Reworld Media

groupe français des médias

Reworld Media
logo de Reworld Media

Création 2012
Fondateurs Pascal Chevalier et Gautier Normand
Forme juridique Société anonyme
Siège social 8, rue Barthélémy Danjou
92100 Boulogne-Billancourt
Drapeau de la France France
Direction Pascal Chevalier, Gautier Normand
Activité Médias, presse, hors-presse
Effectif 970 en 2020 (groupe)
Site web reworldmedia.com

Capitalisation 347 millions € ()
Fonds propres 149,4 millions € fin 2021
Dette 28,6 millions € fin 2021
Chiffre d'affaires 469,8 millions € en 2021 (consolidé)[1]
Résultat net 42,2 millions € en 2021

Reworld Media est un groupe de média français, créé en 2012 par Pascal Chevalier.

Depuis le , Reworld Media est le premier groupe de presse magazine français en nombre de journaux détenus. En 2020, le groupe indique avoir 970 employés dans le monde, une présence dans 12 pays et un chiffre d'affaires de 462 millions d'euros[2].

Dans un secteur de la presse en crise, le groupe est très controversé pour ses acquisitions et ses méthodes, privilégiant au travail journalistique la publication de contenus jugés commerciaux et « faciles ».

Histoire modifier

Pascal Chevalier rencontre Gautier Normand en 2012[3]. Le groupe, créé dans la foulée par les deux hommes, a été construit par une succession d’acquisitions dans le secteur des médias ; ce secteur en difficulté en France et qui n'a pas su s'adapter aux évolutions engendrées par internet, reste plein d'opportunités de rachats et regroupements[3].

Le groupe a notamment acquis en , Marie France auprès du groupe Marie Claire[4] pour un euro symbolique[3]. Ce titre va servir de laboratoire à Reworld pour tester le nouveau modèle économique : dès l'année suivante, Pascal Chevalier exprime ses pensées : « Je pense que régie publicitaire et rédaction doivent être fusionnées. »[5].

En , il prend le contrôle de certains titres du groupe Lagardère Active, via le consortium 4B Media constitué avec le groupe Rossel[6],[7]. Le groupe Lagardère finance la reprise de ses titres[3].

La société est cotée depuis le au NYSE Euronext Paris[8].

Après le rachat par Reworld Media, 90 % des équipes des magazines, dont Marie-France et Be, en sont parties en faisant jouer leur clause de cession[9]. Depuis, de nombreux recrutements ont été réalisés dans des secteurs comme le numérique ou la production vidéo sous la marque Atelier b.

Mondadori modifier

En , le groupe entre en négociations exclusives avec Mondadori, pour la vente de plusieurs dizaines de titres dont Auto Plus, Grazia, Biba, Dr. Good !, Modes et Travaux, Closer, Télé Star ou Science et Vie, une quarantaine au total[10]. Le montant de {{ d'euros proposé préalablement avait été refusé par Mondadori[3]. Mais finalement, alors que toute la presse nationale est en crise, le , Reworld annonce avoir émis une offre de rachat d'actions sur Mondadori France pour la somme de 70 millions d'euros[11].

Le de la même année, le groupe rachète donc Mondadori France, faisant de Reworld, le premier groupe de presse magazine français en nombre de journaux détenus[3],[12],[13]. Mondadori France était pourtant une fois et demi plus gros que Reworld[3]. Le syndicat du journal dénonce « un passage en force » car une décision de justice était encore en cours du tribunal de grande instance de Nanterre, celui-ci avait jugé que le groupe Reworld n'avait pas consulté les salariés de Mondadori France, conformément à la loi française[14].

Début , le groupe se retrouve face à une situation inédite[15] : sur 330 journalistes en CDI, 194 démissionnent dans le cadre de leur clause de cession, un dispositif qui permet à un journaliste salarié en CDI de quitter son emploi en l'échange d'indemnités légales lorsqu'un changement d'actionnaire survient au sein de la direction du groupe pour lequel il travaille[16]. Au total, 60 % des journalistes quittent le groupe, laissant planer le doute sur la publication des prochains numéros de certains titres[17]. Le duo Chevalier et Normand qui va dépenser jusqu'à 20 millions d'euros dans cette clause, ne font rien pour les retenir, au contraire[5].

Par ces actions, les journalistes et salariés protestent contre la façon dont la vente a été actée et surtout contre la transformation de la ligne éditoriale des titres du groupe vers des contenus majoritairement publicitaires, via le recours à des fournisseurs de contenus publicitaires extérieurs[18].

Reworld media perd en 2023 les procès qu'il avait intentés contre d'anciens journalistes de Science et Vie[19].

Brand content modifier

Entre-temps, le , Reworld annonce avoir signé une offre d'achat dans le but d'acquérir Sports.fr et Football.fr, deux sites internet traitant de la thématique sports et appartenant au groupe Lagardère[20],[21].

Reworld Media est mandant de la SRI, organisation professionnelle des régies publicitaires sur internet, qui déclare en 2019 à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique exercer des activités de représentation d'intérêts pour un montant annuel inférieur à 75 000 euros[22].

Le modèle économique de l'entreprise peut poser problème à long terme, « sachant la perte de valeur réputationnelle des titres qu'il rachète à tour de bras. Reworld Media s'engage ainsi dans une sorte de course contre la montre qui consiste, pour lui, à faire croître suffisamment vite ses revenus issus du « brand content » et du marketing numérique […] avant d'épuiser la valeur de leurs marques »[23].

Début 2022, le groupe rachète auprès de LevelUp le site de jeux vidéo Jeux Video Live, ainsi que Eclypsia qui avait été relancé en 2020[24], annonçant la création de son pôle gaming avec les sites Melty et SuperSoluce, précédemment acquis. En avril 2022, la direction annonce avoir déposé une offre de rachat pour le groupe Psychologies qui appartient à la société 4B Médias[25]. En juin 2022, Reworld annonce avoir signé un accord de rachat avec le groupe Unify, propriétaire notamment de Aufeminin, Marmiton.org, Doctissimo et Gamekult [26]. Le rachat est considéré comme inquiétant en interne [27]. La rédaction de Gamekult démissionne après le rachat du site par l'entreprise[28], suivie par la rédaction de Jeux Video Live et Eclypsia [29].

Critiques modifier

Le groupe est critiqué par plusieurs journalistes, qui lui reprochent ses méthodes de travail et son désintérêt pour le journalisme[30],[31].

Selon Justine Brabant de l'émission Arrêt sur images, le groupe demande des quotas d'articles à écrire par jour et par mois ainsi que des contenus « junk news » (facile, piège à clic), privilégiant la quantité à la qualité[12]. La journaliste décrit le groupe comme « le cauchemar de l'avenir du journalisme ». Lorsqu'il rachète un média, il inciterait les journalistes avec une carte de presse à utiliser la clause de cession. Ainsi, six ans après son rachat, le titre Marie France est passé de 28 à 2 journalistes ; en parallèle, Télé Magazine n'a aucun journaliste et Auto Moto a vu le nombre chuter de moitié[32]. D'après un ancien rédacteur en chef du groupe, ce dernier essayerait de s'en débarrasser car ils auraient trop de droits par rapport aux pigistes et aux stagiaires[13]. Ceux-ci seraient payés sous le statut d'auto-entrepreneurs et non de journalistes, forme de sous-traitance. Un modèle économique axé principalement sur des articles promotionnels financés par des marques (« brand content ») avec des articles commandés à la rédaction directement par la régie publicitaire[33]. L'Obs parle donc « de journaux sans journalistes » ou encore de la réputation du duo Pascal Chevalier et Gautier Normand « d'ubériser le journalisme » avec des « méthodes de cow-boy »[34].

Un ancien journaliste critique la rémunération sous ce statut dans Libération[10] : « on me rémunérait 800 euros pour faire vingt contenus dans le mois ».

Le groupe demanderait à ses journalistes de mettre de la publicité cachée dans leurs articles[12],[13].

Au début, seuls sont un peu épargnés de toutes ces méthodes les titres Science & Vie, très rentable car disposant d'un nombre important d'abonnés, et Grazia[32]. Mais finalement, la quasi-totalité de la rédaction du magazine Science & Vie démissionne en mars 2021 puis lance le nouveau magazine Epsiloon dont le premier numéro parait en juillet 2021.

À la suite du rachat de Gamekult, un numéro de l'émission Proxi d'Arrêt sur images dévoile les pratiques en interne via deux témoignages de journalistes du groupe, notamment le fonctionnement des articles « aspirateurs à clics » publiés de manière croisée sur tous les sites rachetés grâce à la mise en place du même CMS afin de mutualiser le brand content[35].

Actionnaires modifier

Liste de principaux actionnaires au [36],[37].

Nom Part
P. Chevalier & G. Normand 25,49 %
Eurazeo 10,4 %
Rothschild Asset Management 9,79 %
Reworld Media SA (autocontrôle) 6 %
Financière Arbevel SA 2,8 %
Investor Asset Management 1,75 %
Independance et Expansion AM 1,58 %
Financière Tiepolo 1,33 %
Kirao SAS 1,29 %
Actionnaires flottants 40,27 %

Marques modifier

E-commerce modifier

  • Eat your Box
  • Coffret Gourmand
  • Gourmand Market
  • Boutique Marie France

Événementiel modifier

  • Reworld Media Live

Reworld Media Télévisions modifier

Autres activités modifier

  • Reworld Media Ventures[38]
  • Atelier b société de production vidéo[39]
  • Content Squad société de production de contenus[40]
  • Tradedoubler spécialiste du marketing à la performance[41]
  • Leads Lab
  • Emailling Network
  • Jungle Native
  • R advertising
  • Zoom On
  • Test de Produits
  • Try & Review

Notes et références modifier

  1. « Communiqué de presse – 23/03/2022 – 17h45 », sur reworldmedia.com (consulté le ).
  2. « Leading Media Group », .
  3. a b c d e f et g Grassin, p. 53.
  4. Philippe Larroque, « Marie Claire se déleste du mensuel Marie France », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b Grassin, p. 54.
  6. Alexis Delcambre et Alexandre Piquard, « Lagardère cède la moitié de ses magazines au belge Rossel et à Reworld Media », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Reworldmedia.com, 2 avril 2014.
  8. Cotation en direct Euronext
  9. « Presse magazine : grande braderie, grande inquiétude », France Inter,‎ (lire en ligne)
  10. a et b « Reworld : «Un conseil : ne bossez jamais pour eux» », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. « Reworld Media confirme le rachat de Mondadori France », sur Investir (consulté le ).
  12. a b et c « Chez Reworld Media, "le journalisme, c'est un prétexte pour gagner de l'argent" », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  13. a b et c « Reworld, ou le cauchemar de l'avenir du journalisme - Par Justine Brabant | Arrêt sur images », sur arretsurimages.net (consulté le ).
  14. « Reworld Media finalise l'acquisition des magazines français de Mondadori », sur Stratégies, (consulté le ).
  15. « 200 journalistes quittent Mondadori après le rachat par Reworld Media », sur ozap.com (consulté le ).
  16. « 200 journalistes quittent Mondadori », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  17. « Hémorragie de journalistes après l’acquisition de Mondadori par Reworld Media », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  18. « A Mondadori France, « hémorragie sans précédent » dans les rédactions », Lemonde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Reworld Media perd ses procès intentés contre des anciens de « Science & Vie » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « Reworld souhaite racheter deux sites internet de sport à Lagardère », sur FIGARO, (consulté le ).
  21. Zone Bourse, « Reworld Media : offre pour deux sites sportifs de Lagardère | Zone bourse », sur zonebourse.com (consulté le ).
  22. « Fiche Sri », sur HATVP (consulté le ).
  23. Quentin Soubranne, « Reworld media : La monétisation des contenus dope les marges de Reworld Media, le titre enregistre un sommet », sur BFM Bourse, (consulté le ).
  24. « Reworld Media se renforce dans le gaming avec deux nouvelles acquisitions », sur Investir (consulté le ).
  25. « Reworld Media fait une offre d'achat sur le groupe Psychologies », sur LEFIGARO, (consulté le ).
  26. « REWORLD MEDIA signe un accord avec le Groupe TF1 en vue de l’acquisition des activités Publishers de UNIFY », sur REWORLD MEDIA, (consulté le ).
  27. « Jeux vidéo. Reworld Media : l’inquiétude des journalistes des médias spécialisés », sur Paris-Normandie, (consulté le ).
  28. « La rédaction de « Gamekult » démissionne après le rachat du site par Reworld Media », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  29. « Edito : Voilà, c'est fini - L'actu Jeux vidéo Consoles et PC ... », sur web.archive.org, (consulté le ).
  30. « «Grazia» : lettre ouverte à Pascal Chevalier, président de Reworld Media Group », sur Libération.fr, (consulté le ).
  31. « Reworld Media snobe la crise », sur Stratégies, (consulté le ).
  32. a et b Grassin, p. 55.
  33. Sonia Devillers, « Hervé Poirier et Mathilde Fontez : quel avenir pour Science & Vie ? », sur franceinter.fr, (consulté le ).
  34. Grassin, p. 52 à 53.
  35. « "Orient XXI" enquête sur "Haaretz", contre-symbole de la colonisation israélienne - Par La rédaction | Arrêt sur images », sur arretsurimages.net (consulté le ).
  36. Euronext Euronext, « Reworld Media Actionnariat » [Site Euronext], sur live.euronext.com (consulté le ).
  37. Répartition actionnariale, sur Zonebourse, en temps réel.
  38. Fonds doté d'un capacité de financement de 20 millions d'euros.
  39. « Reworld Media lance Atelier b, une entité dédiée à la production vidéo », dirigeant.com,‎ (lire en ligne).
  40. « Production de contenus : Reworld Media lance Content Squad », CB News,‎ (lire en ligne).
  41. « Production de contenus : Pascal Chevalier: Avec TradeDoubler, Reworld Media change de dimension », CB News,‎ (lire en ligne).

Source modifier

  • Sophie Grassin et Véronique Groussard, « Reworld Media, le modèle qui fait peur », L'Obs, no 2882,‎ , p. 52 à 55 (ISSN 0029-4713). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes modifier