Sekou Odinga

activiste afro-américain
Sekou Odinga
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 79 ans)
Nom de naissance
Nathanial BurnsVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Enfant

Sekou Mgobozi Abdullah Odinga, né Nathanial Burns le dans le Queens (New York) et mort le [1], est un activiste américain de la cause nationaliste noire (black nationalism), considéré comme membre de la Black Liberation Army (BLA).

Arrêté le et condamné à une peine d'emprisonnement de « 25 ans à vie » (25 ans incompressible avec une éventuelle libération conditionnelle à venir) pour tentative d'homicide et d'autres délits relatifs notamment à l'évasion d'Assata Shakur et au braquage de la Brink's de 1981, il a été libéré en [2]. Il était considéré par ses soutiens comme un prisonnier politique. Considérant le « peuple noir américain » comme un « peuple colonisé », lui-même refuse la qualité de « citoyen américain », se disant « citoyen de la Republic of New Afrika » et « prisonnier de guerre ».

Odinga est notamment le père du rappeur Yaki Kadafi, assassiné deux mois après son ami Tupac Shakur.

Militantisme des années 1960 aux années 1980 modifier

Ayant changé de nom, Sekou Mgobozi Abdullah Odinga lors de sa conversion à l'islam, afin de souligner ses origines afro-américaines, il rejoint en 1965 l'Organisation de l'Unité afro-américaine (OAAU)[3] fondée l'année précédente par Malcolm X. Après l'assassinat de ce dernier en , l'OAAU prit progressivement une orientation contraire à celle souhaitée par Odinga, qui rejoint les Black Panthers[4]. Il est l'un des membres fondateurs de la section du Black Panther Party (BPP) du Bronx, créée début 1968. Arrêté et incarcéré, il est l'un des Panther 21, un groupe de militants de New York arrêtés par les autorités et exclus du parti après avoir donné leur soutien aux activités du Weather Underground, un groupe anti-raciste blanc s'étant engagé dans l'action directe aux côtés du Black Power[5],[6].

Une fois libéré, Sekou Odinga voyage en Algérie pour organiser la section internationale du BPP aux côtés d'Eldridge Cleaver[7],[8],[9], puis aurait rejoint la Black Liberation Army (BLA)[10], aussi appelée Black Underground, après la mort de deux Black Panthers tués le par la police, étant alors recherché par cette dernière qui le soupçonnait d'une fusillade avec celle-ci.

Arrestation et prison modifier

Il reste dans la clandestinité douze ans, avant d'être arrêté dans le Queens trois jours après avoir participé au braquage d'un fourgon de la Brink's du 20 octobre 1981 au cours duquel deux officiers de police et un agent de sécurité ont été abattus[11],[12],[13]. Son camarade Mtayari S. Sundiata est tué par la police lors de cette arrestation[14].

Il fut alors torturé par la police: brûlé avec des cigarettes, il eut ses ongles arrachés et dut subir une ablation du pancréas après les coups portés et fut alimenté par intraveineuse pendant trois mois[14].

Odinga est alors inculpé dans l'État de New York et par un tribunal fédéral de six tentatives d'homicides, de neuf délits tombant sous le Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act (RICO), dont l'évasion de la militante de la BLA Assata Shakur[15],[13]. L'évasion n'étant alors pas un délit au niveau fédéral, il est inculpé pour « kidnapping », le procureur fédéral considérant que la détention et le transfert d'un toit de la prison à un autre de deux gardes de prison lors de cette évasion tombait sous cette qualification.

Lors de son procès, tout comme Kuwasi Balagoon peu de temps auparavant, il se présente comme New Afrikan Freedom Fighter[16],[17] et « prisonnier de guerre » luttant pour l'émancipation du « peuple noir américain », qu'il considère comme en état de guerre depuis le début de l'esclavage aux États-Unis, et dénie en ce sens toute légitimité au tribunal[14],[18].

Il est condamné à « 25 ans à vie », ainsi qu'au niveau fédéral, en 1983, à une peine de prison de 40 ans pour association de malfaiteurs. Avec Silvia Baraldini (en)[19],[20], ex-militante blanche de la Students for a Democratic Society et de la May 19th Communist Organization, et Kathy Boudin (en) membre du Weather Underground[21], il avait en effet été inculpé par un procureur fédéral dans le cadre des enquêtes sur le braquage de la Brink's de 1981, mais sa participation à ce dernier n'a pu être prouvée[14]. Selon son comité de soutien, le juge lui refuse lors de son procès le droit de présenter ses dossiers médicaux comme preuve de son traitement inhumain et dégradant[22].

Odinga est d'abord incarcéré à la prison de haute sécurité de Marion II. Il continue à militer derrière les barreaux, étant membre du New Afrikan Independence Movement (NAIM). Ce dernier milite pour la création d'une Republic of New Afrika, c'est-à-dire un territoire noir au Mississippi, Géorgie, Louisiane et Caroline du Sud[23].

Le [24], après avoir purgé une peine de prison de 28 ans au niveau fédéral, il est transféré à la Shawangunk Correctional Facility (en), prison de haute-sécurité du comté d'Ulster (New York), pour purger la peine prononcée par l'État de New York[25].

Odinga a huit enfants et 18 petits-enfants. L'un de ses fils, Yafeu A. Fula, est mort en 1996 ; il était connu dans le monde du hip-hop comme Yaki Kadafi du groupe des Outlawz, et collaborait avec Tupac Shakur.

Après 33 de prison, Sekou Odinga a été libéré le (sources diverses dont Secours Rouge International)[26],[27].

Références modifier

  1. (en-US) Ann Brown, « Sekou Odinga, Black Liberation Activist Who Helped Free Assata Shakur, Passes Away At 79 », sur Moguldom, (consulté le )
  2. (en) « Black Panther Convicted of Trying to Kill 6 Officers Released From Prison », sur DNAinfo New York (consulté le ).
  3. (en) « Exclusive: Freed Panther Sekou Odinga on Joining the Panthers, COINTELPRO & Assata Shakur’s Escape », sur Democracy Now! (consulté le ).
  4. (en) « Millennials Are Killing Capitalism: Episode 54: Sekou Odinga On Political Prisoners, The Black Panthers And The Black Liberation Army », sur millennialsarekillingcapitalism.libsyn.com (consulté le ).
  5. (en) « From Panther 21 to 21st Century Revolutions – ArtRage Gallery » (consulté le ).
  6. (en) Dan BergerTopics: History et Movements Places: United States, « Monthly Review | Fictionalizing Radical Activism of the 1960s, a review of Bryan Burrough’s book, Days of Rage », sur Monthly Review, (consulté le ).
  7. (en) Elias Rodriques, « When the Black Panthers Came to Algeria », The Nation,‎ (ISSN 0027-8378, lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) Sanche de Gramont, « Our Other Man In Algiers », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en-GB) Elaine Mokhtefi, « Elaine Mokhtefi · Diary: Panthers in Algiers · LRB 31 May 2017 », sur London Review of Books, (consulté le ).
  10. (en) « Sekou Odinga: A Black Muslim Former Political Prisoner in the United States – Sapelo Square », sur sapelosquare.com (consulté le ).
  11. (en) Robert Hanley, « Witness Calls Brink's Killings Justified », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Arnold H. Lubasch, « Brink's Witness Tells of Robbery in Bronx in 1981 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  13. a et b (en) « Black Panther Convicted of Trying to Kill 6 Officers Released From Prison », sur DNAinfo New York (consulté le ).
  14. a b c et d Dan Berger, Weather Underground. Histoire explosive du plus célèbre groupe radical américain, éd. L'Echappée, 2010, chap. XI (version originale: Outlaws of America: The Weather Underground and the Politics of Solidarity, Oakland: AK Press, 2006)
  15. (en) « Sekou Odinga On Political Prisoners, The Black Panthers And The Black Liberation Army », sur PM Press, (consulté le ).
  16. (en) cmlmstudies, « New Afrikan Freedom Fighter: Special Bulletin 1983 » (consulté le ).
  17. (en) « Kuwasi Balagoon Tribute », sur freedomarchives.org, .
  18. (en) « Weatherman Brinks Trials: 1983 - A Straightforward Case », sur law.jrank.org (consulté le ).
  19. (en) Ellan Kates, « A judge today sentenced former Black Panther Sekou Odinga... », sur UPI (consulté le ).
  20. (en) Arnold H. Lubasch, « 4 of 6 Are Guilty in U.s. Brink's Case », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  21. (en) « Kathy Boudin | Murderpedia, the encyclopedia of murderers », sur murderpedia.org (consulté le ).
  22. (en) Arnold H. Lubasch, « Convicted Killer Defends 'Revolutionary' Acts at U.s. Brink's Trial », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) « Sekou Odinga », sur The Shoulders Beneath My Feet, (consulté le ).
  24. (en) « Brinks case: Who remains of the major players », sur The Journal News (consulté le ).
  25. Current Activity, comité de soutien à Sekou Odinga
  26. (en) « Harlem welcomes home Sekou Odinga », sur amsterdamnews.com (consulté le ).
  27. « USA : Un prisonnier Black Panther libéré après 33 ans », sur secoursrouge.org (consulté le ).

Pour en savoir plus modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Sundiata Acoli, Brinks Trial Testimony, Newark, New Jersey, Creative Images, , 64 p. (OCLC 35254883, lire en ligne),
  • (en) Harvey Klehr, Far Left of Center : The American Radical Left Today, New Brunswick, Routledge, 1 janvier 1988, rééd. 1991, 196 p. (ISBN 978-0-88738-875-0), p. 115-118,
  • (en) Bryan Burrough, Days of Rage : America's Radical Underground, the FBI, and the Forgotten Age of Revolutionary Violence, Penguin Publishing Group, , 608 p. (ISBN 978-1-59420-429-6),

Articles connexes modifier

Liens externes modifier