Sécurité militaire (Algérie)
La Sécurité militaire, plus connue sous le sigle SM, est le service de renseignement de l'Algérie de 1962 à 1990, s'inspirant grandement du schéma de fonctionnement des services du bloc de l'Est ; elle avait déjà un statut militaire du fait qu'elle est l'héritière du ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG) d'Abdelhafid Boussouf. Après une première réorganisation en , la SM a été réorganisée une nouvelle fois le , prenant le nom du Département du renseignement et de la sécurité (DRS).
Sécurité militaire (SM) | ||||||||
Création | 1962 | |||||||
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Disparition | 1990 | |||||||
Siège | Dely Ibrahim, Alger Algérie |
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Effectifs | Classifié | |||||||
Activité(s) | Renseignement | |||||||
Direction | Kasdi Merbah de 1962 à 1979 (Directeur central) | |||||||
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Histoire
modifierAprès la chute d'Abdelhafid Boussouf le fondateur du ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG) qui est le service de renseignement de l'Armée de libération nationale (ALN) durant la guerre d'indépendance, les hommes du MALG qu'on appelle les « Boussouf boys » ou les « MALGACHES »[1] formés par Boussouf, vivront des mois dans l’incertitude et le désarroi dès l'indépendance du pays. Frappant à toutes les portes pour se reclasser, ils connaîtront rebuffades et exactions. Récupérés par le colonel Boumédiène qui les a intégré dans son nouveau dispositif du service de renseignements réorganisé en septembre 1962 sous le nouveau nom de la « Sécurité militaire », ils en feront de Boumédiène leur nouvelle idole et le serviront avec loyauté et dévouement. En retour ils bénéficieront de la stabilité et de l'impunité[2].
Le colonel Boumédiène nomme à la tête de la Sécurité militaire en , un « Boussouf boys » Abdallah Khalef connu sous le surnom de guerre Kasdi Merbah ancien chef du MALG, il appartient également à la première promotion des cadres des militaires formés à Moscou sous le nom « Tapis rouge » dans les écoles du KGB. À ce titre il deviendra entre 1962 et 1979 le patron incontesté de la Sécurité militaire, colonne vertébrale du régime affiliée au ministère de la Défense nationale[3].
Mission de la SM
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Le , avec l'aide de sa Sécurité militaire le colonel Boumédiène renverse le président Ben Bella, au terme duquel il devient le nouveau président de la République algérienne.
Après le coup d'état, la SM deviendra la principale force d'intervention. Par ses fameux cellules BSP les (Bureaux de sécurité et de prévoyance) qui deviendra l'œil de l'État-FLN avec ces agents ils pénètrent alors l'administration, la police, le FLN, les médias, les entreprises d'État, tout en assurant l'organisation de l'espionnage et du contre-espionnage et la supervision d'un réseau d'indicateurs pour tester la population à l'égard du régime. La SM s'attache aussi à lutter contre les communistes et la gauche du FLN-pour contrôler les syndicats dont l'UGTA, le mouvement étudiant et l'Union des femmes (1965-1967), puis contre les partisans du colonel Tahar Zbiri (chef d'État-major de l'ANP qui tenta un putsch en 1967) et de Krim Belkacem (l'un des dirigeants historiques de l'insurrection). L'épuration de la résistance intérieure, jusqu'alors limitée, s'amplifia. La SM en profitera pour récupérer d'anciens cadres des wilayas, comme elle l'avait fait avec le FFS et le PRS, et en fit des agents, ce qui décupla son efficacité. Mais il faut souligner que cela concerne essentiellement les anciens maquisards qui persistaient à croire, malgré leurs déconvenues, qu'ils n'était de changement possible qu'avec le soutien des appareils et de l'armée[4].
À mesure qu'elle élargira son champ d'activité, la SM résistera à toute ingérence et tendra à échapper à toute autorité. Sa tendance à se mettre au-dessus des lois finira même par inquiéter les chefs de l'armée. C'est ainsi que le colonel Abdelhamid Latrèche, secrétaire général du ministère de la Défense, tentera, mais en vain, de leur opposer, dans les années 1970, un autre appareil sous la direction de Mohammed Touati. Le président Boumédiène lui-même devra, pour la faire rentrer dans le rang, la mettre en compétition avec la DGSN (Direction générale de la Sûreté nationale), dépendant du ministère de l'Intérieur et dirigée d'abord par Ahmed Draïa, puis par El Hadi Khediri.[réf. souhaitée]
L'équilibre sur lequel repose le pouvoir de Boumédiène entre dans une phase nouvelle. L'exacerbation des contradictions économiques et sociales provoque une grave crise d'autorité, liée à un mouvement de résistance passive de la société. Les campagnes contre « les spéculateurs » et « les féodaux », « les complots de l'impérialisme » ne suffisant plus, la SM s'active à préparer une machination pour démontrer que les opposants projettent d'en finir avec le socialisme[4].
Années 1980 et l'ouverture démocratique
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Liquidation des opposants par la Sécurité militaire
modifierL'assassinat de Mohamed Khider
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Dirigeants
modifierCi-dessous la liste des chefs qui ont dirigé la Sécurité militaire :
- Kasdi Merbah (1962-1979)
- Noureddine Yazid Zerhouni (1979-1981)
- Lakehal Ayat (1981-1987)
- Mohamed Betchine (1987-1988)
- Mohamed Mediène (1988-1990)(Département du renseignement et de la sécurité) nouvelle appellation après 1990)
Notes et références
modifier- À ne pas confondre avec les malgaches qui sont les habitants de l’île de Madagascar
- Historia magazine Guerre d'Algérie, Déjà Boumédiène songe au pouvoir, no 311, pp : 2373. 1973
- Mohammed Harbi, « Le Système Boussouf », dans le Drame algérien. Un peuple en otage, Paris, La Découverte, 1995, p. 88-89, (ISBN 9782707124722).
- Mohamed Sifaoui : Histoire secrète de l'Algérie indépendante - L’État DRS, nouveau monde éditions, 2012, (ISBN 2-84736-642-3)
Annexes
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier- Bonnes feuilles, Le système Boussouf, par Belaïd Abane. TSA, 7 novembre 2015.
- Voilà comment sont nés les services secrets algériens… Entretiens avec le colonel Ali Hamlet, alias Elhadi Yahia, réalisé par Mohamed Chafik Mesbah et publié en 2 parties par le quotidien Le Soir d'Algérie des 23 et :
- Saphia Arezki, « Un demi-siècle d’histoire du renseignement algérien », Afrique contemporaine, vol. N° 260, no 4, , p. 78–82 (ISSN 0002-0478, DOI 10.3917/afco.260.0078, lire en ligne, consulté le )