Rigole

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Une rigole (du néerlandais regel « ligne droite », issu du latin regula « règle ») est un petit fossé artificiel creusé qui permet l'écoulement de l'eau. Elle est aussi une incision linéaire naturelle dans le sol, causée par le ruissellement (cette trace d'érosion linéaire est temporaire, contrairement à la ravine, structure d'érosion permanente).

Rigole sur un chemin à Saint-Just-d'Avray

Au bowling, c'est le creux de chaque côté de la piste dans laquelle il faut éviter que la boule tombe.

Toponymie modifier

Hydrographie modifier

Rigoles et canaux modifier

À une époque où l'arpentage n'était pas aussi précis qu'aujourd'hui et où la modélisation, surtout informatique, n'existait pas, les rigoles permettaient de résoudre nombre des problèmes posés par un canal, surtout à bief de partage qui n'est pas naturellement alimenté en eau.

Rigole expérimentale ou d'essai modifier

Pour prouver la faisabilité du canal qu'il projetait entre la Méditerranée et la Garonne à Toulouse, Pierre-Paul Riquet fait creuser une rigole sur tout le trajet étudié de juin à . L'entreprise - qui lui a coûté 50 000 livres - lui permet de retenir « un tracé plus simple [ économisant ] sur les ouvrages, mines et autres regonflements de chaussée, soit une économie de 400 000 livres[1] », soit environ 8 911 628 euros actuels[Quand ?]. Son rapport accueilli avec enthousiasme par les intendants royaux, il obtient l'aval de Colbert et, surtout, le financement du Roy.

Rigole de canal modifier

Parmi ces économies, Riquet venait de procéder, pour l'essentiel, à sa future rigole de canal, indispensable à l'époque pour garantir le profil horizontal de l'ouvrage. Simple rigole (sic) remplie d'eau SANS COURANT au centre et au fond du tracé projeté, elle permettait, de bief en bief, d'établir un repère fiable pour procéder à certaines rectifications, puis pour exécuter tous les autres travaux qu'ils aient été d'art, de creusage ou de regonflement...

Rigoles d'alimentation modifier

Par définition, un canal, ouvrage d'art artificiel, reçoit naturellement très peu d'eau. Le ruissellement pluvial et quelques ruisseaux qui l'alimentent ne peuvent garantir les besoins en eau toujours considérables à cause des écluses. Les rigoles d'alimentation permettent, de diverses façons, de garantir les volumes voulus. Elles sont indissociablement associées

- pour les canaux latéraux, aux rivières qu'elles suivent ; dans ces cas, on cherche la jonction la plus facile et la plus courte à construire pour une alimentation facile à contrôler (un canal doit éviter de subir les effets, parfois dévastateurs, des crues - et, dans les pays nordiques, des débâcles printanières -, alors qu'une rivière ne peut guère y échapper.) Exemple : sur quelque 120 m à 160 de l'écluse 8, là où le canal de Chambly se trouve en surélévation par rapport à la Rivière Richelieu jusqu'au Bassin de Chambly ;

- pour ceux à bief de partage, aux réservoirs, retenues, étangs... naturels, améliorés ou artificiels dont ces rigoles ne sont que le déversoir contrôlé.

Sur une carte topographique, la recherche d'un ou de plusieurs de ces réservoirs est, surtout dans les régions faiblement pourvues en eau, l'indice de la proximité du bief de partage.

« Une rigole peut être navigable elle-même : le canal de l'Ourcq, la Rigole de la Besbre (canal latéral de la Loire) ».

En France modifier

Aux États-Unis modifier

Écluses du canal de Glen Falls déclassé ayant servi de rigole d'alimentation

Dans l'État de New-York , une rigole alimentant le bief de partage du premier canal Champlain, le Glens Falls Feeder Canal (1822), est devenue navigable en 1832. Depuis le début du XXe s., elle ne joue plus ce rôle après l'élargissement et la rectification du canal de jonction entre le lac Champlain et le Fleuve Hudson.

Au Québec modifier

Solution probablement unique au monde : en 1833, à une époque où la dynamite n'était pas encore inventée, Henry A. Du Vernet proposa un concept singulier de rigole d'alimentation. Pour économiser sur la construction et le creusement en un temps record de trois écluses et un petit canal de 3,2 km à Carillon sur la rivière des Outaouais (débit moyen de près de 2 000 m3(!), il a dévié les eaux de la Rivière-du-Nord toute proche sur 1/2 km environ. Les bâtiments descendants d'abord montaient de 13 pieds (± 4m) dans une première écluse alimentée par cette rigole creusée au-dessus du lit de la rivière des Outaouais pour rejoindre l'aval du cours d'eau principal par les deux suivantes[2]. Même après l'inondation en 1963 par l'actuel barrage et canal de Carillon, on peut observer les vestiges de cette rigole.

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

  1. Jacques Morand, Le Canal du Midi et Pierre-Paul Riquet, Aix-en-Provence, Édisud, 1 995 - 2 005, 143 p. (ISBN 2-85744-658-6), p. 32
  2. (en) Robert Legget, Ottawa River Canals, Toronto, University of Toronto, , 308 p. (ISBN 0-8020-5794-2), p. 126 - 127