Sécheresse d'Aoyate

La sécheresse d'Aoyate était une sécheresse météorologique aiguë qui, selon la tradition Turkana, a affecté une grande partie de la région de la vallée du Rift au Kenya à la fin du 18e siècle ou au début du 19e siècle[1],[2].

Sécheresse d'Aoyate
Géographie
Pays Kenya
Vulnérabilités
Environnement Forêts, faune, flore, qualité de l'eau
Biens Bâtiments
Économie Agriculture, élevage
Événements historiques

Appellation modifier

Le mot aoyate vient de la langue turkana et signifie temps sec long. C'est le mot que les Turkana utilisent pour décrire cette période sèche de leur histoire[1].

Périodisation modifier

En 1988, Lamphear a noté que les calculs chronologiques basés sur le système d'âge Turkana suggéraient une date à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle. Il note que les traditions de sécheresse concurrentes suggérées dans la reconstruction chronologique des communautés voisines indiquent que la sécheresse a affecté une grande partie de la région de la vallée du Rift[1].

Les enregistrements des niveaux d'inondation du Nil remontent au VIIe siècle apr. J.-C. et une analyse des modèles d'inondation et une comparaison avec les niveaux d'eau du lac Tchad ont révélé une corrélation entre le débit élevé du Nil et des précipitations plus importantes en Afrique de l'Est équatoriale. L'analyse des niveaux de crue du Nil indique une dépression mineure pour la période 1800 à 1830, celle-ci a été précédée d'une dépression élève au cours des années 1725 à 1800 et a été suivie d'une « dépression élevé qui a duré entre 1830 et 1870[3].

Des études en Éthiopie par Pankhurst ont indiqué des famines majeures en 1880-1881, 1835 et en 1829. Ces études sont importantes dans la mesure où le pays éthiopien borde l'actuel comté de Turkana. Pendant ce temps, les historiens de Samburu interrogés par Straight et al. (2016) déclarent que les Samburu se sont séparés d'une société connue sous le nom de Burkineji à la suite du Mutai des années 1830[4]. Selon un Samburu Laibon interviewé par Fratkin en 2011, la tranche d'âge Sambur 'Il Kipkeku' était des guerriers pendant la période vers 1837-1851[5].

Les divers récits, archives et rapports indiquent ainsi une longue période sèche commençant vers 1800, apparemment culminant avec une période intensément aride au milieu des années 1830. Cela serait conforme à la mention de Krapf en 1860 d'une grande famine de 1836[6].

Prélude modifier

Il existe un certain nombre de traditions orales de diverses communautés dans une grande partie de l'Afrique australe qui indiquent que la région a connu une baisse des niveaux de précipitations aux environs de 1800 à 1830. Cela a vu l'assèchement progressif des lacs, des rivières et des sources, un phénomène observé par un employé de la Compagnie des Indes orientales dans les années 1820 qui a noté;

« ...dans de nombreuses parties de l'intérieur du pays, les sources et les ruisseaux s'assèchent et les pluies annuelles deviennent plus rares et irrégulières. Le voyageur rencontre souvent des maisons et des fermes qui ont été abandonnées par leurs propriétaires à cause d'un manque permanent dans l'approvisionnement en eau dont ils jouissaient autrefois. »

— Cité dans Clifton Crais, Poverty, War, and Violence in South Africa[7]

Effets de la sécheresse modifier

Capacité de charge réduite pour le bétail modifier

La sécheresse a décimé les troupeaux des Chemwal, que l'on croyait être des croisements Sanga à bosse cervico-thoracique, entraînant la désintégration de la communauté[2].

Famine modifier

Selon le folklore Sengwer, « il est devenu sec et il y avait une grande faim. Les Siger sont partis vers l'est jusqu'à Moru Eris, où la plupart d'entre eux sont morts de chaleur et de faim. Tant de gens sont morts qu'il y a encore là-bas un endroit appelé Kabosan (l'endroit pourri). »[1]

Guerre modifier

Une guerre à grande échelle éclata entre les Turkana et les Chemwal. Des bandes de guerriers Turkana ont forcé certains Chemwalin vers le nord jusqu'à la tête du lac Turkana où ils ont formé la section Inkabelo de la communauté Dassanech en développement. D'autres Chemwalin ont été repoussés sur les collines de Suk, au sud pour être incorporés par les Chok, ce qui a conduit à la montée du clan rituellement important Kachepkai tandis que d'autres ont encore été assimilés par les Turkana où certains sont devenus un nouveau clan connu simplement sous le nom de Siger. Le Turkana victorieux a pris possession des pâturages et des ressources en eau de Moru Assiger.

Migration de masse modifier

D'autres Chemwalin ont été forcés d'abandonner leurs demeures des hautes terres et ont fui vers l'est où ils se sont heurtés à des conditions encore plus sèches et un grand nombre sont morts[1].

Conséquences modifier

L'Aoyate a détruit la vie et les moyens de subsistance de nombreux habitants de la région de la vallée du Rift.

Références modifier

  1. a b c d et e Lamphear, « The People of the Grey Bull: The Origin and Expansion of the Turkana », The Journal of African History, vol. 29, no 1,‎ , p. 32–33 (DOI 10.1017/S0021853700035970, JSTOR 182237)
  2. a et b Katsuyoshi Fukui et John Markakis, Ethnicity & Conflict in the Horn of Africa, Oxford, James Currey Publishers, (ISBN 9780852552254, lire en ligne Inscription nécessaire), 67
  3. Hassan, « Historical Nile Floods and their Implications for Climatic Change », Science, vol. 212, no 4499,‎ , p. 1142–1145 (PMID 17815224, DOI 10.1126/science.212.4499.1142, JSTOR 1685400)
  4. Straight, Lane et Hilton, « "Dust people": Samburu perspectives on disaster, identity, and landscape », Journal of Eastern African Studies, vol. 10, no 1,‎ , p. 179 (DOI 10.1080/17531055.2016.1138638, S2CID 147620799)
  5. Elliot M. Fratkin, Laibon: An Anthropologist's Journey with Samburu Diviners of Kenya, Smith College, Rowman Altamira, (ISBN 9780759120679, lire en ligne), p. 20
  6. Ludwig Krapf, Travels, researches, and missionary labours, during an eighteen–year residence in Eastern Africa, London, Trübner and co., (lire en ligne), 142
  7. Clifton Crais, Poverty, War, and Violence in South Africa, Cambridge, Cambridge University Press, , 75–76 p. (ISBN 9781139503563)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier