Sūkyō Mahikari

religion japonaise fondée en 1959

Sūkyō Mahikari (崇教真光, Organisation supra-religieuse de la véritable lumière?) est une nouvelle religion japonaise (Shinshūkyō), considérée comme mouvement sectaire en France[1],[2], fondée en 1959. Son siège se trouve à Takayama dans la préfecture de Gifu. Elle est aussi présente en Afrique[3].

Siège de Sūkyō Mahikari à Takayama (préfecture de Gifu).
Siège de Sūkyō Mahikari à Takayama.
Siège de Sūkyō Mahikari à Takayama.

Histoire modifier

La première organisation de Mahikari est fondée par Kôtama Okada le à Tokyo, pour promouvoir la pratique de l’« art de Mahikari ». Okada appelle initialement son organisation L.H. Yōkōshi Tomo no Kai (L・H 陽光子友乃会, Association de l'Amitié des Enfants de la Lumière du Soleil Chanceux et en Bonne Santé?), puis change son nom pour Sekai Mahikari Bunmei Kyōdan (世界真光文明教団, Église de la Civilisation Mondiale de la Vraie Lumière?)[4].

En 1962, Kōtama Okada prétend avoir reçu une révélation selon laquelle une partie de son rôle divin serait d'établir une nouvelle civilisation, qu'il appelle yōkō bunmei (陽光文明, civilisation de la lumière radieuse?). Il décrit une période de purification tant pour les individus que pour la terre, qu'il appelle hi no senrei (baptême du feu?) et prédit que les températures de la terre augmenteront, tandis que le nombre des catastrophes naturelles et d'origine humaine augmentera par un processus de renouvellement jusqu'à ce que la civilisation de la lumière radieuse soit établie[4]. Tout en ne prédisant pas d'événement cataclysmique qui détruirait la terre, Mahikari enseigne que 1962 est le début d'une nouvelle ère qui sera une période de destruction (破壊 (hakai?)) ou de renouveau (世直し (yonaoshi?)) en fonction des actions des individus et des sociétés[4]. Seuls les adeptes de l'organisation pourront y survivre[5][réf. à confirmer]. L'organisation pratiquerait la technique de « l'offrande participative » : chaque adepte peut faire une offrande à l'organisation afin de laver ses péchés. Les discours des missionnaires de Mahikari disent ainsi : « plus on fait d'offrandes, plus on compense ses impuretés »[6].

Mahikari s’est répandu à partir de Tokyo dans tout le Japon. Elle s'implante pour la première fois à l'étranger, à Paris en [7],[8] puis dans d'autres villes à travers le monde dans les années 1970[9].

À la mort de Kôtama Okada, le , un conflit oppose sa fille adoptive, Keishu Okada (岡田恵珠?) (née en 1929), qui se positionne comme le nouveau guide spirituel, à un directeur senior de l'organisation, Sakae Sekiguchi (関口榮?) (1909-1994). Sekiguchi conserve le nom de Sekai Mahikari Bunmei Kyōdan et est rejoint par environ cent mille membres dans le monde. De son côté, Keishu Okada fonde la Sūkyō Mahikari en 1978[4].

En France, Sūkyō Mahikari est classée en 1995 par la Commission d'enquête parlementaire sur les sectes en France comme « mouvement sectaire »[1].

Le , Kôô Okada, qui était le guide spirituel suppléant depuis le , devint le troisième guide spirituel (Oshienushi).

Sūkyō Mahikari participe, avec d'autres nouvelles religions, au lobby d'extrême-droite Nippon Kaigi fondé en 1997[10].

Développement et finances en France modifier

En 1995, l'Assemblée nationale française dans sa Commission d'enquête sur les sectes dénombre entre 15 000 et 20 000 adeptes de l'organisation en France et environ 500 000 dans le monde[11].

Selon un second rapport de l'Assemblée nationale en 1999 sur la situation fiscale des sectes, Sukyo Mahikari aurait en 1999 un actif net comptable de 60 millions de francs et des recettes d'un montant de 15 millions de francs[6]. Une partie de ces recettes provient des dons des adeptes. Selon ce même rapport, l'organisation aurait reçu de la part de ses membres en 1996 9,7 millions de francs[6],[12].

L'organisation disposerait de comptes très précis dans chaque pays où elle est implantée, lui permettant de juger de la générosité de ses adeptes presque en temps réel. Une autre de ses sources de revenus est la société LH France, dont elle est propriétaire. Son patrimoine immobilier représenterait, selon l'Assemblée nationale, plusieurs dizaines de millions de francs en 1999[citation nécessaire][6].

Rites modifier

Les rites principaux de Sūkyō Mahikari concernent le principe de purification en vue du salut. Parfois, la purification se fait par imposition des mains[13].

En Belgique modifier

En 1997, Sūkyō Mahikari a fait l'objet d'enquêtes judiciaires en Belgique[14].

Notes et références modifier

  1. a et b Assemblée nationale, RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE (1) SUR LES SECTES 20 décembre 1995
  2. Frédérique Louveau, « La taupe et le microscope. Variations méthodologiques d’une ethnologie comparée d’une « nouvelle religion japonaise » en France et en Afrique », Journal des anthropologues [En ligne], 98-99 | 2004, mis en ligne le 22 décembre 2010.
  3. Frédérique Louveau (préf. Georges Balandier), Un prophétisme japonais en Afrique de l'Ouest. Anthropologie religieuse de Sukyo Mahikari (Bénin, Côte d'Ivoire, Sénégal, France), Paris, Karthala, , 504 p. (ISBN 978-2-8111-0615-7, lire en ligne).
  4. a b c et d (en) Gregory Wilkinson (dir.), Handbook of East Asian New Religious Movements, Brill, , 636 p. (ISBN 978-90-04-36205-5, lire en ligne), chap. 11 (« Sūkyō Mahikari »)
  5. Frédéric Antzorn, « Sukyo Mahikari : La secte d'Asembourg dans le collimateur de la justice belge ? », Le Républicain Lorrain,‎
  6. a b c et d Jacques Guyard et Jean-Pierre Brard, « Rapport sur la SITUATION FINANCIERE, PATRIMONIALE et FISCALE des SECTES, ainsi que sur leurs ACTIVITES ECONOMIQUES et leurs RELATIONS avec les MILIEUX ECONOMIQUES et FINANCIERS », sur Assemblée nationale,
  7. Human Rights Without Frontiers, Sukyo Mahikari/ Belgium (2003); Un prophétisme japonais en Afrique de l'ouest: anthropologie religieuse de Sukyo Mahikari (Bénin, Côte d'ivoire, Sénégal, France) (2012)
  8. le site de Sukyo Mahikari Afrique
  9. Bibliography of Japanese New Religious Movements
  10. Thierry Guthmann, « Religion et nationalisme dans le Japon contemporain : les nouveaux mouvements religieux au sein de la Conférence du Japon », Monde chinois, vol. 42, no 2,‎ , p. 74 (ISSN 1767-3755 et 2271-1929, DOI 10.3917/mochi.042.0074, lire en ligne, consulté le )
  11. Jacques Guyard, « Commission d'enquête sur les sectes », sur Assemblée nationale,
  12. Gilles Gaetner, « L'argent caché des sectes », sur L'Express,
  13. P. Swift, Touching conversion: Tangible transformations in a Japanese new religion, Journal of Ethnographic Theory 2.1 (2012)
  14. A. Lallemand, "LA SECTE QUI A EMPOISONNE VERVIERS... SE MEURT", "LES MILLIARDS DE MME KEISHU OKADA PLACES AU JAPON", "DUTROUX, "OUTIL DIVIN ..."", Le Soir 24/12/1997.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Marcel André : Nos sociétés secrètes et associations: Templiers, Franc-Maçonnerie, Rose-Croix, Martinistes, Mahikari, Méditation transcendantale, 1986.
  • Denis Andro : Représentations, pratiques et fonctions de la secte Mahikari. Son influence en milieu antillais dans la région parisienne, Mémoire de maîtrise de sociologie, sous la direction de Michel Samuel, Université Paris VIII, 1989.
  • Denis Andro : "Se purifier en banlieue (une secte face au désordre)", Journal des Anthropologues n°49, automne 1992.
  • Laurence Bernard-Mirtil, Sukyo Mahikari : une nouvelle religion venue du Japon, Trignac, Ed. Bell Vision, Trignac, , 176 p. (ISBN 2-913208-00-2) (mémoire de DEA, INALCO, ).
  • Frédérique Louveau (préf. Georges Balandier), Un prophétisme japonais en Afrique de l'Ouest. Anthropologie religieuse de Sukyo Mahikari (Bénin, Côte d'Ivoire, Sénégal, France), Paris, Karthala, , 504 p. (ISBN 978-2-8111-0615-7, lire en ligne).
  • Frédérique Louveau, Sukyo Mahikari et la quête du bonheur : un mouvement religieux japonais en Afrique de l’Ouest et en France, Religioscope, (lire en ligne), chap. 10
  • Denis Andro : "Le désenchantement des initiés. À propos des blogs d'anciens adeptes de Mahikari", Critica Masonica n°9, . Version remaniée dans Mouvements religieux, bulletin de l'Association d'Etude et d'Information sur les Mouvements Religieux, n°498-499, Janvier-février 2022.

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