Royaume de Galam

ancien royaume du Sénégal

Le royaume de Galam est un ancien royaume soninké de la vallée du fleuve Sénégal situé sur les deux rives de la Falémé aux confins des actuels Sénégal et Mali. Il est borné au nord par le Fouta, à l’est par le Bambouk, au sud et à l'ouest par le Boundou. Il finit aux chutes du Félou, où commencent les terres non explorées.

Royaume de Galam

VIIIe siècle – XIXe siècle

Description de cette image, également commentée ci-après
Carte du royaume de Galam, fait par l'abbé Boilat en 1853. Le territoire se situe au nord-est de l'actuel Sénégal.
Informations générales
Capitale Tuabo (capitale du Goye)
Makrana (capitale du Kaméra)
Langue(s) Soninké
Religion Islam
Histoire et événements
fin du VIIIe siècle Fondation

Entités suivantes :

Le royaume est dirigé par le groupe dynastique des Bathily, sans interruption pendant près d'un millénaire (VIIIe siècle-XIXe siècle).

Histoire modifier

Le terme Galam vient du wolof[1] et signifie or, probablement en rapport à la richesse minière du royaume dont l'économie tournait autour de l'orfèvrerie.

Le royaume du Galam a été fondé par le peuple des Soninkés qui se sont installés dans la région près des royaumes wolofs environnant. Le royaume fut créé pacifiquement sans lutte avec les indigènes.

Ces Soninkés portaient le nom de famille Bathily[2] qui a constitué la dynastie régnante pendant près d'un millénaire (VIIIe siècle-XIXe siècle), sous la forme d'une monarchie héréditaire : le plus proche parent du côté des femmes succède au roi défunt.

Le roi du Galam portait le titre de Bour ngalam (qui signifie roi en wolof). Le royaume vivait du commerce. Le Galam était l'un des royaumes qui pratiquaient le plus le commerce d'or. Il exploitait l'or à travers les mines d'or de la Falémé, mais vivait aussi de l'agriculture.

Le Galam fut un vassal de l'empire du Djolof et du Tekrour[3] et dut souvent se battre contre le royaume bambara du Kaarta.

Au XIXe siècle le Galam allait connaître une longue période d'anarchie qui allait le conduire à sa perte au moment de la colonisation française. À l'origine les colons français installés au Galam payaient tribut au tounka. Mais dans la famille régnante des Bathily la façon dont les colons payaient le tounka, notamment pour traverser le fleuve Sénégal qui traverse le Galam, a commencé à attiser des conflits, ce qui amena la guerre civile au Galam. Après la guerre, le Galam fut partagé en deux : l'État du Goye dont le chef résidait à Tuabo, et l'État du Kaméra résidait à Makhana dominé par les fils du chef, du nom de Bathily du Samba yacine[4]. L'État du Goye, plus proche du Fouta-Toro, prit parti pour la guerre sainte que menait le Toucouleur El Hadj Omar Tall au Soudan occidental, tandis que l'État du Kaméra prit parti pour le royaume bambara du Kaarta. Le royaume étant complètement divisé, les colons en profiteront pour annexer le royaume du Galam à la fin du XIXe siècle.

Population modifier

Un griot du Galam (planche de 1846)

Le royaume a toujours été musulman, mais de façon très superficielle. Seule la noblesse était islamisée, le reste de la population était demeurée païenne, mais par la suite tout le royaume fut islamisé, avec El Hadj Omar .

Diverses ethnies habitaient le Galam.

Au Galam la population était très concentrée sur les abords du fleuve Sénégal. La ville de Bakel est située sur l'ancien royaume du Galam.

Le fort Saint-Joseph de Galam (1698-1789) modifier

Fort Saint Joseph de Galam (1825)

À Saint-Louis du Sénégal tout le monde connaît l’histoire de ce fort et la fin tragique de ses occupants.

Le fort Saint-Joseph de Galam a été bâti une première fois en 1698, par M. de la Brue, explorateur et commissaire au bord du fleuve Sénégal, dans une région aux habitants réputés paisibles. Même si André Charles de Lajaille les verra perfides et cruels

Emplacement du fort à proximité de la rivière (in Nouvelle relation de l'Afrique occidentale de Jean-Baptiste Labat, 1728)
  • Le fleuve en crue l’a emporté en 1701.
  • Le deuxième fort Saint-Joseph est construit sur une petite élévation, mais en décembre 1702, les employés de la compagnie doivent se sauver de nuit sur des embarcations, en faisant sauter les munitions et en brûlant les marchandises, pourchassés par les noirs.
  • Un troisième fort est construit à nouveau par La Brue en 1714.
  • En 1722, le commissaire est tué et les paisibles Serracollets attaquent les autres employés.
  • On envisage alors d’en bâtir un autre sur une île. Le fort est abandonné à nouveau jusqu'en 1730.
  • Un chirurgien du fort est massacré par les noirs.(1736)
  • Ayuba Suleiman Diallo est enfermé au fort. Il sera libéré grâce à la mobilisation des marabouts de Dramanet et du Boundou qui .(1736)
  • Onze ans après, David, directeur-général de la compagnie du Sénégal fait construire une maison pour le futur commandant et restaurer le fort. La Brue revient.
  • Après lui un certain Aussenac réussit à gouverner jusqu'en 1758.
  • Mais, le gouverneur anglais chargé de le remplacer meurt des fièvres rapidement.
  • Le fort est inoccupé jusqu'en 1786 et l'arrivée de Rubault. Sa mort rapide et les actions de vandalisme contre le fort et la maison du Gouverneur les rendent indéfendable et inhabitable.
Le plan du fort

Ne nous y trompons pas sur le mot fort, il s'agit d'un emplacement de forme carré avec 4 quatre petits bastions et le nouveau commandant envoyé par Pierre André de Suffren[5],[6]. Un courrier de Rubaud à Durand, l'ancien directeur de la Compagnie au Sénégal écrit quelques mois avant l’attaque et le saccage précise que le fort est entièrement détruit, la maison que j'occupe est mauvaise. Il faut réédifier l'un et réparer l'autre. Les habitants pendant huit jours recherchent la dépouille du malheureux prédécesseur de Rubaud.

Aujourd'hui le fort st joseph est devenu la localité de Makhana toubaboukane au mali .

D'après son histoire le jeune Silma Ali Bathily a quitté le village de Makhalagaré pour s'installer à proximité du fort Saint Joseph , après le départ de la compagnie sénégalaise.

C'est par la suite que le village va devenir toubaboukane qui veut dire la maison des blancs en soninké.

Tentative d'établissement d'un protectorat dès 1787 modifier

Benoît de Rambaud (1787)

En 1787, l'idée de la Compagnie du Sénégal est de redévelopper l'activité du fort Saint-Joseph ce comptoir commercial au Galam, pour mieux organiser la traite des nègres et celle de la gomme, les deux objets principaux qui forment le commerce du Sénégal[7],[8], le nouveau commandant de la troupe du Sénégal, doit aussi établir une sorte de protectorat sur le royaume de Galam. Le but est de créer une base d'où partiraient des expéditions vers le centre de l'Afrique. La région 70 milles après Galam est inconnue des Européens[9] et les cartes de la région du fort de Podor à celui de Galam bien incomplètes. Goldbéry, par exemple, parle de 240 lieues au lieu de 350 dans la réalité pour aller de Saint-Louis à Galam. Le but est aussi de pacifier les Maures et faire des princes nègres des royaumes voisins des alliés de la France. La compagnie lui demande au gouverneur d’exploiter en grand les mines du pays de Bambouk[10]. Mais elle ne donne pas à Rambaud les moyens pour réaliser ses objectifs[11]. En 1787, ce commandant de la troupe du Sénégal, mari d'Agathe de Rambaud, et les Français qui l'accompagnent meurent sur le fleuve ou à l'hôpital de Saint-Louis en allant au fort Saint-Joseph de Galam.

XIXe siècle modifier

Au début du XIXe siècle, l'autorité du chef élu le tonka n'est plus reconnue, deux groupements antagonistes se forment, le Goye ou Bas-Galam à l'ouest de la Falémé, sous la protection des Bambaras, le Kaméra ou Haut-Galam avec l'aide du Royaume de Boundou[12].

Notes et références modifier

  1. Martin A. Klein et Abdoulaye Bathily, « Les Portes de l'Or. Le royaume de Galam (Sénégal) de l'ère musulmane au temps de negriers (VIIIe – XVIIIe siècle) », Canadian Journal of African Studies / Revue Canadienne des Études Africaines, vol. 24, no 2,‎ , p. 266 (ISSN 0008-3968, DOI 10.2307/485261, lire en ligne, consulté le )
  2. Pour ce paragraphe, voir le récit de Faidherbe, Notice sur la colonie du Sénégal et sur les pays qui sont en relation avec elle, Paris, A. Bertrand, 1859, p. 49-50
  3. Abdoulaye Bathily, Les portes de l'or: le royaume de Galam, Sénégal, de l'ère musulmane au temps des négriers, VIIIe – XVIIIe siècle
  4. Monique Chastanet, « De la traite à la conquête coloniale dans le Haut Sénégal : l'état Soninke du Gajaaga de 1818 à 1858 », Cahiers du C.R.A, no 5,‎ , p. 87-108 (ISSN 0291-2848, lire en ligne)
  5. « Benoît de Rambaud »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), doit recréer d'autres comptoirs fortifiés, établis à Kaignou près du rocher Felow, et sur la Félémé, qui ressortissaient au commandement de Galam
  6. Hume, David (1711-1776), Histoire d'Angleterre, Tome douzième
  7. Xavier de Golbéry, Fragmens d'un voyage en Afrique pendant les années 1785, 1786 et 1787
  8. « Benoît de Rambaud », sur Wiki Guy de Rambaud
  9. L’expédition de la Brue en 1698 n’est pas allée plus loin
  10. Soudan occidental
  11. Guy de Rambaud, Pour l'amour du Dauphin, p. 41
  12. François Zucarelli, De la chefferie traditionnelle au canton : évolution du canton colonial au Sénégal – 1855-1960, Cahiers d'Études africaines 50, Année 1973 pp. 213-238

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Abdoulaye Bathily, Imperialism and colonial expansion in Senegal in the nineteenth century. With particular reference to the economic, social and political developments of the kingdom of Gadiaga (Galam), Birmingham, Center of West African Studies, 1975, 517 p. (Thèse)
  • (fr) Abdoulaye Bathily, Guerriers, tributaires et marchands. Le Gajaaga (ou Galam) le “Pays de l’or”. Le développement et la régression d’une formation économique et sociale sénégalaise (VIIIe- XIVe siècle), Dakar, Université de Dakar, 1985, 3 vol. : 358 p. + 371 p. + 228 p. (Thèse d’État)
  • (fr) Abdoulaye Bathily, Les Portes de l'Or. Le royaume de Galam (Sénégal) de l'ère musulmane au temps de négriers (VIIIe – XVIIIe siècle)
  • (fr) Monique Chastanet, L’État du Gajaga de 1818 à 1858 face à l’expansion coloniale française au Sénégal, Paris, Université de Paris I, 1976, LXX-233 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Abdou Karim Tandjigora, Évolution économique du cercle de Bakel (1918-1946) , Université de Poitiers, 2001, 130 p. (Mémoire de DEA)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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