Alice Domon
Alice Domon (née le à Charquemont, Doubs et morte en ) est une religieuse française (en religion sœur Caty), disparue pendant la dictature militaire en Argentine.
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture |
Iglesia Santa Cruz, Buenos Aires (d) (depuis le ) |
Nom de naissance |
Alice Anne-Marie Jeanne Domon |
Nationalité | |
Activité |
Religieuse catholique |
Biographie
modifierAlice Domon est née le à Charquemont, dans le Doubs. Elle entre dans les ordres en 1957 dans la congrégation des Sœurs des Missions Étrangères de Notre-Dame de La Motte.
Elle commence sa mission de religieuse en Argentine en 1967. Travaillant comme femme de ménage puis comme ouvrière agricole, elle s'occupe d'abord d'enfants handicapés sous le nom de sœur Caty[1].
En 1977, elle vit dans un bidonville de Buenos Aires où elle soutient le combat des Mères de la place de Mai. Elle recherche avec elles les disparus victimes de la dictature de Videla en frappant à toutes les portes : tribunaux, commissariats, ministères. Selon les organisations des droits de l’homme[Lesquelles ?], cette dictature militaire, du au , a fait 15 000 fusillés, 9 000 prisonniers politiques, ainsi que 30 000 disparus et 1,5 million d'exilés sur une population de 32 millions d'habitants[2].
Alice Domon est enlevée le dans l’église de Santa-Cruz à Buenos Aires avec onze autres membres du mouvement des Mères de la place de Mai. Deux jours plus tard, Léonie Duquet, autre religieuse française originaire du Doubs, est enlevée chez elle, à Ramos Mejía (banlieue sud de Buenos Aires).
Elles sont alors internées à l'École supérieure de mécanique de la Marine (ESMA), le plus grand centre de torture argentin. Le réseau avait en fait été infiltré par le capitaine Alfredo Astiz, dit l’« Ange blond de la Mort » qui se faisait passer pour le frère d'un enlevé, et pour qui Alice avait beaucoup de sympathie[3].
Le 17 ou , après avoir été torturées pendant environ dix jours (on les a vues encore vivantes le dans le camp de rétention de l’ESMA), elles sont sédatées au penthotal, embarquées pour l'aéroport et jetées depuis un avion dans la mer au large de Santa Teresita (es), à l'embouchure du Rio de la Plata[4].
À l’inverse de Léonie Duquet, le corps d’Alice Domon n'a jamais été retrouvé. L’ex-capitaine Astiz a été condamné en France par contumace, en 1990, à la prison à perpétuité pour l’enlèvement et le meurtre de ces deux religieuses. Le , la justice argentine l'a, à son tour, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
La mairie de Paris a décidé en 2005 d’attribuer le nom d’une rue à Alice Domon et Léonie Duquet (la rue Alice-Domon-et-Léonie-Duquet). Cette rue est située dans le 13e arrondissement.
Cinéma
modifier- Un documentaire consacré à Alice Domon a été réalisé en 1998 : Yo, sor Alice, d'Alberto Marquardt.
Bibliographie
modifier- Diana Beatriz Viñoles, Lettres d’Alice Domon : Une disparue d’Argentine, Paris, Karthala, coll. « Signes des Temps », , 192 p. (ISBN 978-2-8111-1611-8)
- Gabriel,. Etchebarne, Sur les pas des disparus d'Argentine (1976-1983), Paris, Editions Karthala, impr. 2015, cop. 2015, 178 p. (ISBN 978-2-8111-1333-9 et 2-8111-1333-9, OCLC 905973431, lire en ligne)
- Frédéric Santangelo, Se taire serait lâche, Editions du Panthéon, décembre 2021, 478p. (ISBN 978-2-7547-5714-0)
Références
modifier- Tristan Mendès France, Gueule d'Ange, Éd. Favre, , p. 32.
- José Del Pozo, Histoire de l'Amérique latine et des Caraïbes, de 1825 à nos jours, Septentrion, , p. 259.
- France Inter, Histoires sensibles,
- (es) Marcelo López Cambronero, Feliciana Merino Escalera, Francisco : el Papa manso, Grupo Planeta, , p. 41.