« Province du Dauphiné » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Bob08 (discuter | contributions)
m typo
Cjldx (discuter | contributions)
(98 versions intermédiaires par 48 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 :
{{Confusion|texte=Ne pas confondre avec l'actuelle entité géographique et culturelle du Dauphinois}}
{{Voir homonymes|Dauphiné (homonymie)}}
{{Infobox Ancienne entité territoriale
| nom français = Province dedu Dauphiné
| nom = Dôfenât
| nom langue = {{frp}}
| nom2 = Daufinat
| nom2 langue = {{oc}}
| annéenom3 début = [[1349]]Delfinato
| annéenom3 langue fin = [[1790]]{{it}}
| blasonannée début = Blason province fr Dauphine.svg= [[1349]]
| blasonannée lienfin = Les armoiries du = [[Dauphiné1790]].
| drapeau = Flag of Dauphiné.svg
| blasontaille = 60x
| cartedrapeau lien = DauphinéDrapeau.JPG
| légendeblason = Localisation de la = Blason province enfr FranceDauphine.svg
| languesblason lien = Armoiries du [[Dauphiné]].
| capitaleblasontaille = [[Grenoble]]60x
| carte = Dauphine in France (1789).svg
| religion = [[Christianisme]]
| evt1légende = [[TraitéLocalisation de Romansla (1349)|Traitéprovince deen Romans]]France.
| langues = [[Français]], [[arpitan]] ([[Dauphinois (dialecte)|dauphinois]]), [[provençal]] ([[vivaro-alpin]]), [[italien]]
| evt1 date = [[30 mars]] [[1349]]
| evt2capitale = [[Révolution françaiseGrenoble]]
| evt2religion date = [[1789]]
| evt1 = [[Traité de Romans (1349)|Traité de Romans]]
| titre leaderA =
| leaderA1evt1 date = {{date|30 mars 1349}}
| evt2 = [[Révolution française]]
| leaderA1 date =
| leaderA2evt2 date = [[1789]]
| leaderA2titre leaderA date =
| populationleaderA1 =
| popleaderA1 date =
| superficieleaderA2 = Environ 32000 km² =
| monnaieleaderA2 date =
| parlementpopulation = [[Parlement du Dauphiné]] = -
| gentilé = [[Dauphinois (habitants)|Dauphinois]]
| devise =
| pop date =
| p1 = [[Fichier:Dauphin of Viennois Arms.svg|20px]] [[Dauphiné de Viennois]]
| superficie = Environ 22 000 km²
| s1 = [[Fichier:Blason département fr Isère.svg|20px]] [[Isère (département)|Isère]]
| monnaie =
| s2 = [[Fichier:Blason département fr Drôme.svg|20px]] [[Drôme (département)|Drôme]]
| s3parlement = [[Fichier:BlasonParlement départementdu fr Hautes-Alpes.svg|20px]] [[Hautes-AlpesDauphiné]]
| devise =
| s4 = [[Fichier:Blason département fr Vaucluse.svg|20px]] [[Vaucluse (département)|Vaucluse]] ([[Principauté d'Orange]])
| s5p1 = [[Fichier:BlasonDauphin ducheof frViennois SavoieArms.svg|20px]] [[DuchéDauphiné de Savoie]] ([[Dauphiné#Dauphiné Italien|Dauphiné italienViennois]])
| p2 = [[Fichier:Blason Raymond IV des Baux.svg|20px]] [[Principauté d'Orange]] <small>(1713)</small>
| s1 = [[Fichier:Blason département fr Isère.svg|20px]] [[Isère (département)|Isère]]
| s2 = [[Fichier:Blason département fr Drôme.svg|20px]] [[Drôme (département)|Drôme]]
| s3 = [[Fichier:Blason département fr Hautes-Alpes.svg|20px]] [[Hautes-Alpes]]
| s4 = [[Fichier:Blason département fr Vaucluse.svg|20px]] [[Vaucluse (département)|Vaucluse]] ([[Principauté d'Orange]])
| s5 = [[Fichier:Blason duche fr Savoie.svg|20px]] [[Duché de Savoie]] ([[Dauphiné#Dauphiné Italien|Dauphiné italien]]) <small>(1713)</small>
}}
La '''province du Dauphiné''' est une ancienne [[Anciennes provinces de France|province française]] intégrée au [[Royaumeroyaume de France]] suiteen auvertu du [[Traité de Romans (1349)|traité d'union du Dauphiné à la France]] en [[1349]], et dissoute par le [[décret de la division de la France en départements]] en [[1790]], lors de la [[Révolution française]]. deSes habitants sont les ''[[1789Dauphinois (habitants)|Dauphinois]]''.
 
== Histoire ==
=== Le« transportTransport » de la province du [[Dauphiné de Viennois]] àau la [[Royaumeroyaume de France|France]] ===
 
[[Fichier:Dauphin Humbert II.jpg|thumb|Le dauphin Humbert II]]
Le vaste [[Dauphiné de Viennois]] n'avait pas manqué d'attirer l'attention des rois de France. Les [[Capétiens]] intervinrent de plus en plus ouvertement, notamment à propos de conflits frontaliers ou d'hommages contestés. [[Philippe le Bel]] alla jusqu'à infliger des amendes à des sujets du dauphin. Mieux que cela, moyennant une pension, il obtint d'[[Humbert Ier de Viennois|Humbert {{Ier}}]], devenu son homme lige, qu'il fournisse un contingent d'hommes d'armes.
Le vaste [[Dauphiné de Viennois]] n'avait pas manqué d'attirer l'attention des rois de France. Les Capétiens intervinrent de plus en plus ouvertement, notamment à propos de conflits frontaliers ou d'hommages contestés. [[Philippe le Bel]] alla jusqu'à infliger des amendes à des sujets du dauphin. Mieux que cela, moyennant une pension, il obtint d'[[Humbert Ier de Viennois|Humbert {{Ier}}]] devenu son homme lige un contingent d'hommes d'armes. [[Guigues VII de Viennois|Guigues VII]] épousa la fille du roi [[Philippe V le Long]]. [[Philippe VI de Valois]] allait trouver dans la politique d'[[Humbert II de Viennois|Humbert II]] ([[1333]]-[[1349]]) l'occasion décisive. Ce dernier, de goût fastueux et artiste, conduisit le gouvernement du Dauphiné à un train que ses finances ne purent suivre. Il lui fallut recourir au seul moyen qui lui restait : vendre son État ! Le [[roi de Sicile]], puis le pape [[Benoît XII]], sollicités, ne donnèrent pas suite. Philippe VI, bien qu'accaparé par les débuts de la guerre de Cent Ans, réagit immédiatement. Établi à [[Sainte-Colombe (Rhône)|Sainte-Colombe]], il s'imposa comme le seul acquérir. Deux traités furent préparés sans aboutir. Mais de nouveaux frais engagés pour une croisade ([[1345]]-[[1347]]), la mort de la dauphine [[Marie des Baux-Orange|Marie des Baux]] ([[1346]]), l'absence de tout héritier décidèrent Humbert II à abandonner le pouvoir sans plus attendre (son fils étant mort à l'âge de deux ans). Un troisième [[Traité de Romans (1349)|traité]] fut signé le [[30 mars]] [[1349]], habilement négocié par le protonotaire du roi, [[Amblard de Beaumont]]. Le Dauphiné de Viennois était confié au petit-fils de Philippe VI, [[Charles V de France|Charles]], moyennant 200 000 florins et une rente annuelle de {{Unité|4000|florins}}. La solution était habile : on ménageait tout de même les susceptibilités [[Saint-Empire romain germanique|impériales]] en donnant le Dauphiné de Viennois en apanage à un prince et non directement au roi ; mais ce prince étant lui-même futur roi, on écartait le risque de voir se constituer un grand fief dommageable au royaume, comme devait le devenir plus tard la Bourgogne. Et c'est ainsi que le fils du roi porta le titre de [[Liste des dauphins de France#Dauphins de Viennois|dauphin de Viennois]] (puis [[Liste des dauphins de France#Dauphins de France|dauphin de France]]) jusqu'à la fin de la monarchie française. Quant à Humbert II, dernier dauphin indépendant, il devint le frère dominicain Humbert. Prieur du couvent de Saint-Jacques à [[Paris]], [[patriarche d'Alexandrie]], il allait être nommé [[évêque de Paris]] quand il mourut, en [[1355]]<ref name="GDU11">R. Picavet, R. Bornecque, G. Tosatto, A. Boucharlat, C. Martel, G.Tuaillon, J.-C. Bouvier, J. Serroy, R. Bourgeois, J. Billet, C. Dautrey et H. Arnaud, ''Dauphiné Drôme, Hautes-Alpes, Isère'', 2006.</ref>.
 
[[Guigues VIII de Viennois|Guigues VIII de La Tour du Pin]] (1309-1333), [[Liste des comtes d'Albon puis dauphins de Viennois|dauphin de Viennois]], épousa en [[1323]] [[Isabelle de France (1312-1348)]], la fille du roi de France [[Philippe V le Long]]. [[Philippe VI de Valois]], devenu roi de France à son tour, allait trouver dans la politique d'[[Humbert II de Viennois|Humbert II]] ([[1333]]-[[1349]]), qui avait succédé à son frère Guigues VIII, l'occasion décisive.
La cérémonie officielle a lieu à [[Lyon]] le 16 juillet 1349. Humbert remet à Charles de Normandie (le futur [[Charles V de France|Charles V le Sage]]) le sceptre, la bannière, l'anneau et l’ancienne épée du dauphin. À cette époque, Humbert II portait également les titres de « prince du [[Briançonnais]], duc de [[Champsaur]], marquis de Cézanne, [[Comté de Vienne|comte de Vienne]], d'[[Albon]], de [[Vallée du Grésivaudan|Grésivaudan]], d'[[Embrun (Hautes-Alpes)|Embrun]] et de [[Gapençais]], baron [[comte palatin|palatin]] de [[Famille de La Tour du Pin|La Tour]], de la [[Valbonne]], de [[Montauban]] et de [[Mévouillon]] », qu'il transmet également à la France. Dès lors, le Dauphiné est réservé à l'héritier du trône de France. Charles V résida quelques mois à Grenoble et visita son nouveau territoire. D'autre part, cette annexion entraîna la création des [[États provinciaux (Ancien Régime)|États du Dauphiné]]. Les nouveaux dauphins ne résidant pas en permanence dans la province, des [[Liste des gouverneurs du Dauphiné|gouverneurs seront successivement nommés]].
 
Ce dernier, de goût fastueux et artiste, conduisit le gouvernement du Dauphiné à un train que ses finances ne purent suivre. Il lui fallut recourir au seul moyen qui lui restait : vendre les seigneuries qui constituaient ses états. Le [[roi de Sicile]], puis le pape [[Benoît XII]], sollicités, ne donnèrent pas suite. Philippe VI, bien qu'accaparé par les débuts de la guerre de Cent Ans, réagit immédiatement. Établi à [[Sainte-Colombe (Rhône)|Sainte-Colombe]], il s'imposa comme le seul acquéreur. Deux traités furent préparés sans aboutir. Mais de nouveaux frais engagés pour une croisade ([[1345]]-[[1347]]), la mort de son épouse la dauphine Marie [[Liste des seigneurs des Baux|des Baux]]{{Note|texte=Claude Faure 1907{{Note|groupe= note |texte=La dauphine Marie des Baux meurt à [[Rhodes]] dans le courant du mois de mars 1347. la nouvelle de son décès parvient à Grenoble le {{date|1|mai|1347}}}} | id= faure1907 | détails= p. 537 | url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6548754z/f551.item }} ([[1346]]) et l'absence de tout héritier décidèrent Humbert II à abandonner le pouvoir sans plus attendre (son fils étant mort à l'âge de deux ans en 1335){{Note|texte=Paul Fournier 1912| id= fournier1912}}.
=== Les débuts d'une Province ===
 
Un troisième [[Traité de Romans (1349)|traité]] fut signé le {{date|30 mars 1349}}, habilement négocié par le protonotaire du roi, [[Amblard de Beaumont]]. Le Dauphiné de Viennois était confié au petit-fils de Philippe VI, [[Charles V de France|Charles]], moyennant {{unité|200000|florins}} et une rente annuelle de {{Unité|4000|florins}}. La solution était habile : on ménageait tout de même les susceptibilités [[Saint-Empire romain germanique|impériales]] en donnant le Dauphiné de Viennois en apanage à un prince et non directement au roi ; mais ce prince étant lui-même futur roi, on écartait le risque de voir se constituer un grand fief dommageable au royaume, comme devait le devenir plus tard la Bourgogne. Et c'est ainsi que le fils du roi porta le titre de [[Liste des dauphins de France#Dauphins de Viennois|dauphin de Viennois]] (puis [[Liste des dauphins de France#Dauphins de France|dauphin de France]]) jusqu'à la fin de la monarchie française.
Le Dauphiné entrait dans le [[Royaume de France]] au moment où commençait la [[guerre de Cent Ans]]. La participation de la nouvelle province française y fut assez importante. Frappée comme le reste du royaume par la [[peste noire]] de [[1348]], il lui faudra entre trois et quatre siècles selon les lieux, pour retrouver la situation démographique antérieure. Le Dauphiné eut à souffrir des [[Grandes Compagnies]] qui bourlinguèrent entre [[Rhône]] et [[Préalpes françaises|Préalpes]], précédées et suivie d'effroyable réputation. La noblesse dauphinoise participa activement aux grandes batailles livrées contre les [[Anglais]], avec un loyalisme qui pour être récent n'en est pas moins solide. Trois cents chevaliers dauphinois périrent à la [[bataille de Verneuil]] ([[1424]] : on leur dédia des monuments aux morts sous forme de fresques représentant la Vierge au manteau abritant les figures des défunts; l'une d'elles subsiste à l'église paroissiale de [[Laval (Isère)|Laval]]. En juin [[1430]], le [[Liste des comtes et ducs de Savoie|duc de Savoie]] [[Amédée IV de Savoie|Amédée IV]] et le [[principauté d'Orange|prince d'Orange]] [[Louis II de Chalon-Arlay|Louis de Chalon]], partisans du [[duc de Bourgogne]] attaquèrent le Dauphiné fidèle à [[Charles VII]]. Ils furent écrasés, alors que les Dauphinois étaient en infériorité numérique, devant le [[Bataille d'Anthon|château d'Anthon]], sur la rive gauche du [[Rhône]] en amont de [[Lyon]]. La province fut sauvée, l’invasion échoua. Presqu'en même temps, des prières publiques étaient prescrites dans la région pour la délivrance de [[Jeanne d'Arc]]<ref name="GDU11" />.
 
Quant à Humbert II, dernier dauphin indépendant, il devint le frère dominicain Humbert. Prieur du couvent de Saint-Jacques à [[Paris]], [[patriarche d'Alexandrie]], il allait être nommé [[évêque de Paris]] quand il mourut, en [[1355]]{{Note|texte=Encyclopédie régionale du Dauphiné| nom= GDU11 | id= bonneton2006 }}.
Les [[rois de France]] s'attachèrent à achever à l'unité du Dauphiné. En [[1355]], le [[Faucigny]] fut échangé avec le [[duc de Savoie]] contre ses fiefs en [[Viennois]] ; en [[1446]] les comtés de [[Valentinois]] et de [[Diois]] complétèrent la province qui atteignait ses limites définitives. Le roi [[Charles V]] autorisa les délégués des trois ordres à se réunir pour consentir et répartir les impositions, [[États provinciaux]], image réduite des [[États généraux]]. Le futur roi [[Louis XI]] est le seul [[dauphin (titre)|dauphin]] royal (sous le nom de [[Louis II]] à avoir séjourné dans son apanage pour le gouverner ([[1447]]-[[1456]]). De main de maître, il organisa de façon plus rationnelle la justice et l'administration. Le [[Conseil delphinal]] devint un [[Parlement du Dauphiné|parlement]], le troisième du royaume ([[1453]]) ; les seigneurs locaux, notamment les évêques, durent prêter hommage et obéir (ce fut le cas de [[Jean Gérard de Poitiers]], [[Liste des archevêques de Vienne (Isère)|archevêque de Vienne]], en [[1450]]). La centralisation monarchique progressait à grand pas<ref name="GDU11" />.
 
La cérémonie officielle a lieu à [[Lyon]] le {{date-|16 juillet 1349}}. Humbert remet à Charles de Normandie (le futur [[Charles V de France|Charles V le Sage]]) le sceptre, la bannière, l'anneau et l’ancienne épée du dauphin. À cette époque, Humbert II portait également les titres de « prince du [[Briançonnais]], duc de [[Champsaur]], marquis de [[Césane|Cézanne]], [[Comté de Vienne|comte de Vienne]], d'[[Albon]], de [[Vallée du Grésivaudan|Grésivaudan]], d'[[Embrun (Hautes-Alpes)|Embrun]] et de [[Gapençais]], baron [[comte palatin|palatin]] de [[Famille de La Tour du Pin|La Tour]], de la [[Valbonne]], de [[Montauban-sur-l'ouvèze]] et de [[Mévouillon]] », qu'il transmet également à la France. Dès lors, le Dauphiné est réservé à l'héritier du trône de France. Charles V résida quelques mois à Grenoble et visita son nouveau territoire. D'autre part, cette annexion entraîna la création des [[États provinciaux (Ancien Régime)|États du Dauphiné]]. Les nouveaux dauphins ne résidant pas en permanence dans la province, des [[Liste des gouverneurs du Dauphiné|gouverneurs seront successivement nommés]].
=== [[Guerres d'Italie]] ===
 
Dès lors, le Dauphiné est réservé à l'héritier du trône de France. Charles V résida quelques mois à Grenoble et visita son nouveau territoire. D'autre part, cette annexion entraîna la création des [[États provinciaux (Ancien Régime)|États du Dauphiné]]. Les nouveaux dauphins ne résidant pas en permanence dans la province, des [[Liste des gouverneurs du Dauphiné|gouverneurs seront successivement nommés]].
La poursuite du mirage italien par les [[rois de France]] produisait en Dauphiné un pesant va-et-vient de convois et de troupe, puisque le [[Montgenèvre|Mont-Genèvre]] fut le passage le plus utilisé : réquisitions, accroissements d'impôts, levées d'hommes, recrudescence des épidémies firent un triste contrepoint aux brillantes entrées des souverains dans leurs villes. La gloire eut aussi sa part et le Dauphiné s'honore de la figure du chevalier [[Pierre Terrail de Bayard]]. Né dans le manoir [[Pierre Terrail de Bayard|Bayard]] de [[Pontcharra]], ce redoutable guerrier, aussi brillant dans les combats singuliers que dans les mouvements statégiques, rendit les plus grands services à trois rois successifs [[Charles VIII]], [[Louis XII]] et [[François Ier|François {{Ier}}]]. Le dernier n'hésita pas à reconnaître sa dette en se faisant armer chevalier au lendemain de [[Bataille de Marignan|Marignan]] par ce seigneur de bien modeste origine. Ayant pu montrer également ses riches qualités humaines dans les fonctions de gouverneur du Dauphiné, Bayard fut blessé à mort en couvrant la retraite des Français en [[Milanais]] ([[1524]])<ref name="GDU11" />.
 
=== Les débutsDébuts d'une Province ===
[[Fichier:Map France 1477-fr sovereign Béarn.svg|vignette|Carte représentant le royaume de France en 1477 (la province du Dauphiné est dans le sud-est).]]
Le Dauphiné entrait dans le [[Royaumeroyaume de France]] au moment où commençait la [[guerre de Cent Ans]]. La participation de la nouvelle province française y fut assez importante. Frappée comme le reste du royaume par la [[peste noire]] de [[1348]], il lui faudra entre trois et quatre siècles selon les lieux, pour retrouver la situation démographique antérieure. Le Dauphiné eut à souffrir des [[Grandes Compagnies]] qui bourlinguèrent entre [[Rhône]] et [[Préalpes françaises|Préalpes]], précédées et suivie d'effroyable réputation. La noblesse dauphinoise participa activement aux grandes batailles livrées contre les [[Anglais]], avec un loyalisme qui pour être récent n'en est pas moins solide. Trois cents chevaliers dauphinois périrent à la [[bataille de Verneuil (1424)|bataille de Verneuil]] ([[1424]] : on leur dédia des monuments aux morts sous forme de fresques représentant la Vierge au manteau abritant les figures des défunts; l'une d'elles subsiste à l'église paroissiale de [[Laval (Isère)|Laval]]. En juin [[1430]], le [[Liste des comtes et ducs de Savoie|duc de Savoie]] [[Amédée IVVIII de Savoie|Amédée IVVIII]] et le [[principauté d'Orange|prince d'Orange]] [[Louis II de Chalon-Arlay|Louis de Chalon]], partisans du [[duc de Bourgogne]] attaquèrent le Dauphiné fidèle à [[Charles VII (roi de France)|Charles VII]]. Ils furent écrasés, alors que les Dauphinois étaient en infériorité numérique, devant le [[Bataille d'Anthon|château d'Anthon]], sur la rive gauche du [[Rhône]] en amont de [[Lyon]]. La province fut sauvée, l’invasion échoua. Presqu'Presque en même temps, des prières publiques étaient prescrites dans la région pour la délivrance de [[Jeanne d'Arc]]<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
Les [[rois de France]] s'attachèrent à achever à l'unité du Dauphiné. En [[1355]], le [[Faucigny (province)|Faucigny]] fut échangé avec le [[duc de Savoie]] contre ses fiefs en [[Viennois]] ; en [[1446]] les comtés de [[Valentinois]] et de [[Diois]] complétèrent la province qui atteignait ses limites définitives. Le roi [[Charles V le Sage|Charles V]] autorisa les délégués des trois ordres à se réunir pour consentir et répartir les impositions, [[États provinciaux (Ancien Régime)|États provinciaux]], image réduite des [[États généraux (France)|États généraux]]. Le futur roi [[Louis XI]] est le seul [[dauphin (titre)|dauphin]] royal (sous le nom de [[Louis II le Bègue|Louis II]] à avoir séjourné dans son apanage pour le gouverner ([[1447]]-[[1456]]). De main de maître, il organisa de façon plus rationnelle la justice et l'administration. Le [[Conseil delphinal]] devint un [[Parlement du Dauphiné|parlement]], le troisième du royaume ([[1453]]) ; les seigneurs locaux, notamment les évêques, durent prêter hommage et obéir (ce fut le cas de [[Jean Gérardde Poitiers (archevêque)|Jean de Poitiers]], [[Liste des évêques et archevêques de Vienne (IsèreFrance)|archevêque de Vienne]], en [[1450]]). La centralisation monarchique progressait à grandgrands pas<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
=== [[Guerres d'Italie]] ===
{{Article détaillé|Guerres d'Italie}}
La poursuite du mirage italien par les [[rois de France]] produisait en Dauphiné un pesant va-et-vient de convois et de troupe, puisque le [[Montgenèvre|Mont-Genèvre]] fut le passage le plus utilisé : réquisitions, accroissements d'impôts, levées d'hommes, recrudescence des épidémies firent un triste contrepoint aux brillantes entrées des souverains dans leurs villes. La gloire eut aussi sa part et le Dauphiné s'honore de la figure du chevalier [[Pierre Terrail de Bayard]]. Né dans le manoir [[Pierre Terrail de Bayard|Bayard]] de [[Pontcharra]], ce redoutable guerrier, aussi brillant dans les combats singuliers que dans les mouvements statégiquesstratégiques, rendit les plus grands services à trois rois successifs [[Charles VIII (roi de France)|Charles VIII]], [[Louis XII]] et [[François Ier (roi de France)|François {{Ier}}]]. Le dernier n'hésita pas à reconnaître sa dette en se faisant armer chevalier au lendemain de [[Bataille de Marignan|Marignan]] par ce seigneur de bien modeste origine. Ayant pu montrer également ses riches qualités humaines dans les fonctions de gouverneur du Dauphiné, Bayard fut blessé à mort en couvrant la retraite des Français en [[Milanais]] ([[1524]])<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
De nombreux conseillers dauphinois participèrent également à l'administration des territoires italiens conquis par les troupes françaises.
Parmi les gouverneurs du Dauphiné au {{s-|XVI|e}}, [[Gaston de Foix-Nemours]] (1509) s'illustrera par la suite comme capitaine des armées d'Italie et [[Antoine de Bourbon|Antoine de Bourbon-Vendôme]] (1562), roi-consort de [[Royaume de Navarre|Navarre]] et père du futur [[Henri IV de France|Henri IV]], remplacé à sa mort (1562) par le [[Jacques de Savoie-Nemours|duc de Nemours]]<ref>''Essai{{Note|texte=Jules historiqueChevalier sur1896 la| villeid= etchevalier1896 l'église| de Die'', chanoine Jules Chevalier, t. III, 1909,détails= {{p.|10}}, n.note 1 et {{p.|167}}</ref>}}.
 
=== [[Guerres de religion]] ===
{{Article détaillé|Guerres de Religion (Europe)|Guerres de Religion (France)}}
[[Fichier:FacadeIsère, Vienne - Cathédrale VienneSaint-Maurice 21.JPGjpg|thumb|[[Cathédrale Saint-Maurice de Vienne]].]]
 
Proche de [[Genève]], attentif depuis longtemps aux prêches [[hérétiques]], le Dauphiné fut rapidement atteint par la [[Réforme protestante]]. Nombre de nobles suivirent le mouvement, poussés sans doute aussi par l'envie de s'approprier les biens ecclésiastiques. Des prêtres, des moines prêcheurs, des évêques mêmes se montrèrent favorables à ces idées nouvelles. DeDes églises huguenotes s'établirent dans toute la province, plus denses dans le [[Valentinois]] et le [[Diois]]. Les deux communautés ennemies manifestèrent une extrême agressivité durant les guerres de religion. Le [[baron des Adrets]], qui passa d'ailleurs d'un camp à l'autre avant d'être rejeté par les deux, se montra d'une cruauté particulièrement odieuse et son raid de [[1562]] se solda par d'irréparables destructions à [[Valence (Drôme)|Valence]], [[Romans-sur-Isère|Romans]], [[Grenoble]], [[Saint-Antoine-l'Abbaye]], [[Vienne (Isère)|Vienne]], entre autres. La modération du gouverneur catholique de Gordes, qui ds'honora en refusant d'étendre à sa province le [[massacre de la Saint-Barthélemy]] ([[1572]]) n'empêcha pas le conflit de se poursuivre. [[Charles Dupuy de Montbrun]], chef du parti protestant dauphinois, remporta de brillantbrillants succès, mais sa capture et son exécution ouvrirent la voie à [[François de Bonne de Lesdiguières|Lesdiguières]] (gouverneur du Dauphiné puis lieutentlieutenant général du Dauphiné) qui se montra un chef de guerre encore plus supérieur<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
=== [[Guerres de religion]] ===
[[Fichier:Facade Cathédrale Vienne 2.JPG|thumb|[[Cathédrale Saint-Maurice de Vienne]].]]
 
À partir de [[1575]], [[François de Bonne de Lesdiguières|Lesdiguières]] devint le chef unique des huguenots dans la région. Il parvint à défendre [[Corps (Isère)|Corps]], à s’emparer de [[Gap]], mais il ne put empêcher la prise de la[[La Mure]] par les catholiques et la défaite dans la [[Bataille de Jarrie]] en 1587. Il s’empara également de Montélimar et d’Embrun. L’accession d’[[Henri IV de France|Henri IV]] au trône du royaume de France lui permet de s’allier à La Valette, gouverneur du Dauphiné, et Ornano, Lieutenant-général de la province. Ils durent cependant affronter la Ligue catholique. Ces derniers s’emparèrent de Grenoble.
Proche de [[Genève]], attentif depuis longtemps aux prêches [[hérétiques]], le Dauphiné fut rapidement atteint par la [[Réforme protestante]]. Nombre de nobles suivirent le mouvement, poussés sans doute aussi par l'envie de s'approprier les biens ecclésiastiques. Des prêtres, des moines prêcheurs, des évêques mêmes se montrèrent favorables à ces idées nouvelles. De églises huguenotes s'établirent dans toute la province, plus denses dans le [[Valentinois]] et le [[Diois]]. Les deux communautés ennemies manifestèrent une extrême agressivité durant les guerres de religion. Le [[baron des Adrets]], qui passa d'ailleurs d'un camp à l'autre avant d'être rejeté par les deux, se montra d'une cruauté particulièrement odieuse et son raid de [[1562]] se solda par d'irréparables destructions à [[Valence]], [[Romans-sur-Isère|Romans]], [[Grenoble]], [[Saint-Antoine-l'Abbaye]], [[Vienne (Isère)|Vienne]], entre autres. La modération du gouverneur catholique de Gordes, qui d'honora en refusant d'étendre à sa province le [[massacre de la Saint-Barthélemy]] ([[1572]]) n'empêcha pas le conflit de poursuivre. [[Charles Dupuy de Montbrun]], chef du parti protestant dauphinois, remporta de brillant succès, mais sa capture et son exécution ouvrirent la voie à [[Lesdiguières]] (gouverneur du Dauphiné puis lieutent général du Dauphiné) qui se montra un chef de guerre encore plus supérieur<ref name="GDU11" />.
 
Lesdiguières vint faire le siège de la ville et au bout d’un mois d’escarmouches, il s’empara de la capitale dauphinoise le [[{{date|22 décembre]] [[1590]]}}. Briançon et [[Crest (Drôme)|Crest]] avaient déjà signé leur reddition, Vienne, la dernière, le fit en [[1591]].
À partir de [[1575]], [[François de Bonne de Lesdiguières|Lesdiguières]] devint le chef unique des huguenots dans la région. Il parvint à défendre Corps, à s’emparer de Gap mais il ne put empêcher la prise de la Mure par les catholiques. Il s’empara également de Montélimar et d’Embrun. L’accession d’[[Henri IV de France|Henri IV]] au royaume lui permet de s’allier à La Valette, gouverneur du Dauphiné, et Ornano, Lieutenant-général de la province. Ils durent cependant affronter la Ligue catholique. Ces derniers s’emparèrent de Grenoble.
Lesdiguières vint faire le siège de la ville et au bout d’un mois d’escarmouches, il s’empara de la capitale dauphinoise le [[22 décembre]] [[1590]]. Briançon et [[Crest (Drôme)|Crest]] avaient déjà signé leur reddition, Vienne, la dernière, le fit en [[1591]].
 
Par la prise de Vienne, en [[1591]], Lesdiguères s'assura la maîtrise de toute la province. Fin politique, il cessa d'être un partisanspartisan pour servir [[Henri IV (roi de France)|Henri de Navarre]], devenu [[Roi de France]]. Il imposa le calme à sa province et la défendit contre les nombreux assauts que [[Charles-Emmanuel de Savoie-Nemours]], profitant des circonstances, lançait contre les frontières dauphinoises. Spécialiste hors ligne de la guerre de montagne, il excella aussi dans les sièges. Sa prise du [[fort Barraux]], en [[1598]] est restée célèbre. En [[1600]], aux côtés de [[Maximilien de Béthune (duc de Sully)|Sully]], il fit capituler la citadelle de [[Montmélian]], contraignant le [[duc de Savoie]] au [[Traité de Lyon (1601)|traité de Lyon]] ([[1601]])<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
=== {{s-|XVII|e}} ===
[[Fichier:Vizille-chateau-parc-1.jpg|thumb|Château de Vizille]]
 
Maintenir la paix civile et remettre en route la vie économique pouvait paraître une tâche impossible. Lesdiguières, lieutenant-général du Dauphiné, l'entreprit, joignant une impitoyable rigueur à une grande habileté, il imposa aux protestants ses coreligionnaires, comme aux catholiques, la cœxistencecoexistence prévue par l'[[édit de Nantes]] et souvent difficilement acceptée. Il lança de grands travaux d'urbanisme et de fortification qui créèrent des emplois et ranimèrent de proche en proche la production. La construction ou la reconstruction de ponts à Grenoble, Vienne ou [[Pont Lesdiguières|Claix]], l'ouverture des routes, notamment la «  route du Connétable  » de Grenoble à Gap, facilitèrent le commerce. Il agrandit considérablement Grenoble en construisant une nouvelle enceinte, commença la construction de la [[Fort de la Bastille (Grenoble)|Bastille]], fit creuser un nouveau lit pour le [[Drac]]. Lesdiguières, seigneur de nombreux [[fiefs]], richissime propriétaire, protecteur des artistes, entouré d'une cour brillante dans ses châteaux de Grenoble, [[Château de Vizille|Vizille]] (qui reste son plus bel héritage, il le fit construire à l'emplacement d'un ancien château médiéval pour son propre intérêt) ou des Diguières ([[Champsaur]]) était un des plus puissants personnages du royaume. Son abjuration en [[1622]] lui permit d'obtenir, honneur suprême, l'épée de connétable. Il devait être le dernier à porter ce titre. À sa mort en [[1626]], c'est son gendre [[Charles II de Créquy]] qui reprit la gouvernance et la lieutenance général du Dauphiné<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
Les règnes de [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] et [[Louis XIII]] sont aussi marqués par le procès des tailles. La taille, principal impôt direct, pesait sur les routiers et spécialement les paysans. Or, depuis le {{s-|XIV|e}}, beaucoup de propriétaires avaient, par achat ou par mérite, obtenu l'accès à la noblesse, exempte de cette charge. Le nombre d'imposés diminuait en même temps que la surface imposable. Le [[Tiers-État]] des villes et des campagnes dauphinoises eut le mérite de savoir s'unir et s'organiser. Il obtint du roi la reconnaissance de son autonomie et engagea un procès. De [[1602]] à [[1639]] des arrêts opposés furent rendus et finalement, grâce notamment à Claude Brosse, «  syndic des villages  », la [[Taille (impôt)|taille]] fut reconnue réelle en Dauphiné, c'est-à-dire établie sur la terre, en fonction d'un cadastre, quel que soit le statut social du propriétaire. On devine que [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] ne favorisa guère les libertés dauphinoises, même reconnues par l'acte de «  transport  » de 1349. Des châteaux furent démantelés ; les États Provinciaux furent suspendus en [[1628]], et à partir de [[1630]] un intendant vint représenter directement le pouvoir royal dans la province. Le célèbre [[Nicolas Fouquet]] exercera un moment cette fonction ([[1643]]-[[1644]])<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
{{Article détaillé|Invasion du Dauphiné en 1692}}
La guerre extérieure atteignit le Dauphiné à la fin du règne de [[Louis XIV]]. En [[1692]], le [[Duc de Savoie]] entra en France par le col du Vars, prit Embrun et Gap, brûla les châteaux de [[Tallard]] et des Disguières. [[Nicolas de Catinat]] ([[maréchal de France]]), réussi à couvrir Grenoble quand la ville était menacée. Durant la [[guerre de Succession d'Espagne]], l'ennemi approcha du fort Barraux et de Briançon. Le [[Dauphiné#Dauphiné italienItalien|Dauphiné italien]] fut cédé en [[1713]] au [[duché de Savoie]] par les [[Traités d'Utrecht (1713)|traités d'Utrecht]], lourde perte économique et stratégique pour la province et le royaume, mal compensé par l'acquisition de la vallée de l'Ubaye ([[Barcelonnette]]), pauvre et indûment rattachée à la [[Provence]]<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
=== {{s-|XVIII|e}} ===
 
Relativement calme, le {{s-|XVIII|e}} fut pour le Dauphiné un moment de prospérité, oinsmoins prononcéeprononcé toutefois qu'ailleurs en France et certainement limitéelimité par l'exode protestant à la fin du {{s-|XVII|e}}. Le recul de la frontière en [[1713]] ([[Traités d'Utrecht (1713)|traitétraités d'Utrecht]]) entraîna à Briançon et sur les hauteurs environnantes, la construction de puissantes fortifications (dont nombre ont été marquées par le travail de [[Sébastien Le Prestre de Vauban|Vauban]]) qui marquent encore aujourd'hui le paysage. Mais hormis une chaude alerte vers le Mont-GenèvreMontgenèvre en [[1747]], la guerre étrangère épargna la province. Au contraire, la persécution qui visait les réformes resta longtemps rigoureuse et cruelle avant de se détendre dans les dernières décenniedécennies de l'Ancien Régime (règne de [[Louis XVI]]). Le pouvoir royal avait acquis une parfaite implantation, grâce notamment à des intendants consciencieux et laborieux, dont les enquêtes et les statistiques fournissant de précieux renseignements. L'autorité n'en fut pas moins bafouée des années durant par un paysan mal tourné devenu contrebandier : [[Louis Mandrin|Mandrin]]. Comme il s'attaquait aux agents de la Ferme fénéralegénérale, engeance abhorrée, la légende en fit un redresseur de torttorts et un justicier, bien qu'il ait en réalité surtout suivi son propre intérêt. La vie intellectuelle se révélait très vivante, notamment à Grenoble, où se fonda une bibliothèque publique qui comptait parmi ses membres, il y avait le grand-père de [[Stendhal]]. [[Déodat Gratet de Dolomieu]] qui créa la géologie, et [[Jacques Vaucanson]] qui fut bien plus qu'un «  mécanicien  » sont des Dauphinois, comme [[Gabriel Bonnot de Mably]], [[Étienne Bonnot de Condillac]], en attendant [[Jean-Joseph Mounier]] et [[Antoine Barnave]]<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
[[Fichier:Journée des Tuiles (Alexandre Debelle), Musée de la Révolution française - Vizille.jpg|vignette|alt=Tableau représentant la journée des Tuiles de 1788.|''La Journée des Tuiles du {{date|7|juin|1788}}'' par [[Alexandre Debelle]],<br> ([[musée de la Révolution française]]).]]
[[Fichier:Day-of-the-tiles.jpeg|thumb|La journée des Tuiles]]
L'aube de la [[Révolution française]] devait donner au Dauphiné l'occasion de sortir du silence dans lequel il s'était enfermé. Le [[Parlement de Grenoble]] avait été des plus actifs dans l'attaque du «  despotisme  » et la défense des libertés dauphinoises, sans oublier les intérêts de ses propres membres. Les édits du [[{{date|8 mai]] [[1788]]}} pris par Brienne, qui réduisaient les pouvoirs des parlements, furent très mal reçus : il fallut l'intervention de la force militaire pour en obtenir l'enregistrement. Le [[{{date|7 juin]] [[1788]]}}, les magistrats grenoblois ayant reçu l'ordre de gagner leur maison de campagne, clercs, procureurs et «  autres suppôts du parlement  » annoncèrent au petit peuple qu'on le privait de ses défenseurs. L'émeute s'amplifia, les troupes furent arrosées de projectiles lancés depuis les toits et le gouverneur retira l'ordre de départ des parlementaires. Ainsi s'acheva la [[Journée des Tuiles]]. Grâce à l'action d'hommes comme Mounier ou Barnave, cette poussépoussée de fièvre se poursuivit de façon plus constructive ; l'industriel [[Claude Périer]] reçut dans son château de Vizille des représentants des [[Société d'Ancien Régime|trois ordres]] du Dauphiné<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
PrécédéePrécédé d'une flatteuse réputation, Mounier, élu député du Tiers joua un rôle actif dans le passage des [[États généraux (France)|États généraux]] à l'[[Assemblée constituante de 1789|Assemblée nationale constituante]]. Modéré, il se trouva vite dépassé par les troubles de l'été [[1789]] et démissionna dès octobre de la même année. Barnave, plus hardi, n'en finit pas moins dévoré par la Révolution qu'il avait contribué à lancer<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
Le Dauphiné tout entier resta d'ailleurs relativement calme durant la décennie révolutionnaire. La [[Grande Peur]] de Juillet{{date-|juillet 1789}} ne se révéla meurtrière que dans les [[Terres froides]] et vers [[Crémieu]]<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}.
 
La province perdit son existence officielle lors de la création des [[départements]]. Trois départements furent créés à la place du Dauphiné, l'[[Isère (département)|Isère]] ([[préfecture]] : Grenoble), la [[Drôme (département)|Drôme]] (préfecture : Valence) et les [[Hautes-Alpes]] (préfecture : Gap). Division acquise non sans discussions dans lesquelles Vienne et [[Montélimar]] défendirent âprement leurs chances pour devenir préfecture<ref name{{Note|nom=" GDU11" />}}. La principauté d’Orange se trouve quant à elle rattachée au département du [[Vaucluse (département)|Vaucluse]].
 
== Les circonscriptionsCirconscriptions ==
[[Fichier:Carte du Dauphiné.svg|alt=|400px|centré|vignette|Le Dauphiné dans ses limites du {{s-|XVIII|e}} avec les communes et départements actuels]]
 
*[[Généralité de Grenoble]]
 
== L'assembléeAssemblée provinciale ==
 
*Les [[États de Dauphiné]]
 
== Les juridictionsJuridictions ==
 
*Le [[Parlement du Dauphiné]]
 
== Les commissairesCommissaires du Roi ==
 
*[[Liste des gouverneurs du Dauphiné|Gouverneurs du Dauphiné]]
*[[Liste des intendants de la généralité de Grenoble|Intendant du Dauphiné]]
 
== Les Subdivisions ==
=== Bailliages ===
[[Fichier:Carte_des_Gouvernements_de_Dauphiné_et_de_Provence.png|thumb|Les huit [[bailliage]]s dauphinois sous l'[[Ancien Régime]].]]
 
* Bailliage de [[Vienne (Isère)|Vienne]]
* Bailliage de [[Saint-Marcellin (Isère)|Saint-Marcellin]]
* Bailliage de [[Grenoble]]
* Bailliage de [[Valence (Drôme)|Valence]]
* Bailliage de [[Die (Drôme)|Die]]
* Bailliage de [[Briançon]]
* Bailliage de [[Gap]]
Ligne 125 ⟶ 145 :
=== Divisions ecclésiastiques ===
 
*'''Diocèses et archidiocèses ayant leur siège en Dauphiné de Viennois''' :
** [[Ancien archidiocèseArchidiocèse de Vienne (France)|Archidiocèse de Vienne]] <small>([[Liste des évêques et archevêques de Vienne (France)|archevêques]])</small>
** [[Diocèse de Grenoble]] <small>([[Liste des évêques de Grenoble|évêques]])</small>
** [[Diocèse de Valence]] <small>([[Liste des évêques de Valence (France)|évêques]])</small>
** [[Diocèse de Die]] <small>([[Liste des évêques de Die|évêques]])</small>
** [[Diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux]] <small>([[Liste des évêques de Saint-Paul-Trois-Châteaux|évêques]])</small>
** [[Ancien archidiocèse d'Embrun|Archidiocèse d'Embrun]] <small>([[Liste des évêques et archevêques d'Embrun|archevêques]])</small>
** [[Diocèse de Gap]] <small>([[Liste des évêques de Gap|évêques]])</small>
*'''Diocèses et archidiocèses ayant leur siège hors du Dauphiné de Viennois''' :
 
*'''Diocèses et archidiocèses ayant leur siège hors du Dauphiné de Viennois''' :
** [[Archidiocèse de Lyon]] <small>([[Liste des archevêques de Lyon|archevêques]])</small>
** [[Diocèse de Belley]] <small>([[Liste des évêques de Belley|évêques]])</small>
** [[Ancien diocèse de Vaison|Diocèse de Vaison]] <small>([[Liste des évêques de Vaison|évêques]])</small>
** [[Diocèse de Suse]] <small> ([[Diocèse de Suse#Évêques|évêques]])</small>
** Diocèse puis [[Archidiocèse de Turin]] <small> ([[Liste des évêques et archevêques de Turin|évêques et archevêques]])</small>
 
== Voir aussi ==
Ligne 148 ⟶ 168 :
* [[Liste des comtes d'Albon puis dauphins de Viennois|Liste des dauphins de Viennois]]
* [[Parlement du Dauphiné]]
* [[Chronologie de la France]]
 
== Bibliographie ==
=== Liens externes ===
* {{Ouvrage | langue=fr | auteur1=chanoine Jules Chevalier | titre=Essai historique sur la ville et l'église de Die | tome=III | lieu=Valence | éditeur=J. Céas et fils | année=1896 | oclc=490670065 | id=chevalier1896}}.
* {{Ouvrage | langue=fr | auteur1=Claude Faure | titre=Le dauphin Humbert II à Venise et en Orient (1345-1347). | tome=27 | lieu=Paris et Rome | éditeur=E. Thorin (Paris) et Spithöver (Rome) | collection=Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École française de Rome | année=1907 | passage=pp. 509-562. | lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6548754z/f523.image | id=faure1907}}.
* {{Article|langue=fr|auteur1=Paul Fournier|titre=Le dauphin Humbert II|périodique=Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres|date=1912|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1912_num_56_8_73111|pages=581-599 | id= fournier1912 }}.
*{{Ouvrage | langue=fr | auteur1=Jean-Pierre Moret de Bourchenu Valbonnais | titre=Histoire de Dauphiné et des princes qui ont porté le nom de dauphins. | tome=second | lieu=Genève | éditeur=Fabri et Barrillot | année=1722 | pages totales=413 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=CSKu3VUXF34C&dq=%22isnardo+de+albarno%22 | id=valbonnais1722}}.
*A. Lemonde, ''Le temps des libertés en Dauphiné. L'intégration d'une principauté à la Couronne de France (1349-1407)'', Grenoble, 2002
*{{Ouvrage | langue=fr | auteur1=Régis Picavet | auteur2=Régis Picavet | auteur3=[[Robert Bornecque]] | auteur4=[[Guy Tosatto]] | auteur5=Alain Boucharlat | auteur6=al. | titre=Dauphiné | sous-titre=Drôme, Hautes-Alpes, Isère | lieu=Chamalières | éditeur=Christine Bonneton | collection=Encyclopédies régionales | année=2006 | pages totales=319 | isbn=2-86253-371-8 | isbn2=9782862533711 | id=bonneton2006}}.
 
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe="note"}}
 
=== Références ===
{{Références|colonnes = 2}}
 
{{Palette |Provinces historiques de France}}
{{Portail|histoire|Dauphiné|Royaume de France|Moyen Âge}}
 
{{DEFAULTSORT:Province du Dauphiné}}
[[Catégorie:Dauphiné]]
[[Catégorie:Division administrative disparue en 1790|Dauphiné]]
[[Catégorie:Histoire de l'Isère]]
[[Catégorie:Territoire du Moyen Âge]]
[[Catégorie:Histoire de France|France]]