Rite du Mot de maçon

Selon divers maçonnologues, le Rite du Mot de maçon (Mason's Word), créé vers 1637 en Écosse serait le plus ancien rite de la franc-maçonnerie dite « spéculative »[n 1]. Le rite fut fondé par des maçons écossais calvinistes et presbytériens de Kilwinning afin de remplacer le rituel anglais et anglican dit des Anciens devoirs opératifs du Moyen Âge et de la Renaissance[n 2]. À partir de 1696, les maçons désirent créer un art de mémoire conforme aux principes du calvinisme, c'est-à-dire basé non pas sur des images plastiques, mais exclusivement sur des images verbales comme les métaphores et les allégories. Par la suite, après avoir subi diverses influences, anglicanisme, catholicisme, la Grande Loge de Londres le transforme en 1717 en rite philosophique universel qui devient la matrice du rite en trois degrés pratiqué par la franc-maçonnerie contemporaine.

Historique modifier

La loge Kilwinning no 0.

Les témoignages comprenant l'expression de « 'Mason Word » sont nombreux et furent en leur temps examinés par le maçonnologue David Stevenson. Cela représente en tout une vingtaine de textes écossais rédigés au XVIIe siècle et une douzaine de textes britanniques du XVIIIe siècle.

Le Rite du Mot de maçon aurait été élaboré au sein de la loge calviniste[n 3] Kilwinning n°0 entre 1628 et 1637[1],[2]. Les plus anciens documents le concernant mentionnent un rituel qui consiste à recevoir en loge un nouveau membre en lui donnant une poignée de main (origine de la « griffe ») pendant qu'on lui communiquait oralement le nom des deux colonnes du Temple de Salomon[3] en référence au passage biblique de l’Épitre de Paul aux Galates (Gal 2,9) rappelant l'échange des poignées de la main droite (main de vérité) entre Jacques, Pierre et Jean d'une part, et Paul de Tarse de l'autre[4].

Les documents plus tardifs faisant partie des textes fondateurs de la franc-maçonnerie et notamment, le « Manuscrit des archives d'Édimbourg » (« Edinburgh register house ») qui date de 1696 et qui était le rituel de la loge « Canongate-Kilwinning »[n 4],[5], font apparaître des évolutions notables dès cette époque. Ils mentionnent notamment un « catéchisme » par questions et réponses, la pratique des cinq points du compagnonnage[n 5], ainsi que la transmission d'un mot supplémentaire en « M. B. » au second grade[6],[n 6].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Dans le sens du mot anglais de l'époque. On dirait de nos jours « philosophique ».
  2. Cérémonie d'admission dans une corporation de maçons avant le XVIIe siècle.
  3. Les historiens peuvent déterminer si une loge était calviniste, catholique ou anglicane en examinant certains détails présents dans ses rituels ou autres documents d'archives, tels que la présence ou l'absence du qualificatif holy (sainte) à côté du nom d'une chapelle, ou même dans certains manuscrits des références plus explicites, par exemple « Holy Catholic Church » dans le manuscrit Dumfries no 4 de 1710 (voir par ex. Négrier 2005 p. 106 et 109).
  4. Il s'agit de la loge de Canongate, petite bourgade de l'Est d'Édimbourg. Cette loge, dont les archives remontent à 1630, se rattacha à la Loge presbytérienne de Kilwinning en 1677. (Stevenson 2000, p. 64)
  5. Que certains auteurs[évasif] associent aux cinq points calvinistes de la TULIP (Négrier 2005, passim).
  6. Les rituels maçonniques du XVIIe siècle ne connaissent que deux grades: apprenti et compagnon-maître.

Références modifier

  1. Roger Dachez, L'Invention de la franc-maçonnerie, éditions Vega, .
  2. Patrick Négrier 2005, p. 93
  3. Patrick Négrier 2005, p. 19
  4. Patrick Négrier 2005, p. 21
  5. Patrick Négrier 2005, p. 87
  6. Patrick Négrier 2005, p. 87-101

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Roger Dachez, « Nouveau regard sur les anciens devoirs », Franc-maçonnerie magazine, no HS N°3,‎ , p. 18-23
  • Patrick Négrier, La Tulip : Histoire du rite du Mot de maçon de 1637 à 1730, Saint-Hilaire-de-Riez, Éd. Ivoire-Clair, coll. « Les Architectes de la Connaissance », (ISBN 9782913882300, présentation en ligne)
  • Patrick Négrier, Le Rite des Anciens Devoirs : Old Charges (1390-1729), Saint-Hilaire-de-Riez, Éd. Ivoire-Clair, coll. « Lumière sur… », (ISBN 978-2-913882-39-3)
  • David Stevenson (trad. Patrick Sautrot), Les premiers francs-maçons : Les Loges Écossaises originelles et leurs membres [« The Origins of Freemasonry: Scotland's Century, 1590-1710, Cambridge University Press, 1988, paperback ed. septembre 1990 »], Saint-Hilaire-de-Riez, Éd. Ivoire-Clair, coll. « Les Architectes de la Connaissance », , 256 p. (ISBN 978-2-913882-02-7, présentation en ligne)

Articles connexes modifier

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