Renée Lafont

journaliste, traductrice et femme de lettres française fusillée pendant la guerre d'Espagne
Renée Lafont
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Maïtena Biraben (cousine)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Condamnation

Renée Lafont, de son nom complet Renée Charlotte Amélie Lafont[1], née le à Amiens et morte le près de Cordoue, est une femme de lettres, traductrice et journaliste française, fusillée par les franquistes au début de la Guerre d'Espagne.

Elle est considérée comme la première journaliste française morte dans l'exercice de ses fonctions[2].

Carrière littéraire et journalistique modifier

Renée Lafont, Les Forçats de la volupté, Albin Michel (1924).

Née le à Amiens[3], Renée Lafont est la fille de Charles Lafont (1851-1931), professeur de Lettres classiques au lycée Louis-le-Grand[4]. Elle passe une licence de Lettres[5], avant de faire paraître en 1910 un roman, L'Appel de la mer.

Il sera suivi de Les Forçats de la volupté, chez l'éditeur Albin Michel en 1924.

L'essentiel de sa carrière littéraire tourne cependant autour de ses activités de traductrice, qui font d'elle l'une des meilleures connaisseuses de l'Espagne.

Hispanophile[6], elle prend en charge la rubrique « Amérique hispanique » de la revue Parthénon en 1913.

Au cours de la Première Guerre mondiale, elle mène à Madrid une enquête auprès des milieux espagnols favorables à la France, et dont Maurice Barrès se fera l'écho laudateur dans son essai, L’Âme française et la guerre (Paris, Émile-Paul, 1916).

Elle devient ensuite la traductrice attitrée de l'écrivain espagnol Vicente Blasco Ibáñez, en particulier pour son essai Ce que sera la République espagnole, paru en 1925 chez Flammarion[7],[8].

Elle traduit également des écrits du romancier Alberto Insúa (es) et fréquente par ailleurs des auteurs comme Henry Bataille, Jean Giraudoux ou Marcel Martinet.

Au début des années trente, elle s'engage à gauche[9], à la fois de par l'intérêt qu'elle porte à l'instauration de la République en Espagne, mais également via son adhésion à la 5e Section de la S.F.I.O. de Paris.

Guerre d'Espagne modifier

Envoyée en reportage en Espagne au début de la guerre d'Espagne pour le compte du journal socialiste le Populaire, elle couvre les combats autour de Cordoue à une époque où le front n'est pas encore fixé et où l'état-major républicain annonce la prise imminente de la ville.

Le , la voiture dans laquelle Renée Lafont avait pris place s'étant égarée entre les lignes, cette dernière tombe dans une embuscade à Las Cumbres de Alcolea près de Cordoue, et ses trois occupants sont capturés par des miliciens nationalistes. Des témoignages avancent dans un premier temps que Renée Lafont serait décédée de ses blessures. Diverses archives, militaires et civiles, permettent de connaître son sort véritable. Des documents de la République espagnole - porteurs de la faucille et du marteau - ayant été trouvés sur elle, Renée Lafont est traduite devant une Cour militaire qui la condamne à mort, et, le , elle est fusillée[10] au lieu-dit Arroyo del Moro (es). Son corps est alors inhumé dans un lieu demeuré inconnu jusqu'à une campagne de fouilles[11] durant laquelle son corps est retrouvé et exhumé en 2017[12] d'une fosse commune à Cordoue[8]. Elle est la « première femme journaliste française morte dans l'exercice de ses fonctions »[8].

Le , le Populaire annonce son décès dans une brève en page 3[13] et lui rend un hommage plus appuyé sous la plume de Bracke-Desrousseaux, en une de son édition du lendemain[14] ; Le Monde illustré lui rend un second hommage avec un article ayant pour titre « Victime du devoir », et le journal L’Œuvre publie un article avec une photographie d'archives[8]. Le sort tragique de Renée Lafont peut être comparé à celui des journalistes Guy de Traversay (fusillé par les franquistes) et Louis Delaprée (son avion abattu alors qu'il rentrait en France). Mais son nom sera cependant beaucoup moins médiatisé que ceux de ses homologues masculins[15]. La raison a parfois été avancée qu'il s'agissait d'éviter une crise diplomatique franco-espagnole, Renée Lafont écrivant dans le journal de Léon Blum, alors chef du gouvernement français. Son nom est cité en guise d'hommage lors du 34e congrès de la S.F.I.O. en à Marseille[8].

En , ses restes sont exhumés et identifiés par comparaison ADN avec l'une de ses cousines éloignées[8], la journaliste Maïtena Biraben[16].

Notes et références modifier

  1. Claude Pennetier, « LAFONT Renée, Charlotte, Amélie », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  2. « VIDEO. "Complément d'enquête" sur les traces de Renée Lafont, journaliste française fusillée par les franquistes », sur Franceinfo, (consulté le )
  3. Archives de la Somme, commune d'Amiens, acte de naissance no 1606, année 1877 (page 407/498)
  4. Fiche de Charles Lafont dans base Léonore
  5. Annuaire de l'école pratiques des Hautes-Études en 1906 (page 159/176)
  6. « Espagne: des restes possibles d'une journaliste française fusillée pendant la guerre civile », sur LExpansion.com, (consulté le )
  7. lire en ligne sur Gallica
  8. a b c d e et f Bernard Lebrun, « Renée Lafont, journaliste victime du devoir sans les honneurs », Le Monde - Hors-série,‎ , p. 78-79 (ISBN 978-2-36804-114-7)
  9. « "Ne fusillez pas la mémoire de Renée Lafont" », sur L'Humanité, (consulté le )
  10. Article du Monde illustré du 17 octobre 1936 (page 854) lire en ligne sur Gallica
  11. Author: caminar, « Renée Lafont – journaliste française assassinée et jetée dans une fosse commune de Cordoue », sur Blog de la Coordination Caminar, (consulté le )
  12. « Exhumée, Renée Lafont, porte-parole de 100 000 fantômes toujours dans les fosses en Espagne », sur ladepeche.fr (consulté le )
  13. lire en ligne sur Gallica
  14. lire en ligne sur Gallica
  15. Gabriel Blaise, « Renée Lafont, l’oubliée de la Guerre d'Espagne », Sud-Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
  16. « «Complément d’enquête» : une victime de Franco, aïeule de Maïtena Biraben », sur fr.news.yahoo.com (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Renée Lafont, Les Forçats de la volupté, Paris, Albin Michel,

Liens externes modifier