Rue du Tourniquet-Saint-Jean
La rue du Tourniquet, également appelée rue du Tourniquet-Saint-Jean, est une ancienne voie de Paris qui était située dans l'ancien 9e arrondissement (actuel 4e arrondissement) et qui est supprimée lors de l'ouverture de la rue de Lobau en 1838.
Anc. 9e arrt Rue du Tourniquet-Saint-Jean
(fusionnée en 1838) | ||
Plan de la place de Grève, de l'Hôtel de Ville de Paris et des rues alentour avec les rues du Tourniquet et du Pet-au-Diable. | ||
Situation | ||
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Arrondissement | Anc. 9e | |
Quartier | Hôtel-de-Ville | |
Début | Rue du Martroi-Saint-Jean | |
Fin | Rue de la Tixéranderie | |
Historique | ||
Création | Avant 1300 | |
Ancien nom | Rue du Pet-au-Diable Rue au Chevet-Saint-Jean Rue du Cloître-Saint-Jean Rue du Sanhédrin |
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Géolocalisation sur la carte : Paris
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Origine du nom
modifierCette rue prit le nom de Tourniquet, en 1815, à cause d'un tourniquet qui était placé à l'angle de cette rue et de la rue du Martroi-Saint-Jean, jusqu'en 1823, pour empêcher le passage des voitures[1].
Situation
modifierSituée dans l'ancien 9e arrondissement, quartier de l'Hôtel-de-Ville, la rue du Tourniquet-Saint-Jean commençait aux 3-24, rue du Martroi-Saint-Jean et finissait aux 50-52, rue de la Tixéranderie[2].
La rue des Vieilles-Garnisons y accédait.
Les numéros de la rue étaient noirs[3]. Il y avait un seul numéro impair, le no 1, et le dernier numéro pair était le no 4.
Historique
modifierDu Moyen Âge au début du XIXe siècle
modifierInitialement, elle portait le nom singulier de « rue du Pet-au-Diable », sans que l'on en connaisse exactement l'étymologie.
Sauval dit que ce nom lui a été donné en raison d'une tour carrée qui se nommait autrefois « la Synagogue », « le Martelet Saint-Jean », « le vieux temple et l'hôtel du Pet-au-Diable », par dérision pour les juifs qui y avaient une synagogue[4].
D'autres croient que cette tour et cette maison étaient possédées par un nommé Petau, surnommé le Diable à cause de sa méchanceté[3].
Elle est citée dans Le Dit des rues de Paris de Guillot de Paris sous le nom « ruele » dans les rimes plates :
En une ruele tournai
Qui de Saint-Jehan voie a porte…
Balzac la décrit sombre, sale et très étroite au début de Une double famille : « La rue du Tourniquet-Saint-Jean, naguère une des rues les plus tortueuses et les plus obscures du vieux quartier qui entoure l’Hôtel-de-Ville, serpentait le long des petits jardins de la Préfecture de Paris et venait aboutir dans la rue du Martroi, précisément à l’angle d’un vieux mur maintenant abattu. »
On la trouve aussi appelée « rue au Chevet-Saint-Jean » et « rue du Cloître-Saint-Jean » en raison qu'elle longeait le chevet de l'église Saint-Jean-en-Grève. Elle est d'ailleurs citée sous le nom de « rue du Cloistre Saint Jehan » dans un manuscrit de 1636.
Une décision ministérielle du 28 brumaire an VI (), signée Letourneux, fixe la moindre largeur de cette voie publique à 6 mètres.
Elle prit ensuite, en 1807, le nom de « rue du Sanhédrin », parce que le Grand Sanhédrin convoqué par Napoléon Ier y tint ses séances dans une salle de l'hôtel de ville de Paris dont l'accès se faisait par cette rue[1].
Le , le ministre de l'Intérieur, Jean-Baptiste Nompère de Champagny, écrit à ce sujet au préfet de la Seine, Nicolas Frochot :
« Je vois avec plaisir qu'il se présente une occasion de changer le nom trivial et barbare de la rue du Pet-au-Diable, et j'applaudis à l'idée que vous avez eue de lui donner le nom de rue du Sanhédrin. Signé Champagny. »
En 1815, elle prit le nom de « rue du Tourniquet » car un tourniquet était placé à l'angle de cette rue et de la rue du Martroi-Saint-Jean pour empêcher le passage des voitures[4],[3].
Suppression de la rue (années 1830)
modifierEn 1838, lors des travaux de restauration et d'agrandissement de l'hôtel de ville de Paris et la restructuration du quartier et des rues alentour, la rue Tourniquet-Saint-Jean est fusionnée dans une nouvelle voie.
Le ministre de l'Intérieur, Camille Bachasson, comte de Montalivet, fait rapport au roi le 14 décembre 1838 d'une demande du préfet de la Seine, Claude Philibert Barthelot de Rambuteau :
- « Plusieurs des rues qui entourent l'hôtel de ville de Paris portent des noms bizarres et insignifiants, M. le préfet de la Seine pense qu'il conviendrait de profiter de la reconstruction de ce monument pour changer ces noms, et y substituer ceux d'hommes qui ont rendu d'éminents services à la ville de Paris, ou contribué à son embellissement. Parmi eux, on doit distinguer surtout l'illustre guerrier que la France vient de perdre, qui pendant huit ans a commandé la garde nationale de Paris avec tant de zèle et de succès, et dont le souvenir glorieux se liera désormais à l'histoire de cette ville.
Le préfet demande que le nom de Lobau soit donné à la rue bordant la façade orientale de l'hôtel de ville, et formée des trois rues actuellement dénommées Pernelle, de la Levrette et du Tourniquet. »[5]
Le roi accepte le jour même que la nouvelle voie soit dénommée rue de Lobau[5].
Le , le ministre de l'Intérieur écrit au préfet de la Seine pour l'en informer dans ces termes :
« Monsieur le préfet, vous avez proposé de profiter du moment où l'on s'occupe de restaurer et d'agrandir l'hôtel de ville, pour changer les noms bizarres et insignifiants que portent plusieurs des rues qui entourent ce monument et y substituer ceux d'hommes qui ont rendu d'éminents services à la ville, ou contribué à son embellissement, et parmi lesquels vous placez au premier rang l'illustré commandant de la Garde nationale, dont Paris et la France entière déplorent si vivement la perte. D'après le compte que j'en ai rendu au roi, sa majesté a décidé, le 14 de ce mois, que le nom de Lobau serait donné à la rue bordant la façade orientale de l'hôtel de ville, et formée des trois rues actuellement dénommées Pernelle, de la Levrette et du Tourniquet. »
Notes et références
modifier- Edgar Mareuse, « Le Dit des rues de Paris (1300), préface, notes et glossaire de Mareuse », sur Wikisource, , p. 72.
- Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 34e quartier « Hôtel de Ville », îlot no 19, F/31/89/26, îlots nos 20 et 21, F/31/89/27.
- Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris, 1817.
- Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments.
- Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris : Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), (lire en ligne), « Rapport au roi du ministre de l'intérieur du 14 décembre 1838 », p. 157.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Jacques-Maximilien Benjamin Bins de Saint-Victor, Tableau historique et pittoresque de Paris, Paris, Lesage, vol. 2, p. 477.
- Pierre Borel, Dictionnaire des termes du vieux françois ou Trésor de recherches et antiquités gauloises et françoises, Paris, A. Courbé, 1655 [1].
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit.
- Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.
- Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris, 1817.
- Dominique Jarassé, Guide du patrimoine juif parisien, Parigramme, 2003.