En linguistique, un semi-locuteur est une personne possédant des connaissances dans une langue en voie de disparition mais dont les compétences et performances sont très approximatives. Généralement, les semi-locuteurs n’utilisent que très peu cette langue menacée lors d’une conversation et leurs façon de s’exprimer peut comporter des incohérences. Les semi-locuteurs font souvent partie des personnes les plus motivées lorsqu'elles sont engagées dans des projets de revitalisation des langues menacées[1].

Comme ces langues tendent à disparaître et que les communautés linguistiques passent à d'autres langues, elles sont parlées beaucoup moins fréquemment et dans des domaines sociaux beaucoup plus restreints. C'est pour cette raison que de nombreux locuteurs apprennent partiellement la langue, et plus souvent dans une version simplifiée avec des fortes influences de leur langue majoritaire. Ces locuteurs sont parfois désignés par le terme « semi-locuteurs », « quasi-monolingues », ou « monolingues ». Le mot semi-locuteur a été introduit par la linguiste Nancy Dorian pour décrire le dernier locuteur du dialecte gaélique écossais de l'est du Sutherland[2],[3].

Lorsque les semi-locuteurs forment une partie significative d'une communauté linguistique, des contractions du langage apparaissent, les normes linguistiques sont ainsi accommodées aux compétences de ces locuteurs[4],[5].

Notes et références modifier

  1. Grinevald, Collette & Michel Bert. 2011. "Speakers and Communities" in Austin, Peter K; Sallabank, Julia, eds. (2011). Cambridge Handbook of Endangered Languages. Cambridge University Press. (ISBN 978-0-521-88215-6). p. 50
  2. Dorian, Nancy C. 1980. Language Shift in Community and Individual: The Phenomenon of the Laggard Semi-Speaker. International Journal of the Sociology of Language. Volume 1980, Issue 25, Pages 85–94
  3. N. Dorian, "The Problem of the Semi-Speaker in Language Death," International Journal of the Sociology of Language 12 (1977): 23-32.
  4. Susan Knowles-Berry, « Linguistic decay in Chontal Mayan: the speech of semi-speakers », Anthropological Linguistics, vol. 29, no 4,‎ , p. 332–341 (JSTOR 30028108)
  5. Nancy C. Dorian, « Fate of morphological complexity in language death: Evidence from East Sutherland Gaelic », Language, vol. 54, no 3,‎ , p. 590–609 (DOI 10.1353/lan.1978.0024, JSTOR 412788)