René la Combe

homme politique et résistant français
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René la Combe dit Bottin alias Melville, né le à Combrée (Maine-et-Loire) et mort le à Saint-Germain-des-Prés (Maine-et-Loire) à 79 ans, est un homme politique et un dirigeant de la Résistance intérieure française, Compagnon de la Libération par décret du 19 octobre 1945, médaille de la Résistance, Croix de Guerre 39-45, Médaille des Evadés, nommé Commandeur de la Légion d'Honneur, par décret le .

René la Combe
Illustration.
René la Combe dans la 51e division écossaise
Fonctions
Député français

(27 ans, 3 mois et 23 jours)
Élection 30 novembre 1958
Réélection 25 novembre 1962
19 mars 1967
30 juin 1968
11 mars 1973
19 mars 1978
21 juin 1981
Circonscription 6e de Maine-et-Loire
Législature Ire, IIe, IIIe, IVe, Ve, VIe et VIIe (Cinquième République)
Groupe politique UNR (1958-1962)
UNR-UDT (1962-1967)
UD-Ve (1967-1968)
UDR (1968-1976)
RPR (1976-1986)
Prédécesseur Circonscription créée
Successeur Marc Laffineur
Vice-président de l'Assemblée nationale

(5 ans)
Législature IIe (Cinquième République)
Vice-président de l'Assemblée nationale

(5 ans)
Législature IVe (Cinquième République)
Vice-président de l'Assemblée nationale

(3 ans)
Législature VIe (Cinquième République)
Président de l'association Présence et actions du Gaullisme (France)

(2 ans)
Président départemental Rassemblement pour la République (France)

(2 ans)
Représentant de la France au Parlement Européen

(1 an et 1 mois)
Maire de Saint-Germain-des-Prés

(30 ans)
Prédécesseur Raoul Bauvin
Successeur René Fribault
Représentant de la France au Conseil de l'Europe

(5 ans)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Combrée
Date de décès (à 78 ans)
Lieu de décès Saint-Germain-des-Prés
Parti politique RPR
Père Louis la Combe
Mère Elisabeth Veillon de la Garoullaye
Fratrie Claude la Combe
Conjoint Jacqueline Raspay
La liberté guide nos pas
La liberté guide nos pas

Biographie

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Famille

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Fils de Louis la Combe (1878-1951), chevalier de la Légion d'honneur, diplomate, consul de France, et d’Élisabeth Veillon de La Garoullaye (1878-1958). Louis la Combe fut en poste successivement à Londres (1907-1912), Chypre (1912-1914), Newcastle (1914-1919), Varsovie (1919-1920), Manchester (octobre 1920 - janvier 1921) et Londres (1921-1935) aux côtés de Paul Cambon, Charles de Beaupoil puis d'Aimé Joseph de Fleuriau, ambassadeur de France. Louis la Combe se liera d'amitié avec la famille royale d'Angleterre pendant ses 25 années en Angleterre. À l'issue de sa carrière diplomatique, Louis la Combe rentre en France et devient maire de Saint-Germain-des-Prés (Maine-et-Loire) de 1936 à 1947, où se situe la demeure de famille acquise par son grand-père, le comte Paul la Combe en 1852. René a un frère aîné, Claude, né en 1905 à Paris, décédé en 1984 à Combrée.

René la Combe épouse en 1946, Jacqueline Raspay (Cavaillon 1923 - Paris 2013) rencontré pendant la Résistance à Nîmes à l'âge de 18 ans. Ils auront trois enfants, Jérome (1947), Anne (1950) et Frédéric (1965) et un demi-frère René-Francois Teissèdre (1945), marchand d'art, issu du premier mariage de Jacqueline avec Robert Teissèdre. Jérome épouse Sabine Yon le 23 mai 1972. Ils ont quatre enfants, France, Benjamin, Gautier, Nathanaël. Anne épouse Luis Munoz-Bastide à Valence (Espagne) en 1975. Ils ont deux filles, Elisa et Isis. René-François épouse Béatrice Darlay. Ils ont deux enfants, Fabrice et Aurore[1].

Seconde Guerre mondiale

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René la Combe vit pendant son enfance en Pologne et en Angleterre et finit ses études au lycée français de Londres. Il effectue son service militaire dans le Génie. Mobilisé à 21 ans, il est affecté dans la réserve générale du Génie à Strasbourg de 1936 à 1938.

Interprète à la 51ème division écossaise commandé par le Général Fortune, il est fait prisonnier le à Saint-Valery-en-Caux, lors de l'encerclement par les troupes du général Rommel et envoyé à l'Oflag V A (de) de Weinsberg près de Stuttgart. En , il est transféré au Stalag V-A de Ludwigsbourg (Wurtemberg). Il n'entend pas l'appel du 18 Juin mais écoute celui de Pétain demandant l'armistice. C'est dans les camps de prisonniers qu'on lui parle du général de Gaulle.

Le , après 17 mois de détention, il s'évade. Dans le Gard, il devient agent de liaison d'Albert Thomas, qui est chef départemental de l'Armée secrète. Repéré par Henri Frenay, fondateur de Combat, René la Combe devient responsable du mouvement à Alès et adjoint du chef de l'AS René Pagès. Le , il est nommé adjoint du chef du NAP-fer René Hardy sous le nom de « Bottin » (Noyautage des administrations publiques) en zone sud, ce dernier étant « Didot ». Il prend la tête du Nap-Fer en après l'affaire de Caluire et l'arrestation de Jean Moulin devenant le bras droit d'Henri Fresnay avec pour adjoint Henri Garnier. Il poursuit les actions de sabotages des trains Allemands en s'appuyant sur le "Plan vert" de son ami Max Heilbronn (fondateur de Monoprix et futur président des Galeries Lafayette) et de Louis Armand (ingénieur), (futur président de la SNCF) et obtient des résultats exceptionnels.

Le , dénoncé par un traître avec Louis-Hugues Citroën, polytechnicien et neveu d'André Citroën, il est arrêté et emprisonné à Nîmes, puis aux Baumettes de Marseille. Le , il est transféré au Fort Hatry (Belfort). Le 28 août 1944, il est embarqué par les nazis avec 722 autres prisonniers politiques dans l'un des derniers convois (L 267) pour l'Allemagne au camp de concentration de Neuegamme. René la Combe avait fait le serment de s'évader. Il le fait, par le vasistas du wagon à bestiaux, et saute du train.

Blessé, en fuite, il est accueilli dans une ferme à Montreux-Château (Territoire de Belfort), puis réussit à se réfugier en Suisse. Le , il rentre en France. Louis-Hugues Citröen sera interné à Drancy et ne reviendra pas d'Auschwitz. Son compagnon de détention aux Baumettes, Michel Taperell, sera battu à mort au camp de Neuegamme. 500 déportés de ce train du ne rentreront pas.

Son épopée sera retracée par le Colonel Rémy, résistant puis écrivain dans le film de Jacques Ertaud issu du livre éponyme La ligne de démarcation en 1973 (épisode 9).

Il est témoin aux côtés d'Henri Frenay, Pierre de Bénouville, et Max Heilbronn dans les différents procès Hardy après-guerre.

"La déposition de M. la Combe, qui fut le bras droit de " Didot ", sous le pseudonyme de " Bottin ". Il a été peiné par le mensonge de Hardy, qu'il ne peut s'expliquer, mais conserve toute son admiration pour l'homme qui mit sur pied Résistance-Fer. Bien qu'il n'apportât aucune précision, ce témoin, dont la belle voix chaude a d'émouvants accents, a fait une forte impression. L'homme qui connaissait le mieux Hardy lui reste fidèle." Le Monde, le 5 mai 1950.

Vie politique

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Au lendemain de la guerre, il travaille aux côtés d'Henri Frenay, au ministère des anciens prisonniers de guerre, chargé du rapatriement de milliers de déportés. Il passe ensuite dans le secteur privé chez Westhinghouse comme directeur commercial. Impressionné par le discours de Bayeux du général de Gaulle en 1946 auquel il assistait avec Jacques Soustelle et Pierre de Bénouville, il adhère au RPF en 1951. En 1953, il est élu conseiller municipal de son village Saint-Germain-des-Prés. Il est élu maire en 1959 et sera réélu jusqu'en 1989.

Il est appelé en 1958 par le Général de Gaulle pour fonder la Ve république avec ses compagnons de résistance, dont Michel Debré, Pierre de Bénouville et Jacques Chaban-Delmas. Il se présente aux législatives dans sa circonscription du Maine-et-Loire en 1958 avec pour suppléant Jean Narquin, père de Roselyne Bachelot, chef départemental de l'UNR. Il est élu devant Jean Sauvage député sortant MRP.

Figure politique du département et de l'Anjou, il siège à l'assemblée nationale sans discontinuer pendant 28 ans, de 1958 à 1986. Il est sept fois élu, député gaulliste de Maine-et-Loire. Il est cinq fois élu au premier tour et deux fois élu au second tour.

Il est élu au second tour en 1958 avec 50,6 % des voix, au premier tour avec 51,2 % en 1962, 53 % en 1967, 59,6 % en 1968, au second tour avec 52,6 % en 1973 dans le cadre d'une triangulaire, au premier tour de nouveau avec 57,5 % en 1978 et avec 52,5 % des voix en 1981.

En 1986, François Mitterrand change le mode d'élection avec un scrutin proportionnel. À la suite de la victoire de la droite aux législatives, Jacques Chirac devient premier ministre et le FN entre au palais Bourbon. La liste d'Union de la droite dans le département recueille 55 % des voix mais René la Combe accepte le siège éjectable en sixième position sur sept, alors qu'il est président départemental du RPR. Le PS est assuré de deux sièges. La liste d'union obtient cinq élus ; 3 centristes Edmond Alphandéry, Maurice Ligot, Jean Bégault et 2 RPR Jean Foyer et Jean Narquin.

En 1988, il se représente, avec le soutien de l'ensemble du RPR et de l'UDF qui font bloc derrière lui. Il a pour président du comité de soutien, son ami Olivier Guichard, figure du Gaullisme et Président du Conseil Régional des Pays de Loire. Une candidature dissidente de Marc Laffineur, encarté à l'UDF le fait chuter de peu. (29 % soit 12 304 voix contre 21 % soit 8 762 voix pour René la Combe). L'écart est de 3 542 voix sur 42 000 votants. Ce nouveau scrutin uninominal a fait l'objet d'un redécoupage de la carte électorale, sa circonscription ne comprenant plus son village de Saint-Germain-des-Prés et les villages voisins qui votaient massivement pour lui. Il apporte son soutien au second tour à Marc Laffineur, permettant à ce dernier, d'entrer à l'Assemblée Nationale. il quitte alors la vie politique nationale, en conservant son mandat de Maire de Saint-Germain-des-Prés (Maine-et-Loire). À ces élections, Roselyne Bachelot succède à son père et fait son entrée politique. Hervé de Charette parachuté dans le département est élu. Jean Foyer ne se représente pas, Edmond Alphandéry est réélu.

Il sera de 1958 à 1986, membre de la commission des Affaires culturelles, des Affaires étrangères, de la Commission des lois, de la Défense nationale et vice-président de la commission de la production et des échanges de 1973 à 1977 à l'Assemblée. Il est rapporteur du projet de loi de finance de 1983 à 1986.

Proche de Simone Veil, il fait partie des rares élus gaullistes à voter pour la loi Veil en 1974. Il prononce une allocution historique lors du débat parlementaire le jeudi 28 novembre 1974, pour condamner des propos de son camp faisant le parallèle avec les camps d'extermination et la doctrine nazie.

Il est trois fois élu vice-président de l'Assemblée nationale de 1962 à 1981. Il est élu représentant de la France au Parlement européen le 23 mai 1967 et représentant de l'assemblée nationale à l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, le 13 juin 1973 .

Le 16 mai 1973, il devient président du mouvement « Présence et action du Gaullisme » (fondée en 1969 par Jacques Vendroux (homme politique) et Pierre Messmer avec l'aval du Charles de Gaulle) à la suite d'Hubert Germain, dernier des Compagnon de la Libération et de Charles Pasqua, "PAG" réunit les gaullistes historiques, gardiens de la mémoire du Général. Il la préside jusqu'au 23 avril 1975.

Il est membre du comité central de l'UDR et du RPR.

Fidèle au courant gaulliste, il soutient Jacques Chaban-Delmas à l'élection présidentielle française de 1974 et signe l'appel des 129 Compagnons de la Libération, le 29 avril 1974 en faveur de sa candidature. Il soutient Michel Debré, son vieux compagnon de route, à l'élection présidentielle de 1981 et Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1988.

Il crée en 1977, l'association pour la défense et la vitalité des petites communes du Maine-et-Loire qui regroupe 150 villages du département.

Il accueillera la Reine mère Elisabeth lors de sa visite au château de Serrant en 1981 et recevra en visite privée au château de la Missonnière, le vice-roi des Indes Lord Moundbatten dans les années 1970 durant son séjour en France.

Décès et hommages

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Il habite le château de la Missonnière que son grand-père avait modifié à la fin du XIXe siècle et y vécut jusqu'à sa mort en 1994[2]. Il sera résident du XVIe arrondissement de Paris pendant 40 ans.

Ses obsèques seront célébrées à Saint-Germain-des-Prés en présence de tous les élus du département, de Pierre de Bénouville, Edmond Alphandery, Ministre de l'économie, président du département de Maine-et-Loire, représentant le gouvernement, et des amis proches, figures du gaullisme, Jean Foyer, Jean Narquin, Michel Debré, Olivier Guichard, Jacques Chaban-Delmas, et de Jean Saint-Bris, ami de la famille et conseiller général.

Jacques Chirac réagira à son décès : "Un grand témoin de l'histoire disparait. René la Combe laisse le souvenir d'un homme dont le courage et l'ardente fidélité à ses idées gaullistes s'exprimait toujours avec une très grande modestie et une très grande pudeur. Ces qualités hautement humaine apparaissent aujourd'hui comme un message de dignité." Ouest France - 2 mars 1994

Pierre de Bénouville, parrain de son fils Jérôme, représentera l'ensemble des Compagnons de la libération et donnera un témoignage vibrant de son frère d'arme et compagnon politique : « J'ai peur, à l'heure où la terre, Sa terre, va le prendre dans son intimité séculaire, j'ai peur que nous ne nous souvenions pas fidèlement de ce qu'il a été en vérité. » Le devoir de mémoire face à l'oubli : c'est le général de Bénouville qui le réveille ce matin de deuil dans le chœur de l'église de Saint-Germain-des-Prés. Soutenu par ses proches, le vieux Compagnon de la Libération raconte de sa voix haut perchée le sabotage des lignes de chemin de fer, sabotage dont René la Combe fut un acteur essentiel, «... l'admirable René, tout pétri d'enthousiasme, d'amour de la patrie, de foi profonde et chevaleresque ». Aujourd'hui, « nous enterrons un héros, un héros modeste, ironique quand il le fallait. Que ceux qui sont là n'oublient pas tout ce qu'il a été pour les Français et pour les hommes de cœur. Sous mes ordres, René la Combe m'a spécialement enseigné ce qu'était le sacrifice, ce sacrifice grâce auquel nous sommes libres et honorables ». Ouest France - 2 mars 1994.

Son épouse, Jacqueline, décédera le 19 octobre 2013 à Paris (16e) à l'âge de 90 ans. Gonzague Saint-Bris au nom de la famille Saint-Bris prononcera une « ode à la femme du héros », hommage appuyé à Jacqueline la Combe et aux souvenirs mémorables des Saint-Bris au château de la Missonnière, « paradis de la liberté » : « Assise sur les sables de la Loire sur la plage de Montjean, elle avait la beauté d’une statue mais son visage animé était signé du sourire du midi, d’où elle venait. Elle portait de grands chapeaux ombrant son âme, éprise d’héroïsme. Elle aimait lire l’histoire des femmes légendaires et celle des grands personnages. Elle avait à la fois du cran et de l’élégance. Elle était le courage en Courrège... » Gonzague Saint-Bris, 23 octobre 2013.

Deux rues portent le nom de René la Combe : à Saint-Germain-des-Prés et à Angers.

À la suite de la disparition du dernier Compagnon de la Libération, Hubert Germain le 12 octobre 2021, la Mairie du XVIe arrondissement de Paris inaugure le 16 novembre 2021, une exposition, « Parcours de compagnons » retraçant la vie de certains compagnons ayant vécu dans l'arrondissement, dont René la Combe.

Distinctions

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Notes et références

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  1. Bastien LEJOT, « Angers. René La Combe raconté par son fils et sa petite-fille, dans un livre à paraître », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  2. « René La Combe - Base de données des députés français depuis 1789 - Assemblée nationale », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le )
  3. Journal officiel de la République française no 0078 du , (ISSN 0373-0425, lire en ligne), p. 3647.
  4. « René LA COMBE », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie/ Filmographie

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Liens externes

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