Saint Cornély
Dans le sud de la Bretagne, saint Cornély (Sant Korneli en breton), dit aussi Carneli ou Korneli est le plus connu des saints protecteurs du bétail. Son nom est la forme bretonne de Corneille (en latin : Cornelius). Selon la légende bretonne, Cornély est pape de 251 à 253. L'empereur romain Trébonien Galle le persécute et il meurt en exil.
Saint Cornély | |
Statue de Cornely[1] dans une niche de la façade de l'église paroissiale de Carnac, flanquée de deux tableaux sur lesquels sont naïvement peints deux bœufs et les mégalithes (vers 1830-1840)[2]. | |
Saint | |
---|---|
Naissance | IIIe siècle |
Décès | IIIe siècle |
Fête | 16 septembre |
Saint patron | Carnac, Languidic, Gourlizon |
modifier |
Miracle de Carnac
modifierSelon cette légende dont différentes versions sont transmises par une longue tradition qui remonte au XVIIIe siècle et qui est popularisée par l'abbé Buléon en 1899 dans les Annales de Bretagne, Cornély, pape à Rome, est poursuivi par des légionnaires romains de l'empereur Trébonien Galle. Deux bœufs l'accompagnent et portent ses bagages ou lui-même quand il est fatigué. Un soir, il arrive devant la mer. Les soldats le serrent de près, rangés en bataille. Ne trouvant pas de bateau pour fuir, il se retourne et pétrifie les soldats païens[3]. Une version rapporte qu'il se cache dans l'oreille d'un bœuf et transforme les soldats en pierre. Telle serait l'origine des alignements mégalithiques de Carnac, surnommés dans la tradition « soldats de saint Cornély »[4]. Selon cette légende, ces soldats pétrifiés ne bougent qu'une fois l'an : la nuit de Noël, à minuit, ils vont boire dans les ruisseaux voisins et écrasent ceux qui se trouveraient sur leur chemin[2].
Cette légende n'a aucun sens historique puisqu'elle fait intervenir un chrétien avant la romanisation de la Gaule.
Saint protecteur du bétail
modifierD'après la légende de sant Korneli le reliant aux alignements de Carnac, il devient le protecteur des bêtes à cornes et plus généralement du bétail en souvenir du jour où il s'est réfugié dans l’oreille de l'un de ses bœufs. Des traditions locales ont opéré une attraction paronymique pour inventer une parenté entre Cornely (dont le nom évoque des cornes), saint protecteur du bétail, et la divinité gauloise cornue Cernunnos, voire Carnac, déterminant le patronage des grands troupeaux. Des découvertes archéologiques (trouvailles à Carnac d'un bœuf en bronze dans la villa gallo-romaine des Bosseno[5], d'ossements de bœufs dans le tumulus Saint-Michel ou de squelettes de vaches dans une fosse sous le tumulus d'Er Grah, représentation de bovidés ou de signes cornus dans les monuments mégalithiques…) ont renforcé ce jeu de mots qui postule une parenté linguistique entre le saint et les bêtes à cornes, et suggèrent un culte du taureau dès l'époque néolithique, que le christianisme aurait repris à son compte[3]. « Saint Cornely est-il la christianisation d'une divinité pré-chrétienne (dieu-bœuf ?) et pourquoi pas pré-celtique ? Le croire ne demande qu'un acte de foi[6] ».
Culte
modifierCornély est connu sous le nom de Corneille à la Chapelle-des-Marais, en Haute-Bretagne. En Cornouailles, chez les Bretons d'outre-Manche, il existe une paroisse nommée « Cornelly » à Tregony dont l'église est sous le vocable de St. Cornelius, il en va de même pour la communauté de « Corneli » dans le sud du pays de Galles.
Une chapelle qui date de 1768, se trouvant dans le village de Kerprat à Plouhinec, est dédiée au saint. Le pardon de cette chapelle a lieu chaque année le deuxième dimanche de septembre. La fontaine dédiée au saint, construite en 1716, se trouve à proximité du village de Magouëro. Une chapelle Saint-Cornély existe dans l'église paroissiale de Carnac. À proximité de l'édifice on peut visiter une fontaine Saint-Cornely du XVIIIe siècle[7]. La chapelle Saint-Cornély à Lanester, ancienne chapelle romane détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, a été remaniée dans les années 1960. À Péaule, la chapelle de campagne est dédiée au saint. Autrefois, le jour du pardon, on y bénissait les attelages de bœufs, aujourd'hui on bénit les tracteurs[8].
-
Église Saint-Cornély de Carnac : la bénédiction des chevaux sous la statue de saint Cornély lors du Pardon de 1924.
-
L'église paroissiale Saint-Corneille [en fait Saint-Cornély] de Gourlizon : la façade.
-
Vitrail représentant saint Corneille [en fait saint Cornély] bénissant les bestiaux (église de Gourlizon).
-
Chapelle Saint-Cornély à Lanester.
-
Fontaine de dévotion Saint-Cornély (Kerprat, Plouhinec) bâtie en 1716.
-
Névez : église paroissiale Sainte-Thumette : statue de saint Cornély datant du XVIIIe siècle.
-
Chapelle Saint-Philibert-et-Saint-Roch de Moëlan-sur-Mer, statue de saint Cornély.
-
Chapelle Sainte-Catherine (Bonigeard, Meslan), statue de Saint Cornély avec une bête à cornes.
-
Chapelle Sainte-Anne de Brandérion ː statue de saint Cornély, protecteur des bêtes à cornes, d'où la présence de la vache au pied de sa statue.
Des églises dédiées à saint Cornély existent aussi à Tourc'h et à Gourlizon.
Notes et références
modifier- Le saint en pied, est coiffé de la tiare. Il porte dans la main droite la férule papale et, de la main gauche, étend sa protection sur les animaux du pays.
- Christine Boujot, Emmanuelle Vigier, Carnac et environs. Architectures mégalithiques, éditions du patrimoine, Centre des monuments nationaux, , p. 24.
- Jean-Pierre Mohen, Les alignements de Carnac. Temples néolithiques, éditions du patrimoine, , p. 4.
- Éloïse Mozzani, Légendes et mystères des régions de France, Robert Laffont, , p. 57
- des Bosseno Villa des Bosseno, sur commons.wikimedia.org
- Gérard Bailloud, Christine Boujot, Serge Cassen, Charles-Tanguy Le Roux, Carnac. Les premières architectures de pierre, CNRS éditions, , p. 13.
- Michel Priziac et Michel Mohrt, Bretagne des saints et des croyances, Kidour, , p. 407.
- Michel Priziac, Bretagne des saints et des croyances, Kidour, , p. 406.