René Cottereau, né le à Saint-Ouën-des-Toits, et y mort le , est, avec ses frères — Pierre, Jean et François — un des chefs de l'insurrection contre-révolutionnaire et royaliste qui s'est développée en Mayenne en 1793. C'est le plus jeune des quatre frères.

Origine et famille

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Frère de Jean Chouan, il est le fils de Pierre Cottereau dit Chouan, bûcheron, et de Jeanne Moyné, son épouse. Il hérita du surnom de le Faraud.

René Chouan eut cinq enfants de son premier mariage avec Jeanne Bridier qu'il avait épousée à Olivet, le , et qui mourut le  ; puis neuf autres enfants de sa seconde union avec Renée Rivière, mariée le .

Avertissement

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Une grande partie des biographies sur Jean Chouan repose sur l'ouvrage de Jacques Duchemin des Cepeaux, œuvre rédigée en 1825, à la demande de Charles X, œuvre partisane et comportant de nombreuses affirmations, parfois non fondées. L'histoire de Jean Chouan comporte donc une grande part de légende.

Avant la Révolution française

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René Cottereau est avec ses frères et ses sœurs dans la fermette des Poiriers à Saint-Ouën-des-Toits. Son père meurt en 1778 laissant son métier à l'aîné, les trois autres devinrent contrebandiers en sel pour survivre.

Il pratique le faux-saunage avec ses frères Jean et François. C'est ainsi qu'ils connaissent avec d'autres les recoins de la forêt de la région, ce qui leur permit plus tard d'échapper aux Bleus (soldats républicains) de façon assez efficace. Avant 1780, il est surpris à Olivet, en compagnie d'autres garçons et de son frère Jean, à boire de l'alcool frauduleux[1]. Ils frappent très violemment deux employés aux aides[2]. Un chirurgien[3] déclare que l'un d'eux est alors intransportable. Les frères Cottereau et leurs complices sont condamnés à payer les médicaments et les aliments nécessaires au blessé[4].

Il était marié en 1792 avec Jeanne Bridier. René, comme son frère Pierre ne prirent aucune part à l'organisation de la Chouannerie. Arrêté avec sa femme et sa sœur ainée en 1793, puis relâché le . François et René Cottereau, avec quatre des leurs : La Rose, L'Espérance, Le Chasseur, et Sans-Peur voulurent passer dans la Vendée près de Varades et prirent part à un combat qui se livre le à La Rouxière[5].

René et Pierre n'entrèrent qu'après le retour à Saint-Ouën-des-Toits de leur frère Jean, qui avait suivi la grande armée Vendéenne de Laval à Granville, et de Granville au Mans, et après s'être eux-mêmes échappés des prisons de Laval en 1794 où on les gardait depuis plus de deux mois, coupables seulement, à ce moment, d'avoir leur frère à la tête des insurgés[6].

Quand il rentra, il trouva sa maison pillée, et se décida à prendre les armes avec des idées de vengeance[7]. Sa famille connaît un sort tragique : son frère meurt en 1794, un autre est guillotiné, ainsi que ses deux sœurs.

D'après la dénonciation de Jean Lemecier, du village de Belair en Saint-Ouën, le nommé Faraud, autrement Cottereau, dit Chouan serait venu chez lui, le , avec quatre compagnons inconnus, se serait fait servir de force à boire, et à manger, ajoutant qu'il voulait tuer un Bleu tous les jours..

Il survécut à tous les combats et les dangers.

Il s'était remarié en 1806 avec Renée Rivière et eut 14 enfants de ses deux mariages. Il a été un des témoins souvent interrogé des différents historiens s'intéressant à cette période. Charles Gaspard Élisabeth Joseph de Bailly vint le premier à son aide en rentrant de l'émigration.

En 1815, pendant la période dite de la petite chouannerie, René Cottereau est chef du 2e bataillon de la première légion, faisant partie de la 2e division de l'armée royale de la rive droite de la loire[8].

La Restauration

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Duchemin-Descépeaux avait dit dans sa première édition[9] que René Cottereau avait sollicité de la Restauration le brevet d'officier qu'elle lui avait refusé. Le fait n'était peut-être pas tout à fait exact, et Duchemin-Descépeaux l'a retranché de sa seconde édition.

La Restauration ne conféra point à proprement parler de grades aux anciens Vendéens ou Chouans ; elle se borna à reconnaître et confirmer ceux qu'ils avaient eus dans la guerre. Beaucoup de demandes furent rejetées, faute de la justification, difficile sans doute mais nécessaire, du grade allégué. Ainsi René revendiquait celui de capitaine dans la 8e légion de l'armée du Maine[10]

René n'était qu'un simple partisan, se battant volontiers pour son propre compte. Nulle part, Duchemin Descépaux, si bien renseigné pourtant par les survivants et par René lui-même, ne parle de grade occupé, de commandement ou de direction exercés par lui. Son frère Jean, bien autrement distingué, bien autrement aimé et redouté dans le pays, n'avait jamais eu derrière lui qu'un très petit nombre d'hommes dévoués, même aux jours de sa plus grande autorité[11]

Il reçoit des Bourbons une pension de 400 francs[12]. Il n'obtint pas la croix de Saint-Louis. Peut-être aussi le caractère des services de René Chouan, simple partisan, sans commandement en titre, et surtout les actes de violence sauvage et de vengeance qu'on lui reprochait avec trop de raison[13], n'étaient-ils guère compatibles avec une pareille distinction. Nous avons vu, d'ailleurs, qu'il ne l'avait pas demandée.

Il fut présenté à la Dauphine lors de son passage à Laval, en 1827. Il s'occupa jusqu'à sa mort () de ses travaux rustiques. « C'était un vieillard de haute taille, sec, nerveux, avec une physionomie pleine de finesse »[14]. Mais il portait derrière l'oreille une balle, aplatie sur l'os et restée dans les chairs, souvenir d'une tentative d'assassinat commise sur sa personne, pendant une trêve, au travers de la porte fermée de sa maison[15].

Son portrait a été dessiné et publié dans l'édition de 1833 des Lettres sur la Chouannerie de Duchemin Descépeaux.

Prétendue postérité

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Comme son frère, Jean Cottereau, René Cottereau fut l'objet d'une prétendue postérité à la fin du XIXe siècle. À ce sujet, ses descendants, les dames Lelièvre et Courcelle, petites-filles de René Chouan, avaient fait annoncer dans l'Indépendant de l'Ouest, en , que c'était à elles seules que devaient s'adresser les personnes désireuses d'obtenir des renseignements sur leur famille.

L'origine est un article publié dans le National du , sous la signature Charles Flor O'Squarr[16]. Son article, qui fait partie d'une série intitulée : Le Tour de France en 80 jours, vise à la précision photographique. Il est daté de la Closerie des Poiriers, . L'auteur y met en scène Nicol Cottereau, petit-fils de René et petit-neveu de Jean. Il semble écrire pour ainsi dire sous sa dictée, et il n'y a presque pas un mot dans son récit, qui ne soit une contre-vérité historique. On y trouve notamment le récit d'une entrevue fictive qui aurait eu lieu après la Restauration, entre René Cottereau, le dernier survivant des quatre frères, et Louis XVIII.

Notes et références

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  1. En fraude de droits.
  2. Pierre Bériteau et Jean Guitton.
  3. Provenant de Laval.
  4. Alors recueilli dans une auberge de Saint-Ouën-des-Toits.
  5. A. du Chêne, Guerre des Chouans, p. 53, 58
  6. « Lorsque ses frères prirent les armes, René était déjà marié et avait des enfants ; il déclara que si on le laissait en paix dans son ménage, il ne prendrait pas part à la guerre : mais lorsqu'il eut été mis trois fois en prison, qu'il vit sa maison livrée au pillage et sa vie sans cesse menacée, le désespoir enfin lui mit les armes à la main. Il partit, emmenant avec lui dans le bois de Misedon sa femme qui était enceinte. Quant à ses enfants, il se trouva des gens qui voulurent bien s'en charger, quoiqu'ils sussent que leur charité, si elle était connue, serait punie comme un crime. » (Duchemin-Descépeaux, p. 175.) Voir aussi Jean-François Paulouin, La Chouannerie du Maine et pays adjacents, Le Mans, Monnoyer, 1875, 3 vol. in-18, t. II, p. 243 ; Th. Muret, Le Bon Messager pour 1867 ; Paris, Dentu, in-18, p. 24 ; — etc.
  7. « — Et toi, René ? — J'hésite et voudrais bien te suivre ; Mais ma femme, sans moi, n'aura pas de quoi vivre. Pour me joindre à tes gens, il faut l'abandonner, Et, si je ne le peux, tu dois me pardonner. — Je t'excuse, René ; mais déjà je vois poindre un temps où tu seras contraint de me rejoindre. Pour vif et turbulent je t'ai toujours connu...... — Sois certain de me voir. — Tu seras bien venu. » Arthur de Gobineau, p. 18.
  8. Henri-René Bernard de la Frégeolière, Reynold de Bernard de La Frégeolière, Émigration et chouannerie, mémoires du général Bernard de La Frégeolière, Paris, Libraire des bibliophiles, (lire en ligne), Page 357
  9. t. II, p. 382.
  10. Il y avait au moins quatorze légions dans cette petite armée. Douze autres Chouans réclamaient ce même titre de capitaine, dans cette même 8e légion. C'était en 1814, et depuis la cessation de la guerre (février 1800) un tiers environ de leurs camarades était mort. Il y aurait donc eu plus de vingt capitaines dans une seule légion ; avec un aussi formidable effectif d'officiers, il n'y eût plus eu de soldats. Il est vrai que dans la 8e légion, à côté de treize capitaines, nous ne trouvons que sept lieutenants et quatre sous-lieutenants en réclamation de grade, ce qui semble bien indiquer une certaine tendance à exagérer le caractère des commandements, si momentanés d'ailleurs et si irréguliers, dont beaucoup de ces hommes, même des plus braves et des plus loyaux, avaient pu être chargés.
  11. Il n'est pas surprenant que le grade de René n'ait pas été reconnu, non plus que tant d'autres insuffisamment justifiés ; ce qui ne veut pas dire que malgré les enquêtes, malgré les peines infinies que se donna le prince de la Trémoille, qui joua le rôle principal dans l'affaire énorme du classement, beaucoup d'anciens officiers, réels ou prétendus, n'eussent trouvé le moyen de se faire breveter à raison de services tout à fait imaginaires.
  12. Voici les notes qui le concernent dans l'État des officiers de l'Armée Catholique et Royale du Maine « comprenant en territoire la province entière du Maine, la partie de l'Anjou située sur la rive gauche de la Mayenne, le Perche, le Pays Chartrain, le Vendomois, le Blaisois et la Touraine, la Normandie lui servant de limite au Nord, et la Loire au Midi » ; État dressé sous les yeux et par les soins de M. le Prince de la Trémoille, et que nous avons sous les yeux. « Noms et prénoms : Cottereau René dit Chouan ; — Grade : Capitaine dans la 8e légion ; — Profession : Cultivateur ; — Domicile : Saint-Ouen-des-Toits ; — Blessures et Détentions : Néant ; — État de Services : Âgé de 50 ans ; frère de Jean Chouan qui donna son nom aux premiers Royalistes de ce pays; il fut un de ses compagnons dès le commencement ; six de cette famille ont péri ; Cottereau, toujours fidèle et pauvre, est père de huit enfants ; réclame les bontés du Roi ; — Demandes : une pension et la confirmation de son grade ; — Observations : un des frères Chouans, parrains du parti ; père de huit enfants. C.c. » (marque d'un intérêt particulier).
  13. Il les avouait lui-même, en les attribuant à la malchance où il s'était trouvé et au désespoir où l'avait jeté le sort affreux de toute sa famille. (Duchemin-Descépeaux, p. 295. — Jean-François Paulouin, op. cit.)
  14. Th. Muret, p. 31.
  15. Duchemin-Descépeaux, p. 237 ; — Th. Muret, Ibid.
  16. Pour Léon de La Sicotière, il s'agit d'un Belge, disent les uns, d'un Irlandais disent les autres ; un étranger, certainement. Ce nom serait véritablement le sien. Il aurait écrit de petits romans, de petites pièces de théâtre, qui n'ont pas fait de bruit. Il s'essaie aujourd'hui sur certains points de l'histoire de France contemporaine. Voir Philippe Vienne, « Flor, Joseph Charles dit Flor O’Squarr (1830-1890) », (consulté le ).
  17. On n'a pas davantage la date de sa naissance, par les mêmes motifs. On peut supposer qu'elle était sœur jumelle du précédent, et née comme lui en 1795. Autrement, elle n'aurait pu naître qu'en 1796, ou le commencement de 1797, entre son frère Louis, et sa sœur Marie, née au commencement de 1798 ; morte le 3 mars 1833.
  18. Mort le 13 thermidor an IV (31 juillet 1796) âgé d'environ trois ans, porte l'acte de décès. Il est très probable que cet enfant est celui dont Jeanne Bridier, femme de René, était grosse, quand elle fut sauvée par son beau-frère, le 27 juillet 1794. Il serait né peu de temps après, et n'aurait eu, à sa mort, que deux ans au lieu de trois, comme le suppose l'acte mortuaire. « Né au fort de la proscription, au fond des halliers des bois de Misedon, sur un paquet de fougère, arraché, par de généreuses femmes, à sa mère tremblante et poursuivie, peut-être à la trace du sang de son accouchement, par des ennemis acharnés, et baptisé par quelque curé insermenté, il n'est pas surprenant qu'on n'ait pas la date précise de sa naissance. » Duchemin-Descépeaux, p. 236.

Bibliographie

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Liens externes

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