Rock Hudson

acteur américain

Rock Hudson est un acteur américain, né le à Winnetka (Illinois) et mort le à Beverly Hills (Californie).

Rock Hudson
Description de cette image, également commentée ci-après
Rock Hudson vers 1955.
Nom de naissance Roy Harold Scherer
Surnom Fitz
Naissance
Winnetka (Illinois, États-Unis)
Nationalité Américaine
Décès (à 59 ans)
Beverly Hills (Californie, États-Unis)
Profession Acteur
Films notables Les Affameurs
Le Secret magnifique
Géant
Écrit sur du vent
Crépuscule sur l'océan
Confidences sur l'oreiller
Les Géants de l'Ouest
Darling Lili

En 1985, il est l'une des premières vedettes à déclarer publiquement être atteinte du sida, ce qui attire une grande attention sur ce fléau. Le grand public découvre également à cette occasion son homosexualité, en contradiction avec l'image que donnent de lui ses rôles à Hollywood.

Biographie modifier

Origines et jeunesse modifier

Rock Hudson naît sous le nom de Roy Harold Scherer Jr., le à Winnetka en Illinois aux États-Unis : il est le fils unique d’une modeste employée d'origine irlandaise et d'un père d'origine suisse alémanique[1] qui les abandonne très tôt.

Il connaît une enfance difficile, aux côtés d’une mère dominatrice et autoritaire et d’un beau-père violent. En 1943 pendant la guerre, alors qu'il vient d'avoir 18 ans, il s’engage dans la marine. Il est démobilisé en 1946 et exerce par la suite plusieurs petits métiers (ouvrier agricole, camionneur).

Carrière modifier

Une ascension rapide modifier

Rock Hudson tente sa chance en 1947 à Hollywood et attire l'attention d'un chasseur de talents, Henry Willson, après lui avoir envoyé une photo[2]. Willson le transforme le jeune homme naïf et inconnu en un des hommes les plus populaires d'Hollywood[3]. Il paie de nouvelles dents à Hudson et change son nom[3]. Par la suite, Rock Hudson admettra détester ce pseudonyme[2] qui est une combinaison du rocher de Gibraltar (Rock of Gibraltar en anglais) et de l'Hudson[4]. Dans un premier temps, son agent lui impose des cours de diction afin d'obtenir une voix plus grave, mais lors d'une pharyngite, son phoniatre exige du jeune acteur qu'il crie pendant 24 heures avec pour résultat une voix cassée et une tonalité plus basse[3]. Les deux hommes font équipe professionnellement jusqu'en 1966[3].

Cette rencontre lui permet tout d’abord de faire de la figuration, puis d’obtenir des rôles secondaires, dans les films d'action et les westerns de Raoul Walsh, qui le prend sous contrat personnel : après une figuration non créditée dans Les Géants du ciel (1948), le metteur en scène lui donne la vedette dans Victime du destin (1952), La Belle Espionne et Bataille sans merci (1953). L'acteur débutant paraît dans une quinzaine de films avant d'accéder à ses premiers rôles, avec une nette prédilection pour le western — dont Winchester 73 et Les Affameurs d'Anthony MannJames Stewart tient la vedette. Progressivement, son nom se rapproche du haut des affiches.

Consécration modifier

Rock Hudson et Jane Wyman dans Tout ce que le ciel permet (1955).

Sa rencontre en 1952 avec Douglas Sirk est décisive pour la suite de sa carrière. Elle lui permet de devenir une véritable star, avec des films comme la comédie Qui donc a vu ma belle ? ou bien le mélodrame Le Secret magnifique. Rock Hudson tourne beaucoup : dans un premier temps, il s'impose dans la comédie et surtout dans le film d'action, aventures historiques et westerns. Il interprète désormais les premiers rôles devant des acteurs confirmés (Steve Cochran dans Le Justicier impitoyable, Anthony Quinn dans L'expédition du Fort King) aux côtés de la jeune première Piper Laurie ou d'Yvonne De Carlo, autre protégée de Raoul Walsh.

Rock Hudson devient l'interprète fétiche de Sirk, qui mise beaucoup sur son allure athlétique et son physique séduisant. Il est remarqué dans le western Taza, fils de Cochise (1954), dans Tout ce que le ciel permet (1956) et Écrit sur du vent (id.), des drames mondains à l'esthétique très recherchée, devenus des classiques du mélodrame. Dans Capitaine Mystère (1955), Hudson se compose un rôle de séducteur doublé d'un révolutionnaire ; pour La Ronde de l'aube (1958), un film réalisé d'après le roman Pylône de William Faulkner, il campe un intellectuel déchiré. Outre la jeune première Barbara Rush et l'actrice confirmée Jane Wyman, Hudson côtoie dans ces films Robert Stack, Dorothy Malone et Lauren Bacall.

Rock Hudson dans Écrit sur du vent (1956).

Ces années sont probablement les plus brillantes de la carrière de l'acteur. Si ses compositions n'impressionnent guère la critique, Hudson impose une présence sympathique, émouvante et séduisante. Il devient la coqueluche du public féminin, des producteurs et de cinéastes prestigieux. Il est présent, aux côtés de James Dean et Elizabeth Taylor, dans Géant (1956) de George Stevens, dans Le Carnaval des dieux (1957) de Richard Brooks, avec Sidney Poitier ainsi que dans Cette terre qui est mienne d'Henry King, avec Jean Simmons. Il connaît l'échec avec L'Adieu aux armes d'après Ernest Hemingway, dans lequel Jennifer Jones et Vittorio De Sica sont ses partenaires.

Star modifier

Rock Hudson retrouve à partir de 1959 le registre comique en formant un duo avec Doris Day dans Confidences sur l'oreiller, premier film d'une trilogie de comédies sentimentales légères, gentiment érotiques, où il se révèle drôle et attachant. Suivent Un pyjama pour deux en 1961 et Ne m'envoyez pas de fleurs en 1964. Il s'illustre dans ce registre sous la direction de Norman Jewison ou Melvin Frank, aux côtés de Leslie Caron ou Claudia Cardinale. Il joue également la comédie dans Le Sport favori de l'homme d'Howard Hawks (1964). La star a aussi pour partenaires Gina Lollobrigida, notamment dans Le Rendez-vous de septembre, et Gena Rowlands dans L'Homme de Bornéo, deux films réalisés par Robert Mulligan.

Rock Hudson et John Wayne dans Les Géants de l'Ouest (1969).

À côté de ce cycle léger et séducteur, Rock Hudson sauve son public masculin grâce aux westerns El Perdido de Robert Aldrich (avec Kirk Douglas) et Les Géants de l'Ouest d'Andrew V. McLaglen (avec John Wayne), grâce aussi aux films de guerre Tobrouk d'Arthur Hiller, avec George Peppard, et Destination Zebra, station polaire de John Sturges, dont la distribution comprend Ernest Borgnine et Patrick McGoohan. Le déclin cinématographique de Hudson est amorcé dès qu'il s'éloigne de la comédie romantique, tel l'échec sans appel du sombre L'Opération diabolique de John Frankenheimer.

Déclin modifier

Rock Hudson dans Embryo (1976).

Rock Hudson retrouve pourtant son créneau favori lorsque Blake Edwards le dirige avec Julie Andrews en 1970 dans la comédie musicale Darling Lili. Malgré cette collaboration, la carrière de l'acteur marque le pas sur grand écran pour lequel il tourne toujours régulièrement, sous la direction de Roger Vadim par exemple, s'essayant à la science-fiction (Embryo), rivalisant avec Dean Martin (dans Duel dans la poussière de George Seaton), avec dans ses bras toujours les plus charmantes actrices : Angie Dickinson, Barbara Carrera ou Mia Farrow. Toutes ces productions sont secondaires. Sa célébrité durant cette décennie se maintient plutôt grâce aux séries télé McMillan (1971-1977) et, plus tard, Détroit d'après Arthur Hailey. Il joue également dans Chroniques martiennes (1980) de Michael Anderson d'après Ray Bradbury (où sa fille est interprétée par Laurie Holden qui fait alors ses débuts à l'écran). Sur petit écran toujours, Hudson affronte James Coburn et continue de collectionner les partenaires féminines : Susan Saint James, Lee Remick, Gayle Hunnicutt et Deborah Shelton.

En 1980, Rock Hudson retrouve sur grand écran trois gloires des années 1950, son amie Elizabeth Taylor, son ancien concurrent Tony Curtis et Kim Novak, dans une adaptation d'un roman d'Agatha Christie, Le miroir se brisa. Au cinéma, il ne revient que pour L'Ambassadeur : Chantage en Israël de J. Lee Thompson, aux côtés de Robert Mitchum, en 1984. À la télévision, il demeure très actif : il joue dans des téléfilms avec Suzanne Pleshette, Melanie Griffith, Sharon Stone, incarne le président de son pays dans La Troisième Guerre mondiale, et tient la vedette avec Jack Scalia dans les treize épisodes de Devlin Connection en 1982. Son dernier rôle est celui de l'amant de Linda Evans dans neuf épisodes de la saga Dynastie (1984-1985), rôle écourté à cause de son état de santé.

La maladie modifier

Rock Hudson avec Nancy et Ronald Reagan à la Maison Blanche en 1984.

Le lors d'un séjour à Paris, Rock Hudson révèle qu'il est atteint du sida, et marque les esprits en révélant son visage décharné par un sarcome de Kaposi[5]. Yanou Collart, son attachée de presse et amie, est dans l'obligation de débourser 300 000 dollars pour louer un 747 afin de rentrer à Los Angeles car aucune compagnie ne veut le transporter[6].

Vie privée modifier

Dès le mois suivant, son homosexualité est ouvertement évoquée dans la presse[7]. Les rumeurs sur sa relation avec Claudia Cardinale à l'époque sont fausses. L'actrice révèle plus tard avoir fait croire à son couple avec Rock Hudson aux journalistes pour protéger la carrière de l'acteur, à une époque où l'homosexualité était mal perçue.

Mort modifier

Rock Hudson meurt du Sida le à Beverly Hills en Californie.

Le grand public constate à cette occasion combien l'image des vedettes, telle que les studios la construisent, peut se révéler éloignée de la réalité, Rock Hudson ayant été l'archétype du jeune premier « homme à femmes » aux allures de gendre idéal. La mort de l'acteur contribue par ailleurs à attirer l'attention sur l'épidémie de sida et sur ses conséquences dramatiques.

Postérité modifier

La succession de Rock Hudson donne lieu à un procès où la vie privée de l'acteur est étalée. Phyllis Gates, son ancienne femme, écrit un livre sur leur mariage arrangé par leurs patrons communs et finalement un téléfilm est réalisé : Rock Hudson : La Double Vie d'une star.

Puis un documentaire intitulé Rock Hudson, la vie secrète d'un play-boy dans le placard est présenté en 2009 au Festival de Berlin et diffusé sur Arte sous le titre Rock Hudson, beau ténébreux.

En 2020, le service Netflix diffuse la mini-série Hollywood, dans laquelle l'acteur Jake Picking interprète une version fictionnelle de l'acteur.

Filmographie modifier

Cinéma modifier

Le Justicier impitoyable (1953).
La Révolte des Cipayes (1954).
Géant (1956).
Écrit sur du vent (1956).
Confidences sur l'oreiller (1959).

Années 1940 modifier

Années 1950 modifier

Années 1960 modifier

Années 1970 modifier

Années 1980 modifier

Télévision modifier

Théâtre modifier

Distinctions modifier

Récompenses modifier

  • Laurel Awards 1958 : star masculine de l'année
  • Golden Globes 1959 : Henrietta Award de l'acteur préféré de l'année
  • Laurel Awards 1959 : star masculine de l'année
  • Golden Globes 1960 : Henrietta Award de l'acteur préféré de l'année
  • Laurel Awards 1960 : star masculine de l'année
  • Golden Globes 1961 : Henrietta Award de l'acteur préféré de l'année
  • Laurel Awards 1962 : star masculine de l'année
  • Golden Globes 1963 : Henrietta Award de l'acteur préféré de l'année
  • Laurel Awards 1963 : star masculine de l'année
  • Golden Globes 1966 : Henrietta Award de l'acteur préféré de l'année
  • 1974 : TP de Oro du meilleur acteur dans une série télévisée dramatique pour McMillan
  • 1975 : TP de Oro du meilleur acteur dans une série télévisée dramatique pour McMillan

Nominations modifier

Voix françaises modifier

Jean-Claude Michel fut la voix française la plus régulière de Rock Hudson. D'autres comédiens ont doublé Hudson de manière occasionnelle comme Claude Bertrand ou encore André Falcon.

Notes et références modifier

  1. (en) Switzerland and Hollywood – Take the Ultimate Quiz - Newly Swissed, 23 janvier 2016
  2. a et b (en) Joseph Berger, « Rock Hudson, Screen Idol, Dies at 59 », New York Times,‎ (lire en ligne)
  3. a b c et d François Forestier, « Rock Hudson : Les masques d'un sex-symbol », TeleObs / Obs,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Jill Kearney, « Rock's Role », New York Times,‎ (lire en ligne)
  5. 25 juillet 1985. Rock Hudson révèle son homosexualité et être malade du sida. Un mythe s'effondre. - Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos, Le Point, 24 juillet 2012.
  6. (en) The Long Goodbye: Rock Hudson 1925-85 - Scot Haller, People, 21 octobre 1985
  7. (en) Rock Hudson: On Camera and Off - Jeff Yarbrough, People, 12 août 1985

Annexes modifier

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Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Rock Hudson et Sara Davidson, Rock Hudson : His Story,
  • (en) Phyllis Gates, My Husband, Rock Hudson,
  • (en) Tom Clark, Rock Hudson, Friend of Mine,
  • (en) David Bret, Rock Hudson,
  • (en) Robert Hofler, The Man Who Invented Rock Hudson : The Pretty Boys and Dirty Deals of Henry Willson, University Of Minnesota Press, , 468 p. (ISBN 978-0-8166-9129-6)

Vidéographie modifier

  •  Rock Hudson, beau ténébreux (documentaire) [Arte], André Schäfer et Andrew Davies ().

Liens externes modifier