Solfatare (Italie)
La Solfatare (Solfatara di Pozzuoli en italien) est un volcan situé à proximité de la ville de Pouzzoles, à l'ouest de Naples, la deuxième plus grande agglomération du pays avec quatre millions d'habitants, dans la région italienne de Campanie, au sud de la chaîne principale des Apennins.
Solfatare | |
Vue générale de la Solfatare. | |
Localisation | |
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Coordonnées | 40° 49′ 38″ N, 14° 08′ 22″ E |
Pays | Italie |
Région | Campanie |
Province | Naples |
Commune | Pouzzoles |
Géologie | |
Massif | Arc volcanique campanien |
Âge | 40 000 ans |
Type de cratère | Volcanique |
Type | Volcan de subduction |
Activité | Actif |
Dernière éruption | 1538 |
Code GVP | 211010 |
Observatoire | Observatoire du Vésuve |
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La Solfatare constitue la zone la plus active parmi les quelque quarante volcans faisant partie du complexe volcanique des champs Phlégréens[1]. Après le Vésuve, il est le second grand volcan actif à proximité immédiate de Naples.
Étymologie
modifierLe toponyme, qui provient du latin Sulpha terra, « terre de soufre », a donné son nom aux solfatares, un type de fumerolles caractérisé par d'importants dépôts de soufre.
Géologie
modifierLe cratère est situé sur une colline à 190 m d’altitude. Il a une forme de vasque ovale d'un diamètre allant jusqu'à 770 mètres.
Au centre se trouvent des marmites de boues sulfureuses bouillonnantes, la fangia, utilisée dès l'Antiquité à buts thérapeutiques, et exploitée encore aujourd’hui comme produit de beauté d’origine hydrothermale.
Le paysage est lunaire, constitué de cendres et de nombreuses fentes dans le sol d'où s'échappent des fumerolles. La principale, dite Bocca Grande (« grande bouche » en italien, « grande fumerolle » en français), émet des gaz de l'ordre de 1 500 tonnes de dioxyde de carbone et 3 300 tonnes de vapeur riche en minéraux (bore, sodium, magnésium, vanadium, arsenic, zinc, iode, antimoine, rubidium…) par jour à une température d'environ 160-200 °C[2]. Ce dégazage dépose sur les roches adjacentes des cristaux rouges de réalgar et cinabre et des cristaux jaunes d’orpiment. Il a été démontré que la composition chimique de ces gaz (anhydride carbonique, anhydride sulfureux, etc.) et la température varient au cours du temps.
Le volcan est entouré de petits empilements meubles d'éjectas de pouzzolane, des fragments de lave éjectés, de cendre et lapilli, que l'on appelle tuf lorsqu'il est compacté.
Faune et flore
modifierLa flore est typique de la garrigue : myrte, ciste, arbousier et autres plantes habituées à des conditions climatiques rudes (vent, température, sécheresse, salinité).
À l’intérieur du cratère, malgré un fort taux d’acidité (pH inférieur à 3) et une température élevée (90 °C) vivent quelques micro-organismes dans les boues : les bactéries Bacillus acidocaldarius et Caldarella acidophila, l’archée Sulfolobus solfataricus et l’algue unicellulaire Cyanidium caldarium. En 1990 une nouvelle espèce d’invertébrés a été identifiée à la Solfatara, un petit arthropode, le collembole Seira tongiorgii[3].
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Vue panoramique du cratère vers le sud-est.
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Mare de boue (vue très rapprochée).
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Fumerolle.
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Grande fumerolle.
Formation
modifierLa genèse de la Solfatare s'inscrit dans celle des champs Phlégréens par l'éruption ignimbritique campanienne il y a environ 35 000 ans. Celle ci fut suivie d'une éruption dite de tuf jaune, qui recouvrit la plaine campanienne sur près de 1 000 km² il y a environ 12 000 ans[4]. Le cratère lui-même résulte d'une violente explosion dite phréato-magmatique remontant à 4 000 ans seulement.
Activité tellurique
modifierLa Solfatare a un volcanisme actif de basse intensité. Les manifestations principales sont une activité sismique peu intense et un bradyséisme constant. Le volcan est l’épicentre d'un phénomène cyclique de déformation du sol qui a comme résultat l’élévation et l’affaissement du sol des champs Phlégréens par rapport au niveau de la mer.
Le point de référence est l’ancien marché de Pouzzoles, sur l'emplacement du temple de Sérapis, datant de l’an 2 avant J.-C., En effet, il témoigne de cette fluctuation magmatique du sol : les colonnes sont sombres jusqu’à une hauteur de 5,80 m environ. Ceci est dû à des coquillages qui ont rongé la pierre. À cet endroit, les colonnes étaient donc immergées.
L'histoire volcanique récente est également documentée grâce aux sources antiques, suivies des archives de l'Église et enfin des observations volcaniques modernes avec notamment une liste des éruptions des champs Phlégréens.
L'une d'entre elles est responsable en 300 av. J.-C. de la disparition de la ville romaine de Baia sous 15 m d'eau. Les Grecs ont donné le nom de Leucogée (syn. craie) aux flancs de ses collines, blanchies par les vapeurs sulfureuses. Pline l'Ancien, dans son Histoire Naturelle, et Strabon dans le livre V de sa Géographie, en parlent comme d'un volcan à demi éteint. Strabon l'appelle Forum Vulcani et le décrit ainsi :
Cet espace, tout entouré de collines ignées, pleines intérieurement de feux, et percées en plusieurs endroits de soupiraux par lesquels des flammes s'échappent à grand bruit, est lui-même rempli de soufre que l'on peut extraire
Une éruption ayant eu lieu en 1158, rapportée du XIIe au XVIe siècle, a été vérifiée notamment lors de travaux de recherche publiés en 2009[5], une autre en septembre 1538, donne naissance au plus jeune volcan d’Europe, le Monte Nuovo[6].
En 1930, la Solfatare répondit au séisme pourtant lointain de l'Irpinia par des projections de boue à une trentaine de mètres[7].
Après les pics bradysismiques enregistrés entre 1970 et 1972 puis 1982 et 1984, caractérisés par une élévation maximale de 3 m, le sol s’affaisse lentement. On y constate en parallèle des micro-séismes, et au niveau de la Solfatare, une augmentation de température et de la proportion des gaz d’origine magmatique dans les fumerolles : la « Bocca Giovane », une nouvelle bouche naît le 16 novembre 1984 et crache d’épaisses volutes de vapeur[8].
La Solfatare dans la culture
modifierLocalisation du royaume d'Hadès et des portes des Enfers
modifierCes activités telluriques n'ont pas manqué de fasciner les Grecs et les Romains. Ils placèrent dans ce secteur des lieux mythiques, tels l'entrée des Enfers situés tantôt au niveau de la « Bocca Grande » tantôt au lac d'Averne dont émanaient alors des gaz toxiques, parfois d'une redoutable puanteur sulfurique :
Dans l'Énéide, Virgile raconte qu'Énée a creusé, sur la rive du lac Averne, un passage vers le monde souterrain, afin de rechercher son père défunt Anchise en franchissant le Styx.
L'exploitation des minéraux
modifierL’activité extractive de soufre, d'alun et de kaolin est présente dans toutes les époques historiques.
Thermalisme dès le XIIe siècle
modifierAu XIIe siècle, Pierre d'Éboli, dans son De Balneis Puteolanis, recommande à Frédéric de Hohenstaufen, roi de Sicile et empereur germanique, Stupor Mundi, les effets bénéfiques des sources, aujourd’hui disparues sous l'effet du bradyséisme. Leurs eaux, au goût de citron, étaient censées soigner les maladies de la vue, de la peau, l'asthme et quelques maladies respiratoires. Ce dernier aurait suivi son conseil et profité d'une cure sur le chemin de la sixième croisade — la seule croisade pacifique.
Étape obligatoire sur le « Grand Tour » des intellectuels du siècle des Lumières
modifierLes jeunes Goethe et Stendhal n'ont pas manqué de visiter les champs Phlégréens et la Solfatare.
Essor au XIXe siècle
modifierÀ partir du XIXe siècle, le site abrite un centre de recherche scientifique, fondé par le chimiste et naturaliste Sebastiano De Luca (it).
Tourisme
modifierNon seulement le cratère du volcan « en activité » se visite sans danger, mais il abrite un camping dans la partie inactive, même si la chaleur et l'odeur de soufre s'y ressentent à l'aube, permettant de « vivre une expérience unique »[9].
Annexes
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier- Historique des éruptions du Global Volcanism Program du Smithsonian Institute· National Museum of Natural · Department of Mineral Sciences History [lire en ligne].
- Historique des éruptions de l'Osservatorio Vesuviano - Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia [lire en ligne].
- http://www.solfatara.it/
Notes et références
modifier- « Volcanisme : les dangereux champs Phlégréens se réveillent ! », sur www.futura-sciences.com, .
- Chiodini et al., « CO2 degassing and energy release at Solfatara volcano », Campi Flegrei, Italy, J. Geophys. Res., no 106, 2001, p. 16213-16221.
- (en) Laura Tosi et Vittorio Parisi, « Seira tongiorgii, a new species of Collembola from a volcanic environment », Bolletino di zoologia, vol. 57, no 3, , p. 277–281 (ISSN 0373-4137, DOI 10.1080/11250009009355708, lire en ligne, consulté le )
- « Rapport sur les techniques de prévision et de prévention des risques naturels en France no 1540 déposé le 12 avril 1999 par M. Christian Kert - dans Annexe II : SURVEILLANCE SCIENTIFIQUE ET PROTECTION DES POPULATIONS DANS LES ZONES À RISQUE VOLCANIQUE - Partie III - LE VÉSUVE - Annexe IIIa : LES CHAMPS PHLEGREENS, par Dr. Sylvie GRUSZOW, ingénieur en géophysique, journaliste scientifique », sur www.assemblee-nationale.fr.
- (en) R.Scandonea, J.D'Amato, L.Giacomellia, Universita' Roma, « The relevance of the 1198 eruption of Solfatara in the Phlegraean Fields (Campi Flegrei) as revealed by medieval manuscripts and historical sources », Journal of Volcanology and Geothermal Research Volume 189, Issues 1–2, 1 January 2010, pages 202-206, .
- Brice Gruet (trad. de l'italien), Éruption avec témoins : la naissance du Monte Nuovo, Italie, 1538, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, , 263 pages (ISBN 978-2-84516-610-3).
- Demangeot Jean., « Le volcanisme des Champs Phlégréens », Revue de géographie de Lyon, vol. 27, no 1, 1952. pp. 35-43, (www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1952_num_27_1_1055).
- Chiodini, G., Avino, R., Caliro, S., Minopoli, C, « Temperature and pressure gas geoindicators at the Solfatara fumaroles (Campi Flegrei), Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia, sezione di Napoli, Osservatorio Vesuviano, Naples, Italy », Annals of Geophysics, (lire en ligne).
- (it) « Vulcano Solfatara », sur Vulcano Solfatara (consulté le )