine order », Studies in Church History Subsidia, vol. 1,‎ , p. 205–226 (ISSN 0143-0459 et 2632-9913, DOI 10.1017/S0143045900000405, lire en ligne, consulté le )
  6. Cette histoire déplaisante semble tirée d’un mauvais roman ; elle se retrouve cependant sur un site sérieux dirigé par Mme Sarah Foot, Senior Lecturer and Professor of Early Medieval History at University of Sheffield. On consultera la page qui y est consacrée et on négligera, bien sûr, le jeu de rôle qui en a été tiré.
  7. (en) Karl Steel, « We Learned to Love the Hard Way / You're Going to Learn it Too » (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

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  • John Boswell, The kindness of strangers: the abandonment of children in Western Europe from late antiquity to the Renaissance, Allen Lane, The Penguin Press, (ISBN 978-0-7139-9019-5)
  • Brian Golding, Gilbert of Sempringhan and the Gilbertine Order, c. 1130-c. 1300, Clarendon Press ; Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-820060-4)
  • Sarah Salih, Versions of virginity in late medieval England, D.S. Brewer, (ISBN 978-0-85991-622-6)
  • (en) Giles Constable, « Aelred of Rievaulx and the Nun of Watton: an Episode in the Early History of the Gilbertine order », Studies in Church History Subsidia, vol. 1,‎ , p. 205–226 (ISSN 0143-0459 et 2632-9913, DOI 10.1017/S0143045900000405, lire en ligne, consulté le )
  • Medieval women, Published for the Ecclesiastical History Society by B. Blackwell, coll. « Studies in church history », (ISBN 978-0-631-12539-6)
  • Aelred et Jane Patricia Freeland, The lives of the northern saints, Cistercian Publications, coll. « Cistercian fathers series », (ISBN 978-0-87907-471-5)

Liens externes

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