Salah Echallaoui
Salah Echallaoui est un haut responsable de la gestion de l'islam en Belgique, proche de l'administration marocaine, né le à Béni Meskine (Maroc). Il a été notamment, d' à , directeur de la Grande mosquée de Bruxelles.
Biographie
modifierSalah Echallaoui est né le à Béni Meskine (Maroc) et est originaire de Casablanca[1]. En 1985, à l'âge de 23 ans, il arrive en Belgique afin de poursuivre des études d’agronomie. Il s'inscrit à l'école supérieure ISIa à Huy, où il rencontre sa future épouse, originaire d'Andenne. Le couple s’est installé à Huy. Ils ont quatre enfants, dont trois ont été scolarisés au collège Saint-Quirin[2].
Après avoir été enseignant de religion islamique, Salah Echallaoui devient en 2002 inspecteur au Ministère de la Communauté française/Fédération Wallonie-Bruxelles pour les cours de religion islamique[3]. Il réside à Ben-Ahin, près de la ville de Huy[1].
Il est président du Rassemblement des musulmans de Belgique, lié à l'administration marocaine[4],[5],[6], qui promeut en Belgique le modèle marocain de religiosité en conformité avec le rite malékite et le dogme achaarite[7],[n 1]
À partir des années 2010, Salah Echallaoui est souvent considéré comme le « décideur de l'ombre » de l'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB)[8].
En , Salah Echallaoui, lié à l'ambassade marocaine, devient président de l'Exécutif des musulmans de Belgique[3]. L'Exécutif, qui conseille les gouvernements belges sur les généreuses subventions qu'ils accordent aux associations islamiques et aux enseignants, est contrôlé par des personnes proches de l'administration marocaine[9]. Echallaoui, qui n'est pas membre élu de l'Exécutif des musulmans de Belgique, succède à Nourredine Smaïli au poste de président, alors que le mandat de ce dernier est toujours en cours. Ce qui provoque des tensions internes[10]. L’efficacité de l’Exécutif des musulmans de Belgique est critiquée négativement[11].
En , Echallaoui est remplacé par Mehmet Ustun, mais Salah Echallaoui, réputé propagateur d'un islam modéré, entretient de bonnes relations avec le ministre belge de la Justice Koen Geens et reste actif, jusqu'en , en tant que vice-président[12].
Direction de la Grande mosquée de Bruxelles
modifierEn 2018, la Belgique décide de confier la gestion de la Grande Mosquée de Bruxelles à l'Exécutif des musulmans de Belgique, proche du gouvernement marocain, car les deux pays entretiennent des liens solides[9],[13]. L'EMB nomme son ancien président Salah Echallaoui, lié à l'ambassade marocaine[3], nouveau directeur de la mosquée, à partir du premier . Il affirme que l'Exécutif des musulmans de Belgique « s’engage à assumer ses responsabilités dans le développement et l'expansion d’un islam belge, un islam ouvert ancré dans le contexte démocratique belge et européen[14]. »
En 2020, la reconnaissance de la Grande mosquée est refusée sur base d'un rapport cinglant de la Sûreté de l'État établissant les liens entre Salah Echallaoui et le pouvoir marocain[15],[16].
En , le nouveau ministre de la Justice et des Cultes Vincent Van Quickenborne estime que Salah Echallaoui est trop proche et trop soumis au pouvoir marocain[17]. Le ministre attend qu'il « fasse un pas de côté » et quitte ses postes de président ou directeur[18]. Le , Echallaoui démissionne de toutes ses fonctions liées à la gestion du culte musulman[19]. Cependant, fin mars 2021, il apparaît qu'Echallaoui et ses partisans sont encore très actifs dans l'ombre. Ils ont sélectionné le nouveau directeur de la Grande mosquée, le successeur d'Echallaoui, également d'origine marocaine[20].
Peu populaire à la base, Salah Echallaoui a cumulé beaucoup de pouvoirs, avec autoritarisme. Si certains ont apprécié son intelligence et sa loyauté, ses détracteurs lui reprochaient d'avoir fait de la Grande Mosquée « une annexe de l'ambassade du Maroc » et de « promouvoir un islam libéral soufi » aux ordres de l'État belge, sans consistance théologique[21].
Salah Echallaoui prône la solidarité et l'ouverture entre sunnites et chiites[22]. Il est également très ouvert envers les autres religions : trois de ses enfants ont étudié dans l'enseignement catholique et ont participé à un pèlerinage à Rome[1].
Notes et références
modifierNote
modifier- À la page 141 de son ouvrage L'iris et le croissant : Bruxelles et l'islam au défi de la co-inclusion, paru aux Presses universitaires de Louvain, le sociologue des religions Felice Dassetto note que cela « ne semble pas poser de problème en termes de devoir de réserve lié au statut de fonctionnaire sur des sujets aussi sensibles. »
Références
modifier- 9 Mai 2016, « Salah Echallaoui, le nouveau président de l’Exécutif des musulmans de Belgique est Hutois », sur Sudpresse (consulté le )
- Françoise De Halleux, 17 décembre 2020, « Traité d’espion, M. Echallaoui va attaquer en justice le ministre de la Justice », sur La Meuse du jeudi 17 décembre 2020, page 16 (consulté le )
- Elodie Blogie, 21 mars 2016, « Qui est Salah Echallaoui le nouveau président de l'Exécutif des Musulmans ? », sur Le Soir (consulté le )
- ALM, 3 juillet 2014, « 61 prédicateurs marocains pour animer des conférences en Belgique », sur Aujourd'hui le Maroc (consulté le )
- Islams de Belgique ; Enjeux et perspectives ; Corinne Torrekens ; Éditions de l'Université de Bruxelles, paru le 20 août 2020
- Daan Delespaul, 19 octobre 2020, « Niemand weet waar de Belgische imamopleiding blijft », sur Veto.be (consulté le )
- Samir Hilal, 29 mai 2017, « Le modèle marocain de religiosité est une référence en Europe (Président du Rassemblement des Musulmans de Belgique) », sur Maghreb Arabe Presse (consulté le )
- Belga, 22 mars 2016, « Qui est Salah Echallaoui, le nouveau président de l'Exécutif des Musulmans ? », sur Le Vif/L'Express (consulté le )
- Erasmus, 15 octobre 2017, « In Belgium, arguments about Islam grow louder », sur The Economist (consulté le )
- Karim Fadoul, 11 mai 2018, « L'Exécutif des musulmans de Belgique a désigné son nouveau président », sur RTBF.be (consulté le )
- Emmanuel Huet, 27 juin 2017, « L’islam belge lutte contre trop d’archaïsme », sur L'Avenir (consulté le )
- Belga - BRUZZ, 12 mai 2018, « Moslimexecutieve heeft nieuwe voorzitter », sur Bruzz (consulté le )
- Alissa de Carbonnel, 16 mars 2018, « Belgium takes back Brussels' Grand Mosque from Saudi government », sur Reuters (consulté le )
- ADN et TTR, 9 mai 2018, « Moslimexecutieve erkent imamopleiding Grote Moskee Brussel - waar leerboeken gebruikt zouden worden die oproepen tot jihad - niet », sur Het Laatste Nieuws (consulté le )
- 10 juin 2021, « La Sûreté de l'État va augmenter ses effectifs de 75% en trois ans », sur L'Écho (consulté le )
- Belga, 31 décembre 2021, « Ondernemingsrechtbank stelt geen bewindvoerder aan voor Moslimexecutieve », sur Knack (consulté le )
- Journal télévisé de 13h00, 4 décembre 2020, « Pas de reconnaissance de l'État pour la Grande Mosquée de Bruxelles », sur RTL TVI via MSN (consulté le )
- L’invité de Martin Buxant dans La Matinale, 8 décembre 2020, « Vincent Van Quickenborne : "Depuis les attentats, nos services sont plus robustes" (à 10 minutes 50 sec. dans la vidéo) », sur LN24 (consulté le )
- Belga, 15 décembre 2020, « Démission du vice-président de l'Exécutif des musulmans de Belgique », sur RTBF (consulté le )
- (nl) Bruno Struys, 26 mars 2021, « Buitenlandse inmenging in Grote Moskee blijkt hardnekkig », sur De Morgen (consulté le )
- 7 janvier 2021, « Culte et espionnage ne font pas bon ménage », sur Le Vif/L'Express (consulté le )
- Radio chrétienne francophone, 23 mai 2016, « Islam: Salah Echallaoui prône la solidarité et l'ouverture », sur BePax (consulté le )