Religion en Côte d'Ivoire

religions dans le pays

La religion en Côte d'Ivoire est caractérisée par une très grande diversité des pratiques. D'après le recensement de 2021, les religions les plus pratiquées en Côte d’Ivoire sont le Christianisme et l’islam. L'animisme (religions traditionnelles africaines), qui maintient une influence assez forte sur toutes les autres croyances, représente 3,6 % de la population. En marge de ces grands courants, 19,1% des habitants n'ont pas de religion[1].

L’État ivoirien et le système éducatif public sont légalement laïcs. En réalité, ils sont fortement marqués par des valeurs européano-(franco)-chrétiennes, en partie déconfessionnalisées[2].

La Côte d'Ivoire est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique et détient la plus grande église au monde : La Basilique Notre Dame de la paix de Yamoussoukro, figure emblématique du pays construite par le premier président Félix Houphouet Boigny.

Historique modifier

Le phénomène religieux qui s'est diversifié et parfois modernisé en Côte d'Ivoire a reposé sur une vision traditionnelle du monde largement partagée au départ, avant que celle-ci ne soit modifiée, par la suite, par des influences extérieures. Le monde, dans l'espace national traditionnel, correspond de prime abord à une catégorie linguistique : dunia en malinké, kouro en , Bli en bété, man ou mein en baoulé, gbamladodo en dida. Selon la mythologie lobi, quatre éléments entrent dans la formation du monde : le feu qui se manifeste dans le chaud autant que le sec est l'énergie céleste qui correspond également à la saison sèche. Le feu engendre l'air qui est le second élément. L'air correspond à la saison humide car, selon cette vision, c'est l'air qui se manifeste sous la forme de pluie engendrant ainsi l'eau, le troisième élément. Enfin, de l'eau émane la terre, le quatrième élément. La terre a produit, par ordre chronologique, le végétal, l'animal et l'homme[3].

Ce monde ainsi composé, s'inscrit dans un double domaine : l'un, niveau céleste et invisible qui constitue la demeure du Dieu créateur entouré, selon les sénoufos, de créateurs secondaires ; et l'autre, visible, le village des humains voisins de la brousse abritant minéraux, végétaux et animaux. Cet univers est rythmé par le jour qui crée la visibilité au moyen du soleil et la nuit qui assombrit et rend tout invisible sauf pour les devins, guérisseurs et sorciers dotés des pouvoirs de clairvoyance laissés par Dieu avant de s'éloigner[3].

Médersa à Odienne

Islam modifier

Minoritaire au moment de l'indépendance, l'islam en Côte d'Ivoire est devenu depuis ces dix dernières années une des religions majoritaires (majorité relative) en raison du taux de natalité plus élevé par rapport aux chrétiens et aux animistes et à l'immigration en provenance d'autres pays africains musulmans[4].

Christianisme modifier

Le christianisme ne fut véritablement introduit dans la région qu’à l’époque coloniale, et fut pendant longtemps la religion majoritaire du pays, avant de devenir minoritaire depuis les années 2000-2010. Mais son influence a été et reste grande car il fut, dans sa version catholique, la première religion moderne du pays et celle des principaux dirigeants ivoiriens. Dans ce contexte, peu avant sa mort, le président Félix Houphouët-Boigny fit élever une basilique monumentale à Yamoussoukro, son village natal[2].

Catholicisme modifier

Le catholicisme est introduit en Côte d'Ivoire au XVIIe siècle par les missionnaires chrétiens.

Christianisme évangélique modifier

Mission évangélique La source à Abidjan

La Fédération évangélique de Côte d'Ivoire est fondée en 1960 à Bouaké [5],[6],[7].

L’Union des Églises baptistes missionnaires en Côte d'Ivoire est officiellement fondée en 1979, sous le nom de Églises évangéliques baptistes méridionales en Côte d'Ivoire[8]. En 2020, elle aurait 300 églises et 15 000 membres[9].

Religions traditionnelles modifier

Prêtresses traditionnelles vêtues de blanc (Komian).

Les religions traditionnelles peuvent être définies comme la transmission d'un ensemble de rites et de pratiques (systèmes de pensées, de croyances) du vécu des hommes. Elles sont aussi vues comme un ensemble de relations entre les êtres humains et la nature, entre les Hommes et un être supérieur[10].

Animisme modifier

L' animisme est une religion traditionnelle désignant la croyance en l’existence d’une force vitale, d’un esprit ou d’une âme présente en tous les êtres animés ou inanimés[11],[12].

Les systèmes initiatiques modifier

Le Poro modifier

Le Poro est un rite d'initiation sociétal pratiqué dans le nord de la Côte d'Ivoire, notamment en pays Sénoufo. Il en existe deux types : le poro communautaire qui est obligatoire et qui obtient aux jeunes une reconnaissance en tant que membre de la communauté ; puis le poro privé qui est facultatif et revêt un caractère occulte[13].

Le Kômian modifier

Le Kômian (ou comian) est un rituel initiatique au fétichisme en pays Akan (centre et est de la Côte d'Ivoire). La Kômian est une féticheuse, une prêtresse traditionnelle, une guérisseuse, une sage-femme, dotée du pouvoir de communiquer avec les esprits, de prédire l'avenir et de conjurer le mauvais sort[14].

Depuis 1992 existe un "Centre initiatique des Kômians Adjoua Messouma d'Aniansué" (CIKAMA), reconnu officiellement en 2014, et formant les féticheuses[15],[16] du peuple Akan. Une école de féticheuses se trouve également à Tanguelan, en pays agni.

Autres spiritualités modifier

  • Bahaïsme en Côte d'Ivoire (environ 30 000 membres)
  • Bouddhisme, Hindouisme, Sikkisme...
  • Irréligion, indifférentisme, athéisme

Notes et références modifier

  1. Recensement Général de la Population et de l'Habitat 2014 p. 36
  2. a et b Marie Miran, « Afrique noire et monde arabe : continuités et ruptures », Autrepart, no 16,‎ , p. 139 (lire en ligne)
  3. a et b (Memel-Fotê, 1998, p. 21-22)
  4. « Côte d’Ivoire : les résultats du recensement de 2014 », sur Atlasocio.com (consulté le ).
  5. Schadé Adédé, François Simon G., Journal fr.allafrica.com, Côte d'Ivoire: FECI : Les chrétiens célèbrent la reconnaissance et l'unité, RCI, 1er aout 2016
  6. FECI, Membres, cotefe.org, RCI, consulté le 23 septembre 2017
  7. Nesmon De Laure, Journal news.abidjan.net, Révérend Kpan René, vice-président de la Fédération évangélique de Côte d’Ivoire (Feci) : “Il n’ y a pas d’avenir dans la guerre”, RCI, 30 décembre 2011
  8. (en) William H. Brackney, Historical Dictionary of the Baptists, USA, Scarecrow Press, , p. 309
  9. UNEBAM-CI, L’UNEBAM-CI, unebamci.org, Côte d'Ivoire, consulté le 10 octobre 2020
  10. «Notre religion traditionnelle respecte l’univers et la nature», sur La Croix Africa, (consulté le )
  11. « L’animisme », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  12. « Côte d'Ivoire: Traditions et coutumes », sur Routard.com (consulté le )
  13. « -le-poro/ Culte du poro : définition, origine et rituels », sur La Croix Africa, (consulté le )
  14. AFP, « Qui sont les féticheuses, ces prêtresses traditionnelles de Côte d'Ivoire ? », sur Geo.fr, (consulté le )
  15. « Les komian », sur rezoivoire.net (consulté le ).
  16. AFP, « Côte d'Ivoire – La dernière école des féticheuses joue sa survie », La Tribune de Genève,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

  • Christophe Kassoro Gnaboua, La Problématique religieuse en Côte d'Ivoire : religions et développement, EHESS, Paris, 1991 (thèse)
  • Harris Memel-Fotê, Les représentations de la santé et de la maladie chez les Ivoiriens, Paris, Éditions L'Harmattan, , 209 p. (ISBN 2-7384-6494-7, lire en ligne)
  • Marie Miran-Guyon, Guerres mystiques en Côte d'Ivoire : religion, patriotisme, violence, 2002-2013, Karthala, Paris, 2015, 367 p. (ISBN 978-2-8111-1216-5)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier