Sergueï Sergueïevitch Babinets (en russe : Сергéй Сергéевич Бабинéц), né le à Totskoïe (RSFSR, URSS), est un juriste et défenseur des droits de l’homme russe. Il est le président de l’Équipe contre la torture, une organisation de défense des droits de l’homme russe engagée dans des enquêtes publiques sur des cas de torture. Cette organisation a été créée par le défenseur des droits еt ancien membre du Conseil présidentiel pour le développement de la société civile et des droits de l'homme, Igor Kaliapine en 2000.

Sergueï Babinets
Сергей Бабинец
Fonction
Cadre dirigeant (d)
depuis
Biographie
Naissance
(35 ans)
RSFSR, URSS
Nationalité
Russie
Formation
Université de droit de Moscou O. I. Koutafine (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
défenseur des droits de l’homme, juriste, président de l’organisation de défense des droits de l’homme russe « L'Equipe contre la torture »
Autres informations
Membre de

Biographie

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Il naît le en Russie, dans le village de Totskoïe (district de Totski) de l’oblast d'Orenbourg.[réf. nécessaire]

Études

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En 2011, il est diplômé de la filiale d’Orenbourg de l’Académie de droit de l’État de Moscou, avec la spécialisation en droit pénal.

Défense des droits de l’homme

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Sergueï Babinets commence à travailler dans la branche d'Orenbourg de l'Organisation publique interrégionale (OPIR) « Comité contre la torture » en 2011[1],[2]. Il dirige la branche d'Orenbourg en 2013[3].

De 2014 à 2017, il dirige la branche moscovite de cette organisation avec l'avocat et défenseur des droits de l'homme Dmitrï Piskounov[4], branche qui avait elle-même été créée par le fondateur Igor Kaliapine. Entre 2017 et 2019, il dirige le département d'investigation de la branche de Nijni Novgorod du Comité[5]. De 2019 à 2021, il dirige la branche d'Orenbourg de l'organisation[6].

En décembre 2021, Sergueï Babinets est élu président de l’OPIR « Comité contre la torture »[7]. En février 2022, il prend la tête de cette organisation, remplaçant à ce poste Igor Kaliapine[6].

Le , le ministère de la Justice de la fédération de Russie inscrit le Comité contre la torture dans le registre des associations publiques sans le statut de personne morale, exerçant les fonctions d'agent étranger[8],[9]. Le , cette organisation est liquidée par une décision unanime de l'assemblée générale des membres de l'OPIR « Comité contre la torture »[9],[10],[11]. Le est créée l'OPIR « L’Équipe contre la torture », dont les membres reprennent les dossiers traités précédemment par le Comité contre la torture[12].

Sergueï Babinets participe à plusieurs reprises à la surveillance des manifestations à Orenbourg, pour enregistrer d'éventuelles violations des droits de l'homme[13].

Travail dans le Caucase du Nord

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Entre décembre 2011 et septembre 2022, il participe à plusieurs reprises au travail du Groupe temporaire des défenseurs des droits de l’Homme en République tchétchène, puis au travail de la branche nord-caucasienne de l’OPIR « Comité contre la torture »[14]. Au total, il travaille plus d’un an dans le Caucase du Nord[15],[16].

Le , il se trouve à Grozny lorsque des inconnus incendient le bureau du Groupe temporaire des défenseurs des droits de l’Homme et volent une partie des dossiers[17]. Les autorités tchétchènes accusent les défenseurs des droits de l'homme d'avoir organisé une mise en scène de l’incendie et d’avoir ainsi tenté d’attirer l'attention sur eux[18]. Le lendemain matin, les défenseurs des droits de l'homme arrivent à l’immeuble où se trouvent le bureau incendié et, en face, leurs locaux d’habitation (ce deuxième appartement n’a pas été endommagé lors de l’incendie). C’est ici que les membres du Groupe temporaire des défenseurs des droits de l’Homme se logeaient pendant leur mission dans la région. Après que le bureau incendié a été inspecté, les défenseurs des droits de l’Homme appellent la police pour déposer plainte sur place. Deux policiers qui arrivent font une perquisition et, tout en agissant sans mandat, confisquent leurs affaires personnelles, dont les ordinateurs portables, les appareils photos, ainsi que les clés USB[19]. Une partie du matériel est ensuite restituée[20]. Le bureau est restauré, mais six mois plus tard, il est de nouveau attaqué[21].

En 2020, l’Équipe contre la torture défend les droits de Salman Tepsourkaïev, le modérateur du chat de la chaîne Telegram « 1Adat » sur les violations des droits de l'homme en République de Tchétchénie[22]. Les défenseurs des droits de l'homme déposent une plainte dans l'affaire Tepsourkaïev auprès de la CEDH. En 2021, la Cour conclut que les autorités russes sont responsables de l'enlèvement et des mauvais traitements de Tepsourkaïev et accorde à Salman une indemnité de 26 000 euros. Quand la décision de la CEDH est prononcée, Salman Tepsourkaeïv est brutalement assassiné par des agents des forces de l'ordre tchétchènes[23].

Le , les représentants des forces de l'ordre de la République tchétchène attaquent les défenseurs des droits de l’homme Sergueï Babinets, Oleg Khabibrakhmanov et Natalya Dobronravova alors qu'ils apportent une assistance juridique à leurs clients à Nijni Novgorod. Au moment de l'attaque, Zarema Musaeva, la mère du défenseur des droits de l’homme Abubakar Yangulbaev, est enlevée par les représentants de la police tchétchène. L’organisation Front Line Defenders estime que ces attaques et enlèvement sont liés aux activités en matière de défense des droits de l’homme des victimes[24],[25].

Désignation comme candidat aux commissions publiques de surveillance

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A quatre reprises, Sergueï Babinets est désigné par les organisations publiques comme candidat pour devenir membre des commissions publiques de surveillance de Moscou (2016), de l’oblast de Nijni Novgorod (2018 et 2022) et de l’oblast d'Orenbourg (2020). Bien que la candidature de Sergueï Babinets satisfasse aux exigences formelles, il n’est jamais sélectionné comme membre des commissions publiques de surveillance. Les raisons du refus de délivrer un mandat ne sont pas précisées[26].

Participation à des événements publics

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Sergueï Babinets participe à plusieurs reprises aux piquets de grève organisés lors de la journée de soutien aux victimes de la torture du 26 juin dans les villes de présence du L’Équipe contre la torture[27],[28].

Sergueï Babinets lors d'un rassemblement contre la torture à Orenbourg en 2019

Prise de parole en public et textes d'auteur

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En 2012, Serguei Babinets donne des conférences sur les droits de l'homme à des policiers en Ingouchie. En 2015, il commente sur le site Internet du Comité contre la torture le retrait du projet de loi sur l'admission de la Commission publique de surveillance dans les locaux d'escorte des tribunaux[29].

Sergueï Babinets intervient et publie sur le site Web et à la station de radio « Echo de Moscou ». En 2019-2021, il est l'animateur de l'émission matinale d’« Echo » à Orenbourg[30].

À l'automne 2022, il intervient à la Conférence sur la dimension humaine de Varsovie[31].

En octobre 2022, il participe à la Plateforme de Dublin pour les défenseurs des droits de l’homme. La plateforme se tient tous les deux ans et offre aux défenseurs des droits de l’homme en danger la possibilité de se réunir pour partager leurs expériences et leurs connaissances, discuter de questions importantes, ainsi que de rencontrer les décideurs politiques des gouvernements et des organes intergouvernementaux[32].

Entretiens

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Références

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  1. (ru) « Оренбуржец Сергей Бабинец возглавил правозащитную организацию «Комитет против пыток» » [archive du ], sur Рамблер/спорт (consulté le ).
  2. « Оренбуржец Сергей Бабинец возглавил Комитет против пыток » [archive du ], sur Информационное агентство «Европейско-Азиатские Новости» (consulté le ).
  3. « Суд в Оренбурге оставил без изменения минимальное наказание экс-полицейскому за жестокое избиение задержанного » [archive du ], sur Команда против пыток,‎ (consulté le ).
  4. « Комитет против пыток приступил к расследованию смерти уроженца Таджикистана в подмосковном отделении полиции » [archive du ], sur Команда против пыток,‎ (consulté le ).
  5. (en) Урал56.Ру, « Оренбуржец Сергей Бабинец возглавил «Комитет против пыток» », sur Урал56.Ру (consulté le ).
  6. a et b (ru) « Оренбуржец Сергей Бабинец возглавил правозащитную организацию «Комитет против пыток» | Новости Оренбурга » [archive du ], sur prooren.ru (consulté le ).
  7. (ru) « Комитет против пыток возглавил оренбургский юрист. Три вопроса о будущем организации », sur semnasem.org (consulté le ).
  8. « Минюст включил "Комитет против пыток" в реестр иноагентов - ТАСС » [archive du ], sur TACC (consulté le ).
  9. a et b « Russie : considérée comme "agent de l'étranger", une ONG contre la torture annonce sa dissolution », sur Franceinfo, (consulté le ).
  10. Александр Лугов, « "Уровень насилия резко возрастет". Закрылся "Комитет против пыток" », Радио Свобода,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  11. « Russie : considérée comme "agent de l'étranger", une ONG contre la torture annonce sa dissolution », sur francetvinfo.fr, .
  12. (ru) « Human rights defender Sergey Babinets fined RUR 100,000 (approximetely EUR 2000) » [archive du ], sur Front Line Defenders, (consulté le ).
  13. « Итоги мониторинга протестных акций 31 января в нескольких регионах России » [archive du ], sur Команда против пыток,‎ (consulté le ).
  14. Véronique Gaymard, « Tchétchénie : Sergey Babinets, avocat du Groupe Conjoint Mobile », sur rfi.fr, (consulté le ).
  15. (ru) « «Как пытали, так и пытают»: Сергей Бабинец о пытках, правах человека и Чечне » [archive du ], sur Южный Урал,‎ (consulté le ).
  16. (ru) « Сергей Бабинец: В Чечне царствует диктатура » [archive du ], sur RFI,‎ (consulté le ).
  17. Кавказский Узел, « В результате пожара офис Комитета против пыток в Грозном полностью выгорел » [archive du ], sur Кавказский Узел (consulté le ).
  18. (ru) « Сожженный офис и угрозы. В Чечне ответили на критику нижегородского правозащитника » [archive du ], sur Новости NN.RU,‎ (consulté le ).
  19. (ru) « Пожар на КПП » [archive du ], sur Медиазона (consulté le ).
  20. Любовь Чижова, « "Мы останемся в Грозном" », Радио Свобода,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  21. (ru) « В Грозном разгромили офис Комитета против пыток » [archive du ] (consulté le ).
  22. « ЕСПЧ установил, что российские власти несут ответственность за похищение и жестокое обращение с модератором чата Telegram-канала «1Adat» (признан экстремистским в РФ) Салманом Тепсуркаевым » [archive du ], sur Команда против пыток,‎ (consulté le ).
  23. (ru) « В Чечне убит оппозиционный активист Салман Тепсуркаев – правозащитники » [archive du ], sur Настоящее Время (consulté le ).
  24. (ru) « Нападение на правозащитников Сергея Бабинца, Олега Хабибрахманова и адвокатку Наталью Добронравову, похищение матери правозащитника Абубакара Янгулбаева » [archive du ], sur Front Line Defenders,‎ (consulté le ).
  25. (ru) « Похищение матери как месть за деятельность сыновей » [archive du ], sur Human Rights Watch,‎ (consulté le ).
  26. (ru) « Наблюдатели выбрались в комиссии » [archive du ], sur Коммерсантъ,‎ (consulté le ).
  27. « Инсталляция, пикеты и фестиваль боевых единоборств. 26 июня – Международный день в поддержку жертв пыток » [archive du ], sur Команда против пыток,‎ (consulté le ).
  28. « В России проходят мероприятия, посвященные Международному дню ООН в поддержку жертв пыток » [archive du ], sur Команда против пыток,‎ (consulté le ).
  29. « ОНК и тайная комната » [archive du ], sur Команда против пыток,‎ (consulté le ).
  30. (ru) « Сергей Бабинец » [archive du ], sur ЭХО (consulté le ).
  31. (en) « Warsaw Human Dimension Conference » [archive du ], sur osce.org (consulté le ).
  32. (en) « Dublin Platform » [archive du ], sur Front Line Defenders (consulté le ).