Sabino

motif de couleur de robe du cheval
Sabino

Robe du cheval

Description de cette image, également commentée ci-après
Cheval Welsh Cob alezan, phénotypiquement sabino (non-testé).
Génotype
Notation SB
Robe de base Toutes possibles
Phénotype
Corps Parties blanches au bas des membres et du ventre ainsi que sur la tête.
Fréquence

Sabino est une couleur de robe du cheval, caractérisée par la présence de marques blanches étendues et irrégulières sur la tête, le bas des membres, et parfois sur le ventre. Elle appartient au groupe des robes pie. L'allèle dit Sabino 1 (SB-1), découvert en 2005, peut être identifié grâce à des tests génétiques. SB-1 n'est cependant responsable que d'une partie des phénotypes qualifiés de sabino, une autre partie de ces phénotypes résultant de différentes mutations dites blanc dominant (W).

Le sabino SB-1 existe notamment chez les chevaux de race Barbe, Marwari, Noriker, Tennessee Walker, miniature, Quarter Horse, Paint Horse, Mustang et Aztèque. Les chevaux de race Arabe, Pur-sang, Standardbred, Trait belge, Shire et Clydesdale décrits comme de phénotype sabino expriment d'autres variants génétiques.

Terminologie modifier

Cheval alezan sabino, monté par un Gaucho brésilien.

Le mot « sabino » est d'origine espagnole, et signifie littéralement « rouan » ou « alezan clair », ce qui laisse à penser qu'il a originellement désigné des chevaux alezans porteurs d'un mélange de poils blancs (rouannage)[1].

Il existe une confusion dans l'emploi du terme de « sabino », ce nom ayant originellement été employé pour désigner un phénotype de chevaux, sans savoir quels gènes sont exprimés, ni si plusieurs génotypes pouvaient donner un phénotype semblable[2]. Si le premier gène découvert a été dénommé Sabino 1, l'implication d'autres gènes donnant un phénotype sabino, mais rattachés au blanc dominant, a apporté de la confusion[3].

Description modifier

Représentation schématique de la robe sabino.

Le sabino fait partie des robes du cheval à plages blanches[4], nommées robes pie en français. Le sabino se caractérise par la présence de nombreux poils blancs sur la tête et les membres, pouvant remonter sur les flancs, avec des bords peu nets entre blanc et couleur[5], et quelques crins blancs[6]. D'après Brooks et Bailey, un cheval doit présenter trois à quatre des caractéristiques suivantes pour être décrit comme sabino[7] :

  • au moins deux pieds et jambes de couleur blanche ;
  • une large liste en tête de couleur blanche ;
  • des délimitations irrégulières de ces marques blanches ;
  • des marques blanches ou du rouannage au milieu du corps.

L'extension du blanc peut varier de l'expression d'une large liste en tête et de hautes balzanes, jusqu'à un cheval presque totalement blanc[1]. Brooks et Bailey précisent aussi que ces taches blanches s'étendent souvent jusqu'au ventre et à la section médiane de l'animal, soit sous forme de zones distinctes de poils blancs, soit sous celle d'une dispersion diffuse de poils blancs, ressemblant à du rouan[6]. La disposition des zones dépigmentées chez un cheval sabino est similaire à celle des êtres humains touchés par le piébaldisme[8].

Les yeux bleus ne constituent pas une caractéristique associée au sabino, bien que des chevaux testés SB-1 puissent avoir des yeux bleus en raison de l'influence d'autres gènes.

Histoire modifier

Cheval de traction tchadien phénotypiquement sabino, avec une autre forme de robe pie additionnelle possible.

La première mutation génétique responsable d'une robe phénotypiquement sabino a été identifiée en 2005 par deux chercheurs américains de l'Université du Kentucky, Ernest F. Baileys et Samantha Brooks[6],[9]. Sachant qu'il existe de nombreux autres gènes candidats impliqués pour donner une robe phénotypiquement sabino, ces chercheurs proposent que les allèles encore à découvrir soient nommés Sabino 2, Sabino 3, etc[10],[2].

Cependant, les autres mutations du gène Kit responsables de plages blanches irrégulières et héritées de manière dominante chez le cheval ont toutes été rattachées au blanc dominant (dominant white, W), rendant très improbable la découverte à venir d'un allèle SB-2[11]. Il est difficile de savoir pourquoi l'appelation « Sabino » a été abandonnée par les chercheurs scientifiques[12].

Fonctionnement génétique modifier

Tête d'un Paso Fino portoricain sabino-white (SB-1 homozygote).

En raison de l'existence de mutations similaires chez l'être humain et le cochon, les allèles responsables de la robe sabino ont été recherchés sur le gène Kit[6] : une mutation de ce gène est responsable d'autres robes à poils blancs, telles que le rouan, le tobiano, et le blanc dominant[13]. Une variante responsable de la robe sabino chez le cheval découle d'une mutation de l'intron n°16 du gène Kit du cheval ; cet allèle a été nommée SB-1, pour « Sabino 1 »[14],[8]. Il s'agit d'une transmission autosomique dominante[15]. SB-1 peut être détecté via des tests génétiques[15].

Il existe des indices solides en faveur de ce que la version homozygote de SB-1 donne un phénotype avec une grande quantité de blanc, nommé en anglais sabino-white (sabino-blanc) : les poulains homozygotes SB-1 naissent avec plus de 90 % de poils blancs sur le corps[7]. Cette version homozygote est vraisemblablement évolutive, les homozygotes SB-1 finissant par devenir presque totalement blancs[7].

Mère Père
SB1/SB1 SB1/+ +/+
SB1/SB1 100% SB1/SB1 50% SB1/SB1
50% SB1/+
100% SB1/+
SB1/+ 50% SB1/SB1
50% SB1/+
25% SB1/SB1
50% SB1/+
25% +/+
50% SB1/+
50% +/+
+/+ 100% SB1/+ 50% SB1/+
50% +/+
100% +/+

D'après Samantha Brooks, le gène responsable du phénotype sabino des chevaux de trait diffère de Sabino 1 en ce qu'il semble être dominant, et ne donne pas de phénotype sabino-white dans sa version homozygote[16].

Fréquence modifier

Cheval alezan sabino SB-1 testé.

La plus ancienne attestation de l'expression de ce gène remonte à environ 3 000 ans, en Europe de l'Est[17].

SB-1 a été initialement identifié, en 2005, chez des chevaux américains de race Tennessee Walker, miniature, Quarter Horse, Paint Horse, Missouri Fox Trotter, Mustang, Shetland, et Aztèque[8]. Au moins un Quarter Horse a été identifié comme porteur de SB-1, ce qui laisse à penser que cette variante génétique puisse être plus largement présente chez cette dernière race[16]. En 2016, une nouvelle étude sur des chevaux pie permet de déterminer que 1,4 % d'entre eux sont porteurs de sabino SB-1, avec des chevaux de race Barbe, poney du Darfour, poney de Khartoum, et Marwari[18]. En 2018, une troisième étude portant sur SB-1 et les mutations SW permet de détecter SB-1 chez les races Lipizzan, Haflinger et Noriker[19].

SB-1 n'a jamais été détecté chez des races de chevaux connues pour présenter un phénotype sabino, telles que le Clydesdale, le Shire, l'Arabe, le Pur-sang, le Standardbred et le Trait belge[14],[20]. En particulier, le phénotype sabino des chevaux arabes semble de nature polygénique[21].

Confusions et additivité modifier

Cheval présentant des traits sabino additionnés à une autre forme de robe pie.

Le sabino peut être additif avec d'autres gènes responsables de formes de robes pie, les chevaux concernés apparaissant très blancs en raison de cette additivité[6]. Ces robes additives peuvent être nommées « tovero », consistant dans une addition entre le pie tobiano et une autre forme de pie, habituellement overo ou sabino[22].

Le sabino peut aussi être confondu avec d'autres formes de robes pies, par exemple le frame overo, en particulier dans une forme minimale[23].

Santé modifier

Au contraire de la robe overo frame, le sabino ne provoque pas le syndrome du poulain blanc, mortel, dans sa version homozygote[24], en effet, le frame est causé par la mutation Ile118Lys sur le gène ETB (en)[25].

Notes et références modifier

  1. a et b Brooks 2006, p. 7.
  2. a et b Marandet 2018, p. 99.
  3. Marandet 2018, p. 99-100.
  4. Brooks 2006, p. 4.
  5. Tsaag Valren et Népoux 2019, p. 107-108.
  6. a b c d et e Brooks et Bailey 2005, p. 893.
  7. a b et c Brooks et Bailey 2005, p. 895.
  8. a b et c Brooks et Bailey 2005, p. 894.
  9. Tsaag Valren et Népoux 2019, p. 107.
  10. Brooks et Bailey 2005, p. 900.
  11. (en) Lesli Kathman, The Equine Tapestry, Blackberry Lane Press, , p. 83.
  12. Marandet 2018, p. 100.
  13. Bailey et Bowling 2013, p. 53.
  14. a et b Tsaag Valren et Népoux 2019, p. 107.
  15. a et b (en) « Sabino 1 - Horse Coat Color », sur vgl.ucdavis.edu (consulté le ).
  16. a et b (en) Irene Stamatelakys, « The science of sabino », Paint Horse Journal, American Paint Horse Association, vol. 41, no 8,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Marandet 2018, p. 95.
  18. (en) Monika Reissmann, Lutfi Musa, Sonia Zakizadeh et Arne Ludwig, « Distribution of coat-color-associated alleles in the domestic horse population and Przewalski’s horse », Journal of Applied Genetics, vol. 57, no 4,‎ , p. 519–525 (ISSN 1234-1983 et 2190-3883, DOI 10.1007/s13353-016-0352-7, lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) T. Druml, G. Grilz-Seger, M. Neuditschko et M. Horna, « Novel insights into Sabino1 and splashed white coat color patterns in horses », Animal Genetics, vol. 49, no 3,‎ , p. 249–253 (PMID 29635692, PMCID PMC6001536, DOI 10.1111/age.12657, lire en ligne, consulté le ).
  20. Brooks et Bailey 2005, p. 898.
  21. (en) C. M. Woolf, « Multifactorial Inheritance of Common White Markings in the Arabian Horse », Journal of Heredity, vol. 81, no 4,‎ , p. 250–256 (ISSN 1465-7333 et 0022-1503, DOI 10.1093/oxfordjournals.jhered.a110987, lire en ligne, consulté le ).
  22. Brooks 2006, p. 3.
  23. Brooks 2006, p. 5.
  24. Tsaag Valren et Népoux 2019, p. 108.
  25. (en) D.L. Metallinos, A.T. Bowling et Rine J., « A missense mutation in the endothelin-B receptor gene is associated with Lethal White Foal Syndrome: an equine version of Hirschsprung Disease », Mammalian Genome, Springer New York, vol. 9, no 6,‎ , p. 426–431 (ISSN 0938-8990 et 1432-1777, DOI 10.1007/s003359900790, lire en ligne, consulté le ).

Annexes modifier

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Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • [Brooks et Bailey 2005] (en) Samantha A. Brooks et Ernest Bailey, « Exon skipping in the KIT gene causes a Sabino spotting pattern in horses », Mammalian Genome, vol. 16, no 11,‎ , p. 893–902 (ISSN 0938-8990 et 1432-1777, DOI 10.1007/s00335-005-2472-y, lire en ligne, consulté le )
  • [Brooks 2006] (en) Samantha Ann Brooks, Studies of genetic variation at the kit locus and white spotting patterns in the horse, University of Kentucky Doctoral Dissertations, (lire en ligne)
  • [Bailey et Bowling 2013] (en) Ernest Bailey et Ann T. Bowling, Horse genetics, Wallingford, CABI, , 200 p. (ISBN 978-1-84593-675-4, 1845936752 et 9781780643298, OCLC 824532429, lire en ligne)
  • [Marandet 2018] Laure Marandet, Les robes des chevaux : Approche génétique et scientifique des robes des chevaux, Vigot,
  • [Sponenberg 1983] (en) Dan Phillip Sponenberg (photogr. Bonnie V. G. Beaver), Horse Color, Texas A&M University Press, , 124 p.
  • [Sponenberg et Bellone 2017] (en) Dan Phillip Sponenberg et Rebecca Bellone, Equine Color Genetics, Wiley, , 4e éd., 352 p. (ISBN 1-119-13060-3, OCLC 971462711)Voir et modifier les données sur Wikidata
  • [Tsaag Valren et Népoux 2019] Amélie Tsaag Valren et Dr. Virginie Népoux, Beauté des chevaux, le mystère de leurs robes, Éditions France Agricole, , 256 p. (ISBN 979-10-90213-98-2)Voir et modifier les données sur Wikidata