Souris nude

Souris de laboratoire sans système immunitaire et fourrure

Une souris nude est une souris utilisée en laboratoire, provenant d'une lignée présentant une mutation génétique qui entraîne la détérioration ou l'absence de thymus, ce qui résulte en un système immunitaire déficient dû au nombre grandement réduit de lymphocytes T. Le phénotype ou l'apparence de la souris est l'absence de poils, ce qui lui a donné son surnom de « nude » (« nue », en français). La base génétique de la mutation nude est une perturbation du gène FOXN1.

Une souris nude

Utilisation modifier

Les souris nude sont utilisées en recherche car on peut leur greffer des tissus ou des tumeurs sans qu'elles n'initient de rejet[1]. Ces xénogreffes sont utilisées en recherche pour tester de nouvelles méthodes d'imagerie médicale[2] ou des traitements anti-tumoraux[3].

Historique modifier

La première souris nude a été découverte en 1962 par le Dr Norman R. Grist au laboratoire de virologie Brownlee de l'hôpital Ruchill (en) à Glasgow avec l'apparition d'une nouvelle mutation au sein d'une lignée involontairement consanguine[4],[5],[6]. Flanagan qui a étudié cette souris nude à l'Institute of Animal Genetics d'Édimbourg remarque leur faible espérance de vie[4]. En 1968, E. M. Pantelouris découvre que la mutation est autosomale récessive et que les souris nude Homozygotes porteuses de la mutation sont caractérisées par une absence de thymus[4],[7]. Cette absence de thymus empêche ces souris nude de produire des lymphocytes T matures[8]. Par conséquent, elles sont incapables de développer de nombreux types de réponses immunitaires adaptatives, notamment :

  1. la formation d'anticorps qui nécessite des lymphocytes T auxiliaires CD4+
  2. les réponses immunitaires à médiation cellulaire, qui nécessitent des lymphocytes T CD4+ et/ou CD8+
  3. les réponses d'hypersensibilité de type retardé (nécessitent des lymphocytes T CD4+)
  4. la destruction des cellules infectées par le virus ou malignes (nécessite des lymphocytes T cytotoxiques CD8+)
  5. le rejet de greffe (nécessite à la fois des lymphocytes T CD4+ et CD8+)

Nomenclature modifier

La nomenclature de la souris nude a changé de nombreuses fois depuis sa découverte. À l'origine, elles étaient décrites comme des souris « nu » puis le locus a été nommé non officiellement whn (wh pour Winged-helix) et ensuite « Hfh11nu » lorsque le gène muté a été identifié comme une mutation dans le gène HNF-3/forkhead homolog 11[9]. En 2000, le gène responsable de la mutation a été identifié comme étant un membre de la famille génique Fox et la nomenclature a été actualisée pour « Foxn1nu »[9],[10],[11].

Bibliographie modifier

  • (en) J. Fogh, B. C. Giovanella (Editors), The Nude Mouse in Experimental and Clinical Research (Vol.1), Academic Press, 1978 (ISBN 0-12-261860-2)
  • (en) J. Fogh, B. C. Giovanella (Editors), The Nude Mouse in Experimental and Clinical Research (Vol.2), Academic Press, 1982 (ISBN 0-12-261862-9)
  • (en) « Laboratory Animals : Origin of Nude Mouse », in Nature 224/1969, p. 114–5
  • (en) Jorgen Rygaard, « History and Pathology », dans Epie Boven & Benjamin Winograd, The Nude mouse in oncology research, Boca Raton, CRC Press. Taylor & Francis Group, (1re éd. 1991), 340 p. (ISBN 978-1-315-89811-7), p. 1-10
  • (en) Benjamin Winograd, « New drug development », dans Epie Boven & Benjamin Winograd, The Nude mouse in oncology research, Boca Raton, CRC Press. Taylor & Francis Group, (1re éd. 1991), 340 p. (ISBN 978-1-315-89811-7), p. 305-316
  • (en) Hidde J. Haisma, « Monoclonal antibodies », dans Epie Boven & Benjamin Winograd, The Nude mouse in oncology research, Boca Raton, CRC Press. Taylor & Francis Group, (1re éd. 1991), 340 p. (ISBN 978-1-315-89811-7), p. 231-246 (IV. antibody-radionuclide conjugates for tumor localization p.236)

Notes et références modifier

  1. Rygaard 2018, p. 5.
  2. Haisma 2018, p. 236.
  3. Winograd 2018, p. 306.
  4. a b et c Rygaard 2018, p. 2.
  5. (en) « Mouse (immunodeficient) » [archive du ], sur animalresearch.info (consulté le )
  6. (en) « NMRI Nude Mice » [archive du ], sur Charles River (consulté le )
  7. (en) E. M. Pantelouris, « Absence of Thymus in a mouse mutant », Nature, vol. 217,‎ , p. 370-371 (DOI 10.1038/217370a0)
  8. (en) Ann Richmond et Yingjjun Sun, « Mouse xenograft models vs GEM models for human cancer therapeutics », Dis. Model. Mech., nos 2-3,‎ , p. 78-82 (PMID 19048064, DOI 10.1242/dmm.000976)
  9. a et b (en) John P. Sundberg et Tsutomu Ichiki, Genetically Engineered Mice Handbook, CRC Press, , 336 p. (ISBN 9781420039078, présentation en ligne)
  10. « BALB/c-nu », souris consanguine mutante Foxn1nu, laboratoires Janvier.
  11. ImmunoDeficient Mice : Options & Challenges, fiche technique de Johns Hopkins Medicine (Baltimore et Washington DC)

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

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