Le siège de Morlaix se déroule du 6 au , pendant les guerres de Religion françaises. Il oppose les armées française et anglaise à l'armée espagnole alliée à la Ligue catholique française[1].

Siège de Morlaix

Informations générales
Date 6-17 septembre 1594
Lieu Morlaix, Bretagne
Issue Victoire anglo-française
Belligérants
Royaume de France
Drapeau de l'Angleterre Royaume d'Angleterre
Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
Ligue catholique
Commandants
Jean VI d'Aumont
Drapeau de l'Angleterre John Norreys
Drapeau de l'Angleterre Martin Frobisher
Drapeau de l'Espagne Juan d'Aguila
Philippe-Emmanuel de Lorraine
Forces en présence
3000 français

2000 anglais

6 navires
nombre inconnu

Guerres de religion (France)

Coordonnées 48° 34′ 39″ nord, 3° 49′ 40″ ouest

Contexte

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Depuis 1562, la France mène des guerres de Religion dans lesquelles l’Espagne intervient régulièrement dans le camp de la Ligue catholique de France[2]. Le roi Henri IV de France combat pour la cause protestante, mais il se convertit à la religion catholique à Paris le [2]. Le maréchal Jean d'Aumont est envoyé en Bretagne pour rejoindre l'armée anglaise de John Noreys[3]. Ils attaquent le château de la ville de Morlaix, occupée par la Ligue catholique et les troupes espagnoles.

Déroulement du siège

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Une armée combinée de la Ligue et de l’Espagne, dirigée par le duc de Mercœur et Juan de Aguila, vont au secours de Morlaix[3]. Jean d'Aumont a déjà rejoint les Anglais de Norreys, et Élisabeth Ire exige à l’avance que Morlaix soit livrée aux Anglais comme point de retraite possible.

Cependant, Jean d’Aumont exige que les catholiques entrent d’abord dans la ville, et la reine accepte. Philippe-Emmanuel envoie des troupes de la Ligue à Morlaix dans une marche rapide de dix lieues par jour, dans l’espoir de faire la jonction avec les troupes de Juan de Aguila. Cependant, Norreys, à la tête du contingent britannique, s’avance le long de la côte pour bloquer la possibilité de relier les deux armées ennemis[4].

Mercœur atteint des positions fortifiées près de Morlaix, mais Norreys envoie 700 hommes britanniques pour montrer sa force, et Mercœur, ne connaissant pas la force de l’ennemi, se hâte d’abandonner les positions avantageuses[3]. D'Aguila est sur le point de faire la jonction avec l’armée de Mercœur, mais ses colonnes se heurtent à des troupes anglaises dispersées. D'Aguila pense qu’il fait face à une armée beaucoup plus importante qu’il n’en a en réalité, les Espagnols pensent que les Anglais comptent au moins 6 000 hommes, bien qu’en réalité il ne s’agisse que d’un seul détachement. Craignant la défaite, D'Aguila décide de conduire ses hommes à Blais, à l’embouchure de la Gironde, le 17 septembre, et Mercœur seul ne peut libérer le château de Mortaix[4]. Les tensions atteignent leur paroxysme lorsque D'Aguila et Mercœur se reprochent mutuellement la responsabilité de l'échec de l'opération.

La position de la garnison de Morlaix se détériore considérablement lorsque les défenseurs voient la flotte anglaise commandée par Sir Martin Frobisher apportant de l’artillerie de siège à Norreys. Voyant les navires anglais avec leurs canons et ayant abandonné l’espoir de lever le siège, la garnison se rend[5][6][7].

Conséquences

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La garnison abandonne la forteresse, et les troupes anglaises et françaises entrent triomphalement dans la ville[8]. Jean d’Aumont fait l’éloge de Norreys en le laissant entrer le premier dans la ville. À la suite de la prise de Morlaix, de nombreuses autres villes prêtent bientôt serment au roi[3]. Quimper et Guingamp sont capturés par Norreys, et le fort espagnol à l’embouchure de la Gironde, le fort Crozon, est pris dans une bataille acharnée qui a coûté la vie à toute la garnison. Les troupes anglaises quittent la France en février de l’année suivante, et Élisabeth peut ramener ses troupes aux Pays-Bas[9][10].

Références

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  1. (en) Hadfield & Hammond, Andrew & Paul, Shakespeare And Renaissance Europe, A&C Black, (ISBN 9781408143681), p. 42-43
  2. a et b Alistair Horne 2003, p. 82-83
  3. a b c et d (en) John S. Nolan, Sir John Norreys and the Elizabethan Military World, University of Exeter Press, (ISBN 978-0-85989-548-4, lire en ligne), p. 210-213
  4. a et b James McDermott 2001, p. 411-412
  5. (en) John Malham, The Grand National History of England: Civil and Ecclesiastical, from the Earliest Period of Genuine Record to the Year 1815; ... Including the Modern History of Europe, from the Commencement of the Reign of King George the Third ..., T. Kelly, (lire en ligne), p. 472
  6. Hugh Bicheno 2012, p. 279-280
  7. Gustav Ungerer 1976, p. 17
  8. (en) Sir William Laird Clowes et Sir Clements Robert Markham, The Royal Navy: A History from the Earliest Times to the Present, Chatham Pub., (ISBN 978-1-86176-014-2, lire en ligne), p. 503
  9. Mark Charles Fissel 2006, p. 213
  10. Tim Thornton 2012, p. 126

Bibliographie

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  • (en) Alistair Horne, Seven Ages of Paris, Pan Macmillan (ISBN 9780330488648)
  • (en) James McDermott, Martin Frobisher: Elizabethan Privateer, Yale University Press, (ISBN 9780300083804)
  • (en) Hugh Bicheno, Elizabeth's Sea Dogs: How England's Mariners Became the Scourge of the Seas, Conway, (ISBN 978-1844861743)
  • (en) Gustav Ungerer, A Spaniard in Elizabethan England: The Correspondence of Antonio Pérez's Exile, vol. 1, Tamesis Books, (ISBN 9780900411847)
  • (en) Mark Charles Fissel, Amphibious Warfare 1000-1700: Commerce, State Formation and European Expansion Volume 34 de History of warfare, Brill, (ISBN 9789004132443)
  • (en) Tim Thornton, The Channel Islands, 1370-1640: Between England and Normandy, Boydell Press, (ISBN 9781843837114)

Liens externes

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