Rue Monsieur

rue de Paris, en France

La rue Monsieur est une rue du 7e arrondissement de Paris.

7e arrt
Rue Monsieur
Voir la photo.
La rue en 2023.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissement 7e
Quartier École-Militaire
Début 57 bis, rue de Babylone
Fin 14 ter-16, rue Oudinot
Morphologie
Longueur 204 m
Largeur 9,75 m
Historique
Ancien nom Rue Bigot
rue de Fréjus
Géocodification
Ville de Paris 6369
DGI 6442
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue Monsieur
Géolocalisation sur la carte : 7e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 7e arrondissement de Paris)
Rue Monsieur
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Situation et accès

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Longue de 204 m, elle part de la rue de Babylone et se termine rue Oudinot.

Le quartier est desservi par la ligne 13 à la station Saint-François-Xavier.

Origine du nom

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Cette voie est dénommée « rue Monsieur » en l'honneur du comte de Provence, frère de Louis XVI.

Historique

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Le comte de Provence.

Cette voie fut ouverte en 1778, sur la demande de Monsieur, par l'architecte Alexandre-Théodore Brongniart dans le cadre du lotissement d'un vaste terrain sur une partie duquel il avait édifié les écuries du comte de Provence, qui correspondaient à la partie des numéros impairs de la rue qui suivent le no 7. Les acquéreurs des différents lots avaient obligation de s'adresser à l'architecte pour faire construire leurs maisons.

La rue Monsieur a porté la dénomination de « rue Bigot » pendant la Révolution puis « rue de Fréjus » pendant le Consulat et le Premier Empire, en mémoire du débarquement opéré par Napoléon Bonaparte, alors général en chef de l'armée d'Égypte, le .

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

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No 3 : hôtel de Saint-Simon.
No 9.
  • L’avocat et écrivain François Gibault est né dans un hôtel particulier de la rue Monsieur, en 1932. En 2022, il habite toujours la rue[1].
  • No 7 : hôtel du XVIIIe siècle acheté en 1786 par Lefranc de Pompignan[2]. La façade sur la cour est décorée de bustes dans des niches circulaires. La romancière anglaise Nancy Mitford y habita au rez-de-chaussée pendant vingt ans[3].
  • No 8 : hôtel de Jarnac. Maison de rapport construite en 1784 par Étienne-François Legrand (l'architecte de l'hôtel de Galliffet) pour un certain Léonard Chapelle et louée aussitôt à Marie-Charles-Rosalie de Rohan-Chabot, comte de Jarnac. Il passe ensuite à divers propriétaires. Le comte de Villèle s'y installe en 1828, après avoir quitté la présidence du Conseil. En 1834, il est vendu au célèbre chirurgien Guillaume Dupuytren, qui y meurt l'année suivante. Sa fille Adélaïde (1812-1885), comtesse de Beaumont par son mariage avec Napoléon Louis Bonnin de la Bonninière de Beaumont (1808-1887), vend l'hôtel au prince Pierre Soltykoff qui le cède à son tour, en 1847, à la duchesse de Valençay, née Alix de Montmorency (1810-1858), qui s'y installe après avoir obtenu la séparation de biens d'avec son mari, Napoléon Louis de Talleyrand-Périgord, troisième duc de Talleyrand. À sa mort en 1858, l'hôtel est vendu et abrite successivement M. Galichon, le comte Chevreau d'Antraigues et Mme Georges Menier née « Simone » Camille Marie Legrand (1881-1972) à partir de 1934. D'un style néo-classique très pur, la façade sur cour comporte un péristyle ionique surmonté d'un attique tandis que la façade sur jardin porte trois demi-colonnes ioniques soutenant un fronton incurvé. À l'intérieur, le grand salon est rythmé par un alignement de demi-colonnes ioniques soutenant une corniche à modillons. Face aux trois portes-fenêtres sur le jardin, trois fausses baies en plein cintre sont garnies de glaces. Les dessus-de-porte sont ornés d'allégories des Quatre Éléments. Entre les colonnes placées sur les murs latéraux, des panneaux ornés d'arabesques sont identiques à ceux de la chambre de parade de l'hôtel de Galliffet. L'hôtel a été classé parmi les monuments historiques, avec ses dépendances et son jardin, par arrêté du . Il a été gravé par Krafft.
    • Plus récemment, l’hôtel appartient à la famille Menier puis à la famille Primat avant d’être racheté en 2022 par le milliardaire ukrainien Kostyantin Zhevago, pour la somme de 35,5 millions d’euros[4].
No 12 : hôtel de Bourbon-Condé.
No 15 : plaque en mémoire de Pierre Teilhard de Chardin.
  • No 20 : hôtel de Montesquiou. Hôtel particulier construit en 1781 par Brongniart pour Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac (1739-1798), premier écuyer de Monsieur. C'est grâce à sa protection que Brongniart obtint l'autorisation de percer la rue ; en contrepartie, l'hôtel de Montesquiou fut le premier à y être bâti. Après la mort de son premier propriétaire, l'hôtel passe à son fils, Pierre de Montesquiou Fezensac (1764-1834), grand chambellan de Napoléon Ier, dont la femme fut gouvernante du roi de Rome. L'hôtel est adjugé en 1851 aux Bénédictines de la rue Monsieur, qui viennent d'être expulsées du monastère du Temple où les avait installées leur fondatrice, Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé. C'est pour elles que l'architecte Clément Parent élève un cloître et une chapelle néogothiques[6]. En 1901-1902, l'écrivain Joris-Karl Huysmans habite dans l'hôtel un petit appartement sur cour, aujourd'hui disparu. À la suite de Huysmans, un nombre important d'intellectuels catholiques fréquente cette chapelle et ce monastère, qui deviennent « un haut lieu des lettres chrétiennes[7] ». Les religieuses sont alors connues sous le nom de « Bénédictines de la rue Monsieur ». Les constructions néogothiques sont rasées à partir de 1938, après acquisition par l'État, et remplacées en 1951 par l'actuel bâtiment administratif sur rue dû à l'architecte Martin. Les décors de l'hôtel ont en grande partie disparu, mais il subsiste toutefois un escalier avec rampe en fer forgé du XVIIIe siècle. Très remanié, l'hôtel n'a gardé de ses dispositions d'origine que sa façade sur le jardin, visible depuis le boulevard des Invalides. Après avoir longtemps abrité le ministère de la Coopération, il a été vendu par l'État français à un investisseur russe, puis l'ambassade de Chine en a fait l'acquisition. L'hôtel est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du .

Notes et références

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  1. Élise Karlin, « Les dîners très sélects de François Gibault, le biographe de Céline », Le Monde, 5 novembre 2022.
  2. Jacques Hillairet, Connaissance du Vieux Paris, Rivages, 1993.
  3. Annick Le Floc'hmoan, Ces extravagantes sœurs Mitford, Fayard, 2002, 360 p. (ISBN 9782213609294), p. 246.
  4. David Bensoussan, « Un milliardaire ukrainien, recherché par Kiev, se paye un prestigieux hôtel particulier à Paris », Challenges, 28 avril 2023.
  5. Alexandre Gady, Les Hôtels particuliers de Paris du Moyen Âge à la Belle Époque, Paris, Éditions Parigramme, 2008, 328 p. (ISBN 978-2840962137), p. 277.
  6. « Chronique religieuse », Journal des villes et des campagnes, 29 août 1855, sur RetroNews.
  7. L'expression est de Daniel-Rops, cité in Frédéric Gugelot, La Conversion des intellectuels au catholicisme en France, 1885-1935, CNRS Éditions, 1998, p. 56 sqq.

Annexes

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Article connexe

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Liens externes

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