Requin dormeur du Pacifique

espèce de poissons
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Somniosus pacificus

Description modifier

cadavres de requins dormeurs du Pacifique

Le Requin dormeur du Pacifique (Somniosus pacificus) est un requin dormeur de la famille des Somniosidés, que l'on trouve dans le Pacifique Nord sur les plateaux continentaux et les pentes des eaux arctiques et tempérées entre les latitudes 70°N et 22°N, et dans au moins deux endroits dans le Pacifique tropical occidental près de Palau et des îles Salomon, de la surface jusqu'à 2 000 mètres de profondeur.[1] [2] Les premières preuves de la présence des requins dans le Pacifique tropical occidental sont apparues dans une vidéo de National Geographic prise près des îles Salomon en 2015.[3] Sa longueur peut atteindre 4,4 mètres, bien qu'elle puisse potentiellement dépasser les 7 mètres.[2]

Taxonomie modifier

Le requin dormeur du Pacifique fait partie de l'Ordre des Squaliformes, un groupe taxonomique diversifié comprenant les requins à ronces (Echinorhinidae), les requins lanterne (Etmopteridae), les requins rugueux (Oxynotidae), les requins voilier (Dalatiidae), les requins serpent (Centrophoridae), les requins dormeurs (Somniosidae) et les requins aiguillat (Squalidae). Les requins cette ordre se caractérisent par la présence de deux nageoires dorsales (avec ou sans épines de nageoire), de spiracles, l'absence de nageoire anale ou de membrane nictitante, et de cinq paires de fentes branchiales[4]. Le requin dormeur du Pacifique est un requin de grande taille avec une coloration dorsale allant du gris au brun ou au noir et une coloration ventrale légèrement plus claire. Cette espèce, fréquemment décrite à l'aide d'adjectifs tels que "mou" et "lent" dans la littérature, possède de petits yeux, une petite bouche et de petites dents par rapport à sa taille, et une large queue hétérocerque (avec 2 lobes inégaux)[5]. [6]

Les requins dormeurs du Pacifique font partie du genre Somniosus (Famille Somniosidae), trouvés dans le monde entier, des eaux polaires peu profondes aux abysses à des latitudes tempérées et tropicales[4] [5]. Les classifications systématiques au sein de ce genre ont varié au fil du temps, en grande partie en raison de la rareté des rencontres dans de nombreuses régions et des similarités d'apparence entre les espèces de Somniosus. Ce genre comprend cinq espèces dans deux sous-genres : le sous-genre Somniosus contenant trois espèces de grande taille (requin du Groenland S. microcephalus, requin dormeur du Pacifique S. pacificus et requin dormeur austral Somniosus antarcticus), et le sous-genre Rhinoscymnus contenant deux espèces de petite taille (requin grenouille Somniosus longus et petit requin dormeur Somniosus rostratus) (3). Les deux sous-genres diffèrent par leur taille adulte mais également par le niveau de calcification de leur colonne vertébrale, la valve spirale et le nombre de vertèbres, la forme des dents et le nombre de rangées de dents, et la forme des denticules dermiques [6].

Les caractéristiques morphologiques, y compris la hauteur et la position de la nageoire dorsale, le nombre de valves spirales et de vertèbres, et la distance de l'extrémité du museau à la première fente branchiale, peuvent généralement être utilisées pour distinguer les trois espèces de grande taille de Somniosus. Chacune des espèces est largement confinée à des régions géographiques spécifiques, S. microcephalus occupant les océans Atlantique Nord et Arctique, S. pacificus occupant les océans Pacifique Nord et Arctique, et S. antarcticus occupant l'hémisphère Sud, malgré certaines similitudes dans les caractéristiques morphologiques mesurées.

Néanmoins, les analyses génétiques remettent en question les classifications des espèces au sein du sous-genre Somniosus, basées sur la morphologie et la géographie. La comparaison des marqueurs d'ADN nucléaire et mitochondrial apporte un soutien solide à l'idée de considérer S. microcephalus et S. pacificus comme des espèces sœurs distinctes mais étroitement liées. Cependant, des preuves génétiques soutiennent une hybridation possible entre S. pacificus et S. microcephalus dans l'Arctique canadien où leurs aires de répartition peuvent se chevaucher. Plus frapant encore, plusieurs chercheurs ont conclu qu'il n'y avait pas suffisamment de variation génétique dans l'ADN mitochondrial ou nucléaire pour distinguer S. pacificus de S. antarcticus, suggérant que malgré les différences morphométriques, elles constituent une seule espèce se répartissant dans tout l'océan Pacifique, justifiant une révision du taxon. Il existe également actuellement peu de preuves pour étayer l'existence de sous-populations de S. pacificus. [6]

Répartition géographique modifier

Le requin dormeur du Pacifique (Somniosus pacificus) occupe une vaste zone géographique s'étendant des eaux polaires peu profondes aux profondeurs abyssales des latitudes tempérées et tropicales. On le trouve principalement sur les plateaux continentaux et les pentes continentales de l'océan Pacifique Nord, entre les latitudes 70°N et 22°N. Ses habitats incluent également des zones spécifiques dans les eaux tropicales occidentales près de Palau et des îles Salomon, où il peut être trouvé depuis la surface jusqu'à 2000 mètres de profondeur. La répartition géographique du requin dormeur du Pacifique est complexe, avec des variations de densité et des préférences environnementales observées en fonction des régions et des profondeurs spécifiques. [6]

Dans la mer de Béring occidentale, dans les années 1990, le requin dormeur du Pacifique a été capturé de 168°E (baie d'Olyutorsky) à 178°O. Dans les eaux du Pacifique au large des îles Kouriles du nord et du sud-est du Kamtchatka, le requin dormeur du Pacifique est moins abondant. Ces captures ont été réalisées dans une plage de profondeur de 178 à 675 m (moyenne 457 m) dans la mer de Béring occidentale, et de 85 à 717 m (moyenne 451 m) au large des Kouriles et du Kamtchatka. Dans ces deux zones, Somniosus pacificus a été le plus souvent observé entre 400 et 450 m et entre 600 et 700 m. Au large des Kouriles et de Kamchatka, l’espèce à été capturée le plus souvent entre 250 et 300 m et entre 450-500 m

La distribution verticale du requin dormeur du Pacifique subit de légères variations saisonnières. Par exemple, la profondeur moyenne des captures au large des Kouriles et du Kamtchatka était de 392,7m au printemps, 543,4m en été, 447,5m en automne et 328,9m en hiver. Les variations saisonnières de la distribution de requin dans la mer de Bering occidentale ne sont pas prononcées. [7]

Liens externes modifier

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  1. (en) IUCN, « Somniosus pacificus: Rigby, C.L., Derrick, D., Dyldin, Y.V., Ebert, D.A., Herman, K., Ho, H., Hsu, H., Ishihara, H., Jeong, C.-H., Pacoureau, N., Semba, Y., Tanaka, S., Volvenko, I.V., Walls, R.H.L. & Yamaguchi, A.: The IUCN Red List of Threatened Species 2021: e.T161403A887942 », International Union for Conservation of Nature, (DOI 10.2305/iucn.uk.2021-2.rlts.t161403a887942.en. retrieved 19 november 2021., consulté le )
  2. a et b K. S. Bose et R. H. Sarma, « Delineation of the intimate details of the backbone conformation of pyridine nucleotide coenzymes in aqueous solution », Biochemical and Biophysical Research Communications, vol. 66, no 4,‎ , p. 1173–1179 (ISSN 1090-2104, PMID 2, DOI 10.1016/0006-291x(75)90482-9, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Louw Claassens, Brennan Phillips, David A. Ebert et Denley Delaney, « First records of the Pacific sleeper shark Somniosus cf. pacificus in the western tropical Pacific », Journal of Fish Biology, vol. 103, no 5,‎ , p. 1214–1220 (ISSN 0022-1112 et 1095-8649, DOI 10.1111/jfb.15487, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b D. H. H. Kühlmann, « L. J. V. Compagno: FAO Species Catalogue. Vol. 4, Sharks of the world. An Annotated and Illustrated Catalogue of Shark Species Known to Date. Part 1 — Hexanchiformes to Lamniformes. = FAO Fisheries Synopsis No. 125, Vol. 4, Part 1, 249 S., Rome: Food and Agriculture Organization of the United Nations. 1984. ISBN 92‐5‐101384‐5 », Internationale Revue der gesamten Hydrobiologie und Hydrographie, vol. 71, no 2,‎ , p. 295–295 (ISSN 0020-9309, DOI 10.1002/iroh.19860710229, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b George H Burgess, « Sharks, Rays, and Chimaeras of California. California Natural History Guides, Volume 71. By David A  Ebert; illustrated by , Mathew D  Squillante. Berkeley (California): University of California Press. $39.95 (hardcover); $19.95 (paper). xiii + 284 p; ill.; index. ISBN: 0–520–22265–2 (hc); 0–520–23484–7 (pb). 2003.Sharks, Skates, and Rays of the Carolinas. By Frank J  Schwartz. Chapel Hill (North Carolina): University of North Carolina Press. $15.95 (paper). xi + 161 p + 8 pl; ill.; index. ISBN: 0–8078–5466–2. 2003. », The Quarterly Review of Biology, vol. 79, no 2,‎ , p. 210–211 (ISSN 0033-5770 et 1539-7718, DOI 10.1086/423078, lire en ligne, consulté le )
  6. a b c et d (en) Mary Elizabeth Matta, Cindy A. Tribuzio, Lindsay N. K. Davidson et Keith R. Fuller, « A review of the Pacific sleeper shark Somniosus pacificus: biology and fishery interactions », Polar Biology, vol. 47, no 5,‎ , p. 433–458 (ISSN 1432-2056, DOI 10.1007/s00300-024-03247-8, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Index Copernicus, Oceanological Studies, Index Copernicus, (lire en ligne)