Rond-point des Champs-Élysées-Marcel-Dassault

rond-point de Paris, en France

Le rond-point des Champs-Élysées-Marcel-Dassault, anciennement mais encore parfois dénommé dans l'usage rond-point des Champs-Élysées, est une place du 8e arrondissement de Paris, capitale de la France.

8e arrt
Rond-point des Champs-Élysées-Marcel-Dassault
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Vue du côté nord.
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Situation
Arrondissement 8e
Quartier Champs-Élysées
Faubourg-du-Roule
Historique
Création 1670
Dénomination Arrêté municipal du
Ancien nom Rond-point des Champs-Élysées
Géocodification
Ville de Paris 1739
DGI 1735
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rond-point des Champs-Élysées-Marcel-Dassault
Géolocalisation sur la carte : 8e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 8e arrondissement de Paris)
Rond-point des Champs-Élysées-Marcel-Dassault
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Situation et accès

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Ce rond-point relie deux segments de l’avenue des Champs-Élysées, avec l’avenue Montaigne (au sud), l’avenue Matignon (au nord) et l’avenue Franklin-D.-Roosevelt (de part et d'autre), en bordure occidentale des jardins des Champs-Élysées, non loin du Petit Palais et du Grand Palais.

Ce site est desservi par la station de métro Franklin D. Roosevelt.

Origine du nom

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Ce rond-point doit son nom à l'avenue des Champs-Élysées, au milieu de laquelle il est placé et en l’honneur de Marcel Dassault, constructeur d’avions, homme politique et homme de presse, propriétaire de l'hôtel Marcel-Dassault, qui borde la place, et qui y avait installé ses bureaux.

Historique

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Le rond-point vers 1880.

D'un diamètre de 164 mètres, le rond-point des Champs-Élysées a été originellement tracé par André Le Nôtre en 1670 comme terminus de la grande allée du Roule.

En 1771, un luxueux parc de loisirs, le Colisée, est inauguré au niveau du rond-point des Champs-Élysées, entre l'avenue Matignon et la rue Jean-Mermoz, mais il ne tarde pas à péricliter car le public hésite à se rendre le soir dans ce quartier mal famé, et la compagnie qui exploite l'établissement fait faillite dès 1780. Les constructions sont démolies à l'exception d'un pavillon donnant sur le rond-point qui devient une sorte de guinguette sous le nom de Salon de Flore. Elle est vendue à son tour en 1823. Le terrain est loti et l'actuelle rue Jean-Mermoz est percée à l'emplacement de la naumachie.

Sous la Révolution française, la Convention nationale ordonne d'y édifier une statue de Jean-Jacques Rousseau mais ce projet n'est pas mis à exécution ; en revanche, un tertre de gazon y rappelle pendant quelques mois l'assassinat de Marat.

En 1817, un immense jet d'eau, baptisé « la Gerbe » est créé au centre du rond-point[1]. En 1828, une ordonnance royale prescrit d'y élever une statue de Louis XV mais la révolution de 1830 met un terme à ce projet. En 1831, on édifie au centre de la place un grand bassin, beaucoup moins politique, qui reste en place jusqu'en 1854[2] avant d'être enlevé comme gênant la circulation. En 1863, six petites fontaines disposées autour de l'ancien grand bassin sont érigées par Adolphe Alphand. En 1932, René Lalique y crée des jets d'eau en verre, démontés en 1958 à cause de leur fragilité, et remplacés par de nouveaux, conçus par Max Ingrand. Initialement en verre, ils sont rapidement remplacés par des copies en plastique, qui jaunissent au fil des années[3].

La place est devenue officiellement le « rond-point des Champs-Élysées-Marcel-Dassault » en 1991.

En 2017-2018, les six fontaines (mises hors service en 1998 à cause d'un système hydraulique défaillant et de dégradations commises lors de la célébration de la victoire de l'équipe de France de football à la Coupe du monde[3]) sont réhabilitées et transformées par les designers Ronan et Erwan Bouroullec, pour un coût de 2,5 millions d'euros. La restauration des bassins, prise en charge par le Qatar, s'élève à 4 millions d'euros[4].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

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Plaque du rond-point des Champs-Élysées.
  • No 1 : à l'emplacement de l'immeuble qui fait aujourd'hui l'angle avec l'avenue Franklin-D.-Roosevelt se trouvait la maison de Joseph Oller (1839-1922), entrepreneur de spectacles, d'origine catalane, propriétaire du bal Mabille, fondateur du Moulin Rouge, de l'hippodrome de Maisons-Laffitte, de l'Olympia, du Théâtre des Nouveautés et du parc d'attractions dénommé « Jardin de Paris », situé sur l'actuelle place du Canada. L'hôtel fut ensuite la propriété du baron Napoléon Gourgaud (1881-1944) et de la baronne, née Eva Gebhard (1876-1959), fille d'un riche banquier américain qu'il avait épousée en 1917. Ils y avaient accumulé une exceptionnelle collection de tableaux impressionnistes et modernes (dont une partie importante a été donnée par la baronne Gourgaud au musée national d'art moderne) ainsi que d'objets d'art. Le portrait de la baronne Gourgaud a été peint en 1923 par Marie Laurencin[5]. En 1925, le couturier Paul Poiret ouvrit à cette adresse une boutique-vitrine avec une entrée sur l'avenue Victor-Emmanuel-III (actuelle avenue Franklin-D.-Roosevelt). Lors de la création par le gouvernement du Front populaire du ministère de l'Économie nationale, ses services administratifs prirent à bail[6] cet immeuble, d’une superficie de 1 030 m2 et comportant trois étages, qui appartenait depuis 1931 à la Caisse des dépôts et consignations, pour y installer les services dont l’activité était orientée vers le contrôle et la réglementation des prix et des marchés[7]. Ces services restèrent dans cet immeuble malgré la suppression du ministère de l'Économie nationale dès 1937. Au cours de l’immédiat après-guerre, l’installation du personnel supervisant les prix fut en effet confirmée à cette adresse, à laquelle s'installèrent également du personnel du Comité national des prix créé à la fin de l’année 1947. Devenu direction générale deux ans plus tard, le service des Prix conserva encore quelques années son implantation sur le rond-point avant de rejoindre au début des années 1950 les nouveaux locaux du quai Branly[8]. L'immeuble abrite aujourd'hui la maison de couture Elie Saab.
  • No 2 : emplacement de l'hôtel meublé où mourut en 1864 le compositeur Giacomo Meyerbeer. La légation d'Italie s'y installa en 1867.
Les nos 1 et 3.
  • No 3 : hôtel d'Hautpoul. Construction de style homogène avec celle du no 1. Hôtel de M. Massion en 1910[9]. En 1938, le couturier Robert Piguet y ouvre un nouveau salon[10].
Les nos 4 et 6.
L'hôtel d'Espeyran au no 7.
  • No 7 : hôtel d'Espeyran. Hôtel particulier construit en 1888 en style néo-Louis XV par l'architecte Henri Parent[11] pour Félicie Durand (1819-1899), veuve de Frédéric Sabatier d'Espeyran (1813-1864), d'une riche famille de négociants et propriétaires originaires de Montpellier, qui s'installe à Paris avec leur fils Guillaume (1850-1938) après le décès de son mari. L'hôtel est ensuite habité par la comédienne Sophie Croizette (1847-1901), avant qu'elle ne quitte le théâtre[12],[13]. Abrite aujourd'hui le siège de la maison de ventes aux enchères Artcurial.
  • No 9 : hôtel du Rond-Point. Hôtel particulier construit en 1874 dans le style néo-Louis XV pour Félicie Sabatier d'Espeyran par l'architecte Henri Parent[14]. Le chiffre de la famille Sabatier d'Espeyran se lit sur les ferronneries des balcons. Cette construction a fait disparaître — ou, du moins, rendu complètement méconnaissable — le somptueux hôtel[15] que le duc de Morny avait fait construire dans les années 1840 dans le goût néo-Renaissance par les architectes Louis Moreau et Victor Lemaire pour sa maîtresse, la comtesse Le Hon (1808-1880). Acquis en 1861 par la Ville de Paris, en même temps que l'hôtel de Morny (voir le 15, avenue des Champs-Élysées), l'hôtel Le Hon est loué, entre 1866 et 1874, au chevalier Nigra, ambassadeur d'Italie en France. Le , il est acquis par Mme Sabatier d'Espeyran pour la somme d'un million de francs. Lors de la nouvelle création du ministère de l'Économie nationale à la fin de 1944, une partie de ses services administratifs louèrent les hôtels des nos 7 et 9[16], notamment une partie de la direction de la Coordination économique (no 9) et la direction de la Documentation et des Études économiques, devenue en avril 1946 direction du Plan et de la Documentation[8]. En , Marcel Dassault apprend que les deux immeubles des nos 7 et 9, sur un terrain de 3 000 m2 sont mis en vente par la famille Sabatier d'Espeyran. De premiers aménagements sont effectués par son ami l'architecte Georges Hennequin. Marcel Dassault souhaite disposer d'une vaste salle de réception, mais la désirant sans piliers, il est nécessaire d'effectuer des travaux neufs, ce qu'il préfère au demeurant. Aussi rachète-t-il successivement, le long de l'avenue des Champs-Élysées, l'hôtel de Morny puis l'immeuble suivant, abritant une brasserie alsacienne, une agence de voyages et des bureaux. Il peut ainsi faire agrandir l'hôtel du Rond-Point en doublant la construction en longueur le long de l'avenue, en 1962[17]. Cet agrandissement fait disparaître le petit hôtel que le duc de Morny avait fait construire pour lui-même (surnommé plaisamment à l'époque « la niche à Fidèle ») en 1844 et qui s'ouvrait sur les Champs-Élysées (voir le 23, avenue des Champs-Élysées). En respectant le style original de la façade, l'industriel peut ainsi disposer au rez-de-chaussée d'un salon de réception de style Louis XVI de 400 m2, de trois étages de bureaux où il installe son magazine Jours de France, et d'une salle de cinéma de 82 places en sous-sol[18]. La charpente de l'immeuble est réalisée en poutrelles métalliques recouvertes de pierre. La salle de réception ne comporte aucun pilier ; elle est soutenue par une poutre drapeau métallique de 57 tonnes. Sous le jardin intérieur, Marcel Dassault fait aménager un parking pouvant abriter 65 voitures, construit sans piliers afin d'éviter les accidents. L'immeuble abrite toujours le siège du groupe industriel Marcel Dassault. Le rez-de-chaussée est essentiellement constitué de salons de réception dont le premier est très directement inspiré du salon de la Princesse de l'hôtel de Soubise, rue des Francs-Bourgeois. Le grand escalier est décoré de panneaux de scènes de chasse peintes par Alfred de Dreux[19].
Les nos 12 et 14.
  • Nos 12-14 : hôtel Bamberger. À l'origine, l'hôtel particulier situé à cette adresse fut édifié pour le financier belge Henri Bamberger (1826-1910), directeur de la Banque de crédit et de dépôts des Pays-Bas et l'un des fondateurs de la Banque de Paris et des Pays-Bas, qui « avait installé dans ce palais tous les signes de sa fortune et l'infortune de sa singulière laideur […] Entre autres disgrâces, une difformité, qui l'avait fixé pour toujours dans l'attitude du chasseur prêt à tirer, lui avait fait donner, dans la société où il avait tenu à s'imposer, le sobriquet de Couche-en-joue. […] Il paraît qu'il avait jeté son dévolu sur une demoiselle Minnie David. Mais celle-ci préféra devenir Mme Paul Bourget. […] Finalement, Couche-en-joue fut agréé par Mlle de Moracin, fille du baron de Moracin, et cette alliance avec une catholique n'alla pas sans soulever maints commentaires […][20] ». M. Bamberger voulut faire don de son hôtel au Jockey Club de Paris lorsque celui-ci chercha un nouveau siège en posant pour seule condition d'y être admis, mais le cercle déclina hautement la proposition et s'installa rue Scribe. L'hôtel abrita ensuite le quotidien Le Figaro et l'Association des Français libres (1945-1957). Siège de la maison de couture Jean Dessès après 1958.
  • Théâtre du Rond-Point : son adresse exacte est le 2 bis, avenue Franklin-D.-Roosevelt.

Littérature

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Jean Béraud, Rond-Point des Champs-Élysées, vers 1880.

Dans À l'ombre des jeunes filles en fleur, l'écrivain Marcel Proust évoque un « chalet de nécessité » tenu sur le rond-point par une dame-pipi au titre de « marquise[21] ».

Bibliographie

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  • Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), Le Guide du patrimoine. Paris, Paris, Hachette, 1994Document utilisé pour la rédaction de l’article.
  • Félix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. VIIIe arrondissement, Paris, Hachette, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Notes et références

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  1. Andrée Jacob et Jean-Marc Léri, Vie et histoire du VIIIe arrondissement, Paris, Éditions Hervas, , p.28.
  2. Ou 1863 selon Jacob et Léri 1991, p. 288-.
  3. a et b Caroline Mangez, « Champs-Élysées, un rond-point 6 étoiles », Paris Match, semaine du 28 février au 6 mars 2019, p. 66-71.
  4. « Découvrez les futures fontaines du rond-point des Champs-Elysées », www.bfmtv.com, 7 avril 2017.
  5. Paris, collection du Centre Georges-Pompidou.
  6. Contrat de location daté du .
  7. Décret du , arrêté du .
  8. a et b « Un ministère dans la ville », www.minefe.gouv.fr (consulté le 28 février 2009).
  9. Rochegude 1910, p. 81.
  10. Dominique Paulvé, « Beauté intérieurs », Vanity Fair no 53, décembre 2017, p. 148-153.
  11. Alexandre Gady, Les Hôtels particuliers parisiens, Paris, Éditions Parigramme, , 327 p. (ISBN 978-2840967040), p.284.
  12. Selon le marquis de Rochegude (Rochegude 1910, p. 81), Sophie Croizette est morte au no 7 et c'est le no 9 qui a été habité par les d'Espeyran.
  13. Philippe Sorel, « L’hôtel Sabatier d’Espeyran La maison de ventes Artcurial », sur Paris-promeneurs.com
  14. Gady 2008, p. 312.
  15. Publié dans la Revue de l'architecture.
  16. Avant guerre, l’immeuble du no 7 avait déjà fait l’objet d’une demande de renseignements de la part du ministre de l'Économie nationale, selon une correspondance de la direction des Domaines du . À la fin de la guerre, le ministère conclut avec succès cette investigation.
  17. Selon d'autres sources, en 1970.
  18. Historique de l'hôtel particulier du 9, rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault, brochure ronéotypée offerte par le groupe Marcel Dassault aux visiteurs de l'hôtel du Rond-Point.
  19. Gady 2008, p. 147.
  20. André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens, Paris, Pierre Horay, 1953, p. 15-16.
  21. Julien Bisson et Estelle Lenartowciz, « Sur les traces des grands romans », Lire, mars 2017, p. 34-37.

Article connexe

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