« Pierre Bourdieu » : différence entre les versions

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Il est reçu à l’École normale supérieure de la [[rue d'Ulm]] en 1951<ref>''[[Sciences humaines (revue)|Sciences humaines]]'' hors série spécial n° 15 consacré à Pierre Bourdieu, février-mars 2012, p. 3.</ref>. Celui que ses camarades appellent de son deuxième prénom, Félix, y retrouvera peu à peu ses anciens condisciples de classe préparatoire comme [[Jacques Derrida]] ou [[Louis Marin (philosophe)|Louis Marin]]. Alors que la scène philosophique française est dominée par la figure de [[Jean-Paul Sartre]] et par l'[[existentialisme]], Bourdieu réagit comme de nombreux normaliens de sa génération<ref>[[Louis Althusser]] souligne, dans son autobiographie ''L'avenir dure longtemps'', que l'École normale supérieure des années d'[[après-guerre]] n'était pas propice à l'[[existentialisme]] : « La mode était d'affecter de mépriser Sartre ». De fait, aucun des normaliens de la génération de Bourdieu n'est devenu un sartrien notoire, contrairement à leurs cadets (Terray, Badiou, Verstraeten, etc.){{inédit}}.</ref> ; ces derniers se sont orientés préférentiellement vers l'étude des « courants dominés<ref>''Ibid.'', {{p.}}21.</ref> » du champ philosophique : le pôle de l'histoire de la philosophie proche de l'histoire des sciences, représenté par [[Martial Guéroult]] et [[Jules Vuillemin]], et l'[[épistémologie]] enseignée par [[Gaston Bachelard]] et [[Georges Canguilhem]].
 
Pierre Bourdieu soutient en [[1953]], sous la direction d'[[Henri Gouhier]], un mémoire sur les ''Animadversiones'' de [[Gottfried Wilhelm von Leibniz|Leibniz]]{{refnec}}. En plus de son cursus, il suit aussi le séminaire d'[[Éric Weil]] à l'[[École pratique des hautes études]] sur la philosophie du droit de [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]]. Agrégé de philosophie en 1954, il s'inscrit auprès de [[Georges Canguilhem]] pour une thèse de philosophie sur les structures temporelles de la vie affective, qu'il abandonne en [[1957]] afin de se consacrer à des études ethnologiques de terrain, ce qui représente déjà un déclassement dans la hiérarchie des disciplines du champ académique (il revient sur cette partie de sa trajectoire académique dans son ouvrage ''[[Esquisse pour une auto-analyse]]'').
 
[[Fichier:Big cour ernests.jpg|thumb|[[École normale supérieure (Paris)|École normale supérieure]], Cour aux Ernests]]
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=== Début de carrière ===
 
[[Georges Canguilhem]] place son thésard à proximité de Paris, comme professeur au lycée de [[Moulins (Allier)|Moulins]] en [[1954]]-[[1955]]. Mais Pierre Bourdieu doit remplir ses obligations militaires. Après avoir refusé de suivre la formation d’[[élève officier de réserve]], il est affecté au [[service psychologique des armées]] à [[Versailles]] . Il est trouvé en possession d'un numéro censuré de ''[[L’Express]]'' relatif à la question algérienne. Il aurait ainsi perdu son affectation pour raisons disciplinaires, et, rapidement embarqué avec des jeunes appelés en Algérie dans le cadre de la « [[Guerre d'Algérie|pacification]] », il y accomplit l’essentiel du [[Conscription|service militaire]], qui dure deux ans<ref>''Ibid.'', p. 54.</ref>.
 
Il fait d'abord partie d'une petite section qui garde un dépôt d'essence. Puis, en raison de ses capacités rédactionnelles, il est affecté dans les services administratifs de la Résidence Générale, sous les ordres de [[Robert Lacoste]]<ref>Sa famille inquiète de sa simple condition de soldat de première classe a informé un colonel béarnais qui a relayé l'information auprès de l'unité, puis plus tard auprès du gouverneur général, lui-même originaire du Sud-Ouest et ancien résistant. À cette époque, la Résidence Générale était en quête de jeunes rédacteurs.</ref>. De [[1958]] à [[1960]], souhaitant poursuivre ses études sur l’Algérie, il prend un poste d’assistant à la Faculté des Lettres d’[[Alger]]<ref>''Ibid.'', p. 63.</ref>{{refins}}.
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=== Engagement ===
 
À partir du début des [[années 1980]], Pierre Bourdieu s’implique davantage dans la vie publique. Il participe notamment au soutien à [[Solidarność]] en partie en raison de la sollicitation de [[Michel Foucault]]. En [[1981]], Bourdieu avec [[Gilles Deleuze]] et d'autres intellectuels soutiennent ''le principe'' de la candidature de [[Coluche]] à l’élection présidentielle{{refnec}}. Bourdieu voyait dans les accusations de [[poujadisme]] portées contre la candidature de [[Coluche]] par les hommes politiques, la volonté de ces derniers de préserver leur monopole de la représentation politique, et de se protéger contre la menace d’un « joueur » qui refuse les règles habituelles du jeu politique, montrant ainsi leur arbitraire<ref>« La représentation politique », ''Actes de la recherche en sciences sociales'', n°36-37, 1981, p. 7. {{Lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1981_num_36_1_2105}}</ref>. Ce n'est que dans les [[années 1990]] qu'il s'engage pleinement dans la vie publique<ref>Michel Offerlé, « Engagement sociologique : Pierre Bourdieu en politique », ''Regards sur l’actualité'', n°248, [[1999]].</ref>, réinvestissant la figure de l’[[intellectuel]] [[Engagement|engagé]]<ref>Toutefois, Pierre Bourdieu relativise ce changement, qui lui semble résulter de l’impression fausse induite par la transformation du champ intellectuel, conduisant les intellectuels vers des positions [[Conservatisme|conservatrices]], alors que ses propres positions demeuraient inchangées. Ainsi, dans la revue ''[[Vacarme (revue)|Vacarme]]'', à la question « Les années 1994/1995 — les suites de la publication de ''La Misère du monde'', le mouvement social de décembre 1995 — constituent visiblement pour vous un tournant politique. Ou plutôt, elles constituent un tournant dans la façon dont vous êtes perçu. La chronologie est-elle aussi simple ? À supposer qu’elle fonctionne, pourquoi ce moment précis ? Et s’il y a césure politique, correspond-elle à une césure épistémologique ? », Pierre Bourdieu répondait « Ça me surprend toujours quand on parle de « tournant ». (…) Bien sûr, on peut se dire : comment se fait-il qu’il « passe à la politique » ? En fait, c’était déjà là. Vous le dites vous-même : il a un tournant dans la façon dont je suis perçu. Je pense que c’est essentiellement ça. Un changement, cela peut tenir à la chose vue ou à la perception. Du côté de la perception, je vois bien un certain nombre de choses : le monde intellectuel a beaucoup changé et c’est peut-être parce que je n’ai pas beaucoup changé sur l’essentiel que je parais avoir changé. » ({{Article | prénom1 = Philippe| nom1 =Mangeot | lien auteur1 =Philippe Mangeot| titre = à contre-pente, entretien avec Pierre Bourdieu| périodique = Vacarme | numéro =14| mois =hiver | année = 2001 | url texte =http://www.vacarme.org/article224.html | consulté le =10 avril 2010}})</ref>.
 
Durant la guerre civile en Algérie, il soutient les intellectuels algériens.
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==== Sens pratique ====
[[Fichier:Justine henin hardenne medibank international 2006.jpg|thumb|Le sens pratique d'une joueuse de tennis en action <small>(ici, [[Justine Henin-Hardenne]] en 2006)]]</small>
 
Ce caractère « générateur » de l’habitus est, enfin, lié à une dernière propriété de l’habitus : celle d’être au principe de ce que Bourdieu nomme le « sens pratique ».
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