La tribu des Saharis, branche de la tribu hilalienne des Nader, elle-même branche de la tribu Zughba du peuple des Banu Hilal, est une tribu d'origine arabe provenant du Hedjaz, province d'Arabie, qui s'est installée au 13e siècle dans le Djebel de Mechentel (actuel Djebel Saharis) en Algérie au Maghreb et vivant parmi le peuple Chaouis. Cette tribu d'origine arabe a grandement participé, aux côtés du reste des hilaliens à l'arabisation du maghreb, en particulier l'Ifriqiya et a combattu de nombreuses dynasties berbères comme celles des Zirides et des Almohades.

Géographie modifier

Actuellement, la tribu des Saharis, située dans la wilaya de Batna en Algérie est divisée en trois douars :

Ces trois communautés sont situées en bordure des Aurès, territoire ancestral du peuple Amazigh des Chaouis dans le djebel saharis, dans les monts Saharis, du même nom. La tribu des Saharis est musulmane de la branche du sunnisme.

Origine modifier

Les Saharis ont pour origine la tribu Nader, elle-même fraction de la tribus Zughba du peuple des Hilaliens aussi appelés Banu Hilal qui vivaient en actuelle Arabie saoudite dans la province du Hedjaz, située entre La Mecque et Médine et sur le mont Ghazwan prés de Tayf non loin de leurs alliés et cousins, le peuple des Banu Sulaym qui de leur côté, s'étaient installés aux environs de Médine. Selon le peu d'informations récoltées sur les raisons de leur envoi en Égypte, les Banu Hilal et les Banu Soulaym commencèrent à êtres redoutés pour leurs nombreux pillages contre les caravanes passant entre les villes saintes, il est même dit que les Banu Sulaym s'en prirent à des pèlerins venus visiter les lieux saints, afin de leur voler leurs biens. Après ça, les deux peuples s'allièrent aux Qarmates, mouvement révolutionnaire chiite dans les provinces du Bahreïn et d'Oman, qui se lança en guerre contre l'empire Fatimide. Ils prirent notamment part au sac de La Mecque en 930. Finalement, le 7éme calife fatimide Nizar Al-Azziz Billah enleva ces villes aux Qarmates et les repoussa dans le Bahreïn, déportant ensuite les alliés de ceux-ci, les Hilaliens et les Banu Soulaym, les ralliant à sa cause, dans le Saïd en Haute-Égypte, sur la rive orientale du Nil. Quelques dizaines d'années plus tard, lassés des pillages menés par leurs remuants voisins, les Égyptiens, sous la direction du 8e calife fatimide, Al-Mustansir Billah envoyèrent les deux peuples en Ifriqiya au Maghreb, où la dynastie des berbères Zirides et leur chef, Al-Muizz ben Badis, autrefois fidèles aux chiites Fatimides, se déclarèrent sunnites, renièrent leur serment d’allégeance pour le tourner ver l'émirat Abbasside et perpétrèrent d'effroyables massacres de chiites dans tout le Maghreb en 1048. De cette manière, les fatimides pourraient se débarrasser d'eux tout en se vengeant des Zirides. On dit qu'en tout, ce furent 50 000 guerriers et 200 000 bédouins arabes qui furent envoyés à la conquête du Maghreb. Les Arabes vainquirent les armées berbères une première fois puis en massacrèrent plus de 1300 à la bataille de Haydarân en 1052 où les Berbères sont trahis par leurs alliés et doivent fuir vers Kairouan qui tombe à son tour aux mains des Arabes après cinq ans de siège en 1057. Puis en 1058, une coalition des Banu-hilal et des hammadidies décapite le chef des Berbères à Abou Soda. Durant les années qui suivirent, les Hilaliens devinrent sunnites, prospérèrent en maîtres de l'Ifriqiya et combattirent les dynasties Hafsides, Zirides, Hammadides et Almohades jusqu'au 27 avril 1153 à la bataille de Sétif où 60 000 hilaliens sont mis en déroute par 30 000 Almohades menés par leur chef, Abdul-Mu'min , le premier calife de la dynastie Almohade. Après cette défaite, d'autres tribus en profiteront pour les harceler de tous les côtés. Après ces événements, bien que gardant un statut important au Maghreb et que certains d'entre eux se distinguent, notamment la tribu Riah à la bataille d'Alarcos en 1195 en Espagne, les hilaliens ne récupèrent jamais leur puissance perdue et ne furent plus nommés par ce nom, se divisant définitivement en plusieurs tribus dispersées entre le Maroc et la Libye. L'histoire des Banu Hilal et Banu Soulaym est relatée dans l'immense Taghribat Bani Hilal (l'épopée hilalienne) racontée dans toute l'Égypte et bien plus loin encore.

Histoire modifier

Installation au Maghreb modifier

Selon la légende, les Saharis étaient présents en Égypte avant le reste de leur peuple et en furent chassés par les égyptiens, accusés d'avoir pratiqués de la magie (sihr) pour ensorceler le roi d'Égypte, Firaoun ben Maacem. L'autre version nous dit que c'est le calife fatimide Al-Mustansir Billah qui chassa les saharis aux côtés des autres hilaliens, à la conquête du maghreb jusqu'à la défaite de Sétif en 1153 qui amena à la dispersion des hilaliens entre l'Égypte et l'océan Atlantique. Il est dit que les saharis s'établirent dans le Djebel saharis au 13e siècle où ils asservirent les sindjas, des bérbéres Zénétes. Ils combattirent d'autres tribus arabes comme les Ouled Sahnoun pendant longtemps, établissant leur domination dans tout le sud de Barika et dans presque toute l'actuelle wilaya de Biskra. Il dominèrent le territoire pendant des siècles, jusqu'à ce qu'une puissante confédération de tribus, les Ouled Naïl , profitant d'une révolte parmi les vassaux des Saharis, en profitent pour les vaincre. Les saharis se divisèrent alors:

Les Saharis au 19e et 20e siècle : les conflits avec les Ouled Ziane modifier

Les Saharis finirent par s'installer aux trois douars qu'on leur connaît aujourd'hui. Il est dit qu'ils participèrent avec les Beys de Constantine, à la guerre contre les Ouled Seguen et les affrontèrent au mont Bouarif, affrontement qui se résolut par un repli des deux armées après plusieurs morts dans les deux camps.

Les Saharis (en particulier les gens de Bitam) eurent pour plus grands ennemis pendant des siècles, la tribu des Ouled Ziane. Leurs inimitiés étaient dues à une dispute concernant le territoire du Daya, plaine fertile, située entre Bitam et Les monts Chechar, fief des Ouled Ziane. En 1866, alors que les Français avaient conquis la région, le Sénatus-consulte, trancha leur différend et accorda un droit prioritaire aux Ouled Ziane sur le Daya en 1866, au détriment des Bitamis qui refusèrent le traité et continuèrent à cultiver les terres du Daya en toute illégalité. Leur conflit fut exacerbé par le combat que se menèrent les deux confédérations de tribus, les Bouakkaz et les Ben Gana. En 1871,alors que la France avait vaincu la régence d'Alger, conquis l’Algérie et soumis les tribus arabes, les Saharis, sous la direction de Mohamed Benhenni, prêtèrent allégeance aux Bouakkàz et assiègèrent le bordj du caïd des Ben Gana le 30 mars 1871. Il ne purent pas prendre le fief, mais pillèrent le caravansérail. En représailles, les Ben Gana rallièrent les Ouled Ziane, formèrent une colonne de mille hommes , assiégèrent El Outaya, le siège du caïd Bouakkaz, le 3 avril 1871 et razzièrent les Saharis. Dans les années qui suivirent, les Ouled Ziane et les Saharis se disputèrent sans arrêt la domination du Daya, à coups de règlements de compte et de pillages mutuels jusqu'en 1916 où leur conflit prit un tournant dramatique. Durant cette année, les Bitamis participèrent à la révolte des Aurès qui fut matée lorsque les Chaouis attaquèrent Barika et furent mis en déroute par les troupes françaises. Le 22 mars, les Ouled Ziane, envoyèrent leurs troupeaux brouter les champs des Bitamis. Les propriétaires, lésés, firent courir le bruit que les Ouled Ziane leur avaient volé 1200 moutons, à la suite de quoi les Bitamis partirent se venger des prétendus voleurs. À leur vue près d'un de leurs campements, plusieurs Ouled Ziane prirent la fuite, prônant parmi leur tribu que les Bitamis avaient tué deux des leurs. Les Ouled Ziane attaquèrent alors une caravane où se trouvaient deux hommes de Bitam qu'ils tuèrent. L'État français jugea l'affaire classée sans suite. En juin 1916, les Saharis se vengèrent en attaquant un groupe de huit Ouled Ziane, qui s'étaient stationnés prés de la fontaine aux Gazelles et en tuèrent deux qu'ils décapitèrent (leurs têtes ne furent jamais retrouvées et l'affaire fut elle aussi classée sans suite). Le 25 janvier 1917, le sous-préfet de Batna trancha la question. Il sépara le Daya par une ligne transversale du nord-est au sud-ouest, réglant le litige, bien qu'encore aujourd'hui, des inimités persistent. Des rumeurs font toujours état de plusieurs meurtres et vendettas, en particulier dans les années 50-60-70, profitant de la guerre d'indépendance et des guerres civiles pour s'entretuer et durèrent encore jusqu'à nos jours.

Aujourd'hui, les Saharis existent encore, sous la république indépendante d'Algérie, parmi le peuple Chaouis et demeurent une tribu unie et au glorieux passé.

Notes et références modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

  • Liste des tribus arabes d'Algérie