Sagotia racemosa est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Euphorbiaceae. C'est l'espèce type du genre Sagotia Baill.. C'est un arbre originaire d'Amérique du Sud.

Le nom Sagotia rend hommage à Paul Antoine Sagot (1821-1888), botaniste, agronome et explorateur français, qui travailla beaucoup sur la Guyane.

En Guyane, il est connu sous le nom de Bois lait (Créole)[?!? bien qu'il ne produise pas de latex !?!][2]. On l'appelle aussi Ahka au Venezuela (Barí)[3], et Arataciú au Brésil[4].

Description modifier

Sagotia racemosa est un petit arbre ou un arbuste haut de 2 à 9 m.

Les feuilles sont simples, alternes, longues de 10-18(22) cm pour (3)3,5-9 cm de large, glabres ou glabrescents, de forme elliptique, oblongue ou oblongue-obovale, courtement acuminées, aiguës ou subobtuses à l'apex, aiguës à obtuses à la base, subcoriacées.

Les nervures penninervées sont saillantes sur les deux faces. On compte 12-14 paires de nervures latérales en boucle. Les nervures tertiaires sont réticulées.

Les pétioles sont sillonnés, longs de 2 à 6 cm, pulvinés et fléchis à l'apex et à la base.

L'inflorescence en grappes terminales uni-sexuées ou avec les fleurs femelles à la base, est peu pubérulente, glabrescente, longue de 4 à 15 cm, et constituée de courts racèmes mesurant 1,6-7 cm long.

Le rachis et les pédicelles de l'inflorescence sont glabres et longs de 1 à 3 cm. Les bractées linéaires ou lancéolées sont caduques.

Les fleurs sont monoïques. Les fleurs mâles (♂) comportent 5 sépales imbriqués, de forme orbiculaire-ovale, et 5 pétales blancs, plus longs (environ 2-3 mm), imbriqués, de forme orbiculaires-obovales, ondulés. Les pédicelles sont longs de 8-15 mm. On compte environ 20 étamines, insérées sur un réceptacle glabre, à filets courts, et avec des anthères à loges divergentes.

Les fleurs femelles (♀) ont un calice qui comporte 5 sépales verts, persistants-accrescents, glabres, mesurant 7-13(20) x 2-4 mm, et de forme linéaire-oblongue, lancéolée-spathulée, linéaire-oblancéolée, linéaire-lancéolée ou elliptique-lancéolée. Les pétales sont absents. Les pédicelles initialement longs de 5-8 mm, grossissent jusqu'à 1,5-4 cm à la fructification. L'ovaire est tomenteux, et contient 3 loges uni-ovulées. Le style est blanc, bipartite, long de 1,5–3,5 mm.

Le fruit est une capsule ovoïde, déprimée-globuleuse, longue de 10-15 mm pour environ 1,5 cm de diamètre, trilobée à l'apex, courtement pubérulente, avec les sépales persistants bien visibles, étalés en étoile, devenant rougeâtres, de forme étroitement oblongue, atteignant jusqu'à 16 mm de longueur. Il se divise à maturité en 3 coques bivalves, longues de 10-15 mm.

Les graines caronculées mesurent ± 10 mm de long[5],[6],[2],[7].

Les grains de pollen de Sagotia racemosa sont omniaperturés à épines striées et à infratectum granulaire[8].

Répartition modifier

On rencontre Sagotia racemosa de la Colombie amazonienne au Brésil (Amazonas, Amapá, Pará, Maranhão), en passant par le Venezuela, le Guyana, le Suriname et la Guyane[5].

Écologie modifier

Sagotia racemosa est une mésophanérophyte (8-30 m de haut), à feuilles simples, mésophylle (surface foliaire de 60 cm2)[9]. Elle affectionne les forêts ripicoles de plaine, autour de 100–200 m d'altitude[5].

En Guyane, ce petit arbre de sous-bois peu fréquent, est présent dans les forêts non inondées, et fleurit en août-septembre[2],[10].

Sagotia racemosa survit au passage du feu par rejet de souche[11].

Utilisation modifier

Au Venezuela, Sagotia racemosa est employé pour des usages médicinaux traditionnels, et comme bois de feu chez les Barí[3].

Sagotia racemosa est utilisé au Brésil pour confectionner des sachets parfumés pour la maison[4]. Son écorce entre dans la composition du traditionnel banho de São João [bain de la Saint-Jean] à Belém, qui aurait la faculté de nettoyer à la fois le corps et l'esprit de toute malédiction et de prémunir contre le mauvais œil tout en favorisant le bonheur, la prospérité, les bonnes affaires, les richesses et la chance de toutes sortes[12].

L'extrait d'écorce de Sagotia racemosa aurait des vertus inhibitrices du virus du Chikungunya[13],[14],[15].

Chimie modifier

Le bois de Sagotia racemosa contient des méthyl-phénanthrènes[16],[17],[18].

Taxonomie modifier

Des études ont été menées sur les variations morphologiques de Sagotia racemosa et sa division en variétés[19].

Protologue modifier

En 1860, le botaniste Baillon propose le protologue suivant[20] :

« Spec. unica : SAGOTIA RACEMOSA.

S. foliis ovato-v. obovato-ellipticis, basi cuncalis, apice obtuso acuminatove; florum masculorum pedicellis longioribus gracilibus ; floribus fœmineis paucis suboppositis alternisve breviter pedicellatis ; calycis laciniis olongatis apico rotundatis.

Arbor? ramis alternis teretibus, ligno albido duro; cortice fuscato glabro longitudine striata; ramulis conformibus subangulatis glaberrimis. Folia alterna petiolata, elliptico-ovata v, obovata, basi cuneata, apico obtuso, v, ad apicem acuminata, summo apice acutiosculo (majora 18 centim. longa, 8 centim. lata) ; integerrima membranacea, supra glaberrima lucida levia, penninervia venosa, venis, subtus prominentibus, petioli (2-4 centim. longi) teretes glabri, supra complanati v. obtuse canaliculati, basi simul et apice nonnihil incrassati. Stipulæ ovato-acutas mombranaceæ glabræ brovissimæ caducissimæ. Florum masculorum racemi in ramis inferioribus summis brevibus terminates. In racemo flores alterni solitarii v. cymosi pauci. Pedicelli graciles teretes glabri (2 centim. longi). Calyx profunde 5-partitus, laciniis inæqualibus elliptico-ovatis integerrimis v, margine tenuissime ciliata; coriaceis glabris; æstivatione imbricata. Petala totidem alterna, intæqualia, obovata orbiculatave, integerrima membranacea glaberrima colorata, calyco multo longiora ; æstivatione valde imbricata. Stamina numerosa, filamentus brevissimis erectis receptaculo convexo insertis ; antheris oblongo-clavatis erectis 2-locularibus introrsis. Florum fœmineorum racemus in ramulo superiore terminalis pauciflorus; floribus 5-6 alternis v. suboppositis breviter pedicellatis, Calyx persistens 5-partitus, laciniis sub-æqualibus oblongis subspathulatis, apice rotundato (1-1,5 centim. longis); integerrimis membranaceis glabris petaloideis. Corolla ?... Germen inclusum minutum globosum 3-loculare, loculis hirtellis uniavulatis, Styli 3 e basi 2-partiti, laciniis oblongis lanceolatis compressiusculis. Fructus glabris erectis, demum per paria reclinatis, subhorizontalibus. Fructus desiderabantur.

Vigel in Guiana gallica ubi olim a Martin lectum (exs., n° 27), iterumque in Surinam a cl. Hostmann (exs., n°115) repertum (herb. Mus. Par.).
 »

— Henri Ernest Baillon, 1860.

Notes et références modifier

  1. (en-US) « Sagotia racemosa Baill. - synonyms », Tropicos, Saint Louis, Missouri, Missouri Botanical Garden (consulté le )
  2. a b et c (en) Scott A. Mori, Georges Cremers et Carol Gracie, Guide to the Vascular Plants of Central French Guiana : Part 2. Dicotyledons, vol. 76, New York Botanical Garden Pr Dept, coll. « Memoirs of the New York Botanical Garden », , 776 p. (ISBN 978-0-89327-445-0), p. 294
  3. a et b (en) Manuel Lizarralde, « Indigenous Knowledge and Conservation of the Rain Forest: Ethnobotany of the Barí of Venezuela », dans Ethnobotany and Conservation of Biocultural Diversity, vol. 15, New York Botanical Garden Press, coll. « Advances in Economic Botany », , 113-131 p. (lire en ligne), chap. 4
  4. a et b (en) José Guilherme S. MAIA et Eloísa Helena A. ANDRADE, « Database of the Amazon aromatic plants and their essential oils », Quimica Nova, vol. 32, no 3,‎ , p. 595-622 (DOI 10.1590/S0100-40422009000300006, lire en ligne)
  5. a b et c (en) Paul E. Berry, Hans-Joachim Esser, Julian A. Steyermark (eds.), Paul E. Berry (eds.), Kay Yatskievych (eds.) et Bruce K. Holst (eds.), Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 5 - Eriocaulaceae–Lentibulariaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 833 p. (ISBN 9780915279715), p. 216-217
  6. (en) A. A. Pulle et J. Lanjouw, Flora of Suriname : DIALYPELATAE, vol. II, PART 1, Leiden, E.J. Brill - Foundation Van Eedenfonds, , 1-500 p., p. 64-65
  7. Albert Lemée, Flore de la Guyane française : Tome II - Podostémonacées à Sterculiacées, Brest, LIBRAIRIE LECHEVALlER, , 277 p., p. 184
  8. (en) G. Thanikaimoni, C. Caratini, S. Nilsson et E. Grafström, « Omniaperturate Euphorbiaceae pollen with Striate Spines », Bulletin du Jardin botanique National de Belgique / Bulletin van de Nationale Plantentuin van België, vol. 54, nos 1/2,‎ , p. 105-125 (DOI 10.2307/3667867)
  9. (en) Stanley A. Cain, Gustavus M. de Oliveira Castro, J. Murça Pires et Nilo Tomǎs da Silva, « APPLICATION OF SOME PHYTOSOCIOLOGICAL TECHNIQUES TO BRAZILIAN RAIN FOREST », American Journal of Botany, vol. 43, no 10,‎ , p. 911-941 (DOI 10.1002/j.1537-2197.1956.tb11184.x)
  10. (en) Denis LARPIN, « Evolution floristique et structurale d'un recrû forestier en Guyane Française », LA TERRE ET LA VIE - Revue d'Écologie, vol. 44, no 3,‎ (lire en ligne)
  11. (en) J. Boone Kauffman, « Survival by Sprouting Following Fire in Tropical Forests of the Eastern Amazon », Biotropica, vol. 23, no 3,‎ , p. 219-224 (DOI 10.2307/2388198)
  12. (en) Maria Elisabeth van den BERG et Milton Hélio Lima da SILVA, « Ethnobotany of a traditional ablution in Pará, Brazil », Bol Mus Para Emílio Goeldi, sér Bot., vol. 2, no 2,‎ , p. 213-218 (lire en ligne)
  13. (en) Simon Remy, Deyvis Solis, Pierre Silland, Johan Neyts, Fanny Roussi, David Touboul et Marc Litaudon, « Isolation of phenanthrenes and identification of phorbol ester derivatives as potential anti-CHIKV agents using FBMN and NAP from Sagotia racemosa », Phytochemistry, vol. 167, no 112101,‎ (DOI 10.1016/j.phytochem.2019.112101)
  14. (en) Simon REMY, « Diversité chimique et potentialités antivirales d'Euphorbiacées tropicales », Thèse de doctorat. Université Paris-Saclay (ComUE),‎ (lire en ligne)
  15. (en) Simon Remy et Marc Litaudon, « Macrocyclic Diterpenoids from Euphorbiaceae as A Source of Potent and Selective Inhibitors of Chikungunya Virus Replication », Molecules, vol. 24, no 12,‎ , p. 2336 (DOI 10.3390/molecules24122336)
  16. (en) Marden A. De Alvarenga, Otto R. Gottlieb et Mauro T. Magalhães, « Methylphenanthrenes from Sagotia racemosa », Phytochemistry, vol. 15, no 5,‎ , p. 844-845 (DOI 10.1016/S0031-9422(00)94480-7)
  17. (en) Adriána Kovács, Andrea Vasas et Judit Hohmann, « Natural phenanthrenes and their biological activity », Phytochemistry, vol. 69, no 5,‎ , p. 1084-1110 (DOI 10.1016/j.phytochem.2007.12.005)
  18. (en) ABDEL-FATTAH M. RIZK, « The chemical constituents and economic plants of the Euphorbiaceae », Botanical Journal of the Linnean Society, vol. 94, nos 1-2,‎ , p. 293–326 (DOI 10.1111/j.1095-8339.1987.tb01052.x)
  19. (pt) Ricardo de S. SECCO, « Notas sobre o novo conceito de Sagotia racemosa Baill.(Euphorbiaceae) em relação às suas variedades », Acta Amazonica, vol. 15,‎ , p. 81-86 (lire en ligne)
  20. (la) Henri Ernest Baillon, « GENERA EUPHORBIACEA TRIA NOVA. », Adansonia, vol. 1,‎ , p. 50-54 (lire en ligne)

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