« Homme de Néandertal » : différence entre les versions

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L''''homme de Néandertal''' ou '''Néandertalien''' est un représentant fossile du [[genre (biologie)|genre]] ''[[Homo]]'' ; il a vécu en [[Europe]] et en [[Moyen-Orient|Asie occidentale]] et centrale au [[Paléolithique moyen]], entre environ {{formatnum:250000}} et {{formatnum:28000}} ans [[avant le présent]]. Durant plus d'un siècle à compter deDepuis sa découverte, les [[hypothèse]]s émises à son sujet ont reflétéreflètent les préjugés du moment : longtemps considéré comme une [[sous-espèce]] au sein de l'espèce ''[[Homo sapiens|{{lang|la|Homo sapiens}}]]'' et nommé en conséquence ''{{lang|la|Homo sapiens neanderthalensis}}'', il a été ensuite considéré par la majorité des auteurs comme une [[espèce]] indépendante nommée '''''{{lang|la|Homo neanderthalensis}}'''''. Un séquençage partiel de l'[[ADN nucléaire]] néandertalien effectué en [[2010]] a conduit les auteurs à envisager un « flux de gènes » ancien entre les hommes de Néandertal et les êtres humains anatomiquement modernes d'Eurasie, remettant donc en question la thèse selon laquelle ces deux groupes correspondent à des espèces distinctes<ref name="Green"/>. Toutefois ce résultat fait encore l'objet d'un vif débat au sein de la communauté scientifique, surtout en ce qui concerne son interprétation.
 
Premier homme [[fossile]] reconnu, premier être humain disparu distinct de l'[[Homo sapiens|Homme actuel]], l'homme de Néandertal est à l'origine d'une riche culture matérielle appelée [[Moustérien]], ainsi que des premières préoccupations esthétiques et spirituelles en Europe (sépultures). Après une difficile reconnaissance, l'homme de Néandertal a longtemps pâti d'un jugement négatif par rapport à l’''{{lang|la|Homo sapiens}}''. Il est encore considéré dans l'imagerie populaire comme un être simiesque, fruste, laid et attardé. En fait, les progrès de l'[[archéologie]] [[Préhistoire (discipline)|préhistorique]] et de la [[paléoanthropologie]] depuis les [[années 1960]] ont révélé un être d'une grande richesse culturelle, plus robuste que l’''{{lang|la|Homo sapiens}}'', avec un [[cerveau]] légèrement plus volumineux en moyenne et mieux adapté à son milieu<ref name="Vandermeersch et Maureille">Vandermeersch, B. et Maureille, B. (2007) - ''Les Néandertaliens, biologie et cultures'', Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, Documents préhistoriques 23, 342 p.</ref>.
 
De nombreux points restent encore à élucider concernant notamment la date de son apparition ainsi que la date et les causes de son extinction après plus de {{unité|250000|années}} d'existence. Certains outils découverts à Gibraltar et attribués aux Néandertaliens pourraient dater de {{unité|28000|ans}} [[avant le présent]] (cf. [[Homme de Néandertal#Les Néandertaliens classiques|infra]]). Toutefois une étude parue dans la revue ''[[Nature (revue)|Nature]]'' en 2014, basée sur des [[datation par le carbone 14|datations par le carbone 14]] effectuées selon un protocole amélioré, indique qu'ils pourraient avoir disparu il y a environ 40 000 ans<ref name="Higham et al 2014">Higham, T., Douka, K., Wood, R., Ramsey, C.S., Brock, F., Basell, L., Camps, M., Arrizabalaga, A., Baena, J., Barroso-Ruíz, C., Bergman, Ch., Boitard, C., Boscato, P., Caparrós, M., Conard, N.J., Draily, Ch., Froment, A., Galván, B., Gambassini, P., Garcia-Moreno, A., Grimaldi, S., Haesaerts, P., Holt, B., Iriarte-Chiapusso, M.-J., Jelinek, A., Jordá Pardo, J.F., Maíllo-Fernández, J.M., Marom, A., Maroto, J., Menéndez, M., Metz, L., Morin, E., Moroni, A., Negrino, F., Panagopoulou, E., Peresani, M., Pirson, S., de la Rasilla, M., Riel-Salvatore, J., Ronchitelli, A., Santamaria, D., Semal, P., Slimak, L., Soler, J., Soler, N., Villaluenga, A., Pinhasi, R. et Jacobi, R. (2014) - « [http://www.nature.com/nature/journal/v512/n7514/full/nature13621.html The timing and spatiotemporal patterning of Neanderthal disappearance] », ''Nature'', vol. 512, pp. 306-309.</ref>.
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[[Fichier:Skull of Teshik-Tash Boy.jpg|vignette|upright=0.85|Crâne de l'enfant néandertalien découvert dans la grotte de [[Teshik-Tash]].]]
L'homme de Néandertal est un représentant du genre ''[[Homo]]'' dont l'apparition et l'évolution sont liées au continent [[Europe|européen]], même si des Néandertaliens ont émigré par la suite au [[Proche-Orient]], sur les territoires actuels de l'[[Irak]], de la [[Syrie]] (grotte de Dederiyeh<ref>{{Article | langue = en | prénom1 = Ohta | nom1 = Shoji | prénom2 = Nishiaki | nom2 = Yoshihiro | prénom3 = Abe | nom3 = Yoshito | prénom4 = Mizoguchi | nom4 = Yuji | prénom5 = Kondo | nom5 = Osamu | prénom6 = Dodo | nom6 = Yukio | prénom7 = Muhesen | nom7 = Sultan | prénom8 = Akazawa | nom8 = Takeru | prénom9 = Oguchi | nom9 = Takashi | prénom10 = Haydal | nom10 = Jamal | titre = Neanderthal infant burial from the Dederiyeh cave in Syria | journal = Paléorient | année = 1995 | volume = 21 | numéro = 2 | pages = 77-86 | doi = 10.3406/paleo.1995.4619 | url = http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/paleo_0153-9345_1995_num_21_2_4619}}.</ref>), du [[Liban]] (Ksar Akil) et d'[[Israël]], ainsi qu’en [[Asie centrale]] ([[Teshik-Tash|Techik-Tach]], en [[Ouzbékistan]]) et en [[Sibérie]]. En 2007, la répartition géographique des Néandertaliens est de nouveau précisée : leur expansion est repoussée de {{unité|2,000|km}} vers l'est par rapport au site de TechikTeshik-Tach, le plus oriental connu jusqu'alors. Des fragments osseux de la grotte Okladnikov, dans l'[[Altaï]], jusqu'alors mal référencés, sont attribués à des Néandertaliens après une analyse génétique de leur [[ADN mitochondrial]] par l'[[Institut Max Planck]] d'anthropologie évolutive de {{lang|de|Leipzig}}. D'après les chercheurs, l'ADN mitochondrial des Néandertaliens de l'[[Altaï]] est d'ailleurs plus proche de celui des Néandertaliens de la grotte [[Scladina]], en Belgique, que de celui de l'[[Ouzbékistan]], suggérant plusieurs vagues de migrations et de peuplements de la région. L'équipe du généticien [[Svante Pääbo]] suggère que la présence de Néandertaliens dans l'Altaï rend envisageable une extension plus orientale, en [[Mongolie]] voire en [[Chine]]<ref>{{en}} Krause, J., Orlando, L., Serre, D., Viola, B., Prufer, K., Richards, M. P., Hublin, J.-J., Hanni, C., Derevianko, A. P. et Paabo, S. (2007) - « [http://www.eva.mpg.de/genetics/pdf/Krause_Neanderthals_Nature_2007.pdf {{lang|en|Neanderthals in central Asia and Siberia}}] », ''Nature'', 449, 7164, pp. 902-904. ([http://www.nature.com/nature/journal/v449/n7164/full/nature06193.html résumé])</ref>{{,}}<ref>« [http://www.hominides.com/html/actualites/neandertal-siberie-est-0071.html Des néandertaliens complètement à l'est !] », sur hominidés.com.</ref>.
 
Il y a plus d'un million d'années, quelques groupes humains seraient arrivés par vagues successives en Europe, lors de brefs passages ayant laissé peu de traces sous forme de galets taillés. Les plus anciens fossiles humains européens datent de 1,8 million d'années et ont été mis au jour à l'Est du continent, à [[Dmanissi]] en [[Géorgie (pays)|Géorgie]]. Leur anatomie, intermédiaire entre celles d{{'}}''[[Homo habilis|{{lang|la|Homo habilis}}]]'' et ''[[Homo erectus|{{lang|la|Homo erectus}}]]'', a conduit à la définition d'une nouvelle espèce nommée ''[[Homo georgicus|{{lang|la|Homo georgicus}}]]''. À partir de {{formatnum:400000}} ans avant le présent, le peuplement de l'Europe s'intensifie, avec sans doute l'arrivée de l'ancêtre de l'homme de Néandertal. Les plus anciens pré-Néandertaliens dateraient ainsi de {{formatnum:500000}} à {{formatnum:350000}} ans.
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== Langage et parole<ref>Arensburg, B. et Tillier, A.-M. (1990) « Le langage des néandertaliens », ''La Recherche'', vol. 21, {{numéro}}224, {{p.}}1084-1086.</ref>{{,}}<ref>Heim, J.-L, Boë, L.J. et Abry, Ch. (2002) « La parole à la portée du conduit vocal de l'homme de Neandertal. Nouvelles recherches, nouvelles perspectives », ''Comptes Rendus Palevol'', Volume 1, Issue 2, {{p.}}129-134</ref> ==
 
L'aptitude physique au langage articulé des Néandertaliens a longtemps été controversée. Les discussions portent sur l'aptitude physique des Néandertaliens au langage, pour laquelle la morphologie de l'os hyoïde est importante. L'[[os hyoïde]] est un petit os qui maintient la base de la langue. Il est présent chez tous les mammifères mais, au sein de la lignée humaine, sa morphologie est déterminante pour l'aptitude à l'élocution. Très peu d'os hyoïdes de Néandertaliens ont été mis au jour : un premier a été découvert en 1983 à [[Grotte de Kébara|Kébara]], sur le [[mont Carmel]] en Israël (60 ka) et un autre dans le site d’El Sidron en Espagne (43 ka). Les deux os sont très peu différents de ceux des humains actuels<ref name="Arensburg-1991">{{Chapitre | langue = en | prénom1 = B. | nom1 = Arensburg | année = 1991 | titre chapitre = The vertebral column, thoracic cage and hyoid bone | titre ouvrage = Le squelette moustérien de Kébara 2 | auteurs ouvrage = O. Bar-Yosef et B. Vandermeersch (éds.) | éditeur = Éditions du CNRS | lieu = Paris, France | passage = 113-146}}.</ref>{{,}}<ref name="Arensburg-al-1989">{{Article | langue = en | nom1 = Arensburg | prénom1 = B. | nom2 = Tillier | prénom2 = A. M. | nom3 = Vandermeersch | prénom3 = B. | nom4 = Duday | prénom4 = H. | nom5 = Schepartz | prénom5 = L. A. | nom6 = Rak | prénom6 = Y. | année = 1989 | titre = A Middle Palaeolithic human hyoid bone | journal = Nature | volume = 338 | pages = 758-760 | doi = 10.1038/338758a0}}.</ref>{{,}}<ref name="Rodriguez-al-2003">{{Chapitre | langue = es | nom1 = Rodríguez | prénom1 = L. | nom2 = Cabo | prénom2 = L.L. | nom3 = Egocheaga | prénom3 = J.E. | année = 2003 | titre chapitre = Breve nota sobre el hioides Neandertalense de Sidrón (Piloña, Asturias) | auteurs ouvrage = M. P. Aluja, A. Malgosa et R. M. Nogués (éds.) | titre ouvrage = Antropología y Diversidad, vol. 1 | éditeur = Edicions Bellaterra | lieu = Barcelone, Espagne | passage = 484-493}}.</ref>. Des os hyoïdes appartenant à des pré-néandertaliens ont été découverts dans le site de la Sima de los Huesos à [[Atapuerca (site préhistorique)|{{lang|es|Atapuerca}}]] en Espagne (au moins {{formatnum:530000}} ans) ; ils ont également des caractéristiques proches de celui des ''{{lang|la|Homo sapiens}}''<ref>{{Article | langue = en | prénom1 = I. | nom1 = Martinez | prénom2 = L. | nom2 = Arsuaga | prénom3 = R. | nom3 = Quam | prénom4 = J. M. | nom4 = Carretero | prénom5 = A. | nom5 = Gracia | prénom6 = L. | nom6 = Rodrìguez | année = 2008 | titre = Human hyoid bones from the middle Pleistocene site of the Sima de los Huesos (Sierra de Atapuerca, Spain) | journal = {{lang|en|Journal of Human Evolution}} | volume = 54 | numéro = 1 | pages = 118-124 | doi = 10.1016/j.jhevol.2007.07.006}}.</ref>. Toutefois, la forme seule de cette os n'est pas suffisante pour conclure sur l'existence d'un langage articulé ou non, en particulier car la comparaison ne peux se faire qu'avec l'Homme actuel et donc qu'une différence de forme n'implique pas nécessairement l'absence de langage.
 
Même en faisant abstraction de cet argument de poids, deDe nombreux chercheurs considèrent que la complexité de l'outillage [[moustérien]] attribué à l'Homme de Néandertal est une preuve indirecte de ses capacités cognitives, incluant une forme de langage articulé.
 
Concernant le conduit vocal des Néandertaliens, Philip Lieberman maintient depuis 1971 que ceux-ci ne disposaient pas d'un [[pharynx]] de taille suffisante pour produire tous les sons que l'on observe dans les langues du monde. Malgré de nombreuses critiques concernant cette argumentation, cette théorie s'est largement diffusée pendant une trentaine d'années. À la suite d'une longue controverse<ref>Boë, L.-J., Heim, J.-L., Honda, K. Maeda, S. (2002) « {{lang|en|The potential of Neandertal vowel space was as large as that of modern humans}} », ''{{lang|en|Journal of Phonetics}}'', 30, 465-484.</ref>{{,}}<ref>Lieberman, P. (2007) « {{lang|en|Current views on Neanderthal speech capabilities: A reply to Boë et al.}} (2002) », ''{{lang|en|Journal of Phonetics}}'', 35, 552-563.</ref>{{,}}<ref>Boë, L.J., Heim, J.L., Honda, K., Maeda, S., Badin, P., Abry, C. (2007) « {{lang|en|The vocal tract of newborn humans and Neanderthals: Acoustic capabilities and consequences for the debate on the origin of language. A reply to Lieberman}} », ''{{lang|en|Journal of Phonetics}}'', 35, 564–581.</ref>, il semble que les arguments avancés par Lieberman ne sont plus tenables. La reconstruction anatomique du conduit vocal qu'il avait utilisée n'était pas réaliste et ses simulations peu convaincantes. Ce n'est pas la taille du pharynx qui permet de parler mais le contrôle des articulateurs ([[cordes vocales]], [[Langue (anatomie humaine)|langue]], [[mandibule]], [[voile du palais]], [[lèvre]]s). Les nouvelles simulations montrent bien que les Néandertaliens avaient la capacité physique de parler.
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| Sépultures || <center>√</center> || || ||
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