Société archéologique de Namur
La Société archéologique de Namur (SAN) est fondée en 1845. Elle est la quatrième société savante créée en Belgique après Mons (1835), Bruges (1839) et Tournai (1845)[1],[2],[3]. Elle voue son activité à la sauvegarde du patrimoine namurois, à son étude et à sa diffusion.
Fondation |
28 décembre 1845 |
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Domaine d'activité |
Histoire, Art, Archéologie et Patrimoine immatériel |
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Siège |
Namur |
Pays | |
Coordonnées | |
Langue |
Français |
Fondateur |
Jules Borgnet |
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Publication |
Annales de la Société archéologique de Namur, Namurcum et plusieurs collections monographiques |
Site web |
Les missions de la SAN, revues et adaptées dans ses nouveaux statuts[4] publiés le , consistent à « rechercher, préserver et acquérir des objets patrimoniaux ; publier des documents et des études scientifiques et de vulgarisation ; constituer et gérer une bibliothèque ; promouvoir et diffuser la recherche scientifique par des expositions et des publications »[5]. Un Conseil d’administration veille au respect de ses statuts et à l’accomplissement de son objet social. La SAN est promue Société royale en 1994.
La SAN est active dans la gestion de musées namurois (Musée archéologique, TreM.a et Musée des Arts décoratifs-Hôtel de Groesbeeck-de Croix), dans la conception d'expositions temporaires et dans l'édition d'ouvrages scientifiques et de vulgarisation. La SAN a également mis en place un service de médiation afin de développer ses actions envers les publics. Elle programme régulièrement des conférences et colloques ainsi que des excursions et voyages culturels.
Historique
modifierLe , Jules Borgnet (Namur, -Namur, ), jeune licencié en droit et archiviste, décide de fonder une société archéologique à Namur, dans une ville qu’il considérait « dans toute la sincérité de son (mon) âme » comme « la ville la moins archéologique du monde (…) »[6]. En s’associant avec quelques personnalités du monde culturel namurois (le baron Francis de Gerlache, Alphonse Balat, le curé Vanderesse, Ferdinand Marinus, le baron De Pitteurs de Budingen, le comte de Romrée, Théodore Dandoy, Henri Lambotte, le juge d’instruction Dupré, Eugène Del Marmol et Félix Eloin)[7], il veut rappeler à ses concitoyens « les traditions d’un passé glorieux trop longtemps oublié » et leur montrer « ce qu’on peut attendre du génie national »[8]. La Société archéologique de Namur voit le jour sous ces « bons auspices » en prenant pour exemple les cercles déjà établis dans quelques villes belges et dont les objectifs visent « la recherche et la publication des documents de notre histoire et (…) la conservation des monuments qui s’y rattachent »[8].
Dès sa création, la Société archéologique de Namur obtient le soutien des pouvoirs publics (Gouvernement[9], Province[10] et Ville de Namur[11]). Ils lui cèdent notamment, à plusieurs moments de son histoire, la jouissance de plusieurs lieux destinés à préserver et exposer sa collection d'antiquités et à effectuer un travail de recherche scientifique.
Les collections s'enrichissent grâce à des dons, achats, legs et dépôts émanant de familles namuroises. Un appel d'une transparence avait été lancé en 1849 en ces termes : « Nous faisons donc appel à tous nos concitoyens, aussi bien à nos associés qu'aux personnes étrangères. (...) Nous les prions (...) dans l'intérêt de la science, de se dessaisir en faveur de la Société, soit à titre de don ou d'échange, soit à prix d'argent, d'une partie des objets dont ils seraient devenus possesseurs. (...) Aidés ainsi par nos concitoyens, nous atteindrons bientôt le but désintéressée et tout patriotique qui a présidé à l'établissement de la Société archéologique »[12].
Les premières fouilles seront menées par Eugène del Marmol en 1851. À l'instar des sociétés savantes du XIXe siècle, la SAN en espérait alors récolter une « moisson d'antiquités » pour développer ses collections. En parallèle avec le développement des méthodes historiques et archéologiques qui se perfectionnent grâce à l'enseignement prodigué dans les universités, la SAN va porter une attention croissante à l'aspect scientifique et au contexte de trouvaille. Mais l'activité archéologique intensive et systématique de la SAN prend fin avec la création, en 1903, du Service des fouilles de l’État. La SAN ne travaillera plus alors que sur des chantiers occasionnels. Sa dernière campagne est menée au château des comtes de Namur entre 1996 et 2005.
La Société archéologique de Namur crée une Fondation d'Utilité publique en 2016 afin de mettre son patrimoine à l'abri[13].
- Francis de Gerlache (Differdange, -Bleid, ) : Commissaire d'arrondissement de Namur. Président du au .
- Eugène del Marmol (Saint-Marc, -Falaën, ) : Secrétaire de la Commission provinciale de statistique et archéologue. Président du au .
- Alfred Bequet (Namur, -Namur, ) : Archéologue. Président du au .
- Edouard de Pierpont (Namur, -Rivière, ) : Bourgmestre de Rivière, conseiller provincial, député permanent et archéologue. Président du au .
- Joseph Balon-Perin (Namur, -Namur, ) : Juge de paix et historien du droit. Président du au .
- Ferdinand Courtoy (Namur, -Namur, ) : Conservateur honoraire des Archives de l’État à Namur. Président du au .
- Adolphe Dupont (Namur, -Namur, ) : Professeur à la Faculté de médecine de l'Université catholique de Louvain. Président du au .
- Eugène Nemery de Bellevaux (Namur, -Revogne, ) : Pharmacien, historien de la Famenne, spécialiste du mobilier namurois. Président du au .
- Cécile Douxchamps-Lefèvre (Etterbeek, -Ixelles, ) : Chef de département honoraire aux Archives de l'Etat à Namur. Présidente du au .
- Emma (Maïté) Pacco-Picard (Liège, -...) : Conservatrice de la section Art ancien des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Présidente du au
- Emmanuel Bodart (Namur, -...) : Chef de service aux Archives de l'État à Namur. Président du au .
- Cédric Visart de Bocarmé (Schaerbeek, -...) : Directeur du service d’appui du Ministère Public. Président depuis le .
Collection et musées
modifierEn 1849, un premier « Musée provincial » est créé par la Société archéologique de Namur qui l'installe dans une salle du rez-de-chaussée du Palais de justice[15]. Face à l'importance des collections, le local devient trop exigu. Le collège communal vote, en 1953, la mise à disposition de la SAN de la Halle al'Chair, ancien siège de la corporation des bouchers édifié au XVIe siècle, en échange de la gestion de sa bibliothèque. En 1855, la SAN inaugure le tout premier musée de Namur, le Musée archéologique.
Dans les années 1930, Ferdinand Courtoy, archiviste de l’État et conservateur des collections de la SAN, alerte les autorités de la nécessité de disposer de nouveaux espaces pour l’exposition et la valorisation des collections. L’Hôtel de Groesbeeck - de Croix, acheté par la Ville à la marquise de Keroüartz – grâce à l’intervention de Ferdinand Visart de Bocarmé, Président des amis de l'hôtel de Croix –, est confié en 1934 à la SAN, aux Amis du musée des Beaux-Arts et au jeune cercle Sambre-et-Meuse. Ils ont pour tâche de procéder à la restauration de l'hôtel de maître. Le musée de Groesbeeck-de Croix (aujourd’hui Musée des arts décoratifs) ouvre officiellement ses portes en [16]. Il présente alors une collection d'objets relevant des Arts décoratifs des 17e et 18e siècles au rez-de-chaussée et une galerie de peintures modernes provenant du Gouvernement provincial et de l’Hôtel de Ville au premier étage.
Presque 30 ans plus tard, c'est au tour d’André Dasnoy, nouveau conservateur des collections, accompagné par Ferdinand Courtoy, de sélectionner, documenter et restaurer les collections du Moyen Âge et de la Renaissance destinées à être présentées dans l’hôtel de Gaiffier d’Hestroy[17]. Cet hôtel de maître est légué en 1950 par Paule d’Haese-de Gaiffier-d’Hestroy à la Province de Namur dans le but d’y installer un musée d’art[18]. Le Musée des Arts anciens du Namurois ouvre en . Il abrite des objets d'art du Moyen Âge et de la Renaissance, dont le Trésor d’Oignies, propriété de la Fondation Roi Baudouin et confié en dépôt à la SAN, et conserve la Bibliothèque de la Société.
Outre les collections archéologiques et artistiques exposées au public, la Société archéologique de Namur est également détentrice d'un Cabinet numismatique, second plus important en Belgique, et d'un Cabinet des dessins et des estampes. Ces deux ensembles sont réservés aux chercheurs et conservés au siège social de la société. Ce dernier, baptisé Jardin du cloître, est installé dans l’ancienne cure de l’église Saint-Joseph. Entre 2010 et 2014, la Société archéologique de Namur restaure cet ensemble immobilier laissé à l'abandon depuis le décès, en , de son dernier occupant, l'abbé Robert Barbier.
Recherche et transmission
modifierÀ l'instar des autres sociétés savantes de l'époque, la Société archéologique de Namur voit le jour dans le contexte de l'indépendance de la Belgique marqué par une prise de conscience d'une identité nationale. Les travaux scientifiques et littéraires connaissent alors un essor remarquable.
Si la recherche était déjà au cœur des préoccupations de la jeune Société archéologique, il faut attendre la révision de ses statuts en 1928, au moment de sa constitution en asbl, pour la voir prendre une place fondamentale. C'est au sein de ses membres que la SAN trouvera ses premiers auteurs. Ils publieront régulièrement dans les Annales de la Société archéologique de Namur des articles de fond, des notices, des documents inédits et des bulletins bibliographiques en lien avec l'histoire, l'art et l'archéologie de Namur et de sa région.
La Société archéologique de Namur publie régulièrement des documents inédits et des travaux scientifiques relatifs au passé de la ville et de la province de Namur. En 1846, les statuts mentionnent la vocation de la SAN de « publier des documents inédits concernant l'histoire de la province », mais aussi « si l'état des fonds le permettait, de publier des mémoires historiques ainsi que des notices sur des monuments et objets d'art ».
La première publication de la SAN sort de presse en 1846 sous le titre de Protocole des délibérations de la municipalité de Namur du au . Cette parution précède de 3 ans la sortie de presse les deux premières livraisons de ses Annales[20]. Ce périodique rassemble des articles scientifiques traitant du patrimoine namurois. Il constitue une source documentaire pour l'histoire, l'art et le folklore de Namur et de sa région. Les Annales sont diffusées dans le cadre d'échanges avec d'autres sociétés savantes.
Dès 1924 et jusqu'à sa mort en 1970, Ferdinand Courtoy initie une chronique trimestrielle baptisée Namurcum[21]. Elle se penche sur l'actualité et la vie de la société et des musées et s'intéresse aux monuments anciens de Namur menacés de destruction.
La Société archéologique de Namur a ainsi créé plusieurs séries d’ouvrages qui constituent des volumes de références pour les chercheurs. En 2013 et 2017, la SAN lance deux nouvelles collections Namur. Histoire et Patrimoine et Namur. Archéologie. Celles-ci visent un plus large public que les Annales tout en conservant une volonté d'échange et de collaboration avec différents spécialistes. Elles proposent des études sur des thèmes liés à l’histoire, l’art et l’archéologie de la province de Namur.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Annales de la Société archéologique de Namur (volume jubilaire édité à l'occasion du 150e anniversaire de la Société archéologique de Namur), tome 69, 1995.
- P. Dartevelle et J. Toussaint (sous la dir.), Cercles et sociétés archéologiques et historiques en Fédération Wallonie-Bruxelles. Passé, présent, futur, coll. Document du Patrimoine culturel, n° 4 (2012), Bruxelles, 2012.
- J.-M. Duvosquel, « Les Sociétés d'Histoire et d'Archéologie en Belgique. Quelques considérations statistiques », Sociétés et revues locales et régionales d'histoire, d'archéologie et de folklore. Bulletin du Crédit communal de Belgique, n° 181, 1992/3.
Lien externe
modifierNotes et références
modifier- M. Bruwier et M.-L. Loosveldt, « Répertoire des sociétés et revues locales et régionales d'histoire et d'archéologie », Bulletin trimestriel du Crédit Communal de Belgique, vol. supplément au n° 103, , p. 1
- J.-M. Duvosquel, « La mission des sociétés d'histoire et d'archéologie en Belgique dans le passé et aujourd'hui », Congrès de Nivelles. 23-26.VIII.2008. Actes du 2ème Congrès de l'Association des Cercles d'Histoire et d'Archéologie de Belgique, Nivelles, vol. II, , p. 5
- J. Toussaint, « Sociétés savantes : culture et patrimoine », Les Cahiers de l'urbanisme. Patrimoine et Culture, no 69, , p. 48
- « Statuts de la Société archéologique de Namur »,
- Statuts de la Société archéologique de Namur adoptés en assemblée générale le 23 décembre 1845
- Jules Borgnet, « Les Grands-Malades », Annales de la Société archéologique de Namur (ASAN), t. I, 1849, p. 417 [lire en ligne]
- C. Douxchamps-Lefèvre, « La Société archéologique de Namur a cent cinquante ans », Annales de la Société archéologique de Namur, vol. 69, , p. 9-17
- Introduction des Statuts de la Société archéologique de Namur adoptés en assemblée générale le 23 décembre 1845.
- F. de Gerlache, Rapport sur la situation de la Société archéologique de Namur pendant l'année 1846 présenté par M. le Président, dans la réunion générale du 28 février 1847, Namur, , p. 7Les recettes de la société archéologique de Namur pour l'année 1846 mentionnent un subside de 200 frs émanant du Gouvernement.
- Eug. del Marmol, Rapport sur la situation de la Société archéologique de Namur pendant l'année 1852. Présenté par M. le Président, dans l'assemblée générale du 30 janvier 1853, Namur, , p. 51Les recettes mentionnent pour la première fois un subside de la Province d'un montant de 400 frs. Le subside du Gouvernement est par ailleurs passé à 600 frs.
- Eug. del Marmol, Rapport sur la situation de la Société archéologique de Namur pendant l'année 1853. Présené par M. le Président dans l'assemblée générale du 5 février 1854, Namur, , p. 58-60Le contrat établi entre l'Administration communale de Namur et la Commission de la Société archéologique de Namur le 24 novembre 1853 pour l'usage à titre gratuit de l'ancienne boucherie est intégralement reproduit dans ce rapport.
- « Mélanges », Annales de la Société archéologique de Namur, vol. 1, , p. 364-365
- « Statuts de la Fondation d'Utilité publique Société archéologique de Namur », sur www.moniteur.be
- Daniel Van Overstraeten, « Les Présidents de la Société archéologique de Namur 1846-1995 », Annales de la Société archéologique de Namur, vol. 69, , p. 437-439
- Eugène Del Marmol, Rapport sur la situation de la Société archéologique de Namur, pendant l’année 1849. Présenté par M. le Président, dans la réunion générale du 24 février 1850, 1850 : « Le premier (évènement important), est la concession qui nous est faite, par la députation provinciale, d'un local dont nous sommes venus prendre possession dans le courant du mois d'octobre ».
- Ferdinand Courtoy, « L'Hôtel de Groesbeeck-de Croix à Namur », Namurcum, T. 11, 1936, pp. 63-64
- A.D. (André Dasnoy), « Accroissement des collections. Aménagements nouveaux », Namurcum, T. 37, 1965, p. 20
- Jacques Toussaint, « Une façade aveugle pour un espace muséal à voir et à revoir », L’hôtel de Gaiffier d’Hestroy à Namur. Musée du Moyen Âge et de la Renaissance depuis 50 ans. Patrimoine classé depuis 70 ans, coll. Monographies du TreM.a, 65, 2015, pp. 169-209
- Le catalogue des publications de la Société archéologique de Namur est disponible en ligne : https://lasan.be/la-recherche/editions-publications
- Les 50 premiers tomes des Annales ont été numérisés par la Bibliothèque universitaire Moretus Plantin. Ils sont disponibles à la consultation en ligne : https://neptun.unamur.be/s/neptun/search?q=Soci%C3%A9t%C3%A9+arch%C3%A9ologique+de+namur
- « Namurcum est consultable en ligne », sur www.lasan.be